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vérifié la bonne foi des médecins suspectés bien gratuitement.

îo La vaccination par la vaccine provenant de la vache n’est pas une variolisation. Jenner croyait a l’identité des deux virus ; mais récemment la commission de LyonChauveau, Meynet, Arloing) a montré que le cow-pox et le horse-pox sont des affections voisines, mais différentes du virus varioleux ou small-pox, et absolument incapables de reproduire la variole. Si l’inoculation du virus varioleux. a produit des accidents, le nombre des cas favorables est encore de beaucoup supérieur4, c’est d’ailleurs une méthode abandonnée, défendue légalement dans quelques pays.

3» La propagation de certaines maladies par la vaccination est souvent une pure hypothèse ou une erreur de diagnostic regrettable pour ceux qui la commettent ; telles sont les éruptions vaccinales généralisées prises pour la syphilis. Sans doute des cas malheureux sont avérés : par exemple la syphilisation d’une compagnie de zouaves en Algérie. Mais des précautions minutieuses, l’usage d’un vaccin de provenance sûre, enlèvent tout fondement a l’argument en supprimant des accidents semblables. Rien n’est moins fondé que l’accusation de propagation, de la tuberculose par la vaccination ; Acker (1885), examinant la lymphe de pustules vaccinales développées sur des tuberculeux avérés, ayant des bacilles dans leurs crachats, n’y a jamais trouvé un seul de ces parasites. Enfin que répondre à ces arguments : la vaccination diminue la stature, empêche de supporter les fatigues du service militaire, même de la danse ; et prédispose l’homme à l’usage du tabac ?

Les antivaceinateurs ont aussi attaqué l’inoculation préventive chez les animaux ; ce n’est qu’au moyen des statistiques qu’il convient de leur répondre : avant les inoculations, la mortalité était de 13 à 17 animaux par année et pour 100 bêtes ; elle est tombée depuis à 4 et 7 pour 1.000.

L’étude des vaccins et des virus atténués est encore dans son enfance ; bien des particularités sont encore inconnues et à l’étude. La méthode de M. Pasteur a eu des insuccès peu nombreux dans le traitement de la rage ; les antivaccinateurs ont cru s’en faire une arme redoutable ; mais connaît-on la différence qui existe entre la rage du loup et la rage du chien ?

■ On trouvera dans leur ensemble à l’article juge l’histoire des travaux de M. Pasteur sur cette maladie, et les discussions que sa méthode a fait naître. Mais, parmi les attaques dirigées contre l’atténuation des virus et contre les vaccinations par les virus atténués, il est intéressant de signaler une lettre du professeur Billroth, célèbre chirurgien viennois («Nouvelle Presse »de Vienne, 12 mai 1387) ; et la réfutation qui en a été faite par M. Grancher, professeur à la Faculté de Paris, et par M. Pasteur lui-même. On trouve, en effet, dans leurs réponses les statistiques scientifiques et officielles les plus récentes des résultats des vaccinations pratiquées sur les animaux. La lettre de M. Billroth a pour but de mettre en évidence un mémoire du professeur von Frisch (de Vienne) dans lequel cet auteur critique et conteste les méthodes de M. Pasteur.

Après avoir lancé quelques mordants sarcasmes a la science médicale française, ■ qui suit d’un pas b.oiteux le progrès colossal de la science anglaise et allemande 1, et contre l’enthousiasme avec lequel on accueillit en France les découvertes de M. Pasteur, l’éminent M. Billroth se déclare admirateur de la vaccination jennériellne ; mais il attaque les méthodes de M. Fasteur et ses vaccinations contre le charbon et contre la rage qui ont fait, dit-il ironiquement, « un léger fiasco ». « C’est le devoir des savants sérieux et calmes de prévenir les conséquences pratiques trop hâtives d’observations qui ne sont pas suffisamment appuyées sur l’expérience. > Il expose alors le travail de M. von Frisch, délégué par l’Autriche pour étudier au laboratoire de M. Pasteur la méthode antirabique. Il fait un pompeux éloge de ce travail austère, dont le résultat est contenu dans la phrase suivante : « Les lapins et les chiens soumis au procédé intensif d’inoculation appliquée à l’homme par Pasteur, sans qu’ils aient reçu un autre mode d’infection, ont tous pris la. rage par ces vaccinations. On peut donc conclure avec grande vraisemblance que cette méthode d’inoculation présente de grands dangers pour l’homme ; et il n’est pas impossible que des hommes bien portants aient été rendus enragés artificiellement par ce procédé, c’est- a-dire sans phrase (sic), aient «té tués. • M. le professeur Grancher répondit aussitôt par une lettre (publiée dans le « Bulletin médical • du 18 mai 1887), dans laquelle il montre que la découverte de l’atténuation des virus et de la vaccination par les virus atténués n’a pas « fait fiasco ». En effet, le laboratoire de Berlin, d’abord dissident, s’est rangé à la doctrine de l’atténuation ; des laboratoires de vaccination charbonneuse fonctionnent à Vienne (Autriche), Turin, Madrid, Buenos-Ayres, etc. D’au très vont se fonde/en Russie.

