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ANTH de la taille, des diamètres de la taille, la couleur des jeux et des cheveux, etc.

Parmi les recherches anthropométriques les plus importantes qui n’ont été fuites jusqu’à présent que sur une petite échelle et d’une façon très incomplète, nous citerons les mesures a prendre sur les enfants de différents âges afin de connaître la marche et les lois de la croissance et les conditions qui peuvent favoriser ou entraver le développement des différents organes. On conçoit le haut intérêt de cette étude non seulement an point de vue de l’anutoinie et de la physiologie pures, mais encore au point de vue de l’art de l’éducation.

L’anthropométrie est utilisée en médecine légale dans le but de connaître l’âge, le sexe, la taille, etc., des victimes d’assassinats dont on ne découvre que le squelette ou des ossements épars. C’est ainsi qu’Orflla a dressé un tableau dans lequel sont inscrites les tailles correspondantes à telle et telle longueur du fémur, du tibia, du péroné, de l’humérus, du cubitus et du radius. On peut acquérir de la même façon des données plus ou moins approximatives sur la taille des populations

préhistoriques dont on retrouve aujourd’hui les ossements dans tous les dolmens, cavernes et autres sépultures anciennes. On peut s’assurer de cette manière que la taille de l’homme aux âges de la pierre n’était pas, en général, plus élevée qu’aujourd’hui.

Une heureuse application de l’anthropométrie a été faite, en 1880, par M. Alph. Bertillon à la préfecture de police de Paris. Cette application consiste en un procédé d’identification permettant de retrouver le véritable nom d’un récidiviste au moyen de son seul signalement, et pouvant servir de cadre pour une classification de photographies des condamnés.

Lorsqu’un individu qui a déjà subi une ou plusieurs condamnations est arrêté pour un nouveau délit, il a tout intérêt à cacher son vrai nom. Cette dissimulation d’identité était devenue si fréquente que les gardiens des prisons de Paris reconnaissaient très souvent parmi les entrants d’anciens détenus condamnés antérieurement sous d’autres noms et en dénonçaient, en moyenne, une vingtaine par mois. Pour éluder ces fraudes, sur les nombreux inconvénients desquelles il n’est pas besoin d’insister, la police faisait photographier tous les condamnés. Mais ce moyen n’avait pas tardé à devenir illusoire, car en cinq années 50,000 cartes photographiques avaient été déjà réunies, et il était devenu presque impossible de chercher avec succès, dans cette immense collection, le portrait d’un individu donné. Il s’agissait donc de classer toutes ces photographies de façon à ce que les recherches tussent limitées à un groupe assez peu nombreux pour que l’on pût reconnaître rapidement un récidiviste. Voici comment s’y est pris M. Alph. Bertillon. Les photographies sont partagées d’abord en groupes d’individus de même taille, de 0, m05 en o, m05. De cette manière, on sait immédiatement dans quel groupe doit être cherchée la carte d’un prévenu. Mais ce groupe est lui-même composé de milliers de photographies. On le subdivise en groupes secondaires basés sur le diamètre antéropostérieur de la tête. Le champ des recherches se trouve ainsi diminué, d’autant plus que le caractère anthropométrique servant de base à la subdivision présente de plus grandes variations individuelles. Chaque subdivision est elle-même divisée en groupes de troisième ordre basés sur la largeur maxima de la tête, puis en groupes de quatrième ordre basés sur la longueur du pied, et ainsi de suite. On arrive ainsi à rechercher la photographie d’un récidiviste présumé dans un groupe de cartes assez faible, de même que, pour employer une comparaison un peu singulière en un pareil sujet, le botaniste cherche dans une flore le nom spécifique d’une plante qu’il vient de cueillir. C est ainsi que le récidiviste s’entend dire, au bout de quelques minutes de recherches : « Vous êtes un tel, voici votre portrait. ■ Or, au dos du portrait, se trouvent inscrits le nombre et la date des condamnations antérieurement subies par l’inculpé.

