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37é 2l’ de lat. N. et 6* 33’ da long. E. ; 5.809 hab. Cette ville, bien bâtie, possède deux églises et un théàfre. Commerce actif ; distilleries, fabriques d’huiles, de savons ; grand marché de bêtes a cornes.

ALGABOBIE s. f. (al-ga-ro-bl — de l’espagnol algaraba, fruit du caroubier). Bot. Genre de plantes de la famille des Légumineuses-Mimosées, groupe des Adénanthérées, dont M. Bâillon fait une division du genre Prosopis ; leurs fruits pulpeux, nommés algarobes, servent a nourrir le bétail.

Encycl. Les algarobies sont des arbres ou arbustes à fruits en gousses allongées, droites ou arquées, k nombreuses graines enveloppées d’une pulpe charnue ; elles habitent l’Amérique. L’espèce de la Jamaïque, algaroUa infiflora Sw., nommée vulgairement algaroville, petite algarobe, fournit des graines pulpeuses servant k engraisser le bétail ; d’autres produisent des gommes, que l’on recueille par des incisions faites a leur écorce, comme l’A. glandulosa Gr.

* ALGARVE ou ALGARVES, ancienne province administrative du S. du Portugal, formant aujourd’hui le district de Haro. Elle est bornée au N. par la province d’Alemtejo ; à l’Ë. par l’Espagne, dont elle est séparée par le Guadiana ; au S. et à l’O. par l’Atlantique. Sa plus grande longueur du N. uu S. est de 50 kitom. ; sa plus grande largeur de l’E. À l’O., de U0 kilom. Sa superficie est de 4,834,8 kilom. carrés, dont 4.791,7 sur la terre ferme et 42,5 sur les Iles. Lu population est de 204.037 hab., soit 43 par kilom. carré. L’Algarve (pays de Garbe, c’est-à-dire du couchant) est un ancien royaume arabe. Les Maures appliquaient lo même nom, non seulement à tout le littoral de la péninsule jusqu’à Alméria.mais également à la côte opposée, au littoral du Maroc. De là le pluriel Atgarves : Algarve d’Alem-mar (en deçà de la mer) et Algarve à’Aquem-mar (au delà de la mer). Le pays est en grande partie couvert de petites montagnes. Les chaînes principales sont la sierra Femoso, la sierra Figuiera, la sierra do Malhâo, la sierra Caldeir&o et la sierra de Monchique, dont le mont Foya (903 mètres) est le point culminant. Le cap Saint-Vincent est la pointe la plus au S.-O. de l’Algarve et de l’Europe. Le pays est arrosé 3e nombreux petits cours d’eau et le littoral en partie bordé d’Iles. L’Algarve est, partagé naturellement en trois régions distinctes : le littoral ou Beiramar ; la région des collines, ou Barrocal, et les montagnes, ou Sierra. Le littoral est bas, sablonneux ; mais, à force de travail, il est devenu très fertile ; on y récolte beaucoup de blé, de (ignés, d’amandes, d’oranges, d’olives, de caroubes, de légumes et de vin. On recueille également sur la côte beaucoup de sel, et les nombreux petits ports ont une grande importance pour le commerce et la navigation. Le pays des collines est une des plus belles contrées du Portugal. Il est couvert d’oliviers et d’orangers ; on y récolte du maïs, du froment, du vin, des grenades et autres fruits des contrées méridionales. Dans les sierras on ne cultive que des céréales, et dans les vallées des monts de Monchique, on trouve tous les fruits déjà mentionnes. Le pastel et les roses sauvages 3’ abondent. Les forêts de marronniers donnent d’excellents marrons et beaucoup de bois de construction et de chauffage. On fabrique uniquement dans le pays des nattes, des paniers, des cordages, des fils fait de sparte. Le commerce muritiine est considérable, mais le transit insignifiant, par suite des communications difficiles. La province n’est traversée que par un chemin de fer, celui de Lisbonne-Beja-Faro. La région des collines est couverte dans sa partie orientale d’une grande forêt de caroubiers avec de nombreuses villas-, sur la côte se trouvent également des forêts. Le climat rappelle celui du N. de l’Afrique et de Madère. La population est très ignorante, grossière et malpropre, mais brave, laborieuse et économe. Les paysans sont pauvres. Il y a dans la contrée 546 villes et bourgs, et plus de 4.000 villages. Les villes principales sont : Faro, Olhâo, ïavira, Alcoutim, Loulé, Albufeira, Lngôa, Silves, Villa-Nova de Portimâo, Lagos, Monchique, etc.

