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ques qui courent, ne lui parait pas impossible. U donne pour cela 100,000 écus de dot.au jeune paysan. Mais c’est ici que l’auteur ouvre un chapitre où Gilbert voit qu’un crime est plus facile à commettre qu’un préjugé à vaincre. — «Vous m’avez possédée pendant mon sommeil, dit dédaigneusement Andrée à Gilbert ; vous m’avez possédée par un crime ; je suis mare, c’est vrai, mais mon enfant n’a qu’une mère, entendez-vous ? Vous m’avez violée, c’est vrai, mais vous n’êtes pas le père de mon enfant. » À ce vous m’avez violée, c’est vrai, on reconnaît M. Dumas ; « vous m’avez violée, c’est vrai... — Eh bien, n’en parlons plus, • devrait ajouter Andrée ; au lieu de cela, elle jette les 100,000 écus en billets à la’face de Gilbert, qui les ramasse et les rapporte à Balsamo. Ce trait de probité, qui rappelle le cocher Adèle de la légende, touche profondément le magnétiseur j il abandonne 20,000 liv. au jeune homme, qui ne peut se faire à l’idée que son enfant ne le connaîtra jamais. « Il ne faut pas ? pense-t-il, qu’Andrée de Taverney possède jamais cet enfant, qu’elle habituerait a exécrer le nom de Gilbert. Puisqu’elle refuse le mariage, j’aurai l’enfant. » Sitôt dit, sitôt fait. Balsamo, qui est le grand magicien.dont la baguette d’argent dirige tout en cette affaire, lui donne un passe-port flanqué de signes maçonniques et de lettres mystérieuses ; grâce à ce passe-port, il s’embarquera. En attendant, il guette la délivrance d’Andrée, et, dès que le médecin a quitté la mère, il pénètre dans l’hôtel de Taverney et enlève 1 enfant ; per’ sonne ne s’en aperçoit, car M. Alexandre Dumas a toujours soin de mettre au doigt de ses héros l’anneau de Gygès. Gilbert emporte son précieux fardeau à Villers-Cotterets, patrie du célèbre romancier, qui prend aussitôt la parole en ces termes : « On nous demandera pourquoi Gilbert avait choisi la petite ville de Villers-Cotterets préférablement à toute autre... Rousseau avait, un jour, nommé la forêt de "Villers-Cotterets comme une des plus riches en végétation qui existassent, et, dans cette forêt, il avait cité trois ou quatre villages, cachés comme des nids au plus profond de la feuillée. Or, il était impossible qu’on allât découvrir l’enfant de Gilbert dans l’un de ces villages. Haramont surtout avait frappé Rousseau... > C’est à Haramont, chez les époux Pitou, que Gilbert laisse son enfant ; il dépose les 20,000 livres que Balsamo lui a données chez un tabellion ; cette somme est destinée à subvenir aux frais d’éducation et d’entretien de l’enfant, comme aussi a lui fournir un établissement de laboureur, lorsqu’il aura atteint l’âge d’homme. Gilbert, qui n a conservé par devers lui que quelques centaines de livres, arrive au Havre et monte sur l’Adonis, en partance pour le nouveau monde. Avant de quitter terre, il écrit la lettre suivante à Mlle Andrée de Taverney : « Je pars, chassé par vous, et vous ne me re verrez plus ; mais j’emporte mon enfant, qui jamais ne vous appellera sa mère. • Philippe de Taverney,

Maison-Rouge, ce frère d’Andrée dont nous avons déjà parlé, court au Havre, rejoint l’Adonis, et s embarque sons un nom supposé et sous un costume d’emprunt sur ce navire. La haine au cœur, il guette Gilbert comme un tigre guette sa proie, prêt à bondir sur lui et à le terrasser, dès que le lieu et l’occasion seront propices. Aux lies Açores, le bâtiment fait relâche et les passagers tentent une excursion à. terre. Gilbert, qui ne sait pas que l’ennemi veille à deux pas de lui, descend tout soucieux de l’Adonis qu’il ne reverra plus. Au détour d’un sentier où il est allé chercher la solitude, Philippe de Taverney lui apparaît menaçant et terrible, et veut le forcer à dire où est l’enfant. Gilbert refuse toute explication à ce sujet. Philippe veut du moins l’obliger a se battre avec lui. Il refuse encore. Alors Taverney, aveuglé par la colère, lui crie ; « Meurs comme un scélérat dont je purge la terre, meurs comme un sacrilège, meurs comme un bandit, meurs comme un chien ! » En même temps, il lui tire un coup de pistolet. Gilbert tombe mortellement frappé.

