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depuis 1870, grâce à sa statue de la comtesse électorale Anna, àDresde ; H.-H.-C. Moeller, qui sculpte surtout des satyres et des enfants. R. Diez, enfin, l’un des jeunes artistes les plus distingués de Dresde, a obtenu en 1879 le premier prix k l’exposition internationale de Munich, pour son Voleur d’oies.

L’école de Schwanthaler, à Munich, est loin d’avoir l’importance de celle de Rietschel à Dresde. Parmi les artistes qui en font partie, Friedrich Bruggeret Max Widnmann ont obtenu de nombreuses commandes pour les constructions du roi Louis II de Bavière. Les œuvres de petites dimensions de Brugger obtinrent plus de succès que les statues dont il orna Munich, Augsbourg, Landshut, etc. "Widnmann, professeur à 1 académie de Munich, peupla les places de cette cité de nombreuses statues de bronze dans le genre de Schwanthaler. Il a formé Ferd. de Miller, dont les statues ornant la fontaine de Bamberg comptent parmi les plus heureuses productions de la sculpture muniehoise, et A.von Wahl, qui réussit bien dans la sculpture d’animaux. À côté de l’école de Schwanthaler, Munich possède celle de J, Halbig ; cet artiste a surtout sculpté des bustes, mais a réussi également dans le genre (Bacchante sur un tigre, Nymphes au baih), ainsi que dans la statuaire religieuse. Son groupe de la Passion, pour l’Oberammergau, fut très remarqué. Ses principaux élèves sont Kasp. Zumbusch, auteur du monument de Maximilien II a. Munich, et Conrad Knotl.

Le naturalisme est représenté par deux maîtres du plus grand talent : Reinbold Begas à Berlin, que nous avons déjà mentionné comme élève de Wichmann et de Rauch, et Michel Wagmuller à Munich. R. Begas, chef de l’école de sculpture de Berlin depuis 1876, suivit d’abord les traces de Michel-Ange, puis s’adonna au réalisme. C’est un artiste décorateur ; pour posséder tous ses moyens, il ne doit pas dépasser certaines proportions dans ses œuvres. Pan conaolant Psyché (tiers de grandeur naturelle) fonda sa renommée ; puis il exposa successivement : Vénus et l’Amour blessé  ; les figures du socle du monument de Schiller ; l’Enlèvement des Sabines, Mercure et Psyché, etc. Son groupe du Centaure et la Nymphe, en grandeur naturelle, exposé k Berlin en issi, n’obtint qu’un succès d’estime. M. Wagmuller est un franc naturaliste ; il réussit surtout les personnages féminins. Dans ses Enfants avec des écureuils, sa Jeune fille avec un enfant, qui obtint un brillant succès à l’exposition de Munich en 1879, il a su allier le réalisme à la poésie. On lui doit aussi une statue de Liebig, exposée à Munich en 1883. Sous son impulsion, la statuaire à Munich se tourne principalement vers le côté décoratif et les arts industriels. Parmi les jeunes talents qui suivent la même voie, R. Ohmann, de Berlin, il obtenu un prix à l’exposition de Munich en 1879, et Cbr. Roth, de Nuremberg, a exposé à Munich les bustes des princes Luitpold et Charles, qui comptent parmi les meilleures productions du genre. Citons quelques artistes isolés ne se rattachant à aucune école. Ce sont ; C. Hassenpflug, professeur à l’académie de Cassel ; C. Kopp, professeur au Polytechnicum de Stuttgart, élèves des Français Toussaint et Lequesne ; Ad. Hildebrand, qui s’est révélé grand artiste dans son Berger au repos, son Jeune enfant buvant et son Adam (musée de Leipzig). Plusieurs artistes, que nous n’avons pas mentionnés encore, ont été très remarqués ou même récompensés à l’exposition de Berlin en 1881. J. Tushaus a représenté un Martyre de saint Sébastien succombant sous les coups de flèches, plein de naturel et d’expression. La figure colossale du l’ravail, par W. de Groot, destinée a la décoration de la gare de Tournay, obtint la grande médaille d’or k Berlin en 1881. C’est une création imposante, et l’impression qui s’en dégage est bien celle de la force toute-puissante qui a renouvelé le monde moderne. À la même exposition, deux petites médailles d’or ont été accordées à des artistes plus jeunes. L’un, Max Kruse, exposait, pour ses débuts, le Messager de Marathon, nu, tenant dans la main droite une branche de laurier, tandis que de la main gauche il serre convulsivement sa poitrine. Le visage est empreint d’une fatigue mortelle, que la force de volonté, le bonheur intérieur, parviennent cependant à vaincre jusqu’à ce que la bouche ait laissé échapper l’heureuse nouvelle. On voit que les instants du jeune messager sont comptés, que le moment fatal approche et que c’est l’esprit seul qui retient encore la vie pendant un instant. La seconde œuvre qui mérita une récompense est un groupe colossal de Perses délivrant Andromède, par Jean Pfnhl. C’est le moment même de la délivrance qui a été choisi par l’artiste ; pendant que le monstre, de forme humaine gigantesque dans la partie supérieure du corps, saisit Andromède par les cheveux, Persée s’avance, tenant dans la main droite étendue la tête de la Méduse, dont le regard suffit à pétrifier l’ennemi : de la main gauche, il retient Andromède et 1 empêche de tomber dans les flots. Chaque détail est exécuté avec le plus grand soin et concourt à. l’effet majestueux de l’ensemble ; malgré ses énormes proportions, le monument semble d’une légèreté surprenante. Les deux personnages sont traités à la façon classique, mais res ALLE