ALGAYDA, bourg d’Espagne, dans l’Ile de Majorque (lies Baléares), à 19 kilom. E. de Palma, par 39° 35’ de lat. N. et 0" 35’ de long. E. ; 3.959 hab. Algayda, assise sur la route de Palma à Manacor, renferme des distilleries ; son principal commerce se compose de fer et de farine.

ALGEMESI, ville d’Espagne, province et à 30 ki.0111. S. de Valence, pur 39° 14’ de lat. N. et 20 47’ de long. O. ; 7.855 linb. Elle est entourée de vallées fertiles, les mieux arrosées de l’Espagne.

ALGER (William), écrivain et théologien américain, né à Freetown (Massachusetts) en 1823. E.ève du collège Harvard, il étudia la théologie et devint pasteur à Roxbury, qu’il a quitté depuis pour exercer les mêmes fonctions à Boston. Il s’est fait connaître par des ouvrages qui ont eu du succès aux Etuts-Unis. Nous citerons : la Poésie de l’Orient (1856), dont lu quatrième édition a paru en 1874 ; Histoire critique de la doctrine de la Vie future (1861) ; le Génie de là Solitude (1867) ; Amitiés de femmes (1870) ; une biographie du comédien Edmond Forrest ; etc.


— Son cousin, Horatio Alger, né à Révère (Massachusetts) en 1834> s’est également fait connaître comme écrivain. Rédacteur de plusieurs journaux et revues, il s’est particulièrement occupé des questions qui ont

trait à l’enfance abandonnée et a publié à ce sujet de curieuses études intitulées : the ragged Dick (Dick en haillons) et the taltered Tom (Tom déguenillé).

** ALGÉRIE, grande contrée de l’Afrique septentrionale, la plus importante des possessions françaises. Elle est bornée au N. par la Méditerranée, à l’O. par l’empire du Maroc, à l’E. par la Tunisie et au S. par le Sahara. La limite N., qui s’étend de l’O. au N.-E., est comprise entre la rivière Skis ou l’oued Hadjeroud k l’O. et le cap Roux à l’K. Vers l’O., la frontière qui la sépare du Maroc a été déterminée par le traité conclu le 18 mars 1845. Cette limite commence à l’embouchure de l’oued Hadjeroud, à l’O. du cap Milonia. Elle se continue du N. au S.-E., suivant une ligne sinueuse qu’on arrête au 30e degré de lat. N., c’est-à-dire là où commence le Désert. Les articles 4 et 6 du traité portent : « Art. 4. Dans le Sahara, il n’y a pas de limites territoriales à établir entre les deux pays, puisque la terre ne se laboure pas et qu’elle sert seulement de passage aux Arabes des deux contrées, qui viennent y camper pour y trouver les pâturages et les eaux qui leur sont nécessaires. » — ■ Art. 6. Quant au pays qui est au S. des ksour des deux gouvernements, comme il n’y a pas d’eau, qu’il est inhabitable et que c’est le Désert proprement dit, la délimitation en serait superflue. ■ À l’E., l’Algérie est séparée de la Tunisie par une ligne qui commence au cap Roux, descend presque en ligne droite, en suivant la crête des montagnes, jusqu’au 35e degré de lat, N., incline ensuite fortement à l’O. et finit, comme la iimite N., au 30° degré. Au S., l’Algérie n’a d’autre limite que celle qu’il convient à la France de se donner, d’où l’impossibilité de préciser la superficie exacte de notre colonie. Cette limite est momentanément fixée au 30» degré de lat. N., embrassant de l’O. À l’E. les oasis des Ouied-Sidi-Cheik, les ksour de Metlili, d’Ouargla, de l’oued R’ir et du Souel. Enfin, la partie du Sahara algérien vers le S. comprend l’oasis des Chainbâa. Dans ces limites, l’Algérie occupe une superficie de G67.065 kilom. carrés et so trouve comprise entre 30° et 37« 6’ 20" de lat. N., 6<> 16’ de long. E. et 40 36" de long. O.

