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« Ses bottes à la cavalière

Avaient par trop de genouillère ; En remuant les paturons.

Il Be prenait aux éperons ;

Tantôt il sortait hors de l’onde, Tantôt rentrait ; car sa rotonde, Qui comme une éponge buvait,

De son propre poids l’aggravait. Enfin, voyant l’heure fatale

Qu’il lui fallait plier sa malle. Regardant tristement les cieux, 11 en cria vengeance aux dieux

Et fit, en ce triste accessoire, Mainte oraison jaculatoire.

Que les dieux n’écoutèrent pas, Car ils ont bien d’autre embarras. Telle fut la fin déplorable

De ce héros incomparable,

Qui méritait que son roman

Se terminât bien autrement.

Son corps, flottant au gré de l’onde, Fut longtemps errant par le monde ; On n’en revit jamais a bord

Ni pied ni patte après sa mort.

Bait-achomyonutchio (la) de Rollenhagen. En allemand, ce poème satirique et politique s’appelle Froschmaeusler. Rollenhagen, né en 1542 à Berlin, était de son vivant recteur à Magdebourg. Il s’occupa beaucoup de littérature, et composa nombre de comédies, que ses élèves représentaient par toute la Saxe ; mais il établit sa réputation, qui dure encore, par la publication de son Froschmaeusler. Ce poSme, qui a plus de dix. mille vers, peut être regardé comme le pendant deRenieke le Renard. Déjà, en 1566, Rollenhagen, avait assisté, à Wittenberg, à des conférences sur la Datrachomyomachie d’Homère, faites par le docteur Winsheim.

L’œuvre d’Homère lui plut, il occupa ses loisirs à la traduire en allemand, et il soumit plusieurs fragments de son travail à son professeur, qui lui donna l’idée d’appliquer la même forme aux événements du jour. Le disciple, enchanté de ce conseil, se mit à l’œuvre ; mais la mort de Winsheim vint refroidir son enthousiasme, et ce ne fut qu’en 1595, après de mûres réflexions, qu’il publia cette conception de sa jeunesse, que l’âge avait dû modifier. Durant toute sa vie, il s’était préoccupé des événements politiques et, pendant deux années, il avait publié’le Messager boiteux, une espèce de journal en vers, dans lequel il comparait les éternelles dissensions des calvinistes et des luthériens à la guerre des grenouilles et des rats, à laquelle la cigogne espagnole mettait un terme en avalant les combattants des deux camps. L’idée mère poursuivait constamment Rollenhagen. Son but était le même que celui de tous les esprits satiriques qui l’avaient précédé : dire la vérité à l’humanité en riant, puisqu’elle ne voulait pas l’entendre ou ne savait plus la comprendre quand elle se présentait sous une forme sérieuse. Jusqu’à lui, la poésie didactique ne s’était occupée que de sujets religieux ou moraux ; elle étendit son empire sur les matières mondaines et-politiques. Moschenrosch, dont notre poète prépara si admirablement la voie, devait achever l’œuvre commencée, et conquérir pour le genre didactique le droit de toucher à tous les domaines.

Rollenhagen expose lui-même le contenu do son poème de la manière suivante : « Puisque, dit-il, on n’écoute paa les conseils de la sagesse, soit qu’ils viennent de Dieu, soit qu’ils viennent des hommes, on les appréciera peut-être quand ils seront mis dans la bouche des grenouilles ou des rats. Si je réussis, ce sera grâce à Dieu ; sinon, c’est que j’aurai bien pensé, mais mal parlé. Dans le premier livre, le rat dira ce qui se passo dans son monde ; dans le deuxième, la.grenouille exposera ce qui se fait dans sa société, et dans le troisième, le rat et la grenouille se feront la guerre. C’est ainsi que finit le poème, et l’on y apprend comment il faut vivre, gouverner, et quelle conduite on doit tenir en temps de guerre. Celui qui fera sur tout cela des réflexions sages aura bien profité de ses loisirs ; mais celui qui n’y cherchera qu’une occasion de rire fera mieux de s’endormir, car un pareil effet n’a pas été le but de l’auteur. »

