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de Baumgarten). Bot. Genre réuni aujourd’hui aux cocculus.

BAUMGARTNER {André, baron de), savant physicien et homme d’État autrichien, né k Friedberg (Bohême) en 1793. Sorti de l’École de Linz, il professa lu physique à Olinuta en 1817, puis à Vienne en 1823, où il ouvrit des cours de mécanique industrielle, à l’usage du peuple. En 1820, il fonda le Journal de physique et de mathématiques, dont il dirigea les quatorze premiers volumes. Placé ultérieurement à la tête de diverses fabriques, il devint en 1848, dans le cabinet Pillersdorf, ministre des travaux publics, puis chef <te division des finances sous le ministère Dobbhof, commissaire du gouvernement dans le congrès douanier réuni à Vienne en 1851, et fut appelé do nouveau à prendre le portefeuille des travaux publics en remplacement ; le M. de Bruck. Il quitta le ministère en 1855 et alla siéger en 1861 dans la chambre haute. On doit à M. Baumgartner plusieurs ouvrages scientifiques distingués : Aréométrig (&20) ;a.Mécanique dans sas applications aux arts et à l’industrie (1823) ; Histoire naturelle (plus. édit.) ; Guide du chauffeur des machinesà vapeur (1841).

BAUMGARTNER (Gallus-Jacques), publiciste suisse, né à Saint-Gall en 1797. Membre du conseil de son canton et représentant à la diète, il se fit connaître par ses opinions démocratiques’dans la première partie de sa carrière, mais changea brusquement de drapeau dans l’affaire des couvents d’Argovie. Il dut se retirer du conseil en 1841 et fonda la Nouvelle gazette suisse, où il ne tarda pas à exprimer ses sympathies pour les jésuites et le Sonderbund. On a de lui : Evénements sur le champ de bataille de la politique (1844), ouvrage dans lequel il cherche à justifier sa conduite politique, et on lui attribue un écrit intitulé la Suisse en 1852.

BAUMGAUTNER (Charles-Henri), médecin allemand, né à Pforzheim en 1798. Après avoir exercé pendant quatre ans les fonctions de chirurgien-major, il professa la clinique médicale k l’université de Fribourg, puis devint conseiller intime du grand-duché de Bade. M. Bautngartner est auteur de nombreuses publications, toutes relatives a la médecine. On cite surtout son Système dualistique de ta médecine (1835-1E37), ouvrage important qui a eu plusieurs éditions, et De la Physiologie des malades (1839), avec atlas de 80 planches coloriées. Bien que moins importants, nous mentionnerons aussi les ouvrages suivants : Des fièvresetde la manièredeles traiter'(%il) ; Observations sur les nerfs et sur le sang (1830) ; Instructions populaires sur le choléra (1832) ; Nouvelles recherches de physiologie et de médecine pratique (1845) ; enfin, Nouveau traitement de la pneumonie et autres maladies de poitrine (1850).

BAUM1AN. V. Bamian.

baumier s. m. (bo-mié — rad. baume). Bot. Genre de plantes de la famille des térebinthacées, connu aussi sous le nom à’amyride et de balsamier, renfermant un certain nombre d’espèces d’arbres et d’arbrisseaux, qui croissent dans les régions chaudes, et qui fournissent des produits assez variés, confondus dans le commerce sous le nonide baume.

— En général, Arbre à baume, n Baumier du Canada. (V. Sapin baumier.) tl Baumierpeuplier. (V. Peuplier-baumier.) Il Baumier à cochons, Nom vulgaire de l’hedwigie.

BAUMSTARK (Antoine), philologue allemand, né en 1800 à Sinzheim, près de Bade, est devenu en 1836 professeur de philologie k l’université de Fribourg, et directeur du séminaire philologique. Outre un grand nombre d’articles et de dissertations, il a donné des Commentaires sur les poésies d’Horace (2 vol., 1841), et des Études sur l’antiquité pour servir de commentaires aux poésies d’Horace (1841), ainsi qu’une Anthologie grecque (1840, 6 vol.) et une Anthologie romaine (1841, i vol.). Il a traduit en allemand les œuvres de César (8 vol.). On lui doit également une édition de Quinte-Curce (3 vol.).