Orographie. L’Algérie est traversée dans le sens de sa largeur par une portion de l’A lias, chaîne unique qui part de l’océan Atlantique et s’étend jusqu’au golfe de Gabès, en Tunisie. Elle ne possède aucune montagne très élevée, et la distinction du grand et du petit Atlas n’est pas admise par M. Studler, qui, d’accord avec M. Ville, ne considère l’Algérie que comme une chaîne unique de montagnes interrompue par des vallées et des plaines.

L’Algérie est partagée, parallèlement à la côte, en deux zones naturelles : le Tell au N., le Sahara au S. Entre ces deux régions se développe le dos du pays qui porte le nom de Hauts-Plateaux. Cependant ces Hauts-Plateaux n’existent pas dans toute la largeur de l’Algérie. Nettement indiqués k l’O. et au centre, ils disparaissent dans l’E. Dans la province de Constantine, on passe directement du Tell dans le Sahara. L’Atlas algérien est divisé en plusieurs branches. Les unes, se projetant inégalement vers le N., forment, sous le nom de Sahel, qui veut dire • rivage ■, une ligne de collines qui court à peu près parallèlement h la mer, dont elles sont plus ou moins rapprochées. Elles comprennent entre elles et la chaîne principale un certain nombre de petits bassins. Quelquefois l’Atlas détache des chaînons, qui arrivent jusqu’au littoral. Alors les collines et les plaines sont interrompues en ces endroits, qui n’en portent pas moins le nom de Sahel. Les autres chalnons, se projetant à l’intérieur et parallèlement au rivage, forment au S.-E. le djebel Amour, point culminant, le djebel Touila-Maknaf 1.900 mètres), entreGéryville, Zenina et Laghouat ; et au S.-O. le djebel Aurès, entre Batna et Biskra, à l’O. de Krenchela et à l’E. de Khanga. Ces dernières chaînes bordent le S’hara ; elles comprennent également, entre elles et la chaîne principale, un certain nombre de plaines. Pour se faire une idée bien nette de la configuration du sol, il suffit de supposer que ce vaste système est coupé, suivant un méridien, par un plan vertical : la figure ainsi obtenue représente un immense escalier dont les marches, irrégulièrement escarpées, indiquent assez exactement la superposition des étages successifs à gravir lorsque, partant do la nier, on s’élève dans l’intérieur des terres. Entre les montagnes du Tell qui longent la Méditerranée, et la chaîne saharienne qui borde le Sahara, s’étend une terrasse allongée, dont l’altitude varie de 500 à 1.000 mètres, et à laquelle on donne ordinairement le nom de Hauts-Plateaux. Ces deux chaînes de montagnes, séparées l’une de l’autre par près de 200 kiloin., à la frontière marocaine, se terminent, l’une au Ras el-Mekki, l’autre au cap Bon, c’est-à-dire aux deux points extrêmes du golfe de Tunis. Les principales montagnes (djebel) sont, en allant de l’O. À l’K., dans la province d’Oran : les monts de Tlemcen, dont le point culminant est le djebel Kouabet

