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de enivre, de fer et d’étain, d’un beau blanc d’argent qui a joui d’une grande vogue dès Bon apparition. Sa densité moyenne est 8,4 ; il se travaille & chaud et à froid ; porté à une température de 980°, il fond et devient très liquide ; il se coule plus facilement que le bronze et peut se souder à lui-même. Porté à une température voisine de son point de fusion, il devient pâteux et aussi malléable que du plomb. Le coefficient de rupture du delta tondu est de 33 kilogr. ; il arrive à 55 kilogr. pour l’alliage forgé a chaud et à 63. quand il est martelé à froid. Le fer lui est combiné chimiquement et ne se trouve pas retenu mécaniquement, car l’alliage n’a pas d’action sur l’aiguille aimantée. Résistant très bien à la corrosion de l’eau de mer, il peut s’employer pour le doublage des navires, pour les chaînes des ancres. Etiré en fils, sa résistance à la rupture par millimètre carré est de 96 kilogr., avec un allongement de 4 pour 100 ; celle du cuivre rouge, étant de 23 kilogr., avec allongement de 32 pour 100 ; celle du laiton étant de 34 kilogr., avec allongement de 58 pour 100 ; celle du bronze phosphoreux étiré en barres de 58 pour 100, avec allongement de 9 pour 100 ; celle de l’acier ordinaire de 45 kilogr., avec allongement de 22 pour 100.

On connaît sous le nom de siloeraide, un autre alliage composé de cuivre et de nickel avec du plomb, de l’étain ou du zinc ; il est à grain fin, d’un beau blanc, susceptible d’un poli brillant, il s’emploie pour certaines pièces d’armes à feu.

Par la phosphurationon prépare des étains bien désoxydés. On obtient un alliage résistant aux acides, en unissant 80 pour 100 de plomb et 20 pour 100 d’antimoine.

Quand on veut obtenir des clichés métalliques à l’aide des plaques photographiques en relief sur gélatine bichromatée, il faut avoir à sa disposition un alliage assez résistant pour supporter les tirages et assez fusible pour que l’on puisse le couler sur le relief en gélatine sans l’altérer. M. Guthrie, h la suite de recherches sur ce sujet, recommande l’alliage suivant qui fond, à 71* : bismuth, 47,38 ; cadmium, 13,29 ; plomb, 19,36 ; étain, 19,97.

Alliance (MA.CHINB DE L*). — V. MACHINES BLECTRIQDES.

ALLIANCE, ville des États-Unis (Ohio), à 20 kilom. S.-K. de Cleveland et à 38 kilom. N.-O. d’AUeghany, par 40<> 55’ de lat. N. et 83« 3j’ de long. O. ; 5.360 hab.

Alitant» éiaugéiiquo. Association religieuse, formée en 184G entre une cinquantaine de sectes protestantes diverses.

— Encycl. L’alliance évangélique fut conclue dans un congrès tenu à Londres, et où se trouvaient réunis des délégués venus de presque toutes les parties du monde. Ils proclamèrent en ces termes l’objet de leur association : • Affirmer l’unité essentielle de l’Église de Dieu dans la diversité de ses manifestations extérieures. » On voit clairement apparaître, dans ce court programme, le souci des protestants de répondre au reproche que leur fait souvent adresser la multiplicité de leurB sectes.

L’alliance évangélique est divisée en huit « branches » principales : Iles Britanniques ; î° États-Unis d’Amérique ; 3» France et Belgique ; 4° Suisse ; 5<> Allemagne du Nord ; 6° Allemagne du Sud ; 7" Amérique anglaise ; 8° Indes.

Comme toutes les institutions humaines, l’alliance évangélique a ses partisans et ses détracteurs. Ces derniers se rencontrent dans les églises protestantes fortement organisées, qui n’ont besoin du secours de personne, et aussi parmi les protestants libéraux, à qui l’association est fermée par certaines de ses exigences dogmatiques ; les premiers, au contraire, se recrutent dans les petites chapelles, dont les fidèles peu nombreux sentent le besoin de la centralisation et d’une forte direction. L’alliance a-t-elle atteint le but qu’elle se proposait primitivement ? Nous ne le pensons pas, nous ne voyons ni en quoi ni comment elle y parviendrait par les correspondances platoniques qu’échangent entre eux ses membres, ni par les assemblées particulières ou générales qu’elle réunit ordinairement a l’occasion des expositions universelles. Mais un rôle auquel elle ne songeait point, et qu’on ne saurait trop la féliciter d’avoir bien rempli, c’est celui da protectrice de la liberté de conscience qui, depuis sa fondation, s’est trouvée plusieurs fois menacée en certains

Îiays, comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, a Turquie, etc.