Nous ne parlerons pas de l’action, qui est tout a fait insignifiante, et complètement étouffée par les nombreuses échappées didactiques du poëte ; il n’est pas davantage nécessaire de s’occuper des emprunts faits à l’œuvre d’Homère ; ceux-ci sont sans aucune importance. L’élément germanique domine, et le ton de la fable de l’antiquité, tel que Phèdre et Ésope nous l’ont transmis, est abandonné, pour faire place au langage vigoureux que Luther avait mis a la mode. La valeur poétique de l’ouvrage est presque nulle ; des longueurs insupportables, des digressions oiseuses, des inégalités dans la composition, sont a noter a chaque instant ; mais le tout n’en reste pas moins une œuvre originale, qui touche à toutes les questions brûlantes de l’époque, et donne un tableau fort exact, et par cela même pour nous très-précieux, des mœurs du jour. Du premier livre ressort la leçon que tout ici-bas a son ennemi naturel ; le renard même, malgré toute sa ruse, est trompé par ceux qui exploitent sa cupidité. Sous la-forme des scarabées et des dauphins, le poète se moque avec beaucoup d’esprit des alchimistes et des chercheurs de trésors. Dans le second livre, il expose les idées d’Hérodote sur les différentes formes de gouvernement, et les avantages que eha BAT

cune présente, et il rattache cette partie didactique à la fable du roi des grenouilles. D’ordinaire, dit l’auteur, après un changement dans la religion et les coutumes du pays, arrive une révolution politique ; il serait a désirer, selon lui, que les prêtres s’en tinssent à répandre leurs célestes doctrines, et ne se mêlassent pas de l’autorité temporelle, et que le roi gouvernât, non suivant son bon plaisir, mais d’après des lois écrites et immuables.

Dans plus d’un passage, l’allusion aux événements du jour laisse percer le bout de l’oreille, et la satire, sur le pouvoir temporel du pape se rencontre presque à chaque ligne. Le prêtre Beisskopf (une grenouille), après avoir inondé le pays de ses créatures et avoir abusé de son pouvoir, a occasionné une révolte. On Ta dépossédé, et les grenouilles tiennent conseil sur le choix du maître qu’elles vont se donner.

Tout ce qui est dit dans ce passage sur le gouvernement des peuples dénote chez l’auteur un profond bon sens et un esprit des plus judicieux. On est tout étonné de rencontrer là les idées que Montesquieu a développées plus tard sur l’application de la république. Dans tous les discours que les membres du conseil prononcent, on vante la république ; mais dans plusieurs on cherche à prouver, par les faits de l’histoire, qu’on ne peut la pratiquer comme formede gouvernement ; que jadisles hommes étaient pleins de loyauté et de franchise, que le sentiment de la justice les animait ; qu’ils pouvaient donc bénéficier de tous les bienfaits de la liberté la plus complète ; mais que les temps sont bien changés. Il vaut donc mieux n’avoir qu’un maître, qui, animé des meilleures intentions et inamovible à son poste, apprend à connaître peu à peu les besoins de ses sujets, . et ne s’occupe tous les jours qu’à améliorer leur sort. Si l’on peut exiger de lui qu’il protège la religion, la justice et la liberté, par contre, le peuple doit avoir de l’indulgence pour lui, et ne pas oublier qu’il est plus facile de critiquer que de mieux faire. Mais les grenouilles commettent des fautes, et Rollenhagen énumère toutes les causes de la décadence de l’Allemagne. On recommande fort, dans le conseil, de conserver comme régent le célèbre et peu dangereux soliveau (l’empereur) ; les lois seules doivent gouverner, et sept princes (les électeurs) doivent veiller a leur exécution. On remet aussi sur le tapis la question du maintien du pouvoir clérical en faveur de Beisskopf. On fait appel à la superstition, à la puissance des choses établies, à la piété, au désintéressement, à la générosità. À la nécessité de contre-balancer la cigogne ou le héron, c’est-à-dire l’empereur Charles-Quint et son despotisme espagnol. Mais enfin le prince Mortz, sur le conseil d’un animal fort sage, qu’on appelle homme (l’auteur avait Melanchthon en vue), se range à l’avis de la grenouille d’Elbmarx (Martin Luther), et déclare le pouvoir de Beisskopf (le pape) déchu à tout jamais. » Qu’il règne, s’écrie-t-il, dans les pays du Sud, et comme nous reconnaissons qu’on ne peut forcer la conscience de personne et encore moins lui imposer la foi, nous ne chercherons pas à lui enlever ses partisans. » C’est là, il faut l’avouer, une déclaration de liberté de conscience, comme on ne saurait la souhaiter plus large et plus complète. Le troisième livre, enfin, n’est qu’une série de tableaux et de scènes militaires, qui n’ont aucune portée politique.