Les indications anthropométriques sur lesquelles repose l’identiflcaiion d’un prévenu, suivant le procédé Bertillon, sont les suivantes : 1» longueur et largeur de la tête ; 2° longueur des doigts médius et auriculaire gauches ; 3° longueur du pied gauche ; 4» longueur de la coudée gauche ; 5° longueur de l’oreille droite i 6° hauteur de la taille ; 7» longueur de la grande envergure ; 8° hauteur du buste ou de la taille assis. Ces indications sont complétées par des notes descriptives concernant la couleur des yeux, la couleur des cheveux et de la barbe, le

Ïirolil du nez et ses dimensions ; enfin, par e relevé des marques particulières, cicatrices, grains de beauté, etc. Chaque marque est décrite sous la rapport de : l° sa nature ; 2» sa direction ; 3° ses dimensions ; 4<> sa situation par rapport à un ou deux points de repère, tels que les mamelons, le nombril, etc. Il est nécessaire, pour que l’identification par les signalements anthropométriques se fasse avec un plein succès, que toutes les indications ci-dessus soient notées d’une façon très précise et uniforme. Aussi sont-elles recueillies, à, Paris, par des employés spéciaux et, en province, par le personnel des

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prisons dressé a cet effet et mnni d’un manuel opératoire rédigé par l’auteur de la méthode. Les instruments usités sont eux-mêmes d’un modèle uniforme.

Les résultats obtenus à Paris grâce à l’application rigoureuse de la méthode des signalements anthropométriques sont considérables. Au lieu d’une vingtaine de malfaiteurs par mois, reconnus par les inspecteurs de police et les surveillants de prisons comme ayant subi, sous d’autres noms, des condamnations antérieures, le nouveau service d’identification en fait reconnaître une quarantaine. Ce nombre tend à diminuer de

Ïilus en plus, par suite de l’effet produit sur es malfaiteurs eux-mêmes. Beaucoup ont renoncé aux changements d’identité parce qu’ils les ont reconnus vains. « Les seuls qui y aient encore recours, dit M. Bertillon (Archives de l’anthropologie criminelle et des sciences pénales, 1886), sont les malfaiteurs qu’une longue absence a éloignés de Paris ou qui ont des raisons particulières pour tenter la chance «.

Telle est la précision de la méthode anthropométrique que, sur 700 reconnaissances

transmises jusqu’en 1886 aux juges d’instruction pnr le service de la préfecture de police de Paris, pas une n’a donné lieu à une erreur. On peut même se dispenser d’avoir recours à la photographie des inculpés. En effet, avec sept mensurations, on est arrivé à répartir une collection de 60.000 photographies en séries finales, contenant moins de 10 cartes. Or, en ajoutant seulement cinq mensurations aux sept premières et en remplaçant les photographies par des fiches, on arriverait a répartir le paquet final de 10 fiches en 243 divisions. Alors, on ne trouverait plus qu’une carte toutes les 24 cases. En conséquence, quand, dans une recherche par mensuration, on arriverait à une carte à ce point isolée, il y aurait grande chance pour que oe fût celle Bur laquelle sont inscrites toutes les indiciitions relatives à l’individu recherché. En somme, la méthode des signalements anthropométriques est susceptible de recevoir

la plus grande extension et constitue un progrès réel dans les recherches judiciaires.

Ne pouvant qu’indiquer "ici d’une façon très générale la portée de l’anthropométrie, nous donnons une liste d’un certain nombre de travaux modernes que l’on peut consulter avec profit.