Alliance (m«iiM (l’ Association fondée à Paris, le 21 juillet 1883. Les hommes éminents qui ont conçu l’idée de cette association, le général Faidherbe, l’amiral Jurien de La Gravière, le cardinal de Lavigerie, MAI. Ferdinand de Lesseps, Léon Say, Paul Bert, Victor Duruy, Cambon, de Paneu, appartenant a des opinions politiques très différentes, poursuivent un but exclusivement patriotique : l’extension de t’influence française par la propagation de notre langue. Dans nos colonies et dans les pays soumis à nor.re protectorat, apprendre le français aux indigènes, leur faire connaître et aimer nos institutions ; dans les contrées encore barbares, seconder les missionnaires des divers

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cultes ou les maîtres laïques pour la fondation et l’entretien d’écoles où l’on enseignerait le français ; partout à l’étranger où il y a des groupes français, entrer en relation avec eux pour y maintenir le culte de ia j langue nationale, c’est en effet le meilleur moyen de nous attacher les peuples que la conquête nous a soumis et de prolonger au delà des mers, par des annexions pacifiques, la race française, qui s’accroît trop lentement sur le continent. L’Alliance française se propose donc de créer d’abord des écoles primaires, de subventionner celles qui existent et d’introduire des cours de français dans celles qui en sont dépourvues, puis des écoles normales, destinées à former des maîtres, et d’en fonder une à Paris où de jeunes indigènes africains, orientaux, etc., seraient initiés à notre civilisation avant de retourner chez eux diriger les établissements de l’Alliance. Des encouragements donnés aux livres, aux revues et spécialement aux publications pédagogiques, la publication d’un Bulletin périodique, l’organisation de conférences et autres moyens de propagande complètent les moyens d’action de l’association, qui a déjà un grand nombre d’adhérents. Son budget, dès la première année, montait à 65.244 francs. L’administration est confiée à un comité central siégeant à Paris et élu par l’assemblée générale des adhérents ; ce comité choisit ^ii-même son bureau. Il est en correspondance avec des comités régionaux et locaux établis dans tous les pays où l’Alliance étend son action. En 1884, seize comités étaient déjà constitués, et vingt-trois autres en bonne voie de formation. À la mort de M. Tissot, l’ancien ambassadeur d’Angleterre, M. Ferd. de Lesseps lui a succédé comme président de l’Alliance française, qui a été reconnue comme établissement d’utilité publique par décret du 13 octobre 1886.