BaIracbomyomBCblfl d’Homère (LES PARA lipoménes de la), poème italien en huit chants, de Leopardi, publié pour la première fois à Paris, chez Baudry, en 1842, sous le titre de : / Paralipomeni délia Batracomiomatkia d’Omero. Dans cet opuscule, écrit en excellents vers, limpides, coulants et contenus, Leopardi, à propos de rats, de grenouilles et d’écrevisses, raconte les derniers événements de son pays. Un commentaire fort laconique eri explique l’allégorie : les écrevisses (granchi) sont les Allemands ; les rats (topi) sont les Italiens et spécialement les Napolitains de 1820 ; quant aux grenouilles (rane), ce sont les prêtres.

Ajoutons que Leopardi, philologue aussi remarquable par la science que par la précocité de l’intelligence, avait publié déjà, en 1816 (c’est-à-dire à l’âge de dix-huit ans) une traduction, en sixains, de la Batrachomyomachie d’Homère, accompagnée d’une dissertation célèbre en Allemagne, et même en France, (ions laquelle il combat savamment l’opinion qui attribue ce poSme à Homère. Cette dissertation a été traduite en allemand par Bothe, et publiée à Leipzig en 1835. Quant à la traduction, Leopardi la refaite presque en entier quelques années plus tard, et a publié cette seconde version à Bologne, en 1826.

BATRACHOPHIDE adj. (ba-tra-ko-fi-dedu gr. batrachos, grenouille ; ophis, ophidos, serpent). Erpét. Dont la peau ressemble à celle de la grenouille, en parlant d’un ophidien.

BATRACHORINE s. f. fba-tra-ko-ri-nedu gr. batrachos, grenouille ; rhin, nez). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des longicornes, comprenant une espèce, qui vit aux îles de France et de la Réunion.

batrachosperme s. m. (lia-tra-ko-spèrmo

— du gr. batrachos, grenouille ; sperma, semence). Bot. Genre de conferves des eaux douces, dont l’espèce type forme des sortes

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de chapelets, analogues au frai des grenouilles.

— Encycl. Le genre batrachosperme, établi par RotK pour le conferva gelatinosa de Linné, a été subdivisé depuis en plusieurs autres. On le distingue aujourd’hui par les caractères suivants : fronde entourée d’un mucus épais, formée de filaments le plus souvent rameux, pellucides, articulés, striés longitudinalement, chargés, au sommet de chaque article, de faisceaux verticillés, de ramules articulés, moniliformes, colorés ; fructifications placées au milieu des ramules. Ce genre comprend une dizaine d’espèces, qui croissent dans les eaux douces, surtout au milieu des eaux vives et courantes. L’espèce la plus commune est le batrachosperme moniliforme. Cette algue, d’une couleur brunâtre plus ou moins foncée, est remarquable par sa consistance gélatineuse, et par les paquets globuleux ce ses ramules ; elle adhère fortement au papier sur lequel on prépare des échantillons pour l’herbier, et prend, dans cet état, sous l’influence de la lumière, une teinte d’un beau violet.

BATRACHOSPERME, ÉE, adj (ba-tra-kospèr-mé

— rad. batrachosperme). Bot. Semblable au batrachosperme.

— s. f. pi. Tribu do la famille des algues, ayant pour type le genre batrachosperme.

— Encycl. Les caractères généraux de la tribu des batrachospermées peuvent se résumer ainsi : fronde filamenteuse ou globulaire, formée de filaments articulés, rameux, enveloppés d’un mucus gélatineux ; filament principal un peu différent des filaments accessoires. Les loges de ceux-ci sont pourvues d’un endochrome abondant, coloré, tandis que les articulations du filament central qui a atteint tout son développement sont presque toujours diaphanes et a peine marquées de taches ou zones endochroiniques. Les ramules articulés sont souvent terminés par des prolongements capillaires diaphanes, qui paraissent inarticulés. Les gemmes fructifères sont situées au milieu des.rameaux ; elles sont formées de corpuscules agrégés, entourés de ramules. Cette tribu comprend six genres : deux renferment des algues marines ; les quatre autres ne représentent que des espèces d’eau douce.