— Bibliogr. Camper, Œuvres (histoire naturelle, physiologie et anatomie, Paris, 1803) ; Villermé, Mémoires sur la taille de l’homme en France (Paris, 1829) ; Mallet, De la taille moyenne de l’homme dans le canton de Genève (1835) ; Brent, On the stature and relative proportions of tnan, etc. (« British Association », 1844) ; Hutchinson, Contributions to vital Statistics (London, 1844) ; Dauson, Statistical Observations relative to the growth of the human body, etc. (London, 1852) ; Davis, Cranta 6rt(aiinica (London, 1856-1860) ; P. Broca, Recherches sur l’ethnologie de la France, et divers autres mémoires («Bulletin et Mémoires de la Société d’anthropologie i, de 1859 à 1880) ; G. Lagneau, Notice sur l’anthropologie de la France (« Bulletin de lu Société d’anthropologie », 1861) ; Boyd, Tables of the weight of the human body, etc. (à PhilosophicalTransactions», 1861) ; Busk, Observations on a systematic mode of craniometry (London, 1861) ; Boudin, Études ethnologiques sur la taille et le poids de l’homme chez divers peuples (« Mémoires de médecine et de chirurgie », Paris, 1863) ; Bertillon, De la méthode dans l’anthropologie (Paria, 1863) ; Brigham, Measurement of 300 Chinese (Boston, 1866) ; Bischoff, Ueber die ceffentlichen Resultate des Recrutirungsgeschaeftes (Mûnchen, 1867) ; Beddoe, On the stature and bulk of tnan in the British isles (« Memories of anthropologieal Society », London, 1869) ; Gould, Investigations in the militartj and anthropological statistics of american soldiers (New-York, 1869) ; Quètelet, Anthropométrie ou Mesure des différentes facultés de l’homme (Bruxelles, 1870) et Physique sociale (Paris, 1835) ; Antelme, iVote sur la céphalomélrie (» Mémoires de la Société d’anthropologie ■) ; Baxter, Statistics médical and anthropological (Washington, 1875) ; Galton, On the height and weight of boys ( « Journal of anthropological Institute », 1875), et divers autres mémoires ; Bonditch, The growth of children (Boston, 1877) ; Roberts, A manval of anlhropomelry (London, 1878) ; Topinard, Éléments d’anthropologie générale (Paris, 1886) ; Alph. Bertillon, les Signalements anthropométriques (1886, in-8°). On trouvera un grand nombre d’autres travaux d’anthropométrie dans les bulletins et les mémoires des Sociétés d’anthropologie de France et de l’étranger, et

dans les journaux ou revues d’anthropologie.

ANTHROPOMORPHOGRAPHIE s. f. (antro-po-mor-fo-gra-fl

— du gr. anthropos,

homme ; morphâ, forme ; graphein, décrire). Partie de l’anatomie humaine ou anthropotomie qui concerne la forme des organes. (Heusinger.)

ANTHROPOPITHÈQUE s. m. (an-tro-po-pitè-ke

— du gr. anthropos, homme ; pithêkos, singe), Anthropol. Genre d’animaux fossiles, connus seulement par les travaux qu’on leur attribue, et qui seraient, d’après M. de Mortillet, les précurseurs de l’homme.

— Encycl. On trouve dans les terrains

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tertiaires des silex taillés et des pierres portant la trace du feu. Si l’on remarque combien l’homme quaternaire, si près de nous géologiquement, était éloigné comme type de l’homme actuel, ainsi qu’en font foi les crânes de Néanderthal, de Canstadt, la mâchoire de la Naulette, etc., on ne peut manquer de considérer, avec M. de Mortillet, les animaux intelligents qui ont laissé ces traces de leur industrie comme assez différents de l’homme pour constituer un groupe distinct. Ce sont ces animaux intelligents, précurseurs de l’homme, que M. de Mortillet appelle anthropopithèques. En se fondant sut l’époque des gisements et sur le caractère des silex taillés, M. de Mortillet admet trois espèces connues d’anthropopithèques : 1° l’anthropopithèque de Tenay ; S° l’anthropopithèque du Cantal ; 3° l’anthropopithèque de Portugal, que M. de Mortillet appelle du nom de ceux qui ont découvert les gisements : A. Bourgeoisii, A. Ramesii. A. Ribeirosiarus.

L’anthropopithèque de Tenay, qui habitait les bords du grand lac de la Beauce (étage aquitanien) et qui, à en juger par les petites dimensions des silex qu’il a taillés, devait avoir des proportions notablement inférieures à celles de l’homme.

L’anthropopithèque du Cantal (étage tortonien), moins ancien que le précédent, était peut-être de taille plus élevée.

L’anthropopithèque de Portugal est certainement tertiaire, mais son âge n’a pu être précisé davantage. Il était plus grand que les deux autres, mais ses proportions étaient encore inférieures à celles de l’homme.

M. A. Hovelacque, dans son intéressant ouvrage JVofre ancêtre, a cherché & reconstituer l’anthropopithèque en prenant une sorte de moyenne entre les types humains les plus dégradés et les types simiens les plus élevés. H est probable que le type imaginaire ainsi créé n’est pas éloigné de l’anthropopithèque réel.

ANTHUR1DES s. f. pi. (an-tu-ri-de — du gr. anthos, beauté ; oura, queue). Zool. Famille de crustacés isopodes, sous-ordre des Ànisopodes, caractérisés par leurs antennes courtes, leur thorax de sept anneaux dont le premier est libre et portant une paire de pattes terminée par une pince préhensile. La bouche est disposée en une sorte de rostre propre a percer et à aspirer ; les pattes abdominales sont biramées, la nageoire caudale de frande dimension. Les œufs sont renfermés ans une poche incubatrice sous-cutanée. Le genre Anthure, représenté par une espèce de la Méditerranée (anthura gracilis Mont), est le principal de cette famille. On peut y joindre les Paranthura (P. penicillata Risso), également de la Méditerranée.

