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pas amené le prince Jérôme à s’expliquer nettement, M. de Cassagnac s’écriait : ■ Plus d’Empire jamais, plutôt que certain Empira I et ce certain Empire est celui du prince Jérôme que l’on connaît. » Ces sommotions irritaient 1’ « Ordre», journal du bonapartisme officiel, qui, sous l’inspiration de M. Routier, se contentait de blâmer la conduite de M. de Cassajrnac et se refusait a le prendre au sérieux. MM. de Cassagnac et Amigues, excommuniés par la feuille de M. Rouher, s’en consolaient en criblant le prétendant officiel d’épithètes de jour en jour plus vives. Le parti bonapartiste avait, en somme, perdu toute direction et M. Rouher, impuissant à maintenir la discipline, devait, & quelque temps de la, se retirer. La polémique entre le journal le ipays» et 1’ «Ordre ■ n’absorbait pas tous les instants de M. Paul de Cassngnac, qui, de temps il autre, prenait la parole a la Chambre et y tenait un langage des plus violents. Nous devons, pour être impartial, constater que les hommes politiques du parti désapprouvaient cette attitude et reconnaissaient qu’elle était de nature à lui aliéner un certain nombre de ses partisans.

Cette vue était jusie, et les élections qui eurent lieu, soit au Sénat, soit à la Chambre, en 1880, prouvèrent que le parti de l’Appel au peuple perdait du terrain, jusque dans les départements où il s’était considéré comme inexpugnable.

Au mois d’avril 1880, au lendemain du jour où le gouvernement venait de lancer les décrets du 29 mars contre les congrégations non autorisées, le prince Napoléon, qui jusqu’alors s’était renfermé dans un mutisme à peu près complet, crut devoir adresser à un de ses amis une lettre dans laquelle il disait : "Les décrets récents ne constituent pas une persécution, ils ne sont que le retour a une règle indiscutable du droit public. Le principe qui subordonne l’existence d’un ordre religieux à l’autorisation et à la surveillance du pouvoir politique se retrouve dans toutes les sociétés.... L’abandonner, re serait détruire l’État et le mettre aux pieds de la théocratie. Pourquoi nos amis attaqueraient-ils ces décrets ? • et plus loin :

« L’union conservatrice, cette fiction désastreuse, a trop duré. Il n’y a rien de commun entre les légitimistes qui conspirent contre 89, et nous qui l’avons rendu invincible... Il est temps que chacun reprenne ses couleurs, sa tradition, ses principes et que les équivoques cessent... » Cette lettre, publiée par 1’ • Ordre », était à la fois une déclaration de guerre aux orléanistes et aux légitimistes, qui s’étaient nettement prononcés contre les décrets. Elle devait achever la scission du parti bonapartiste. Le d’ays», que M. Paul de Oassagnac dirigeait seul depuis la mort de son père, survenue au mois de janvier 1880, déclara qu’il ne reconnaissait plus le prince Napoléon comme chef du parti. Le • Petit Caporal > affirma que toute la famille du prince protestait publiquement contre les pensées exprimées en son nom par le prétendant ; mais, sommé par le journal 1’ ■ Ordre ■, de publier ces protestations, M. Amigues s’abstint. Les autres feuilles plébiscitaires tentèrent d’atténuer plus ou moins les déclarations du prince. Au mois d’octobre 1880, et après de nombreux pourparlers entre les fractions cléricales du bonapartisme, une réunion était provoquée, à, Paris, par les partisans de la politique du • Pays » et du « Petit Caporal >. Elle se tint au cirque Fernando ; deux mille personnes environ y assistèrent. On y vota l’abdication du prince Napoléon, en faveur de son fils aîné Victor, et une délégation fut nommée, à l’effet de décider le prince Napoléon à cette abdication. Celui-ci refusa de recevoir la délégation et lui fit tenir une lettre où nous relevons le passage suivant : ■ Je n’ai pas l’habitude de subir les interrogations de mes adversaires politiques... Que ceux qui se croient, contre moi, les représentants du parti napoléonien, parlent et agissent a leur gré. Quant à moi, en mon nom et au nom de mes deux fils, il me suffît de constater une fois de plus ta diversité de nos politiques, » La délégation riposta par une lettre où on lisait : « Quelque déférence et quelque respect que nous devions au nom de Napoléon, nous ne pouvons vous laisser dire, sans protester tout haut, que nous allions porter devant vous des accusations mensongères...Nous venions vous rappeler simplement et respectueusement les considérations qui ont contraint notre regretté prince impérial de nous désigner, pour son successeur, le prince Victor et non pas vous. ■ La délégation, faisait allusion à un testament plus ou moins authentique, qu’aurait laissé l’ex-prmee impérial, et dans lequel il écartait la candidature du prince Napoléon, en raison de ses opinions religieuses et recommandait à ses fidèles de choisir pour

