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AU RI

AURI

AURI

AURO

oublie pas ; il a pour eux un sourire et un souvenir.

AURAMALGAME s. m. (ô-ra-mal-ga-me — du lat. aurum, or, et de amalgame). Àlinér. Amalgame naturel d’or contenant un pe i d’urgent, trouvé en Colombie et en Californie.

AURANTIINB s. f. (ô-ran-ti-i-ne — du lat. aurantium, oranger). Chim. Principe immédiat amer, jaune, cristallisé, retiré des fleurs d’une espèce d’oranger.

— Encycl. Uaurentiine CM112601*-)-4llSO, que M. de Vry a extraite par cristallisation du ré->idu que laisse la distillation des fleurs du citrits aecumanna de Java, a été d’abord considéré comme identique à l’hespéridine, avec laquelle elle présente de grandes analogies. Hoffmann, qui a étudié ce corps, lui a donné le nom qu’il porte aujourd’hui. L’aurentiine, purifiée par un traitement à l’acétate de plomb et par plusieurs cristallisations, se présente en petits cristaux clinorhoiïibiques de couleur jaune citron ; elle est peu soluble dans l’eau froide {an trois-centième), beaucoup plus soluble dans l’eau bouillante, très amère. Chauffés à 1000, les cristaux deviennent opaques en perdant 41-1*0, puis fondent & 171<>. Les acides étendus la dédoublent en glucose et en une substance non étudiée*, fondue avec la potasse, elle produit un corps qui verdit par les sels ferriques, b’en qu’il soit diffèrent de l’acide protocatéchique. Le chlorure de fer colore lmirantiine en brun rouge,

ADBEL1 (Mariano), professeur et auteur dramatique italien, né k Bologne en 1820. Son père était un jurisconsulte renommé ; il fit d’abord ses études de droit pour suivre la carrière paternelle, puis s’adonna plus spécialement a l’enseignement des belles-lettres et au théâtre. Successivement professeur de langue française k Bologne, puis d’histoire au lycée de Spolète, proviseur des lycées de Cagliari, d’Ivrea et de Macerata, il a donné au théâtre : les Noces d’un danseur (Milan, 1S53) ; le Complaisant, comédie en deux actes (Bologne, 1854) ; la Fille du vétéran et la grande dame, drame en quatre actes (Bologne, 1854) ; Charles I*t et Olivier Cromwell, drame en cinq actes (Turin, 1861) ; Justice et rigueur, comédie en quatre actes (Parme, 1865). On lui doit en outre : Ernestina, nouvelle (Bologne, 1845) j Dictionnaire du dialecte bolonais (Bologne, 1851) ; Discours sur Jov. Pontanus (Spolète, 1865) ; Éloge funèbre du comte de Cavour (1866).

AURELIANU (Pierre), économiste et homme

Eolitique roumain, né à Slatina le 1 ! décemre 1833. Après avoir l’ait son droit k Bucharest, il obtint une mission du gouvernement et vint suivre à Gnu’iion les cours d’agriculture. De retour à Bncharest, en 1860, il fut nommé professeur d’agronomie au collège de Panteleimon, puis directeur de l’école d’agriculture de Ferestieu. C’est grâce à son initiative que fut créé en Roumanie un ministère d’Agriculture et Travaux publics, dont

! obtint lui-même le portefeuille en 1877,

après avoir été commissaire de la Roumanie aux grandes Expositions universelles de 1867, a Paris, et 1873, à Vienne. Il a été, de 1880 à 1887, vice-président de la Chambre des députés. Comme économiste, il a publié : Notice sur l’état économique de la Roumanie (Paris, 1868) ; Catéchisme d’économie politique (1868, in«12) ; Manuel d’agriculture (1888) ; Notre pays (1875) ; la Bukovine au point de vue économique (1876).

. AU BELLE DB PALADINES (Louis-Jean-Baptiste d’), général français, né à Malzieu (Lozère) le 9 janvier 180t. — Il est mort le 18 décembre 1877. AURINE s. f. (ô-ri-ne-du lat. aurum, or), — Chim. Substance d’un rouge orangé qui existe dans la coralline jaune du commerce.