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(1.621 mètres) ; les monts de Daya, entre le Sig et l’Habra (1.342 mètres) ; les monts de Saîda, entre l’Habra et la Mina ; le djebel Tessala, à 20 kilom. au N.-O. de Sidi-bel-Abbès (1.059 mètres). Le djebel Amour

comprend toute la partie O. du mussif saharien et se divise en trois massifs principaux : le djebel K<san et le djebel Roundjaïa, au S. des Chotts, et le djebel Amour proprement dit, au S.-E. Dans la province d’Alger se trouvent les monts de l’Ouarsenis, dont les points culminants sont : le pic de l’Ouarsenis, au S.-E. d’Orléans ville (1.985 mètres) ; le pic Ennadate, à l’O. de Téniet (1.732 mètres) ; le pic Echohnou, à l’E. de Téniet (1.810 mètres) ; le pie Douî, à l’O. de Miliana (2.053 mètres) ; le picTalazit, an S. de Blida (1.608 mètres) ; les monts du Dahra, entre le Chélif et le littoral, dont le point culminant est le djebel Zaccar (1.535 mètres) ; les monts duTiteri, dontle point culminant est le djebel Dira (1.8IO mètres) ; les montagnes de la Grande-Kabylie, dont le point culminant est Lella-Kédidja (2.308 mètres). Le Djurdjura, qui dessine de l’O. À l’E. une ligne concave vers le N., et dont le développement est de 90 kilom., a pour points culminants : le Temmigro, au S.-O, de Dellys (1.088 mètres) ; le Kella, au S.-E. du Fort-National (2.318 mètres) ; le Tirourda, à l’E. du Kella (1.817 mètres) ; le Chellata, au N.-E. du Tirourda (1.780 mètres). Enfin, la partie centrale du massif saharien comprend le djebel Senelba et le djebel Sabari, au S. des Zahrez, Dans la province de Constantine se trouve le massif de la Petite-Kabylie, entre l’oued Sahel à l’O. et l’oued Kébir, à l’E. Il est formé par des montagnes très confuses et se divise en deux chaînes principales, parallèles entre elles : la chaîne des Babor, dont le point culminant, est 1<- djebel Adrar (1.994 mètres), et la chaîne des Bibans, qui limite les Hauts-Plateaux ; viennent ensuite les monts du Hodna, qui forment la ceinture septentrionale du bassin du Hodna ; les monts de la Kroumirie, près de la côte et de la frontière tunisienne, les monts de la Medjerda. Puis, dans le massif saharien :1e djebel Boukaîl, nu S. du Hodna, et le djebel Aurès, dont le nœud central s’élève & plus de 2.300 mètres et qui, du côté du S., tombe presque perpendiculairement sur le Sahara. Abruptes et remplies de Assures profondes, les deux branches de l’Atlas et les chaînons transversaux ou latéraux qui les unissent, comme, par exemple, les monts Aurès et te Djurdjura dans les provinces de Constantine et d’Alger, n’offrent souvent pas d’autres passages que des défilés étroits, où il stifdt d une poignée d’hommes pour arrêter la marche d’une armée ; tel est le fameux Biban ou « la Porte de Fer 1, entre les deux provinces. Couvert de forêts sur ses flancs, l’A tlas parait renfermer des richesses considérables en métaux.