Alliance (triplb). Hist. diplom. L’alliance de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et delà Russie est née du désir d’isoler en Europe la France vaincue et démembrée à la suite des événements de 1870-1871 : M. de Bismarck, est-il besoin de le dire, en fut l’instigateur, et si le chancelier de l’empereur Guillaume témoigna une extrême froideur aux partis monarchiques en France, c’est qu’il considérait le maintien de la République comme la garantie la plus sûre de notre isolement. Loin ue garder a l’empereur François-Joseph rancune de son attitude hostile, à la veille de la guerre franco-allemande, Guillaume, par l’intermédiaire du prince Luitpold de Bavière, avait entamé des pourparlers avec la cour de Vienne dès nos premières défaites ; ces pourparlers n’aboutirent pas, mais ils furent repris avec succès après l’insurrection de ia Commune : si les entrevues qui eurent lieu au mois d’août 1S71 à Ischl, Salzbourg et Gastein, entre les souverains d’Allemagne et d’Autriche et leurs chanceliers, ne conduisirent pas à une entente ferme, on y tomba du moins d’accord sur divers points de politique générale, tels que la principe de non-intervention au Vatican et en France, la coopération des deux empires contre les excès du socialisme, et l’appui prêté par l’Allemagne à l’Autriche en cas d’invasion russe. Cette dernière clause mérite d’être notée, et il est permis de se demander si Guillaume la contractait sans restriction mentale, car l’attitude du czar en 1870-1871 avait été correcte, amicale même, et M. de Bismarck l’avait reconnu en n’opposant que des observations de pure forme à ia dénonciation du traité de Paris ; le cabinet de Berlin voyait simp !em«nt là un appât auquel se laisserait prendre l’Autriche, il est probable que celle-ci aurait une seconde fois écarte les avances de l’Allemagne, si on lui eût nettement déclaré qu’on se proposait de la rapprocher de la Russie. Vienne et Pétersbourg ont, en effet, des aspirations rivales dans les affaires d’Orient, et M. de Bismarck comprit qu’Alexandre II et François-Joseph ne s’entendraient sur rien, s’ils ne s’entendaient d’abord sur ces affaires. C’est pour cela qu’à Ischl il fit espérer à l’Autriche, dans les Balkans, des compensations suffisantes, et il s’y prit assez adroitement pour que François-Joseph, encouragé par le comte Andrassy, vint k Berlin en 1872 rendre visite à son nouvel allié. Cette entrevue à deux fut brusquement transformée en entrevue à trois, par l’arrivée de l’empereur de Russie qui, sur l’invitation de Guillaume, vint rassurer en personne François-Joseph sur le caractère pacifique de sa politique en Orient et lui certifier son intention de respecter l’état territorial établi en Occident par le traité de Francfort. La triple alliance, qui jadis s’était formée à l’occasion du partage de la Pologne, fut définitivement renouvelée à Berlin le 6 septembre 1872. Au printemps de 1873, l’empereur Guillaume et le prince de Bismarck sérendirent à Pétersbourg, puis à Vienne.

La triple alliance, il faut bien le dire, était fondée sur des calculs trop égoïstes pour que bbs signataires fussent désormais exempts visà-vis l’un de l’autre des froissements d’amour-propre et des mouvements d’humeur.

On s’en aperçut dès 1874 lorsque, l’Allemagne ayant annoncé aux puissances qu’elle était résolue à reconnaître le pouvoir du maréchal Serrauo (v. Espagne), la Russie, que l’Europe croyait acquise à la politique de M. de Bismarck, refusa de suivre cet

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exemple, malgré une démarche personnelle faite par Guillaume auprès do czar. Celui-ci refusait au gouvernement du maréchal tout caractère de légalité ; mais en réalité la Russie voulait, tout en conservant des rapports amicaux avec l’Allemagne, faire comprendre qu’elle trouvait mauvais que M. de Bismarck prétendit dicter ses volontés à l’Europe. Quant à l’Autriche, elle hésita longtemps avant de se rallier aux conseils du chancelier. Un peu plus tard, quand, au mois de mai 1875, l’ambassadeur d’Allemagne & Paris reçut l’ordre de faire des représentations à notre ministre des Affaires étrangères relativement aux projets de revanche que nous prétait périodiquement la presse germanique, ce fut le cabinet russe, d’accord avec l’Angleterre, qui intervint avec succès en faveur de la France. Le 10 mai de la même année, le czar fit à Berlin une visite qui contribua sans doute à dissiper des défiances alors peu justifiées, car, avant de songera la revanche, nous avions à refaire notre organisation. « L’incident français, dit M. Édouard Simon, avait jeté une certaine froideur entre les chancelleries allemande et russe. Le prince de Bismarck, mécontent des façons énergiques de l’intervention anglaise, était tout particulièrement choqué de l’attitude du prince Gortschakof, qui avait si ostensiblement pris le râle de sauveur d’une paix qu’on prétendait à Berlin n’avoir jamais été mise en question. Toutefois, si les rapports des deux chanceliers furent affectés par cet incident, l’entente politique des deux empires n’en eut pas encore à souffrir >.