— Le roman finit au moment où Louis XV rend & Dieu ou au diable son âme corrompue.

— Tel est le sujet principal de cet ouvrage, où sont amassés, comme dans tous les romans de M. Alexandre Dumas, une foule d’événements qui, pour être parfois étrangers à l’action, n’en sont pas moins acceptés avec intérêt. Joseph. Balsamo est un conte qu’on peut se laisser conter une fois. Le relire, quand déjà on l’a lu, serait trop. L’auteur a un tel aplomb, une si grande sûreté de main, un babil si étourdissant ; il sait si merveilleusement vous détourner de l’analyse et de la réflexion, que vous avez fini par courir les grands chemins de l’imagination avec lui, ne voyant plus que ce qu’il lui plaisait de vous laisser voir. Mais, quand le charme a été rompu, quand la pensée a repris ses droits, vous avez dû vous demander s’il est bon qu’un des plus habiles conteurs de notre siècle fasse un tel usage de son talent. Les romans d’Alex. Dumas ont été dévorés par une infinité de lecteurs appartenant à toutes les classes ; le peuple les a lus comme les gens instruits, plus qu’eux peut-être, et il n’est pas défendu de croire que Joseph Bal-, samo a préparé les voies pour tous ces charlatans du spiritisme, des tables tournantes, des esprits frappeurs, etc., dont le succès est une honte pour le xixe siècle. Les frères Davenport sont peut-être le dernier des fruits qui ont poussé sur l’arbre de la crédulité planté, ou au moins cultivé avec amour par M. Alex. Du BAL

mas, qui semble avoir fini par prendre au sérieux les produits fantasmagoriques d’une imagination bien riche, assurément, mais d’une richesse bien vide. On se plaint souvent qu’il n’y a plus d’esprit public en France, que toutes les grandes questions n’y excitent plus que de l’indifférence, et cela est vrai peut-être. Mais à qui la faute ? Ne pourrait-on pas dire qu’elle retombe, en partie du moins, sur plusieurs de nos romanciers, qui semblent s être donné pour tâche de défendre les plus mauvaises causes et de raviver l’esprit de superstition que les philosophes du xvme siècle avaient eu tant de peine à détruire ? Joseph Balsamo n’est donc point un roman qu’on doive relire : il a eu le succès qu’Alex. Dumas est presque toujours sûr d’obtenir pour chacune de ses œuvres nouvelles ; mais on ne doit pas désirer que ce succès survive à son auteur.

Eh quoil on veut former une génération d’élite, une génération qui aura de grands devoirs à remplir, et les instituteurs du peuple du xixe siècle, les Dumas, les Balzac, les Gautier, ne trouvent pas d’autres livres à mettre entre ses mains que Lambert, Spirite et Balsamo ! Ce petit-lait édulcoré, cette tisane frelatée, n’entraient pas dans le système d’éducation du Centaure. Voilà pourquoi, au lieud’Achilles, on nous prépare une descendance de Laridons.

balsamodendron s. m. (bal-za-modain-dron

— du gr. balsamos, baume ; dendron, arbre). Bot. Syn. de amyride. V. ce mot.

BALSAMON (Théodore), célèbre canoniste grec, né à Constantinople dans le xn« siècle, mort en 1204. Il était chancelier et bibliothécaire de Sainte-Sophie, et fut nommé patriarche d’Antioche en 1186, mais ne put

£ rendre possession de son siège, parce que les >atins étaient maîtres de la ville. Il a donné, sur les matières canoniques, divers ouvrages qui l’ont placé au premier rang des canonistes grecs, quoiqu’il fût peu versé dans la critique et^dans la connaissance des antiquités ecclésiastiques.

BALSAMONE s. f. (bal-za-mo-ne — du gr. balsamos, baume). Bot. Syn. de cuphée. V. co mot.

BalsamophOre s. f. (bal-za-mo-fo-redu gr. balsamos, baume ; phoros, qui porte). Bot. Syn. à’héliopside.

Balsamorhize s. f. (bal-za-mo-ri-zedu gr. balsamos, baume ; rluza, racine). Bot. Nom spécifique d’une heliopside.

BALSE. V. BALZE.

BALSEM s. m. (bal-sèmm). Bot. Arbre qui produit le baume de La Mecque.

BALTA (autrefois Jozevogrod), ville de la Russie d’Europe dans le gouvernement de Podolie, près de la frontière de Kerson, sur la Kodyma, à 338k-S.-E.de Kamiénee. 8,931 hab.

— Cette ville, autrefois frontière de la Pologne et de la Turquie, était moitié turque, moitié polonaiser et conserve encore des traces de sa double origine.