Le Tell (mot arabe qui signifie butte, monticule, et par extension, colline, petite montagne), s’étend de la Méditerranée au Plateau central, qu’il englobe en partie. Il est compris entre le littoral et une ligne sinueuse qui part de la frontière du Maroc, au S.-O. de Sebdou, passe un peu au S. de Sebdou, de Daya, de Saîda, de Frenda, de Tiaret, de Teniet-el-Haàd, de Boghar, d’Aumale, de M’sila, de Barika, de Batna, de Krenchela et de Tébessa, et se termine à Aïn-Boudriès, sur la frontière de Tunisie, au S.-E. de Tébessa. Sa largeur est variable : à l’E. et au Centre, elle est de 110 à 120 kilom. ; à l’E., de 260 kilom. ; sa superficie comprend 15.000.000 d’hectares. Le Tell se partage en plusieurs sous-régions, présentant chacune des caractères bien distincts : la région littorale, à climat chaud et humide, où se trouvent les villes maritimes du pays ; la région des plaines à climat chaud et sec, dont on peut trouver le type tout près d’Alger, à Blida ; la région montagneuse, à climat tempéré, excepté lorsque souffle le siroco. Le Tell est la région fertile de l’Algérie : c’est le grenier des trots provinces. Sans fumure, et presque sans culture, le sol non irrigué rend de 10 à 12 hectolitres à l’hectare ; irrigué, il en produit de 20 à 30. Non seulement il fournit à la consommation de ses habitants, mais il peut livrer chaque année une partie considérable de ses récoltes aux populations sahariennes, aux commerçants européens et aux caravanes du désert. C’est dans le Tell que se sont installés presque tous les colons ; les indigènes qui s’y trouvent, Berbères dans tes montagnes, Arabes et Berbères mêlés dans les plaines, sont agriculteurs et sédentaires, et ce sont eux qui exécutent la plus grande partie de la maind’œuvre dans la culture et même dans l’industrie européenne. Malheureusement le régime des eaux est défectueux, les pluies sont abondantes, mais torrentielles et rares ; les rivières débordent en hiver et sont à sec en été. On lutte contre la sécheresse en établissant des barrages-réservoirs. Citons, entre autres, le barrage de l’Habra, près de Perrégaux, dans la province d’Oran. Ce barrage, construit au-dessous de la réunion de l’oued El-Hammam, de l’oued Tézou et de l’oued Fergoug, qui prend alors le nomd’Habra, a une longueur de 478 mètres, y compris les 128 mètres du déversoir ; sa hauteur est de 40 mètres, la partie bétonnée est de 7 mètres, enfin son épaisseur est de 38m.96 à la base. L’eau, arrêtée derrière le barrage, forme un immense lac, dont les bords semblent attendre

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des constructions, lac qui, se divisant en trois branches, remonte la vallée de l’oued el-Hainmam pendant 7 kilom. ; celle de Tourzout pendant 3 ou 4 kilom., celle de l’oued Fergoum pendant 7 kilom. Les eaux apportées par les trois oueds sont troubles, mais elles se reposent dans le lac et elles en ressortent limpides, La contenance de ce bassin est de 14.000.000 de mètres cubes. Cette eau s’écoule vers le bief inférieur par de puissantes vannes qu’un seul homme peut ouvrir au moyen d’un ingénieux mécanisme. Les dépenses du barrage de l’Habra ont été de plus de 4.000.000 de francs.

Les Hauts-Plateaux sont de véritables steppes, le domaine de l’Arabe pasteur. Ils commencent à une distance moyenne de 140 kilom. du littoral. Celte région, dont la largeur moyenne est de 130 à 140 kilom., s’incline du N. au S. en se creusant un peu ; elle présente à l’œil d’immenses plaines légèrement ondulées, arides, balayées par les ouragans de sable. Quelques-unes de ces plaines, néanmoins, sont cultivables ; mais on y rencontre peu ou point d’eau, excepté dans les chotts et les selikhas, sortes de lacs intermittents où s’amassent les eaux pendant la saison pluvieuse. La végétatinn, abondante pendant cette saison, permet l’élevage des grands troupeaux ; sur les plateaux, surtout dans l’O., elle croit sur des étendues considérables. L’alfa, cette précieuse plante, y est aujourd’hui ex ploitée en grand. Au S., ces plaines immenses se relève.nt insensiblement pour se raccorder au djebel Amour et au djebel Aurès. À l’époque de la domination romaine, il existait, paratt-il, sur les Hauts-Plateaux, d’immenses forêts où vivait l’éléphant. À partir de l’invasion arabe, la destruction systématique des forêts pour en faire des pâturages a ruiné ce pays et desséché les rivières qui l’arrosaient. Les Hauts-Plateaux occupent une superficie de près de 10.000.000 d’hectares, l’étendue de dix-sept à dix-huit départements ; un reboisement pourrait rendre à la région son ancienne fertilité.