BAUMSTARK (Édouard), économiste allemand, frère du précédent, né en 1807, devint, en 1838, professeur al’université de Greifswald, et, en 1843, premier directeur de l’académie des sciences économiques d’Eldena. Les événements de 1848 l’appelèrent sur la scène politique. Membre de 1 Assemblée nationale de Prusse, puis de la première chambre, il y acquit une grande autorité, défendit les principes constitutionnels, devint le chef de la gauche, et attaqua la politique du cabinet Manteuffel. Il a publié des Essais sur le crédit national (1833) ; une Encyclopédie des sciences économiques et administratives (1835) ; les Académies d’économie politique et d’économie rurale (1839) ; De la taxe sur les revenus (1849) ; l’Histoire des classes ouvrières (1853), qui est un de ses meilleurs ouvrages. On lui doit également une traduction en allemand des Principes d’économie politique de Ricardo (J837).

BAUN’E (Jacques de la), littérateur, né à Paris en 1649, mort en 1726. Il entra dans l’ordre des jésuites, et professa les humanités dans sa ville natale. On a de lui un recueil des ouvrages latins du P.Sirmond(Paris, 169G, 5 vol.) ; Panegyrici veteres ad usum Delphini (1676, in-4o), et des poésies et harangues en latin (1682-1684). L’une de ses harangues est un Éloge du parlement de Paris (1S84), qui

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donna lieu, ainsi que nous l’apprend, dans ses Mémoires, l’abbé d’Artigny, a l’anecdote que voici : Jacques de la Baune lisait, en audience publique du parlement, son Éloge sur cette compagnie, et Boileau assistait à la lecture. Ce dernier ne put s’empêcher de rire de la singulière figure de tous ces graves personnages qui, leur mortier enfoncé sur les yeux, écoutaient sans sourciller les belles choses qu’on leur débitait sur leur propre compte. Le malin poëte fit part de sa gaieté au président Talon, qui accueillit cette confidence en souriant du bout des lèvres. Mais lorsque le discours du jésuite fut achevé, et que Boileau vit messieurs du parlement entourer l’orateur et le féliciter à son tour, il ne put y tenir plus longtemps, et récita au président ces vers de Furetière :

Comme un curé faisant sa ronde

Encense à vêpres tout le monde,

Puis se tient droit, ayant cessé, Pour être à son tour encensé.

BAUNE (Eugène), homme politique, né à Montbrison (Loire) en 1800. Fils d’un ancien officier de la République, il se jeta de bonne heure dans les agitations politiques, fut un des chefs de la grande insurrection lyonnaise de 1834, et fut condamné par la Cour des pairs à la déportation, mais s’évada de Sainte-Pélagie et vécut à l’étranger jusqu’à l’amnistie de 1837. Il collabora ensuite à la Réforme, combattit en février 1848, et fut nommé par son département représentant du peuple à la Constituante et à l’Assemblée législative. Il siégea k la nouvelle montagne, fit partie du comité des affaires étrangères, déploya beaucoup d’activité, et fit une opposition énergique au gouvernement de Louis-Napoléon. Il fut arrêté et expulsé de France après le coup d’État du S décembre. — Son frère, Aimé Baune, né k Montbrison vers 1800. figura aussi dans les rangs du parti républicain dès 1830. Il a rédigé plusieurs journaux de province, et s’est occupé activement de l’organisation des clubs en 1848. Compromis dans l’affaire du 13 juin 1849, il a été banni après le 2 décembre.

— BAUNV (Étienne), jésuite et théologien français, né à Mouzon en 1564, mort à. SainA-Pol de Léon en 1649. Il a laissé de nombreux ouvrages, les uns en français, les autres en latin, où l’on.trouve tous les défauts que Pascal reprochait aux jésuites dans ses Lettres provinciales. Au reste, les œuvres morales du P. Bauny furent condamnées à Rome par décret du 26 octobre 1640, et censurées par l’assemblée du clergé à Mantes, en 1642.

BAUQUE s. f. (bô-ke). Bot. et agrie. Nom vulgaire de la zostère, plante marine employée comme engrais et comme matière

d’emballage. Il Quelques-uns écrivent baugue.

bauquière s. f. (bo-ki-è-re — rad. ban). Mar. Nom donné aux bordages d’épaisseur qui supportent les baux et les barrots d’un navire.

BAUQUIN s. m. (bo-kain — corrup. de bouquin, tuyau de pipe). Techn. Bout de la canne à souffler le verre, celui sur lequel on appuie les lèvres.