Il emprunte ensuite à M. Chamberland des statistiques tirées d’un rapport destiné au prochain congrès de Vienne.

Cbea les moutons non vaccinés contre le

ANTO

charbon, la mortalité par le charbon est de

10 pour 100. Après vaccination elle a été de :

moutons mortalité

vaccinés, pour 10U En 1882 543.199 1,08

— 1883 193.119 0,77

— 1884 231.693 0,97

— 1885 280.107 0.90

— 1886 202.064 0,75

Chez les bœufs ou vaches non vaccinés la mortalité est de 5 pour 100.

Après vaccination elle a été de :

pour 100. En 1882 22.916 0,35

— 1883 20.901 0,35

— 1884 22.616 0,37

— 1S85 21.073 0, o0

— 1886 32.113 0.28

Le gouvernement italien, frappé t.e ces résultats, n’a pas attendu la fin de 1886 pour recommander, par une circulaire officielle, la vaccination charbonneuse à ses agriculteurs.

De plus, la vaccination contre le rouget du porc se fait déjà sur une grande échelle, tant en France qu’à l’étranger, puisque le nombre des porcs vaccinés s’est élevé de 3.216 en 1883, à 19.740 en 1886.

Enfin on vaccine contre le charbon symptomatique, si bien étudié par l’école de Lyon, en France, en Suisse, en Autriche, en Allemagne, etc. Le nombre des animaux vaccinés dans ces divers pays dépasse 40.000 pour l’année 1886, et la mortalité est devenue sept fois moins jir&nde sur les troupeaux vaccinés. Ces chiffres sont assez éloquents pour se passer de commentaires.

M. Pasteur s est chargé de répondre, pour ce qui concerne la rage, dans une lettre adressée à la Société impériale et royale de médecine de Vienne. Les expériences de M. von Frisch y sont à leur tour commentées ; l’interprétation en est rectifiée, et M. Pasteur peut terminer ainsi : « Le temps a marché, et la valeur des méthodes de vaccination est aujourd’hui confirmée scientifiquement et pratiquement. J’ajouterai qu’il existe aujourd’hui dans le monde quatorze instituts antirabiques fonctionnant quotidiennement (29 mai 1887). » Et il pourrait maintenant invoquer encore le témoignage de la commission scientifique anglaise composée des plus illustres savants d’outre-Manche, les Lister, Paget, etc. dont les conclusions sont entièrement favorables à sa doctrine et à sa méthode (juillet 1887).

ANTIVIRULENT adj. (an-ti-vi-ru-lanrad. anti, contre, et virulent). Méd. Propre à combattre les effets d’un virus, I ! Injection, antivirutente (Cézard). Solution de 1 partie d’iode dans 500 parties d’eau. Cette solution, injectée dans le tissu cellulaire dès l’apparition des premiers accidents de l’œdème charbonneux, peut en arrêter le développement.

ANTOFAGASTA, territoire du Chili (Amérique du Sud), qui s’étend depuis le 24e degré de lat. S. jusqu’à l’embouchure du Rio Loa. Sa superficie est de 75.000 kilom. carrés. Il est en grande partie désert, mais renferme d’immenses richesses minérales. La population est de 22.254 hab., soit à peine 1 hab. par 3 kilom. carré. D’après les stipulations du traité du 29 novembre 1884, ce territoire a été cédé par la Bolivie au Chili.