— Encycl. h’avrine, d’après M. Kopp (Dictionnaire de Chimie de Wurtz, Supplém.), est le corps C^H^O’ obtenu par Dale etSborlemmer en purifiant la coralline commerciale, mais non identique au corps qu’a obtenu Fresenius par purification de la coralline en passant par le sel de magnésie. L’aurine s obtient encore en faisant agir l’acide oxalique sur le phénol chimiquement pur ou en traitant la pararosaniline par l’acide azoteux. L’aurine cristallise dans l’acide acétique en cristaux rouges brillants ou en aiguilles à reflets bleuâtres. On la purifie en la précipitant de sa solution ammoniacale par l’alcool et en chassant l’ammoniaque qui est resté en combinaison dans le précipité, soit par l’acide acétique, soit par une simple exposition à l’air. L’aurine, a rencontre de son composé ammoniacal, est soluble dans l’alcool, où elle cristallise en aiguilles rouges à reflets verts qui contiennent, de l’eau et de l’alcool. Séchée à 110°, elle ne renferme plus qu’une molécule d’eau ; a 200° elle a perdu toute son eau ; elle ne fond pas encore à 220°. Elle se dissout dans les alcalis d’où l’acide chlorhydrique la précipite. Elle se combine aux acides en donnant des sels bien cristallisés, par exemple, avec l’acide chlorhydrique, le sel cristallise en rouge ; avec l’acide sulfureux, en rouge brique ou grenat. Elle se combine aussi avec les bisulfites alcalins.

Une solution alcoolique d’aurine saturée par de l’ammoniaque donne un composé d’aurine et d’ammoniaque qui se dépose en cristaux rouge sombre à reflet d’un bleu métallique. Chauffée k 140° avec de l’ammoniaque aqueuse, l’aurine se transforme en coralline rouge. Chauffée avec une solution alcoolique d’ammoniaque, elle donne une liqueur jaune précipitant par l’eau un corps blanc qui a les propriétés de la pararosaniline Ci*H"A.z’. Ce corps se dissout en rose dans l’acide acétique, et on a pu en tirer le violet Hoffmann, lebleu et le vert d’aniline.

Chauffée avec l’aniline et un peu d’acide acétique, l’aurine se transforme en azuline. Enfin, chauffée en solution alcaline avec de la poudre de zinc, puis acidulée à la fin de la réaction, elle se tran^orme en leucaurine CHHi«OS. La solution alcaline de leucaurine se colore en rouge lorsqu’elle est exposée à l’air, ou additionnée de ferricyanui e de potassium, ou simplement chauffée à 130°. C’est le résultat d’une oxydation.

En chauffant l’aurine avec de l’eau entre Ïî0«et250°, on obtient ladioxybenzophènone (découverte en 1878 par Stesdel et Gail) en même temps que du phénol ; Grsebe et Caro, s’appuyant sur ce fait, ont réalisé la synthèse delaurine non en chauffant directement le phénol avec 1» dioxyhenzophénone, mais en traitant préalablement ce dernier corps par le trichlorure de phosphore. D’après ces auteurs, la formule de constitution de l’aurine serait :

C«Hi — C — C«H*

I ’N I

OH O—C«H> OH.

Les expériences de E. et O. Fischer démontrent d’ailleurs que l’aurine est bien un dérivé du triphénylméthane.

  • AUniOL (Jean-Baptiste), célèbre clown,

né à Toulouse en 1808. — 11 est mort le £9 août 188t.

Auriol (affaire). Le 25 septembre 1881, l’abbé Auriol, curé de la commune de Nohèdes, fut arrêté à Prades, au moment même où il prenait la fuite, sous l’inculpation d’outrages publics à la pudeur. Une accusation plus grave encore se greffa sur la première : l’abbé Auriol, disait-on, avait empoisonné deux personnes. L’instruction confirma la réalité des faits. Voici le résumé de ce drame instructif, dont les principaux ressorts furent, comme presque toujours en pareil cas, la bêtise humaine d’une part, et de l’autre ta luxure, surexcitée par une longue continence contraire à la nature.

Le 15 avril 1880, les habitants de Nohèdes reçurent un nouveau curé. C’était l’abbé Auriol. Il venait de Prats-de-Mollo, où il était vicaire, après avoir passé quelque temps comme surveillant au petit séminaire de Prades. Ni ici ni là il n’avait donné de bons exemples ; pourquoi ? La personne même de l’abbé Auriol est une réponse à cette question. C’est, ou c’était à cette époque, un grand et robuste gars de vingt-huit ans, k la voix sonore, à l’ouil luisant, au visage plein et haut en couleur, au sang riche à rieur de peau. Vouloir imposer k de telles