chef le prince Victor, son fils aîné. Cette lettre se terminait ainsi : « Nous venions vous dire que, dans notre conviction fidèle, la tradition de l’Empire repose sur la tête de votre fils, le prince Victor, mais que le peule, s’il vous plaît de l’y contraindre, saura

ien la transporter ailleurs. > M. Jules Amigues, dans le « Petit Caporal », fit suivre la publication de cette lettre de commentaires assez vifs. La désagrégation du parti continuait. Au mois de novembre 1880, MM. Robert Mittcheil, Janvier de la Motte et Lenglé donnèrent leur démission de membres du

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groupe de l’Appel au peuple. Au mois de décembre, le prince Napoléon publiait un manifesteprogramme, dans un nouveau journal « le Napoléon », dont l’exisrence fut d’ailleurs très éphémère. Ce manifeste attaquait les républicains dits opportunistes, contenait quelques phrases vagues sur les améliorations à apporter au sort des travailleurs et se terminait par une demande de revision de la Constitution, avec nomination du président de la République par le suffrage universel. Ce document, où toute compromission avec l’élément conservateur monarchique était nettement réprouvée, alimenta durant quelques jours les polémiques de la presse, puis le silence le plus profond se fit autour de lui.

L’année 1881 devait voir le renouvelleroen de la Chambre, élue au mois d’octobre 1877. Les bonapartistes se crurent de taille à lutter seuls et repoussèrent les avances qui leur furent faites par les conservateurs en vue d’une action commune. Les républicains avancés avaient inscrit dans leur programme la revision de la Constitution. La fraction du parti de l’Appel au peuple, qui reconnaissait pour chef le prince Napoléon, voulut, elle aussi, faire campagne sur cette revision. Le 31 juillet 1S81, soit cinquante jours avant la date fixée pour les élections générales, un comité révisionniste napoléonien, composé de onze députés, arrêtait un programme. ■ Sans mettre en cause la forme du gouvernement, disait ce documentée parti demande l’élection du Sénat et du président de la République par le suffrage universel, la responsabilité du chef de l’État et la préparation de lois destinées a venir en aide aux classes laborieuses, » Ce document était précédé d’une lettre signée du prince Napoléon, lettre dans laquelle il disait notamment : > Le monde est divisé entre les partisans du passé et ceux de la Révolution, entre les réactionnaires et les progressistes. Restons toujours avec ceux-ci ; notre place est à leur tètel » Après s’être déclaré peu Boucieux de la forme et de la dénomination du gouvernement, le signataire de cette lettre attaquait violemment les républicains alors au pouvoir et concluait ainsi : • La France est compromise par eux. La Constitution de 1875 ne peut durer. ■

Tandis que le prince Napoléon faisait étalage de ces beaux sentiments démocratiques, la partie dissidente du groupe d« l’Appel au peuple, sans rechercher une alliance générale avec les fractions conservatrices, acceptait de temps en temps de lutter en commun contre les républicains. M. Paul de Cassagnac, qui ne paraissait pas certain de son élection dans l’arrondissement de Condom, posait aussi sa candidature dans celui de Mirande, et là, il acceptait ie concours des légitimistes. Oubliant, pour un instant, ses démêlés avec le prince Napoléon, il n’affichait plus aussi carrément son hostilité et consentait h le reconnaître pour chef, déclarant toutefois que, s’il ne suivait pas la politique de la majorité du parti, on le remplacerait par l’un de ses fils. Le prince Napoléon et ses amis étaient plus nets et déclaraient qu’à aucun prix, et dût-on voter pour un opportuniste, il ne fallait donner sa voix à un légitimiste. Le parti napoléonien subit un véritable désastre. Sur les onïe députés signataires du programme que nous avons sommairement rappelé ci-dessus, quatre seulement furent réélus. Il faut noter, du reste, que les partis réactionnaires avaient a peine conservé quatre-vingtdix de leurs sièges sur les cent soixante-quinze qu’ils occupaient dans l’ancienne Chambre. Les élections sénatoriales lui enlevèrent, peu après, un certain nombre de sièges au Sénat. Le parti bonapartiste s’effondrait.