BATRACHOSTOME s, m. (ba-tra-ko-sto-me

— du gr. batrachos, grenouille ; stoma, bouche). Ornilh. Genre d’oiseaux, formé aux dépens des podarges.

BATRACHOTÉTRIX s. m. (ba-tra-ko-tétriks

— du gr. batrachos, grenouille ; tetrix, nom d’un oiseau). Entom. Genre d’insectes orthoptères, de la famille des sauterelles, comprenant deux espèces exotiques, toutes deux dépourvues d’ailes.

BATRACIEN, IENNE adj. (ba-tra-si-ain, i-è-ne— du gr. batrachos, grenouille). Erpét. Qui tient de la grenouille ; qui ressemble à une grenouille.

— Fam. Qui rappelle la forme d’une grenouille : Il eût pu voir la tête batracienne de Mathieu, qui s’allongeait hors de la hutte, les yeux fixes et ardents. (Al. Dum.)

— s. m. pi. Grand groupe d’animaux vertébrés, regardé jadis comme le quatrième ordre de la classe des reptiles, et dont presque tous les zoologistes font aujourd’hui une classe à part : La durée de la vie des batraciens n’est pas connue. (T. Cocteau.) La plupart des batraciens 'ont ovipares ; ces animaux sont les seuls, parmi les reptiles, gui offrent des métamorphoses. (Richard.) Les batraciens sont en réalité des reptiles, mais des reptiles qui commencent par être poissons. (J. M ace.)

— Encycl. La classe des batraciens renferme tous les animaux dont l’organisation est analogue à celle de la grenouille. Longtemps rangés dans la classe des reptiles, ces vertébrés sont considérés aujourd’hui comme formant, sous le nom d’amphibiens ou batraciens, une classe entièrement distincte, qui se place naturellement entre celle des reptiles et celle des poissons. En effet, d’un côté, les batraciens diffèrent par des caractères très-tranchés de tous les ordres de reptiles : 1° des chéloniens, par le défaut d’ongles aux pattes, par l’absence ou le peu de développement des côtes, par le mode d’accouplement et l’enveloppe des œufs ; 2° des sauriens, par la plupart des mêmes caractères, et, en outre, par la forme de leur cloaque ; 3° enfin, des ophidiens, par la présence des pattes dans le plus grand nombre des espèces, ainsi que par les paupières, la présence d’un sternum, l’absence d’un pénis double, etc. D’un autre côté, ils ont des liaisons évidentes avec les poissons. Ainsi, de grandes analogies de forme existent certainement entre les têtards des anoures et certains poissons, tels que le séchot et plusieurs espèces des genres batrachus, chironecte et lépadogastère. De même, parmi les derniers genres des batraciens, quelques-uns, tels que les amphiumeSjles céciliés et les protées, ont, dans leurs formes générales, dans leur manière de nager, dans la disposition de leur queue, dans le mode d’articulation de leurs vertèbres, des ressemblances frappantes avec les aptérichtes, les gastrobranches et les murénophis. Les batraciens, tels qu’ils sont divisés aujourd’hui, présentent entre eux des différences marquées ; cependant, ils se réunissent par les caractères suivants : tronc

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déprimé, trapu, arrondi ou allongé ; sternum. généralement très-développé ; côtes rudimentaires ou nulles ; vertèbres dorsales en nombre variable, depuis dix seulement, comme dans les anoures, jusqu’à quatre-vingt-dix, comme chez les sirènes ; peau nue, mince, souvent visqueuse, sans aucune apparence d’écaillés, excepté chez les ichthyobatraciens et les céciliés ; corps terminé par une queue ou privé de ce membre ; tête déprimée, a contour antérieur semi-circulaire, articulée avec l’atlas par deux condyles occipitaux ; cou presque nul ; pattes nulles, ou au nombre de deux à quatre ; doigts dépourvus d’ongles, ou munis tout au plus de petits étuis cornés. Les batraciens sont des animaux à sang rouge et froid et à circulation incomplète ; le cœur a deux oreillettes et un seul ventricule, et le liquide qui passe dans l’aorte est un mélange de sang artériel et de sang veineux. Chez quelques espèces, l’œil se rapproche de celui des poissons ; chez d’autres, il est petit ou nul. Dans le premier âge, les petits, connus sous le nom de têtards, sont dépourvus de membres et munis d’une queue ; ils sont herbivores, et respirent au moyen de branchies, comme les poissons. Plus tard, cette organisation se modifie, les membres se développent, la queuo disparaît souvent, les branchies s’atrophient, et l’animal respire par des poumons, comme les reptiles. Cependant, chez quelques genres, les branchies persistent concurremment avec les poumons : ainsi, les sirènes, les protées et les ménobranches ont à la fois les deux modes de respiration.