BAÙR.BAUERou BAWER (Jean-Guillaume), peintre et graveur français, né à Strasbourg en 1600, ou, suivant quelques auteurs, en 1610 ; se forma sous la direction de son compatriote Fréd. Brentel, et partit, fort jeune encore, pour l’Italie. Il travailla pendant plusieurs années à Naples, k Venise.et à Rome, où il obtint la protection des ducs deBraccianoetColonna. Appelé ensuite k Vienne par l’empereur Ferdinand, qui le nomma peintre de la cour, il s’établit dans cette ville, et y mourut en 1640. Baûr excella k peindre k la gouache, sur vélin, des paysages, des vues architecturales, des cavalcades, des marches de troupes, des processions, etc. Suivant l’abbé de Fontenay, « ses compositions sont d’une beauté qui va souvent jusqu’au sublime ; sa touche est légère et très-spirituelle ; ses figures sont petites et un peu lourdes, mais elles paraissent être en mouvement et ont une grande expression. » L’éloge paraît fort exagéré. À dire vrai, les peintures de Baùr sont assez rares, et cet artiste est surtout connu comme graveur. Il a laissé environ 270 estampes à l’eau-forte, dont quelques-unes sont signées de son monogramme, et d’autres de ses initiales : Io. W. B. (Johann-Wilhelm Baùr). Nous citerons, dans le nombre : le Baptême de Jésus ; la Gicérison de l’aveugle-né ; Saint Jean préchant dans le désert ; le Jugement de Midas ; les Divinités du Ciel, des Eaux, de la Terre et des Enfers (4 pièces) ; une Assemblée de philosophes ; les Habillements des différentes nations du monde (suite de 16 pièces) ; diverses Vues de Borne ; une trentaine de Batailles ; le portrait de l’auteur, celui du duc de Bracciano ; 20 planches pour l’ouvrage de Strada, De bello Belgico (Rome, in-fol., 1632-1647) ; 150 vignettes pour une édition allemande des Métamorphoses d’Ovide (Vienne, in-fol., 1641). Melchior-Kysell a gravé d’après Baûr une suite d’estampes intitulée : Iconographia complectens vitam Christi, etc. (Augsbourg, in-fol., 1670 et 1682, 4 part.). Baûr a été le maître de Fr. Gouban..

BAUR (Frédéric-Guillaume), général allemand, né k Bieber(Hesse électorale) en 1735, mort à Saint-Pétersbourg en 1783. Il se distingua pendant la guerre de Sept ans, sous les ordres du duc de Brunswick. Il entra ensuite au service de la Russie, et fut nommé lieutenant général en 1773. L’impératrice Catherine

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lui confia le soin de plusieurs entreprises importantes, telles.que les mesures a prendre

pour distribuer l’eau dans tous les quartiers de Moscou, la construction d’un arsenal, le curage du port de Cronstadt. Baur avait pour secrétaire le célèbre auteur dramatique Kotzebue,

ui dirigeait en son nom le théâtre allemand

e Saint-Pétersbourg.

BAUR ou BAUER (Nicolas), peintre hollandais, né à Harlingen en 1767, mort dans la même ville en 1845 : Il a peint avec talent la marine et le paysage. On cite, comme son meilleur ouvrage, le Bombardement d’Alger. Le musée de Rotterdam a de lui une Mer agitée. — Son fils, J.-A. Baur, né à Harlingen, ’ s’est distingué comme portraitiste : le musée de Rotterdam possède le portrait qu’il a fait de M. Boymans, amateur qui a légué à ce musée une riche collection de tableaux.

BAUR (Samuel), publiciste allemand, né k Ulm en 1768, mort en 1832. Après avoir étudié, à léna et à Tubingen, la théologie, l’histoire et les belles-lettres, il entra dans le ministère ecclésiastique et devint pasteur k Burlenberg, k Gœttingue et k Alpek. Les principaux ouvrages de Baur, un des écrivains les plus féconds de l’Allemagne, sont les suivants, qui appartiennent à la classe des compilations : Archives d’esquisses relatives aux principes de la religion (1790) ; Tableaux intéressants de la vie des personnages mémorables du xvme siècle (1803-1821, 7 vol.) ; Nouveau dictionnaire manuel historique, biographique et littéraire (l 807-1816, 7 vol.), ouvrage estimé ; Tableaux des révolutions, soulèvements, etc. (1810-1818, 10 vol.) ; Faits mémorables de l’histoire des hommes, des peuples, etc. (1819-1829) ; Cabinet historique de raretés (1826-1831, 6 vol.), etc., et plusieurs traductions. Tous ces ouvrages sont écrits en allemand.