Le Sahara algérien commence au S. de la ligne des Chotts. Il offre trois niveaux principaux : les hamadas, vastes plateaux élevés de 10 mètres au-dessus du niveau moyen, brûlés, arides, absolument sans eau et dont le sol est composé de cailloux et d’un sable si fin qu’il pénètre dans des montres à double boîtier ; les dunes on areg, où l’eau se trouve à une certaine profondeur et où, de loin en loin, dans cette mer de sable, s’élèvent des Ilots de verdure, connus sous le nom d’oasis, habités par une population clairsemée, qui vit en cultivant quelques légumes et quelques céréales, juste suffisants pnur sa subsistance ; enfin, au niveau tout à fait inférieur, les chotts ou sebkfias, où ces petits lacs sont très nombreux, ce qui permet aux habitants d’y séjourner pendant l’hiver, mais qui deviennent, pendant l’été, des plaines sans fin formées d’un limon argileux, mêlé de sel. Ajoutons que, dans tout le Sahara algérien, les rosées sont si fortes, qu’elles fournissent, le matin, avant le lever du soleil, assez d’eau pour désaltérer les troupeaux qui broutent l’herbe mouillée.

Hydrographie. Il n’y a. en Algérie, excepté le Rummel et le Chélif, aucun cours d’eau navigable, ni même flottable. En hiver, les eaux des pluies descendent, comme des torrents, le long des pentes, détruisant tout sur leur passage, entraînant des terres, des pierres, des débris de toutes sortes ; elles se creusent un large ravin, se frayent une route au travers des rochers, des buissons, des massifs de lauriers-roses : c’est là une rivière, l’oued des Arabes. Lorsque arrivent les chaleurs de l’été, ces oued sans bords se dessèchent ou sont devenus de minces filets d’eau, et les exhalaisons qui s’échappent des détritus végétaux et animaux qu’ils ont apportés dans leur course, causent ces fièvres intermittentes, endémiques dans notre colonie. Parfois les eaux se réunissent dans des bas-fonds salins et marécageux d’une nature particulière ; elles forment alors ces petits lacs, ou plutôt ces flaques d’eau sauuiâtre, nombreuses en Algérie, appelées chotts dans l’Ouest et sebkfias dans l’Est.

L’Algérie présente deux versants principaux : l’un comprend toutes les eaux qui se jettent dans la Méditerranée ; l’autre, celles qui se dirigent vers le désert. Presque toutes ont des noms multiples ; nous donnerons au courant principal le nom sous lequel il est le plus connu. Les principales rivières sont, dans la province d’Oran : l’oued Adjirout, qui se jette dans la mer à 27 kilom. S.-O. du cap Milonia, et sépare le Maroc de l’Algérie ; la Tafna (145 kilom.), qui prend sa source dans les montagnes dominant Sebdou, se dirige vers l’O. par une ligne courbe, remonte vers le N.-O. pendant 28 kilom., suit la direction du N. jusqu’à hauteur de Lalla-Maghrnia, puis tourne au N.-E et va se jeter dans la mer, en face de l’Ile de Raohgoum. La Tafna reçoit, à gauche, l’oued Mouilab, qui vient du Maroc et, à droite, l’oued Isser, qui descend du djebel Mimoun, au S.-E. de Tlemcen, coule vers le N. pendant 100 kilom., puis tourne k l’O. jusqu’à son confluent. La Macla est formée par le Sig et l’Habra. Le Sig (215 kilom.) prend sa source dans les Hauts-Plateaux, au S.-O. de Daya-, il est