La plupart des batraciens vivent dans l’eau ou dans les lieux humides ; ils sont tous plus ou moins amphibies. À l’état adulte, ils sont carnivores, mais ne se nourrissent jamais de débris d’animaux. L’accouplement a lieu par simple contact et se prolonge souvent pendant plusieurs jours. Les œufs, protégés seulement par une enveloppe membraneuse, sont pondus le plus souvent avant la fécondation ; ils grossissent après la ponte.

La classe des batraciens comprend.quatre ordres : l» Les ophidiobatraciens (céciliés, rhinatrèmes) ; 2° les batraciens anoures (grenouilles, crapauds) ; 3» les batraciens urodèles (salamandres, tritons, etc.) ; 4» les ichthyobatraciens V. ces mots. V. aussi, pour d’autres détails, le mot Amphibiens.

Batraciens fossiles. Dans les terrains tertiaires, formés par les eaux douces, on trouve assez souvent des os et même des squelettes à peu près complets de batraciens. Parmi ces fossiles, les uns appartiennent à des espèces encore existantes, d’autres semblent indiquer des genres maintenant disparus. Presque tous se distinguent par des proportions gigantesques. M. Jaeger en a découvert un dont la tête présente un disque aplati, demi-elliptique, qui n’a pas moins de 0 in. 72 centimètres de long sur 0 m. 57 de large. Un autre, trouvé au commencement du xvme siècle dans les carrières schisteuses tertiaires d’Œningen, mesure 1 m. 50 de longueur. Cette pétrification a donné lieu à une méprise célèbre. Scheuchzer crut y reconnaître le squelette d’un homme, et il développa son opinion dans une dissertation intitulée : Homo diluvii testis. La plupart des savants ne furent pas de cet avis, et l’homme témoin du déluge devint un poisson du genre silure. Enfin, après bien des années, Cuvier, grâce à la précision qu’il avait introduite dans la distinction des caractères paléontologiques, reconnut ce fossile pour être le squelette d’une salamandre, qu’en raison de sa taille il surnomma gigantesque. Espérons que ce sera là sa dernière transformation. C’est dans les schistes d’CEningen, dans le lignite schisteux des environs de Bonn, dans les terrains tertiaires du Wurtemberg, du Brabant méridional et du département du Gers, qu’ont eu lieu les principales découvertes d’ossements de batraciens. Au-dessus des terrains tertiaires, la période diluvienne ne présente guère de restes d’animaux de cette classe que dans des fentes de rochers ou dans des cavernes. On peut présumer que les mouvements violents des eaux et des matériaux qu’elles entraînaient à l’époque du grand cataclysme ont anéanti leurs restes fragiles, excepté dans quelques endroits à l’abri des grands courants.

BATRACUS et SADBUS, architectes grecs, natifs de Sparte, et qui vivaient au i", siècle de notre ère. Après avoir construit divers édifices à Rome, ils y élevèrent, à leurs frais, un des temples situés à l’intérieur des portiques d’Octavie. Ayant vainement demandé de graver leurs noms sur le frontispice, ils signèrent néanmoins leur œuvre d’une façon symbolique, en faisant sculpter dans les ornements des colonnes des grenouilles (en grec, batrachos) et des lézards (en grec, sauras), animaux dont, ainsi qu’on le voit, ils portaient les noms. Le couvent de Saint-Eusôbe possédait, vers 1771, quelques-unes de ces colonnes. Un chapiteau d’ordre ionique, où l’on voit sculptés ces deux animaux, se trouve à l’église Saint-Laurent hors des murs, à Rome. Selon toute probabilité, c’est un débris du temple élevé par les deux Lacédémoniens.

BATRATHÈRE s. f. (ba-tra-tè-re — du gr. batér, marcheur ; athêr, épi). Bot. Genre de plantes monocotylédones, de la famille des graminées, forme aux dépens des andropogons ou barbons, et comprenant une seule espèce, qui croit dans l’Inde.