BAUR (Ferdinand - Chrétien Dis), célèbre théologien et critique allemand, né le 21 juin 1792, mort le 2 décembre 1860. D’abord professeur au séminaire de Bla’heuren, il occupa, depuis 1826 jusqu’à sa mort, une chaire de théologie éVangélique k l’université de Tubingue. • Par l’étendue de sa science, par l’alliance peu commune de la pensée spéculative et d’une érudition universelle, par un instinct merveilleux de divination qui, de données isolées, obscures et jusqu’alors inaperçues, parvient à tirer les résultats les plus considérables, ’ Baur, dit le docteur Schwarz, se place incontestablement, depuis la mort de Schleiermacher, k la tête des théologiens et des critiques allemands. » Il est le chef d’une école théologique très-importante, dite école de Tubingue, dont l’originalité consiste à appliquer à l’histoire des trois premiers siècles de l’Église le principe de l’autonomie de la critique, à déterminer, d’après ce principe, c’est-à-dire indépendamment de toute considération subjective et apriorique, religieuse ou philosophique, le caractère, la tendance et l’âge de chacun des écrits qui composent le Nouveau Testament, en un mot, k faire rentrer tous ces livres dans le cours général de l’histoire, en replaçant, en quelque sorte, chacun d’eux dans le milieu qui l’a produit et qui l’explique. Cette qualification à’école de lubingue a besoin de quelque explication. Elle désigne un mouvement scientifique plutôt qu’un enseignement déterminé. Comme le fait très-bien remarquer M. Stap, les écrivains qui, en Allemagne, partagent les vues historiques de Baur, MM. Zeller, Schwegler, Kœstlin, Planck", Schnitzer, Georgii, Hilgenfeld, etc., ne sont pas ses disciples dans le sens rigoureux du mot, c’est-k-dire qu’ils ne prennent point pour règle de suivre ou de développer ses opinions particulières. Fidèles k leur tache d’historiens critiques, ils remontent directement aux sources, et se préoccupent généralement assez peu de savoir si les résultats auxquels ils arrivent s’accordent ou non avec ceux que Baur a obtenus lui-même. A proprement parler, ils constituent moins une école qu’un groupe de travailleurs indépendants, qui reconnaissent pour point de départ le même principe, la liberté absolue de la critique, et qui, employant la morne méthode, sont conduits k un ensemble d’idées k peu près concordantes sur l’histoire des premiers âges de l’Église. Baur n’en a pas moins droit au titre de maître, parce qu’il est le génie créateur qui a ouvert la voie et donné l’impulsion générale.

Les ouvrages de Baur forment deux séries distinctes : les uns s’occupent du dogme chrétien, de son développement et de son histoire ; les autres concernent la critique. Enuméronsles, en cbmmençant par la série des ouvrages dogmatiques. La première œuvre importante du célèbre théologien est Symbolique et mythologie ou la religion naturelle de l’antiquité (1824-1825, 3 vol.), qu’il écrivit sous l’inspiration de Schleiermacher. La seconde, qui a pour titre Différence entre le catholicisme et le protestantisme (1833), est une réfutation de la Symbolique du théologien catholique Mœhler. Nous passons ensuite à de remarquables monographies sur l’histoire des dogmes. Le livre intitulé Gnosis chrétienne ou Philosophie de la religion chrétienne, parut d’aoord (1835). L’auteur y suit la filiation des doctrines gnostiques à travers les siècles, et rattache ces doctrines, par une suite d’anneaux intermédiaires, au panthéisme de Schelling, de Hegel et de Schleiermacher. Bientôt après, parut l’ouvrage sur la Rédemption (1838), puis les trois énormes volumes de l’Histoire de la doctrine chrétienne, de la Trinité et de l’Incarna

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tiondivine (1841-1843), Si.k ces monographies, nous ajoutons le Traité d histoire dogmatique chrétienne (1847), qui embrasse l’ensemble de l’histoire des dogmes, et l’écrit sur l’Église chrétienne des trois premiers siècles (1853), nous aurons nommé les principaux ouvrages dogmatiques de Baur. Baur voulait publier toute l’histoire de l’Église chrétienne, d’après le point de vue philosophique et critique qu’il avait déjà appliqué aux premiers siècles. Mais il ne put voir que la publication du second volume, l’Église chrétienne depuis le commencement du ivo jusqu’k la fin du vie siècle (1859). Les trois derniers volumes qui complètent l’ouvrage ont été publiée d’après les manuscrits do Baur par son gendre, M. Zeller, professeur k Heidelberg, et son fils, M. F.-J. Baur. En voici les titres : l’Église chrétienne au moyen âge (1861) ; Histoire ecclésiastique des temps modernes, depuis la Réforme jusqu’à la fin du xvm« siècle (1863) ; Histoire ecclésiastique du xixe siècle (1802). Le dernier volume, un des chefs-d’œuvre de Baur, fit une immense sensation.