Réduit à une infime minorité dans les Chambres, il n’en continua pas moins à s’y montrer violent et agressif. Sa politique se résumait d’ailleurs en ceci : faire échec aux ministères, en votant contre eux et en fournissant, suivant le cas et le plus souvent possible, un appoint aux coalitions qui pouvaient se former pour menacer leur existence. En somme, il s’agissait de rendre tout gouvernement impossible. Depuis lors, le parti bonapartiste n’a pas eu d’autre programme politique. Sa conduite n’a pas varié. Toute interpellation adressée par les gauches aux divers cabinets (et l’on sait si elles ont été nombreuses) amenait à la tribune un député bonapartiste, qui venait protester en faveur de la liberté des pères de famille, refaire comme M. Haentjens, pour la vingtième fois, le même discours sur l’état des finances, ou protester (ceci était la spécialité de M. Delafosse) contre les expéditions lointaines. Au dehors, les groupes de l’Appel au peuple continuaient a tenir pour le prince Napoléon ou pour le prince Victor, d’ailleurs sans aucun résultat.

Au mois de janvier 1883, le prince Napoléon se décida a frapper un grand coup. Dans la nuit du 14 au 16, il fit afficher sur les murs de la capitale, un manifeste dans lequel on lisait entre autres choses : « Le pouvoir exécutif est affaibli, incapable, impuissant ; les Chambres sont sans direction et sans volonté. Le mal réside dans la Constitution, qui met le pays a la discrétion de huit cents sénateurs et députés... » Après une vive critique de la politique des divers cabinets républicains, le prétendant, oubliant sans doute ce qu’il avait écrit le lendemain des décrets du

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Î9 mars 1880, ajoutait : «Lareligion, attaquée par un athéisme persécuteur, n’est, pas protégée. Et cependant ce grand intérêt de toute société civilisée est plus facile à sauvegarder que tout autre, par l’application loyale du Concordat, qui seul peut nous donner la paix religieuse, . Héritier de Napoléon 1er et de Napoléon III, je suis le Seul homme vivant dont la nom ait réuni plus de sept millions de suffrages. Depuis la mort du fils de l’empereur j’ai gardé le silence sur l’ensemble de la politique. Ne voulant pas troubler l’expérience qui se poursuivait, j’ai attendu, attristé, que la parole me fût donnée par les événements... Ma conduite, mes opinions, mes sentiments ont été systématiquement dénaturés. Impassible, je n’ai répondu que par le mépris à ceux qui ont été jusqu’à chercher à exciter les fils contre le père. Efforts odieux et stériles ; j’ai dû imposer silence à de jeunes cœurs révoltés par ces incitations, j’ai voulu être seul en face de nos adversaires... On a parlé d’abdication, ce ne sera pas. »

Après avoir répudié une fois de plus tout accord avec les partisans du drapeau blanc, et fait l’apologie de la doctrine plébiscitaire, le manifeste se terminait ainsi : « Français ! sou venez-vous de ces paroles de Napoléon 1er : tout ce qui est fait sans le peuple est illégitime. »

Ce manifeste était à peine placardé, que l’ordre était donné d’arrêter son auteur. C’était se mettre en contradiction avec la nouvelle loi sur la presse, qui permettait l’affichage des placards politiques et qui, d’autre part, n’en frappait l’auteur, que si Ce placard contenait une provocation à commettre un crime ou un délit et était suivi d’effet (v. affiche). Le gouvernement aurait pu prononcer l’expulsion immédiate du prétendant, et les Chambres eussent applaudi à cette mesure ; il n’y songea pas. À la Chambre, l’émotion fut absolument hors de proportion avec le fait qui l’avait provoquée. Un projet d’expulsion des princes fut déposé par M. Floquet ; l’affaire traîna en longueur et finalement n’aboutit pas (v. chambre dis députés). Dans la séance du 16 janvier 1883, M. Jolibois, un des amis du prince, soutint que cette arrestation était illégale. Le 9 février, la cour de Paris rendait une ordonnance de non-lieu portant que l’instruction à Inquelle il avait été procédé, en vue de savoir si l’écrit affiché par la prince Napoléon était l’indice ou la manifestation d’un complot contre la sûreté de l’État, ne fournissait aucune preuve de l’existence d’un pareil complot, et qu* dès lors, il n’y avait pas lieu à suivre.