BALTACCHINI (Xavier), poète italien, né à Barletta (royaume de Naples) en 1800. Il fut d’abord rédacteur d’un journal libéral, alla ensuite à Pise, où il publia une traduction de Colutus le Thébain ; revint à Naples et y fit par.ltre le conte de la Giojetta, ainsi que d’autres poésies ; voyagea en Europe, et, à son retour, composa le poëme intitulé Hugo de Cortone, puis traduisit la Parisina de Byron et VAleptor de Shelley.

En 1848, il siégea comme député au parlement napolitain parmi les libéraux modérés, et fut président de la commission d’instruction publique. U fut aussi un des principaux rédacteurs du Musée des sciences et de la littérature et d’un journal politique, le Temps. Enfin il a publié plusieurs éloges funèbres et de nouvelles poésies.

BALTACCHINI (Michel), littérateur italien, frère du précédent, né à Naples en 1803. C’est un des bons écrivains de l’Italie contemporaine. Parmi ses œuvres purement littéraires, on distingue particulièrement : Novelletie morali (1829), plusieurs fois réimprimées ; le Fils du proscrit, roman historique (1838) ; de nombreux écrits dans divers recueils. On lui doit aussi une excellente Histoire de Masaniello (1834). Enfin il a donné des travaux philosophiques importants : la Vie et les écrits de Cavipanella (1840-1043) : Traité du scepticisme (1851) ; Exposition de la philosophie de Kant (1854), etc.

BALTADJI s. m. (bal-tadd-ji). Officier préposé à la garde du harem et des princes ottomans : Le nom des baltadjis veut dire portehache, et vient de ce que, guandils accompagnent au dehors les dames du harem, ils portent une hallebarde dont le fer a la forme aune hache. (Belèze.)

BALTADJI (Mohammed), grand vizir ottoman, commandait l’armée qui enveloppa Pierre le Grand sur le Pruth, mais céda aux suggestions de Catherine et signa le traité de paix de Falezi. Charles XII, roi de Suède, réfugié en Turquie depuis Pultawa, se livra à une telle colère en apprenant que le czar, son ennemi, avait échappé au danger, qu’il déchira la robe du grand vizir d’un coup d’éperon. Plus tard il parvint à le faire exiler à LemDos, où il mourut en 1712.