La triple alliance mit les trois empires dans une situation délicate lorsque l’insurrection de la Bosnie et de l’Herzégovine réveilla la question d’Orient (1875). La Russie, occupée de ses projets d’extension dans l’Asie centrale et tout en continuant de se considérer comme la protectrice des chrétiens slaves de rite grec, ne se montra pas disposée à une solution violente et immédiate ; en cela, elle favorisait les vues de l’Autriche, pour laquelle un démembrement de l’empire turc aurait peut-être pour conséquence un soulèvement de ces nationalités disparates qui constituent l’État austro-hongrois. L’Allemagne prit une attitude expectante et se borna à appuyer « les voeux des puissances amies et directement intéressées», parce qu’une crise aiguë en Orient pouvait fort bien rompre l’alliance des trois empereurs. Après l’assassinat des consuls de France et d’Allemagne à Salonique (mai 1876), MM. de Bismarck, Andrassy et Gortschakoff s’entendirent sur la rédaction du < mémorandum de Berlin ■ et gardèrent la neutralité vis-à-vis de la Serbie et du Monténégro, quand ces États déclarèrent la

guerre au sultan. La Russie, d’abord très réservée, penchait maintenant vers la guerre. Voyant que l’Angleterre ne réussissait à obtenir de la Porte que des promesses évastves, elle proposa secrètement à l’Autriche une occupation des provinces turques. François-Joseph déclina ces ouvertures, ne voulant pas s’aliéner les sympathies des Hongrois, favorables à la Turquie, mais il ne fit rien, comme l’Allemagne, d’ailleurs, pour calmer les velléités belliqueuses du cabinet de Pétersbourg. Le discours impérial lu le 30 octobre 1876 à l’ouverture du Reichstag, non seulement confirma l’accord des trois empires, mais parut indiquer en outre que, entre les intérêts opposés de l’Autriche et de la Russie, l’Allemagne exerçait une sorte de médiation pour maintenir ces puissances dans un accord au moins apparent. L’Angleterre se trouva donc isolée de toute alliance continentale, au moment où sa rivale, la Russie, allait entrer en lutte avec le sultan, approuvée par l’Allemagne, et presque sûre de la non-intervention de l’Autriche, tiraillée entre le désir de prendre part au démembrement éventuel de la Turquie et la crainte de détruire par une annexion l’équilibre instable si péniblement obtenu entre ses divers éléments ethniques. Rien ne vint troubler la triple alliance jusqu’au jour où le czar prétendit imposer a la Turquie le traité de San-Stefano (3 mars 1878). Mais les clauses de cet instrument diplomatique blessaient tellement les intérêts austro-hongrois que François-Joseph les déclara inadmissibles et, faisant subitement cause commune avec l’Angleterre, donna clairement a entendre qu’il s’opposerait même par la force des armes, à 1 établissement sur sa frontière méridionale d’une forte puissance slave. Le prince Gortschakoff ne sachant si malgré l’alliance il serait soutenu, en cas de guerre avec l’Autriche et l’Angleterre, par les armées allemandes, ne maintint pas le traité de San-Stefano, ou plutôt consentit à en faire reviser les articles par les puissances réunies au congrès de Berlin. Bien lui en prit de ne point se fier à l’Allemagne. Durant le congrès, M. de Bismark appuya l’Autriche et l’Angleterre, tandis qu’il défendait les intérêts russes avec une mollesse que l’opinion russe prit pour de l’indifférence voulue et même pour de l’hostilité ; l’Autriche récompensa le chancelier en consentant à l’abrogation de l’article 5 du traité de Prague, qui devait permettre aux populations du Schleswig de se prononcer par plébiscite sur leur annexion à l’empire germanique (février 1879). L’irritation grandissait en Rustie, et l’on peut dire que la

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triple alliance compta alors, en fait, un allié de moins. L’occupation de Novi-Bazar (s septembre 1879), qui mettait l’Autriche en situation de gagner Constantinople avant la flotte moscovite, suscita entre les deux empires une animosité que l’on considéra un moment comme le prélude d’une rupture diplomatique entre la Russie et l’Allemagne, et d’un rapprochement entre le czar et le cabinet de Paris. M. de Bismarck, venu aux eaux da Gastein en août 1879, invita alors le comte Andrassy, qui avait ouvertement manifesté ses sentiments d’anlipathie contre la France, à venir conférer avec lui, et le 15 septembre un traité formel fut conclu entre l’Autriche et l’Allemagne contre la Russie. Les négociations avaient été laborieuses. Guillaume, qui aimait personnellement le czar, eut, à l’insu de son chancelier, à Alexandrovno, une entrevue où l’empereur de Russie accusa M. de Bismarck d’avoir oublié ses promesses de 1870, c’est-à-dire les pourparlers d’Ems : là, en effet, M. de Bismarck avait, paraît-il, contracté l’engagement de laisser la Russie s’étendre eu Orient ; mais, pendant ce temps, François-Joseph et le chancelier négociaient à Vienne, et l’empereur d’Autriche apposait sa signature au bas du traité, qui fut enfin ratifié par Guillaume cédant aux supplications de son ministère et lorsque M. de Bismarck eut menacé de donner sa démission. À partir de ce moment le chancelier témoigna moins d’aigreur à la France et même entra dans ses vues chaque fois que, à l’occasion de tel ou tel différend diplomatique, les intérêts allemands n’étaient pas lésés.