Tandis que le gouvernement et surtout la Chambre prenaient la chose au sérieux, le ■ Pays « et le » Petit Caporal » plaisantaient le prince Napoléon et lui demandaient quelle sanction il avait trouvé à ses déclamations

Au mois de février 1883, au moment où M. Ferry venait de constituer son cabinet, M. Jolibois, chef du parti depuis la retraite de M. Rouher, demanda à interpeller le ministère sur un des passages de sa déclaration, passage dans lequel il était dit que « si la République rencontrait des conspirateurs sérieux, elle trouverait dans son droit snpérieur, dans le concours même de ceux qui ont contribué a la fonder, les pouvoirs qui n’ont jamais fait défaut à un gouvernement régulier, à M. Jolibois, ayant interpellé M- Jules Ferry sur la nature de » ce droit supérieur », le président du conseil lui répondit que ce droit était tout simplement celui de légitima défense et qu’il était disposé à en user. M. Jolibois n’insista pas.

Le prince Napoléon, sollicité d’abdiquer en faveur de son fils, avait toujours énergiquement refusé. Les bonapartistes firent, auprès du prince Victor, les démarches les plus pressantes pour l’amener à se poser contre son père en héritier de la victime des Zoulous. Ce jeune homme résista d’abord aux obsessions de M. de Cassagnac ; mais bientôt on apprit qu’il cédait et que les bonapartistes cléricaux avaient un chef nominal. Vers le milieu de 1884, la rupture était complète entre le prince Victor et son père, et le parti de l’Appel au peuple comptait un prétendant de plus. Grâ<"e aux largesses de quelques personnalités influentes de son parti, le jeune prétendant pouvait se constituer une maison et prendre au sérieux le rôle que ses fidèles lui avaient imposé. Cette révolte du fils contre le père aggrava davantage encore les divisions du parti. Plusieurs bonapartistes, dés longtemps connus pour leur dévouement à ce régime, se retirèrent de la vie politique, et la direction de ce qui restait de ce parti appartint dès lors, sans conteste, à M. Paul de Cassagnac.

L’année 1885 devait, parla faute des républicains, amener pour les partis réactionnaires un léger retour de fortune. D’un côté, l’acharnement avec lequel l’extrême gauche de la Chambre poursuivait depuis deux ans de ses attaques le cabinet Ferry, sa politique coloniale, et la majorité qui avait appuyé ce cabinet ; d’un autre côté, la mollesse et l’indécision du ministère qui assista impassible aux élections, comme si la chose ne l’intéressait eu aucune façon ; enfin, les divisions du parti républicain devaient permettre aux adversaires des institutions républicaines de regagner une partie du terrain perdu aux élections précédentes. À la veille de ces élections, le parti bonapartiste, sous la direc APPE

tion de M. de Cassagnac, avait conclu une alliance étroite avec les cléricaux et les orléanistes. Les élections ayant lieu au scrutin de liste, la fusion des réactionnaires n’en était que plus facile. M. de Cassagnac n’avait demandé à ses alliés que de ne pas parler de leurs princes ; à cette condition, il s’engageait a ne pas souffler mot du sien. Queques tiraillements eurent lieu, amenés par des compétitions personnelles auxquelles il fut impossible d’imposer silence ; mais sur le plus grand Dombre de points, l’alliance fut conclue dès le premier tour de scrutin. Le prince Napoléon se tint à l’écart. Eut-il graiid mérite à le faire, nous ne saurions l’affirmer, car il était à cette date, très isolé dans le parti bonapartiste, pour ne pas dire complètement abandonné par lui.