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BALTARD (Louis-Pierre), architecte, graveur, peintre et littérateur français, né à Paris en 1765, mort le 22 janvier 1846. Il se destinait d’abord à l’art de la gravure et entra à l’école académique établie au Louvre, Sa facilité prodigieuse, l’adresse et la perfection avec lesquelles il dessinait le paysage le firent bientôt remarquer et lui valurent d être employé à la rédaction ’des projets d’embellissements que Louis XVI avait demandés pour la capitale aux architectes Ledoux ; Brongniart et Paris. Le baron de Breteuil lui ayant assuré une pension, il partit pour l’Italie en 1788. On assure que la vue des admirables monuments de Rome décida sa vocation pour l’architecture et qu’il apprit de Peyre les principes de cet art. Ce qui est certain, c’est qu’il partageait son temps entre cette nouvelle étude et l’exécution de paysages à l’huile, à l’aquarelle et à l’encre de Chine, lorsque la Révolution française vint à éclater et l’obligea à quitter Rome. De retour à Paris, il obtint la place de dessinateur des décorations de l’Opéra, mais il l’abandonna bientôt pour se joindre aux volontaires qui couraient à la défense des frontières. Envoyé à l’armée en qualité d’adjoint au génie militaire, il se distingua par plusieurs projets de fortifications que Carnot approuva, mais dont l’exécution rencontra des oostacles dans la rapidité de la guerre. Rentré dans la vie civile, il accepta la place de professeur d’architecture àl’École polytechnique, lors de la création de cette célèbre école ; mais il l’occupa fort peu de temps et s’adonna de nouveau à l’art de la gravure. En 1802, il grava vingt-sept planches pour le Voyage dans la haute et la basse Égypte, de Vivant Denon. L’année suivante, il dessina et grava au burin un grand nombre de vues d’après nature pour le Pariseum ou Paris et ses monuments, importante pubtication dont le texte fut rédigé par Amaury Duval. Cet ouvrage fut suivi de : Ecouen, Saint-Cloud et Fontainebleau (in-fol.). En 1806, Baltard publia, sous le titre de Voyage pittoresque dans les Alpes (in-4°) un recueil de quarante vues des monuments de Rome, exécutées à l’aqua-tinta et précédées de lettres à Percier. En 1810, il grava, ’d’après la colonne de la grande armée, 145.eaux-forteS qui, pour la pureté du dessin, l’habileté et la hardiesse de l’exécution, sont au moins égales à ce que Piranesi a produit de plus beau. Dans la suite, il fit des planches pour le Voyage en Espagne, du comte A. de Laborde ; pour les Antiquités de la Nubie, de F.-C.Gau(1821.-1827) ; pour le Voyagea l’oasis de Thèbes, de Cailliaud (1822) ; pour l’Expédition scientifique en Morée (1831 et suiv.) ; Ïiour X’Athenœum, journal d’art, dont il était ui-même rédacteur. Sous le titre d’Architectonographie des prisons, (iu-fol., 1830), il mit en regard les divers systèmes de prisons en usage chez les anciens et les modernes. Une publication non moins importante fut celle qu’il entreprit en collaboration avec Vaudoyer : Grands prix d’architecture (in-fol., 127 pi., 1834.). Il a gravé avec un égal succès des compositions historiques : les Aveugles de Jéricho, Rebecca et Eliézer, le Baptême, d’après le Poussin ; plusieurs portraits, entre autres ceux de Napoléon, de Poussin, de Jean Bullant ; des paysages d’après nature ; le Taureau, d’après P. Potter ; onze planches pour le traité de-Ch. Lebrun sur les rapports de la face humaine avec celle des animaux, etc. Comme peintre, il a exposé : en 1810, Philoctète dans l’île de Lemnos, paysage historique ; en 1812, Vue du Marché Saint-Martin et Vue de la Halle aux vins ; en 1814, la mort d’Adonis ; en 1834, Vues de Montecavo et de Grotta-Ferrata. Comme architecte, Baltard envoya aux divers concours des dessins remarquables par leur aspect pittoresque et leur surprenante richesse de composition. Nommé architecte du Panthéon, des tribunaux, des mairies, des prisons, des halles et des marchés de Pans, il construisit les chapelles de Sainte-Pélagie et de Saint-Lazare. À Lyon, il bâtit le magasin à sel, la prison de Perrache, et fut chargé, à la suite d’un concours (1834), d’élever un palais de justice sur le quai de la Saône, opération importante à laquelle il consacra les dernières années de sa vie. À l’époque de sa mort, il était chevalier de la Légion d’honneur, membre du conseil des bâtiments civils, inspecteur général des travaux de la Seine. Il était professeur de théorie à l’École des beaux- arts, depuis 1818.

BALTARD (Victor), architecte et dessinateur français, fils et élève du précédent, né à Paris le 10 juin 1805. Il remporta le grand prix d’architecture en 1833. Après un séjour de cinq ans en Italie, il revint à Paris, où il obtint l’emploi de sous-inspecteur des travaux de la ville. De grade en grade, il parvint aux fonctions de directeur des travaux de Paris et du département de la Seine. Il a construit en cette qualité plusieurs édifices publics, notamment les bâtiments annexes de l’Hôtel de ville, l’escalier d’honneur de la cour centrale du même monument, le nouvel hôtel duTimbre, les Halles centrales, vaste monument qu’on peut considérer comme le produit le plus original, le plus caractéristique de l’architecture française contemporaine, et qui suffirait pour placer l’auteur parmi les constructeurs les plus intelligents et les plus habiles de notre époque. (V. Halles.) M. Victor Baltard a dirigé avec ’ beaucoup de goût et de savoir les décorations et restaurations de plusieurs églises de Paris, Saint-Germain-ties-Frés, Saint-Eustache, Saint-Séverin, Saiut-Étienne-du-Mont, etc. Il a

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dirigé aussi Iesfêtes et cérémonies qui ont eu lieu à l’occasion du mariage de Napoléon III, de la visite de la reine d’Angleterre, du baptême du prince impérial, de la rentrée des troupes de Crimée et d’Italie, etc. C’est sur ses dessins et sous sa surveillance qu’ont été exécutés le berceau en forme de navire, que la ville de Paris a offert au prince impérial, et un magnifique surtout de table, sorti des ateliers de MM. Christofle et Cie et commandé par le préfet de la Seine (1864). M. Baltard est l’auteur d’un projet d une tour d’horloge et de beffroi et d’une chapelle des catéchismes à ériger symétriquement sur les façades latérales de 1 église de la Madeleine. Les dessins du Théâtre de Pompéi qu’il a faits en 1837, étant encore pensionnaire de la villa Médicis, ont été exposés en 1855 et lui ont valu une médaille de 2° classe. Il a continué la publication des Grands prix d’architecture, commencée par son père, et a fait paraître, entre autres ouvrages enrichis de ses dessins, la Monographie de la Villa Médicis (in-fol., 1847), la .Monographie des Halles centrales, les Peintures et arabesques de l’ancienne galerie de Diane à Fontainebleau, eto. Il est membre de l’Institut et officier de la Légion d’honneur.