L’assassinat d Alexandre II par les nihilistes (13 mars1881)donnaàla triple alliance, rompue depuis 1878, l’occasion de se reformer : le nouveau czar, blessé dans ses affections de famille, éprouva le besoin de se rapprocher d’un État où le socialisme était sévèrement traqué et avec lequel il lui serait possible de prendre en commun des mesures préservatrices contre les hommes qui n’avaient point reculé devant un meurtre. Guillaume se rencontra à Gastein avec l’empereur d’Autriche, à Dantzig avec Alexandre III, et il fut indubitable que François-Joseph et le czar faisaient de nouveau taire leurs aspirations rivales sous le patronage du vieux roi de Prusse. Le peuple russe, par contre, n’approuva point cette politique. Dans les premiers jours de 1832, le générât Skobeleff, se trouvant à Paris et recevant une délégation d’étudiants serbes, leur tint un discours tout favorable aux menées panslavistes et plein de haine contre l’Allemagne. Désavoué par la presse officieuse, très vivement attaqué par les feuilles austroallemandes, l’illustre général fut invité à rentrer en Russie. À son retour, en passant à Varsovie, il porta dans une réunion d’officiers un toast par lequel il souhaitait la réunion en un seul corps de nation des Polonais, des Serbes et des Bulgares. «Ne sommesnous pas frères ?disait-il eu terminant. Il faut que vous consi Jériez que, si vous n’aviez pas une garnison russe, vous auriez une garnison allemande... Je lève mon verre comme représentant de la nation russe, et je bois à notre commune patrie. Vive la Pologne I > On s’attendait en Europe à voir Skobeleff frappé d’une peine disciplinaire, mais il n’en fut rien, et le gouvernement russe sembla donner une consécration au langage de l’illustre officier en créant à Varsovie une chaire de littérature polonaise. Alexandre III se débattait donc entre le désir de ne pas troubler la Faix générale en rompant ouvertement avec Allemagne et celui de ne pas contrarier les aspirations panslavistes de ses sujets. Cependant le rescril impérial relevant définitivement de ses fonctions le prince Gortchakoff, adversaire résolu du chancelier (9 avril 1882) et la nomination de M. de Giers furent considérés comme une satisfaction donnée à l’Allemagne, comme une garantie que les relations entre cette puissance et la Russie seraient du moins supportables. Le nouveau chancelier du czar fit, peu après, un voyage dans les cours de l’Europe centrale et y eut des entrevues avec les ministres dirigeants d’Allemagne et d’Autriche, lesquels venaient de renouveler, au nom de leurs gouvernements respectifs, l’entente du 15 septembre 1879. Quelques mois plus tard, M. de Giers revint en Prusse et, se conformant aux instructions du czar, ému des tentatives persistantes du parti nihiliste, il fit définivemeiit rentrer la Russie dans la triple alliance, ce qui impliquait un accord avec l’Autriche, sur le terrain de la politiqua orientale (1883). Depuis ce temps, les cours de Berlin et de Pétersbourg ne cessèrent d’échanger des paroles courtoises et de se témoigner leur bon vouloir ; puis, le 15 septembre 1884, les empereurs d’Allemagne, d’Autriche et de Russie se rencontrèrent à Skiernievice. Dans cette entrevue mémorable, il ne fut pas seulement question des progrès du socialisme, mais les trois souverains prirent l’engagement solennel de travailler en commun au maintien de la paix européenne, et cet engagement fut renouvelé à Kremsier en 1885.

Dans les derniers jours de juillet 1886, M. de Bismarck et le comte Kalnoky eurent à Kissingen une entrevue que l’on considéra avant tout comme un symptôme probant de la continuation de l’alliance austro-allemande ; ou