ANTIATAXIQUE adj. et s. m. (an-ti-a-taksi-ke

— rail, anli, contre et ataxie). Méd. Propre a combattre l’ataxie, la lièvre ataxique : On ne cannait pas d’ANTiA.TAX.io. UK réellement efficace.

ANTI-ATLAS, chaîne de montagnes au sud du Maroc. L’Anti-Atlas est la ramification la plus importante du versant méridional du grand Atlas ; il se développe dans la direction du N.-E. au S.-E. pour finir au cap Noun, sur l’Océan Atlantique. Il est séparé du grand Atlas par l’oued Sous et ses affluents, et limité au midi par l’oued Drâa, le plus grand cours d’eau du Maroc, qui coupe l’Anti-Atlas en deux chaînes, dont la plus septentrionale, porte le nom de Chagheroun.

L’Anti-Atlas estpeuoupointconnu jïtohlfs, dans son voyage de Taroudaut à Talilelt en 1862, l’a traversé ; il estime l’altitude moyenne à 1.500 mètres, tandis que Bail et Hooker l’évaluent à 3.000 mètres. La chaîne présente un profil d’une grande régularité, sans pointes ni saillies brusques. Vers les sources de l’oued Sous, l’Anti-Atlas ne constitue pas un chaîne proprement dite, mais un ensemble de rochers, d’où coulent des ruisseaux aux rives verdoyantes. Une des gorges qui le traverse, à peine large de cinq pas, est taillée entre des parois de marbres multicolores. Sur les pentes méridionales de l’Anti-Atlas, dont la base est en partie enfouie dans les sables du désert, on voit plusieurs formes végétales qui appartiennent à la zone torride, beaucoup plus au sud. Ce sont les acacias gommifères et diverses grandes euphorbes, d’où découlent des gommes, utilisées dans la pharmacopée et dans l’industrie. L’Anti-Atlas est habité par la tribu berbère des Zenaga ou Sanhedja, environ 300.000 âmes, qui parlent le tamazight ; quelques huttes sont habitées par des Arabes Chorfâ ; en outre, les Beni-Mohammed ou Benî-Mahmid vivent épars dans des huttes de palmier. Les nègres forment de petites colonies dans chaque oasis et mêlent leur sapg a. celui des autres habitants. Les juifs sont représentés dans tous les villages comme ouvriers de divers états. Au sortir des gorges de l’Anti-Atlas, chaque rive de l’oued Drâa ne forme qu’un long village. La population, qui comprend principalement des Ilaratln ou Berbères noirs, a fait des vallées un immense jardin. Les dattiers produisent les meilleures dattes du Maroc ; au pied de ces arbres poussent les céréales. La culture principale est celle des légumes, des choux, des raves, des oignons, des tomates et des melons.

ANTICOPE s. f. (an-ti-co-pe — du gr. an*ikope, contrecoup, formé de anti, contre ;


koptein, frapper.) Méd. Répercussion, contre-coup, résonnance que produit la percussion pratiquée comme moyen de diagnostic.