pirent l’exubérance de la vie. La tête de Mé- j duse est remarquable de* noblesse dans la forme et dans l’expression.

Architecture. Depuis le milieu du siècle, l’architecture allemande a cessé de s’inspirer uniquement de l’antiquité, et la méthode sévère de Schinkel et de Léo von Klenze a fait place à l’imitation du style plus libre, plus gai de la Renaissance. Le mouvement prit naissance à Vienne ; mais c’est maintenant Berlin qui a remplacé Vienne comme inspiratrice du goût architectural en Allemagne. La plupart des constructions nouvelles qui embellissent la capitale moderne de l’empire sont dues à l’initiative privée, et parmi les édifices récemment élevés, on n’en compte qu’un petit nombre destinés au culte. L’un des artistes qui a le plus contribué au réveil du goût en Allemagne c’est l’architecte Semper (mort en 1879). Il avait été précédé de Schinkel et Beuth ; mais du temps de ces artistes les doctrines classiques, toutespuissantes encore, stérilisaient les efforts cfes hommes de progrès et l’argent nécessaire aux grandes entreprises était rare. Si l’architecture allemande est entrée dans une voie féconde, en imitant la Renaissance, on peut cependant lui reprocher de copier ses modèles trop servilement, d’accumuler les détails ornementaux inutiles et de tomber parfois dans le maniérisme. Ces réserves faites, nous allons passer en revue les principales productions de l’architecture allemande contemporaine, productions nombreuses surtout

à Berlin et témoignant en somme d’un notable progrès du goût artistique. Parmi les élèves du célèbre Schinkel, Strack, à qui l’on doit la colonne de la Victoire, à Berlin, mérite une mention. Fr. Hitzig (mort en 1881) et Martin Gropius (mort en 1880) sont déjà des imitateurs de la Renaissance. C’est en grande partie et leurs efforts qu’est due la transformation de l’architecture berlinoise. Gropius a construit, notamment, le musée des Arts décoratifs de cette ville. Par sa disposition générale, cet édifice rappelle encore la méthode de Schinkel, mais montre déjà dans l’ornementation des tendances modernes. Ende et Boeckmann ouvrent la série des architectes appartenant franchement à la nouvelle école, avec la banque du crédit foncier prussien, construite tout entière en grès rouge, dans le style des palais italiens. Ces artistes n’accordent pas grande place à l’ornementation et l’aspect général de leurs constructions est sévère. Au contraire, Kayser et von Gcoszheim décorent la façade des édifices des plus riches matériaux (banque du crédit foncier de l’Allemagne du Nord). Ces artistes ont remporté deux fois le second prix au concours pour la construction du palais du Reichstag, et peuvent être considérés, avec Ende et Boeckmann, comme les premiers architectes berlinois. Ebe etBenda, qui ont une prédilection pour les façades de couleurs variées, ont montré, particulièrement dans la maison de Pringsheim, le grand nombre d’applications que la peinture peut trouver dans l’architecture. Von der Hude et Hentiicke ont construit un grand nombre de maisons particulières, d’hôtels, etc., et se sont surtout distingués dans l’aménagement et la décoration des locaux intérieurs. A présent, les artistes berlinois sont arrivés à égaler les artistes viennois dans l’ornemention des appartements.