ANTOFAGASTA ou LA CHIMBA, ville maritime du Chili (Amérique du Sud), sur les côtes du territoire du même nom, à 1.000 kiloin. environ au N. de Valparaiso et à 60 kilom. au S. des Méjillons ; par 23° 34’ de lat. S. et 70° 27’ de long. O, ; 7.946 hab. Antofagasta, derrière laquelle s’élèvent d’immenses falaises, est bâtie sur le bord d’une baie du même nom, parsemée de rochers et de récifs et limitée au N. par la presqu’île de Méjillons. En 1870, Antofagasta ne renfermait que les dépôts des nitrates alcalins de la société anglaise Gibbs and Co et les habitations des employés de cette compagnie. Quand on commença l’exploitation sérieuse des mines d’argent de Caracoles, en 1871, ce petit port prit quelque essor ; mais quand on eut reconnu les difficultés de l’embarquement, on l’abandonna pour Méjillons. Toutefois, en 1872, un mouvement inverse fit bientôt d’Antofagasta le principal port de la Bolivie. Après les victoires des Chiliens sur les Boliviens, la Bolivie fut forcée de céder, en janvier 1884, Atacama, avec le port d’Antofagasta, au Chili. Depuis lors, Antofagasta prend chaque année une plus grande importance, due au voisinage de gisements de guano et de minéraux tels que le nitrate de soude, les rainerais de cuivre, d’argent, etc. La ville possède aujourd’hui une église, un hôpital, un théâtre, un cirque et un club. Tous ces édifices sont, comme les habitations, en bois ou en tôle galvanisée. La ville est reliée par un chemin de fer de 152 kilom. aux mines de salpêtre et d’argent de Caracoles, situées dans le désert d’Atacama ; d’autres lignes ferrées sont projetées pour relier le port aux villes les plus importantes de la Bolivie et du Chili. Ses exploitations sont considérables et tout semble la destiner à devenir un des grands ports des côtes de l’Amérique méridionale, qui sera tributaire du canal de Panama.

ANTOINE (Dominique), homme politique, né à Metz le 27 janvier 1845. Il entra à l’École

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d’Alfort et, après y avoir pris le grade de médecin vétérmuire, il vint exercer d’abord à Sierck en 1869, puis à Metz. En 1870, il prit une part active, comme lieutenant de mobiles, à la défense du pays, fut blessé et porté à l’ordre du jour de l’armée. La guerre terminée, il voulut rester à Metz et ne tarda pas à devenir un des membres influents du comice de cette ville. Il fit partie du comité de reconstitution du < Courrier de la Moselle • et, en 1S73, fut élu membre de l’académie de Metz. En cette qualité il a fait plusieurs communications intéressantes, notamment sur les soins hygiéniques que les agriculteurs mosellans dédaignent en général d’apporter dans leurs étables et leurs porcheries, sur l’aération et l’introduction de la lumière dans les écuries, sur l’importance de l’examen de l’œil dans le diagnostic de la santé du cheval, sur le fumier de ferme qu’il considère comme l’engrais par excellence, etc.

En 1875, il fut élu membre du conseil municipal de Metz et, en 1878, membre de la délégation provinciale à Strasbourg, en même temps que M. Ch. Abel. M. Antoine prit plusieurs fois la parole au Landesausschluss ; son discours le plus remarqué fut celui qu’il prononça, en décembre 1881, pour appuyer sa proposition de refuser la subvention de 100.000 marks nécessaire au rétablissement définitif de la toiture de ta cathédrale : « C’est à l’empire de payer cette dépense, disait-il, puisque l’incendie de la cathédrale a eu lieu à la suite d’un feu d’artifice tiré sur les combles de cette église en l’honneur de l’empereur, le 8 mai 1877. •