Dans une lettre mélancolique adressée ver3 le milieu de septembre a un ami, le prince Napoléon attaquait vivement cette union conservatrice contre laquelle il avait toujours protesté. « Le peuple ne s’attache qu’aux solutions nettes, disait-il, et c’est lu ce qui fait l’incurable faiblesse de cette union conservatrice que tentent une fois de plus les droites réactionnaires. Chacun y cache Son drapeau ; chacun y dissimule le parti auquel il appartient... Ceux qui s’intitulent impérialistes se sont mis au service des bourboniens. Ils n’ont fomenté la rébellion dans ma famille que pour y chercher une excuse à leur défection. Je ne vous dirai rien de celui qu’ils mettent en avant. Ma douleur étouffe mon ressentiment., .. » Et plus loin : « Le nom de Napoléon n’appartient pas à un parti, je ne veux pas le compromettre dans cette mêlée électorale, dont nous n’avons rien h attendre et dont le pays n’a rien h espérer.«

Cette protestation se perdit dans le bruit de la bataille électorale. Les élections amenèrent a la Chambre près de deux cents réactionnaires, dont soixante-cinq bonapartistes avérés. Ce parti gagnait près de quarante sièges sur les élections de 1881. Dans les chants de triomphe qui suivirent ce retour de fortune, on entendit la voix de M. de Oassairnac, annonçant bien haut que la République allait être renversée et la France invitée a rétablir l’Empire par plébiscite. Le parti républicain réalisa au second tour une union que l’extrême gauche avait tout fait pour empêcher au premier tour ; le scrutin de ballottage assura la majorité au parti républicain et les bonapartistes durent reconnaître qu’ils ne tenaient pas encore un empereur.

Mais, si la réalisation de leurs dernières espérances était à tout le moins ajournée, ils jouissaient dans la nouvelle Chambre d’une autorité incontestable et pouvaient, à la moindre division des gauches, culbuter le ministère. On les a vus, plusieurs fuis déjà, tenter, par une alliance inattendue avec l’extrême gauche, de créer le gâchis parlementaire. Plus que jamais leur tactique se résume en ceci : Renverser tous les ministères et rendre tout gouvernement impossible. Notons pour finir, que l’impérialisme, autrefois si nettement intransigeant, de M. Paul de Cassagnac n’existe plus. Il est aujourd’hui exclusivement dévoué a la cause de l’union conservatrice et prêt a accepter un prince qui ne serait pas le sien, si ce prince le débarrassait de la République. On trouvera dans le journal 1’ « Autorité » (v. ce mot), le nouvel organe de M. de Cassagnac, des déclarations très nettes a cet égard.

En somme, et depuis la retraite de M. Rouher, qui disparut de la scène politique au mois de septembre 1881 et mourut en février 1884, le parti bonapartiste semb’.e n’être plus qu’une fraction du parti conservateur dans lequel il est destioé à disparaître.

Cependant au moment où la question de l’expulsion des princes était posée devant le Parlement (juin 1886), le prince Napoléon crut devoir dire son mot sur la question. 11 adressa au journal « le Figaro •, qui la publiait dans son numéro du 7 juin, la copie d’une protestation qu’il faisait tenir du même coup à tous les députés. Ce fact’un d’un des prétendants bonapartistes contenait, avec quelques critiques à l’adresse du gouvernement républicain, les éternelles attaques â la Constitution, qu’on relève dans toutes les productions du prince Napoléon. Il se terminait par un appel à « ce bon peuple de France qui, d’après le prétendant, ne saurait tarder à venger le Droit et à se prononcer en masse compacte pour la restauration de l’Empirei.

Appel de* Girondin* (l/), tableau de M. François Flumeng (Salon de 1879). C’est avec cette vaste toile que l’artiste, qui n’avait alors que vingt ans, a commencé sa réputation. Malgré les inexpériences du peintre, le public a accueilli avec une véritable faveur une composition qui annonçait chez l’auteur un sentiment dramatique peu commun. Le contraste ici est partout : contraste entre la blancheur de la nappe et les teintes sombres de la prison ; contraste entre le brillant et la gaieté d’un reste de festin et la gravité de la physionomie d’hommes qui se préparent à la mort ; contraste enfin entre ie fonctionnaire qui fût l’appel et le visage préoccupé de quelques-uns des appelés-, au centre de tout cela, le cadavre de Valnzé