La const-.uction des églises n’a eu, durant ces dernières années, qu’une importance tout à fait secondaire. Elles appartiennent, soit au style roman, soit au style gothique. La cathédrale de Cologne, de style gothique, fut inaugurée officiellement en 1880. Cet édifice possède deux clochers d’une hauteur de 149 mètres, les plus élevés du monde entier. Les cloches, au nom de cinq, pèsent chacune 50.000 kilogr. Citons encore, à Leipzig, l’église Saint-Pierre, de vieux style gothique et dont le plan est dû à Hartel ; à Schwerin (Meeklembourg), l’église Saint-Paul, véritable œuvre d’art, etc. Le développement qu’ont pris les voies ferrées a nécessité la construction de gares nombreuses, dont quelques-unes sont des modèles du genre. La gare d’Anhalt, construite de 1875 à 1880 par Schwœchten, a un aspect tout, à fait monumental. Citons encore, parmi les édifices récents les plus remarquables : à Berlin, les nouveaux bâtiments du Reichstag, édifiés par Wallot, les ministères, l’hôtel de ville ; à Stuttgard, le palais de justice -, à Giessen, l’université ; à Dusseldorf, la nouvelle académie de peinture ; à Francfort-sur-le-Mein, le nouvel Opéra, de style Renaissance ; à Dresde, le Théâtre-Royal. Mentionnons enfin le célèbre théâtre construit d’après les indications de Wagner à Baireuth. Daus ce théâtre, qui peut contenir 1.500 spectacteurs, les places sont disposées en gradins et l’orchestre est en contre-bas, de façon à ne pas être vu des spectateurs. L’académie d’architecture de Berlin, récemment fondée, a la surveillance de toutes les entreprises architecturales faites on subventionnées par l’État.

Dans les derniers temps, les arts décoratifs ont pris un grand développement e» Allemagne. L’État favorise cette branche de l’industrie nationale ; des collections, des écoles d’art décoratif ont été fondées à Munich, Nuremberg, Dresde, Stuttgard, Berlin, Dresde.

Musique. Les tendances nouvelles de la musique moderne se sont surtout manifestées

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en Allemagne. Al’école de Mozart, Beethoven, Weber, dont le principal caractère était la mélodie pure, a succédé la musique représentative, qui suit mot à mot le texte et

pas à pas l’action. Le principal représentant de cette nouvelle école, Richard Wagner, en résume en quelque sorte les défauts et les qualités. Dans les œuvres de ce genre, la musique ne joue plus)e rôle principal. Elle anime et réchauffe l’œuvre tout entière, mais l’œuvre existe en dehors d’elle. Dans l’ancienne musique, le livret n’avait souvent qu’une importance secondaire. Ici l’œuvre du poète, les événements représentés, la mise en scène contribuent au succès de l’ensemble au moins autant que la musique.

Dans ce rapide exposé du mouvement musical de l’Allemagne durant les dernières années, nous commencerons par l’opéra. Dans ce genre, le plus goûté de la majorité du public, il faut mettre en première ligne les œuvres nouvelles de Wagner, représentées sur la célèbre scène de Bayreuth : la tétralogie de l’Anneau du Nibelung, les Maîtres chanteurs et Parsifal (représenté en j &&2). L’Anneau du Nibelung fut joué pour la i première fois en entier à Bayreuth en août 1876. Beaucoup de critiques lui préfèrent les Maîtres chanteurs, qui témoignent do plus de science musicale et dont l’action est mieux conduite. Parmi les imitateurs de Wagner, aucun n’est arrrivé à l’égaler. Citons K, von Perfall, Karl Grammann, auteur de Thusnelda et du Triomphe de Germanicus (1881) ; Holstein, auteur des Montagnards, et H. Hofmann dont Armin, Annette de Tharau et Guillaume d’Orange (1881) furent joués avec succès à Dresde et à Berlin. Ce compositeur est un éclectique possédant une. grande habileté technique. L’opéra-comique [ de Gœtz, la Sauvage apprivoisée, par l’unité da l’ensemble et le fini des détails, est un véritable chef-d’œuvre. Les ariettes et les morceaux à plusieurs voix sont particulièrement mélodieux ; l’orchestration est magistrale et le livret écrit aveo une rare

habileté. Mentionnons ensuite Kretschmer, qui débuta par les Folkunger, puis donna successivement : Henri le Lion et le Fugitif (Uhn, 1881) ; Charles Rheinthaler, chef d’orchestre k Brème, obtint un prix en 1881 avec Catherinette de Heilbronn, jouée au Grand-Théâtre de Franefort-sur-le-Mein ; V.-E.

Neszler, auteur du Chasseur de rats de Hameln et du Chasseur sauvage, et Goldmark, qui lit jouer la Reine de Saba à Vienne, k Francfort-sur-le-Mein et à Leipzig. Citons encore quelques opéras-comiques : Césario, tiré de Comme il vous plaira, de Shakespeare, par Taubert ; les Officiers de la Reine, par Wtterst ; enfin Bianca (1879) et Landfriede, par Ignace Brull, le célèbre auteur de la Croix d’or.