Après la mort de M. Paul Bezanson, maire de Metz, M. Antoine, désigné par la voix publique pour le remplacer au Reichstag, se présenta comme candidat de ta protestation et fut élu san3 concurrent, le 18 décembre 1882, par 10.024 suffrages (Metz-campagne). Au mois de janvier suivant, il vint à Paris pour assister aux funérailles de Gambetta. En août 1883, il voulut fonder un journal qu’il se proposait d’intituler Metz ; il aurait été écrit en langue française et consacré exclusivement d’une part à l’examen des expériences agricoles, tentées en France, en Angleterre et en Belgique, d’autre part à la défense des intérêts du pays mosellan, enregistrant, sans les discuter, les faits de la politique contemporaine. M. Antoine fit la déclaration, qui est la seule formalité exigée en Allemagne pour la publication d’un journal. Il lui fut répondu par un refus dédaigneux, auquel il riposta en écrivant au général Mantenffel une lettre des plus énergiques : • Tout vieux que vous êtes, lui disait-il en terminant, vous vivrez assez pour subir la revanche 1 » Au mépris de l’inviolabilité parlementaire, le général Manteuffel fit jeter M. Antoine en prison, comme coupable d’entretenir des connivences avec l’étranger, et on le garda pendant vingt-huit jours au secret. Pendant ce temps, sous prétexte de descentes judiciaires, on bouleversait son domicile. Les perquisitions étaient dirigées par un juge commis ad hoc, M. Kœnng, nommé plus tard directeur do la colonie allemande du Congo. On finit par remettre M. Antoine en liberté provisoire, mais en lui imposant l’obligation de se présenter à la première réquisition des autorités allemandes, et c’est en décembre 1884 seulement que, voyant toute poursuite sérieuse impossible, on se décida à lui notifier un arrêt de non-lieu. En revanche, on suscita contre lui deux journaux, le ■ Messin • d’abord, puis un journal illustré, 1' > Echo de Metz ■, qui attaquèrent sa candidature lors des élections de 1884. Il n’en fut pas moins réélu, malgré l’appui prêté par les Allemands et las catholiques coalisés à son concurrent le plus acharné, l’abbé Jacques. Après la dissolution du Reichstag en janvier 1887, M. Antoine, candidat protestataire, a été de nouveau réélu le 21 février. Le 31 mars suivant, .il a été expulsé du territoire d’Alsace-Lorraine, tout en conservant le droit d’aller siéger au Reichstag, à Berlin.

Toujours prêt à défendre énergiquement la cause du bon droit, M. Antoine est, comme homme privé, de mœurs fort paisibles ; il mène une vie retirée, entre sa femme et ses enfants, et il aime peu qu’on s’occupe de sa personne. « La politique, disait-il un jour non sans quelque amertume, c’est l’art de faire les affaires des autres en négligeant les siennes. » Définition pittoresque, qui prouve sa grande honnêteté ; combien d autres pensent justement tout le contraire I... Mais nous nous arrêtons : nous blesserions, en lui décernant tous les éloges qu’il mérite, la modestie de ce vaillant patriote.

Antoinette Rignud, comédie en trois actes et en prose de M. Raimond Deslandes (Théâtre-Français, 1885). C’est une pièce habilement agencée, appartenant à ce genre moyen qui a longtemps fait le succès de Scribe. Personnages principaux : un vieux soldat, le général de Tréfond ; sa fille Geneviève ; son aide de camp, le capitaine de Treuilles, et la sœur de celui-ci, Antoinette, amie de pension de Geneviève et mariée à un gros industriel portant le nom vulgaire de Rigaud. L’aide de camp aime la fille de son général : cela est tout simple, et sa sœur fera tout ce qu’elle peut pour conclure le mariage ; c’est dans les données du genre. Il n’y aurait pas