* ANTICOSTI (en langue indienne Natiskotek et plus tard modifié en Nataschkwe, c’est-à-dire • Endroit de la chasse à l’ours *). Grande tla du Dominion de Canada (Amérique du Nord), dans l’entrée du bras N.-O. du golfe du Saint-Laurent. Elle a 826 kilom. de long du N.-O. au S.-E. et 55 kilom. 500 dans sa plus grande largeur, et est située entre 49<> 3’ 35 ’ et 49° 59’32" de lat. N. et entre 64» 0’ 9" et 66° 5ï’ 14" de long. O. La circonférence d(- l’tls est de 500 kilom., sans y comprendre le contour des baies. Sa superficie est de 8.150 kilom. carrés, mais elle ne renferme qu’environ 200 hab. Anticosti située à michemin entre la mer et Québec est la clef de l’immense fleuve Saint-Laurent ; elle commande aux deux rives qui sont à portée de canon. Cette situation extrêmement favorable a engagé le gouvernement fiançais à faire plusieurs tentatives pour acheter l’Ile. Plate et marécageuse sur le littoral méridional, la côte septentrionale est élevée, rocheuse et aride, donnant dans quelques endroits d’excellentes pierres à bâtir, avec lesquelles on a construit les phares de l’île. Nulle part l’Ile ne s’élève & plus de 210 mètres au-dessus du niveau de la mer. A peu de distance de la côte méridionale se trouve une chaîne de collines qui se dirige vers la N.-O. et le S.-E. Quelques falaises s’élèvent à pic sur le bord de la mer & une hauteur de plus de 120 mètres. Sur les côtes et a l’entour, la roche calcaire est couverte par une forêt épaisse et souvent impénétrable de sapins nains qui dans quelques positions exposées, ont quelques pieds de hauteur seulement, avec des branches noueuses tellement entrelacées les unes avec les autres qu’un homme peut marcher pendant une distance considérable sur leurs sommets. On trouve généralement sur le sol de vastes plateaux de galets calcaires, des arbustes de marais, des marécages et aussi des lits de tourbe. L’intérieur d’Anticosti est montagneux, couvert de forêts, et probablement moins aride que la côte. On y trouve des espars de sapin blanc assez forts pour faire des mâts de goBlette de 60 tonneaux, et d’autres de genévriers (espèce de mélèze) d’une excellente qualité et d’une dimension suffisante pour faire la quille d’un bâtiment de même grandeur. Le bouleau blanc et noir, le frêne (ce dernier de mauvaise qualité) complètent la liste des arbres qui atteignent une certaine grosseur. Des ruisseaux d’eau excellente descendent à la mer sur tous les points de la côte. Ils sont généralement trop petits pour recevoir des embarcations. Leur cours est ordinairement très rapide immédiatement en dedans de leurs embouchures et même le plus grand, nommé rivière Observation, situé a l’ouest de la pointe S.-O. de l’Ile est obstrué par une barre de sable, excepté pendant les petits espaces de temps qui suivent les geandes crues du printemps ou les fortes pluies. Le climat n’est pas plus rigoureux pendant l’hiver que celui de Québec ; mais les étés sont froids, humides, orageux et, à cette époque, il y a des brumes fréquentes. La gelée est commune en août, et parfois il gèle tous les mois de l’année. L’orge parait être le seul grain qui vienne à maturité. La récolte de pommes de terre est souvent compromise par les gelées précoces. S’il n’y a pas grand’chose à attendre des produits du sol, les forêts, les rivières et la mer environnantes suffisent pour rémunérer le travail des quelques personnes qui habitent l’île ou la fréquentent. Les oiseaux de terre paraissent être très rares, sans doute parce qu’ils trouvent peu de fruits sauvages pour leur nourriture ; les seuls fruits que l’on ait vus en assez grand nombre sont des mûres sauvages (ronces) qui viennent dans les marais de tourbe. La perdrix commune du Canada n’existe pas sur cette île ; mais pendant l’hiver, on voit dans l’intérieur une sorte de perdrix blanche. Il y a peu de variétés de quadrupèdes, ainsi que de volatiles. D’après M. Gamache, qui a chassé sur cette île pendant plusieurs années, il n’y a que quatre ou cinq espèces de quadrupèdes sur Anticosti : ce sont l’ours noir, le renard, la loutre et quelques souris. On n’y trouve ni serpents, ni crapauds, ni grenouilles et on prétend que les rats qui y ont été apportés quelquefois par les navires naufragés, ont presque immédiatement disparu. La plus grande partie des ruisseaux abondent en truites ; ils sont visités périodiquement par un grand nombre de saumons. Ces derniers sont péchés, salés et envoyés au marché de Québec. Les veaux marins fréquentent les récifs de roches calcaires plates et on en tue tous les ans un grand nombre pour en extraire l’huile et la peau. On prend quelquefois de la morue pour une somme de cinq millions de francs avec de petites goélettes qui viennent des îles Madeleine et d’autres points dugolfe du Saint-Laurent. Leurs équipages font souvent le sauvetage des épaves des navires naufragés en même temps qu’ils pèchent. L’ours noir est très nombreux sur l’île, ainsi que les oies sauvages, les outardes et les canards de différentes espèces. Les bâtiments se perdent fréquemment sur les côtes de l’Ile Anticosti, Burtout pendant les mauvais temps qui régnent