Le caractère distinctif de tous ces travaux consiste en ce que le développement du dogme chrétien y est présenté comme une évolution nécessaire de la pensée, et que les particularités réelles de ce développement, si nom-I breuses qu’elles soient, y apparaissent soumises à une loi rationnelle, engendrées par ’ une loi rationnelle. On reconnaît ici la philo, Sophie hégélienne. Pour Baur, qui professe les j principes de cette philosophie, le divin s’identifie avec le nécessaire et le généra ! ; c’est le I fond d’où sort le particulier, le réel. Ainsi, plus d’antinomie entre le divin et le naturel ; le surnaturel n’a pas de sens : rien ne peut ■ venir, ne peut tomber tout k coup du dehors dans la nature, dans le monde, dans l’histoire, par une raison bien simple, c’est qu’il n’y a pas de dehors quant k la nature, au monde et a l’histoire. Considéré à ce point de vue panthéiste, le christianisme cesse d’être surnaturel^ sans cesser d’être divin. L’idée chrétienne a subi la loi commune des idées en voie de réalisation ; elle a germé, s’est développée et s’est diversifiée, et la tâche de l’histoire est de la suivre dans ses phases successives. Mais voief l’écueil de cette philosophie dans l’histoire. Si la logique, comme le veut Hegel, donne le général, et si le général engendre le particulier, l’histoire peut se déduire, se deviner ; on peut la tirer, avec tous ses détails, de quelques concepts : de là, une tendance k tourmenter les faits, à les appauvrir, k les amaigrir en quelque sorte, pour les enfermer dans le cadre théorique, et pour faire mieux éclater l’idée dont ils sont 1 expression. Malgré l’étendue de ses connaissances positives, Baur ne paraît pas avoir échappé à cet écueil. « On ne peut s’empêcher de retrouver aussi chez lui, dit le docteur Schwarz, un certain dualisme, un manque de fusion entre le général et le particulier, l’un n’étant trop souvent qu’une catégorie logique disposée d’avance, sous laquelle 1 autre est rangé par force et dont on lui impose simplement l’étiquette.

Entre les travaux de Baur sur le dogme et ses travaux concernant la critique, il y a un lien très-naturel. Ces derniers ne sont, en réalité, que l’application au canou de l’Écriture de ses recherches sur les progrès de la conscience chrétienne pendant les premiers siècles. Le point de départ de la critique de Baur n’est point dans les Évangiles, mais dans les écrits de Paul. En 1831, nous le voyons débuter par deux dissertations, l’une Sur les origines de l’ébionitisme et sur sa dérivation de la secte essénienne : l’autre. Sur le parti du Christ à Corinthe. Cette dernière est la plus importante ; elle offre un intérêt tout particulier, en ’ ce qu elle exprime déjk clairement, au moins dans leurs lignes fondamentales, les vues de Baur sur le christianisme primitif. Déjà ici, l’opposition entre l’ébionitisme ou pétrinismo et le paulinisme est envisagée comme le trait dominant de la physionomie des tera apostoliques. En 1835, parut l’écrit Sur les rétendues Epitr.es pastorales de l’apôtre Paul. Baur ne se contente pas d’y affirmer l’inauthenticité de ces EpUres, comme l’avait fait Eichliorn ; il s’efforce de déterminer les idées qui les ont inspirées, et par là même le temps de leur rédaction, qu’il fait descendre jusqu’au milieu du us siècle ; il y découvre une opposition intentionnelle contre la Gnose, ainsi que le dessein formel de favoriser le régime épiscopal, qui prenait alors naissance au sein de l’Église. On vit paraître ensuite la dissertation Sur le but et loccasion de l’Épître aux Romains f1836), et un écrit Sur l’origine de l’épiscopat (1838), dirigé surtout contre les Origines de l’Église chrétienne, de Rothe, et contre l’authenticité des épitres d’Ignace, qui y était défendue. Mais les deux principales œuvres critiques de Baur, celles où bien des points, qui n’avaient été qu’indiqués ou effleurés ailleurs, se trouvèrent groupés et mis en pleine lumière, furent -.Paul, l’apôtre de Jésus-Christ, sa vie et ses œuvres, ses Épîtres et sa doctrine, étude critique-historique du christianisme primitif (1845) ; et Recherches critiques sur les Évangiles canoniques, leurs rapports, leur origine et leurs caractères (1847). Citons encore 1 ouvrage sur les Évangiles de Marc et de Màrcion (1851), la’brochure remarquable intitulée L’École de TttMuyue et sa situation présente (1859), dans laquelle Baur répond k ses adversaires de toutes nuances, et les Leçons sur la théologie du Nuuveau Testament qui ont paru après sa mort (1864).