natures au célibat éter.nel, c’est demander à un oiseau de ne pas ouvrir ses ailes. Aussi le nouveau curé de Nohèdes n’avait du pasteur que l’habit ; il errait autour de ses ouailles, pour parler un langage de circonstance, sicut leo rugiens quterens quem dévoret. Une brebis lui plut : c’était l’institutrice communale, Mlle Alexandrine Vernet ; elle devint bientôt sa maitresse. Le curé pouvait si peu dissimuler sa passion, que le scandale devint patent et que, pressé par l’opinion publique, l’inspecteur d’académie dut déplacer Mlle Vernet et l’envoyer à Taiiringa, Alors le curé alla la voir ; il mettait une fausse barbe, il revêtait en chemin de fer un costume civil, etc. Us s’écrivaient ; voici une lettre de cette malheureuse jeune fille : « Mon amour, viens me voir k Perpignan, k l’hôtel où nous avons pris une chambre dernièrement. Hâte-toi de venir, où je meurs de désespoir. Tu ne peux me reprocher qu’une chose, c’est de t’avoir trop aimé. Que deviennent tes promesses ? Est-ce là le bonheur que tu me promettais ? Pourquoi ne m’avoir pas laissée k mes parents ? Dieu te punira de m’avoir ainsi déshonorée. »

Que loi avait donc promis le curé Auriol ? Rien moins que le mariage, en lui montrant une fausse dispense canonique. Il fallait en finir, prendre la fuite. Cette séparation, cette attente, c’était du pétrole sur le feu. Oh ! j’ai souffert comme un damné ! » s’est écrié 1 accusé à l’audience. Nous le croyons ; mais pour fuir, il fallait de l’argent ; où en prendre ? où il y en avait. Deux dévotes aisées étaient 1k, sous la main d’Auriol ; tes doux sœurs Marie et Rose Funda, vieilles filles, dont l’aînée avait quarante-huit ans, et dont la principale occupation était de gâter • monsieur le curé ». Le 18 juillet 1881, « monsieur le curé » administre k Marie, l’alnêe, une forte potion d’ellébore blanc, et une demi-heure après elle n’est plus qu’un cadavre. Elle était morte au milieu d’atroces souffrances et de vomissements des plus douloureux. Auriol la fit enterrer avant le délai légal et sans prévenir aucun parent ; mais rien de tout cela n’eut le don de surprendre Rose : n’était-it pas • monsieur le curé • ? Celui-ci ne perdit pas de temps. Il dominait entièrement Rose, il l’obligea k venir demeurer avec lui au presbytère, et la il la décida à lui léguer toute sa fortune. C’est très simple, comme on voit. Rose essaya bien de résister un peu, mais le curé lui dit : • Si vous ne me cédez pas, je ne vous verrai plus. • Comment résister k une si épouvantable menace ? Le 19 août 1881, fut dressé par M* Amoureux, notaire k Perpignan, le testament instituant l’abbé Auriol légataire universel de Rose Funda : le 30 août, Rose Funda était morte. Cette fois l’abbé avait employé l’acide prussique. Vingt-cinq jours après il avait réalisé toute la succession des deux sœurs, et il partait ; quand on l’arrêta, il était porteur de 11.261 francs. On sait la suite. Après avoir tout nié, il fit les

aveux les plus complets, les écrivit même. À ce moment le prêtre reparut sous l’homme ; qu’on en juge par ce morceau d’éloquence, longuement médité par un homme qui venait de se faire si délibérément faussaire, assassin et voleur.

« Pour mettre ma conscience en paix avec Dieu et avec les hommes, auxquels je demande pardon de mon crime, pour égaler mon repentir à la hauteur de ma faute, je déclare, soumis à la justice des hommes et k la volonté de mon Dieu, que j’ai commis le crime horrible d’empoisonnement sur la personne de deux saintes âmes auxquelles je ne devais que de la reconnaissance. Cette faute, je l’ai commise dans l’unique intention de capter une fortune qui m’aurait permis de satisfaire une passion coupable. Puisse mon état servir d’exemple k tous mes frères dans le sacerdoce, et puissent surtout ma déclaration et mon aveu sincère effacer le scandale immense que j’ai donné jusqu’ici et que mon jugement Va donner encore. Pour vous, chers et bien-aimés parents, mes regrets amers et sincères. Vous étiez dignes d’avoir un plus digne fils. Et vous, famille honorable et estimée que ma passion a déshonorée pour toujours, accordez à un malheureux le pardon qu’il vous demande k genoux, du fond de son cachot. Vous tous, laïques, que j’ai scandalisés, voyez dans mes aveux la preuve éclatante qu’il a pu y avoir un prêtre indigne de ce nom, qui a pu être infidèle à la mission sublime k laquelle il était appelé, mais n’étendez pas sur tous les autres, les innocents, la faute d’un seul. Enfin, k vous aussi, chers paroissiens de Nohèdes, je demande pardon de ma faute, et vous supplie de prier chaque jour pour le prêtre fragile qui, un moment, a été préposé k votre garde, et qui, au lieu de vous donner l’exemple, vous a si tristement scandalisés. Pardon, mon Dieu, je me remets entre vos mains. •

Traduit devant la cour d’assises des Pyrénées-Orientales, l’abbé Auriol fut reconnu coupable d’empoisonnement et condamné aux travaux forcés & perpétuité, le l°r août 1882.