— Deux de ses frères, Prosper Baltard, né à Paris en 1796 ; et Jules Baltard, né à Paris en 1807, sont également connus ; le premier, comme architecte ; le second, comme, portraitiste.

BAI.TAZARINI, musicien italien, connu en France sous le nom de Beaujoyeux, fut le premier violoniste de son époque. Amené du Piémont par le maréchal de Brissac, en 1577, à la cour de Catherine de Médicis, cette reine le nomma intendant de sa musique. Henri III le chargea de l’organisation des fêtes de la cour. C est Baltazarini qui composa le divertissement, mêlé de musique et de danse, imprimé sous le titre de Ballet comique de la Royne faict aux nopees de M. le duc de Joyeuse et de AfUc de Vaudemont, rempli de diverses reprises, mascarades, chansons de musique et autres gentillesses (Paris, Adrien Le Roy et Robert Ballard, 1582, in-4«). Toutefois la musique a pour auteurs, est-il dit dans la préface, Beaulieu et maistre Saimon, musiciens de la chapelle du roi.

BALTÉAIRE s. m. (bal-tê-è-re — du lat. balteum, baudrier). Antiq. rom. Officier préposé à la garde des ceinturons et baudriers de l’armée, ou, selon d’autres, fabricant des mêmes objets d’équipement.

BALTËN ou BALTENS (Pieter Custos, surnommé), peintre, graveur et littérateur flamand, né à Anvers en 1540, mort en 1579. Il a peint l’histoire et le paysage dans le style de Breughel le Vieux, et il touchait avec beaucoup d’esprit les petites figures. Il a gravé et édité diverses estampes, entre autres la Patience (pièce allégorique) et l’Histoire de Liedekerke, Bourse et Rouck, d’après Martin de Vos. On lui a attribué à tort quelques planches de Jérôme Wiercks, dont il n’a été que l’éditeur. Il a signé quelquefois P. Batten, et Sandrart le nomme Ballon.

BALTENS (Dominique Custos, surnommé), dessinateur et graveur au burin, fils du précédent, né à Anvers, vers 1560, passa de

bonne heure à Augsbourg, où il se maria et s’établit. Il mourut en 1612. Ses principaux ouvrages sont une Pieta, le portrait de Raymond Fugger, la Mort de la Vierge. On croit qu’il n’a donné que le dessin de cette dernière composition et que la gravure est de son fils Raphaël Custos, dont le nom figure d’ailleurs sur l’estampe. Une fille de Dominique épousa Lucas Kilian, habile graveur augsbourgeois (v. Kilian), qui grava un portrait de Pierre Baltens.

BALTHAZAR OU BALTHASAR S. m. (balta-zar

— du nom du dernier roi de Babylone). Fam. Repas très-somptueux. On dit aussi Festin de Balthazar, par allusion au fameux festin dont il est parlé dans l’article suivant : Ma foi, tant pis ! dit Schaunard en lui-même, je vais me donner une bosse et faire un balthazar intime. (Mûrger.) Les artistes du Méchouar vont prendre leur part d’un festin de balthazar, où les attend un régal depuis longtemps oublié ; ils auront du pain blanc au dessert ! (A. Gandon.) Chambon possède deux aubergistes. Celui de ces braves débitants chez qui n’a pas été commandé te balthazar du dix décembre murmure véhémentement. (H. de Villemessant.)

BALTHAZAR, dernier roi de Babylone (554-538 av. J.-C). Cyrus, roi des Perses, assié feait Eabylone à la tête d’une armée formiable ; Balthazar, confiant dans la force de ses murailles, se riait des vains efforts de son ennemi, et oubliait dans les festins les ennuis d’un long siège. Une nuit qu’il célébrait une orgie avec les grands de sa cour et toutes ses femmes, il se fit apporter, par une forfanterie d’impiété, les vases sacrés que Nabuchodonosor avait autrefois enlevés au temple de Jérusalem. Cette profanation était à peine commise, que l’impie monarque vit avec épouvante une main qui traçait sur la muraille, en traits de flamme, des caractères mystérieux, que ni Balthazar ni aucun personnage de la cour ne purent lire. Le prophète Daniel ayant été appelé : C’est Dieu, dit-il au roi, qui a envoyé cette main, et voici ce qui est écrit : Mané, Thécel, Phares.'Mané, Dieu a compté les jours de ton règne,