Dans le domaine de l’oratorio et du chœur, nous avons à signaler des compositeurs de premier ordre : Johannes Brahms, Friedrich Kiel et Robert Volkmann font le plus grand honneur à l’Allemagne. Les chœurs de Brahms sont des œuvres magistrales d’une puissante originalité. Son Requiem, sou Chant de triomphe, son Poème du Destin le mettent au premier rang des compositeurs contemporains. Le sentiment tient une place très secondaire dans sa musique et, sous ce rapport, Kiel lui est de beaucoup supérieur. La nouvelle école musicale allemande n’est pas favorable à la musique purement religieuse et d’un style sévère ; il n’en est pas ainsi de l’école classique romantique, dont le maître est Schumann, et qui considère Brahms comme devant réaliser son idéal. On doit à Volkmann, l’éminent compositeur de chœurs sans accompagnement, un Cantique de Noél, qui fait partie du répertoire des concerts du Dôme royal à Berlin. À côté de Brahms, Kiel et Volkmann, trois maîtres incontestés, Max Brueh mérite une mention

comme l’un des plus habiles compositeurs d’oratorios modernes ; toutefois, pour l’originalité de l’invention et la hauteur de la conception, il ne peut être comparé a. Brahms et à Volkmann. Il n’a pas tenté d’aborder les genres les plus élevés ; cependant il est apprécié d’un public plus nombreux que ces deux maîtres, surtout sur les bords du Rhin, où on le considère, non sans raison, comme un successeur de Mendelssolin.

Un autre compositeur de grand mérite, Joachim Raff, est l’auteur de symphonies nombreuses, Dans la Forêt, En été, et d’un grand oratorio en trois parties exécuté pour la première fois à Weitnar en 1882 et comprenant : la Fin du monde, le Jugement, le Monde nouveau, d’après l’Apocalypse. Citons encore Vierling, compositeur de drames lyriques ; Reissmann, particulièrement doué pour la musique de chœurs ; Meinardus, auteur des oratorios : Luther et Simon-Pierre I Heidingsfeld, à qui l’on doit ; le Roi Lear et des morceaux fantastiques, comme la Danse des morts.

Pendant longtemps le lied fut, pour ainsi dire, un produit spontané de l’esprit popufaire en Allemagne, une sorte de langage primitif, où l’âme du peuple exhalait ses joies et ses peines. Mais chez les compositeurs modernes, tels que Robert Schumann, Robert Franz et Brahms, le lied est le fruit de longues méditations, de savantes combinaisons musicales et n’émeut plus au même degré. Le lied de Schubert, avec b, fermeté

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de ses rythmes, ses harmonies originales toujours d’accord avec la mélodie, savait émouvoir l’auditeur. Les maîtres du lied qui lui ont succédé ont besoin d’un plus grand appareil d’harmonie et souvent de modulations puissantes pour obtenir l’effet que Schubert trouvait si aisément sans effort. Schumann, Franz et Brahms creusent la signification de chaque phrase et adaptent

exactement leur musique au sens de chaque mot. Leur science est souvent cause qu’ils ne trouvent pas le ton qui parle au cœur, faculté que Schubert possédait au plus haut degré. Cependant Brahms semble s’être attaché dans les derniers temps à revenir à une harmonie plus simple.

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Aiienmfue (histoirk d’), par Zeller (1874-1885, 5 vol. in-8°). Quoique l’ouvrage ne soit pas encore achevé, le cinquième volume s’arrêtant à la mort des deux derniers descendants de Frédéric II, Conrad et Conradtn, on peut dès à, présent en discerner la haute portée et juger les qualités de l’historien. Le premier volume raconte les origines. M. Zeller nous trace de la Germanie, un tableau beaucoup moins enchanteur que Tacite, mais plus vrai. Tacite, pour faire la leçon aux dames romaines et aux débauchés de son temps, avait représenté la Germanie comme une école de bonnes mœurs, transformant la grossièreté, l’ignorance et la saleté de ses barbares habitants en simplicité naïve, horreur des raffinements, amour de l’égalité, et leur ivrognerie même en noble passe-temps d’hommes libres. S’autorisarvt de cette fiction, dont ils n’étaient certainement pas dupes, les historiens allemands ont donc pu affirmer que les invasions germaines avaient été un bien pour l’empire, qu’elles avaient infusé un sang jeune et pur dans un corps qu’un sang vicié faisait tomber en lambeaux. Il en faut rabattre ; M. Zeller montre que la régénération du monde ancien par une race

neuve est absurde et impassible. Les barbares n’ont pu apporter en Italie et en Gaule que ce qu’ils avaient, c’est-à-dire la barba-