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de pièce si un obstacle imprévu ne venait se dresser tout à coup. Le général donna une fête dans son château ; Antoinette s’est échappée de Tours pour y assister, laissant là son mari qui ne peut venir ; cet ardoisier est juré, pour le moment. Antoinette est une femme adroite ; en un tour de main, elle a confessé Geneviève, confessé le capitaine, sur leur mutuel amour qui n’ose se déclarer, et elle se charge de tout arranger. Mais, dès le premier assaut qu’elle livre au généra ;, elle est repoussée avec perte. Le vieux soldat est inflexible ; ce n’est pas qu’Olivier de Treuilles lui déplaise : charmant garçon, au contraire, plein d’avenir, il lui reconnaît toutes les qualités, mais il est militaire, et jamais sa fille ne sera la femme d’un militaire. Il sait trop à quelles angoisses sont réservées les femmes d’officiers ; porté pour mort à ta bataille de Patay, où il n’avait été que blessé, il était revenu juste à temps pour voir mourir entre ses bras la mère da Geneviève, que la fausse nouvelle avait tuée. ■ Jure-moi que notre fille ne sera jamais la femme d’un soldat, » lui avait-elle dit en expirant ; il avait juré et entendait tenir son serment. Antoinette est donc battue ; un autre ennui l’attend. A cette soirée se trouve aussi un jeune peintre, Jacques Saunoy, avec lequel, au cours même de son voyage de noces, la coupable 1 elle a ébauché un petit roman d’amour ; ébauché seulement, car tes choses n’ont pas été poussées bien loin : tout s’est borné à quelques lettres échangées. Au moment de faillir, elle a réfléchi, s’est reprise, et ils ne se sont plus revus. Le retrouvant au château, près du général, dont il fait le portrait, elle redemande ses lettres ; la soirée finie, Jacques Saunoy les lui rapporte dans sa chambre, ce oui est assez imprudent ; elle lui fait reprendre en échange un médaillon où il avait lui-même peint le portrait da la femme adorée, autre grave imprudence, Pendant leurs explications retentit un coup de sonnette ; c’est Rigaud, qui s’est libéré pour quelques heures de ses fonctions de juré et vient les passer près de sa femme. Le voici qui entre ; où cacher le peintre ? dans l’alcôve. Blotti derrière les rideaux, Jacques Saunoy est forcé d’assister au souper de Rigaud, qui a un appétit du diable et qui, tout en dévorant un poulet, raconte des histoires de cours d’assises. Il vient d’acquitter un mari qui avait tué l’amant de sa femme et déclare que, le cas échéant, il ne ferait ni une ni deux. Antoinette est fort mal k l’aise, comme on le conçoit ; heureusement Rigaud passe dans sa chambre, d’un air de profond regret. Profitant de son départ, Jacques s’esquive, mais il trouve toutes les issues fermées, impossible de sortir ; enfin une porte s’ouvre : c’est justement celle de la chambre de Geneviève ; il traverse la chambre dans l’obscurité, ouvre la fenêtre et saute dans le jardin. Il est sauvé ? pas du tout. Rigaud, qui fumait à sa fenêtre un bon cigare, pour digérer le souper, l’a aperçu ; il rentre chez sa femme, lui fait part de l’incident et dit : « Je préviendrai le général. ■ Le second acte se termine là-dessus. Le lendemain, de bon matin, Rigaud ne manque pas de dire au général ce qu’il a vu. ■ C’est la fenêtre de ma fille I ■ s’exclame le général. On mande Geneviève ; elle raconte ingénument qu’en effet elle a cru entendre quelqu’un traverser sa chambre et ouvrir la fenêtre, qu’elle avait fermée, et qu’en se réveillant elle trouva ouverte. On se transporte sur les lieux, comme une descente de justice, et au bas de la fenêtre se trouvent des foulées accusatrices, plus un médaillon, tombé delà poche de Jacques : c’est le portrait d’Antoinette. Rigaud, qui reconnatt le joli minois de sa femme, bondit comme un tigre. Olivier de Treuilles s’avance alors et dit : « C’est ma sœur qui m’a donné son portrait. " Mais alors c’est donc lui qui a sauté par la fenêtre de Geneviève ? Il se tait. > Je vous avais, hier matin, refusé ma fille, lut dit le général ; vous avez voulu la compromettre et me forcer la main. Est-ce cela ? » Olivier, pour sauver sa sœur, dont il soupçonne la culpabilité, avoue ; le général le chasse et lui demande sa démission ; il se résigne. Mais alors intervient Antoinette ; elle seule peut le disculper en avouant sa faute ; c’est ce qu’elle fait dans la scène capitale de la pièce. Quand Olivier revient apporter sa démission écrite, le général veut voir s’il ne faiblira pas, il l’accable de reproches ; mais Olivier tient bon, si bien qu’à la fin le général lui ouvre ses bras et le trouve, par ce dévouement fraternel, digne d’être son gendre. L’interprétation de la pièce par Worms (O. de Treuilles), Laroche (Rigaud), Baillet (Saunoy), M11* Baretta (Antoinette), M11* Reichemberg (Geneviève), a contribué pour beaucoup au succès delà pièce.

ANTOKOLSKI (Marc), sculpteur polonais, né à Wilna en 1842. Sa passion pour l’art était telle, que, ne pouvant payer les leçons d’aucun maître, il eut le courage d’entrer dans une imagerie et de s’y exercer seul à l’art ingrat de la sculpture. A vingt-deux ans seulement il fut admis comme élève libre à l’académie de Suiut-Pétersbourg. Dès la première année (1864), il obtenait une médaille d’argent pour son Tailleur juif ; l’année suivante, son Avare (qui a été exposé à Paris en 1867) lui valait une pension viagère. Depuis cette époque, l’artiste, assuré désormais contre les engonces matérielles de la vie,