"AURORE s. f.— Météor. Aurore boréale. Météore lumineux qui, dans les régions tempérées apparaît au nord, surtout pendant les nuits d’hiver,

— Encycl. Nous ne reviendrons pas sur la description des aurores boréales qui a été donnée avec beaucoup de développements au tome I« du Grand Dictionnaire. Nous donnons seulement ici des figures représentant les aspects les plus ordinaires de ce météore. Mais nous devons insister sur les études récentes et sur les théories actuellement en honneur.

Depuis Mairan, les travaux sur les aurores boréales sont innombrables ; nous nous bornerons k mentionner les résuituts principaux et les essais de théorie les plus probables.

D’abord les aurores boréales (fig. l) ne se produisent pas dans des régions extrêmement élevées de l’atmosphère. D’après le physicien suisse, de La Rive, elles seraient au contraire confinées dans une région assez basse et ne dépasseraient pas la zone des nuages. Des aéronautes affirment qu’ils ont traversé l’aurore ou plutôt les nuages où le phénomène apparaît, et M. de La Rive cite k l’appui de son opinion de nombreux faits bien observés : bruissement, odeur spéciale des décharges électriques dus k la formation d’ozone qui auraient certainement échappé aux observateurs si l’éloignement du phénomène était tel qu’on l’avait d’abord supposé. (On a souvent révoqué en doute la réalité du bruit qui accompagne l’aurore. Tromhott a ouvert sur ce point une enquête qui eut pour résultat 92 affirmations et 22 négations. Le fait est donc hors de doute ; d’autre part les témoignages sont très variés quant à la nature de ce bruit, qui a été caractérisé comme bruissement, craquement, bourdonnement, sifflement, etc. Les décharges électriques sont sujettes k de semblables variétés,) Un autre caractère du phénomène a été précisé par les études spectroscopiques : les aurores présentent toujours dans cet instrument une même

Fig- i.

raie située dans la région jaune verdâtre du spectre. En troisième lieu, le phénomène des aurores est intimement lié à l’état de l’atmosphère, et toutes les fois qu’il se produit, l’air est chargé de eirro-stratus, sortes de nuages constitués par une multitude de fines aiguilles de glace en suspension. De même que l’arc-en-ciel, le météore auroral n’a pas une existence objective déterminée, une position assignable dans l’espace ; chaque observateur voit son aurore suivant sa propre position, comme chacun voit son arc-en-ciel qui semble fuir quand on veut s’en approcher. Ce fait a été mis hors de doute par les expériences de Lemstrœm en 1871. Il avait constitué dans des postes assez éloignés deux groupes d’observateurs qui se concertaient par des signaux pour relever la distance zénithaled’un même point de l’aurore. Le groupe le plus rapproché de l’arc aurait dû relever une distance zénithale plus faible s’il avait réellement observé le même point ; c’est le contraire qui arriva.

Les aurores présentent un maximum aux équinoxes ; elles semblent en outre avoir une période undécennale.

Arrivons maintenant k l’hypothèse de M. de

La Rive et nous verrons qu’elle rend bien compte des faits observés. On sait que la terre est électrisée négativement, que le potentiel est croissant quand on s’élève au-dessus du sol et que les couches élevées de l’atmosphère sont chargées d’électricité positive. La séparation des fluides est poussée très loin dans les régions tropicales où l’air est constamment échauffé ; dans les régions polaires, à travers l’air froid et humide et par lk même plus conducteur, les fluides doivent, dit le savant physicien, tendre à se recombiner sans cesse et établir ainsi un courant continu d’électricité négative dans le sol, d’électricité positive dans l’atmosphère et dirigé sensiblement de l’équateur vers les pôles. Ce serait la combinaison des deux fluides k travers les couches conductrices de l’atmosphère humide des pôles qui produirait le météore1 lumineux des aurores. Les maxiina annuels s’expliquent : celui de mars par le passage du Soleil dans l’hémisphère nord etl’échauffement de la moitié boréale de la zone torride ; celui de septembre, par la condensation des brouillards polaires favorisant la décharge électrique. Quant k la période undécennale, elle coïncide avec la période des