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180" ; école dite Académie de Belfast ; bibliothèque publique jjardin botanique ; nombreuses sociétés littéraires et scientifiques. Comme Leeds et Dundee, Belfast est un des grands centres de l’industrie linière du Royaume-Uni ; on y compte, tant dans la ville que dans les faubourgs, quinze moulins à vapeur occupés à nier le fin et le chanvre, pour faire de la toile, et vingt et une fabriques de toiles de (il et de coton. Elle possède aussi de vastes moulins à blé, des brasseries, tanneries, chantiers de construction de machines, corderies, verreries, forges, savonneries, fabriques de chandelles, tabac, etc. ; commerce considérable d’exportation, ayant principalement pour objet les toiles d’Irlande, le beurre, le gruau, les œufs, les porcs et les bœufs. La profondeur du port est suffisante pour tous les bâtiments marchands ; la navigation a présenté, en 1SG2, un mouvement d’entrée et de sortie de 374 navires, et 75, 028 tonneaux, sans le cabotage avec la Grande-Bretagne, qui est beaucoup plus important.

Située dans une plaine fertile qu’entourent des montagnes peu élevées et qu’arrose le Lagan, Belfast est la troisième ville d’Irlande, par soni étendue et sa population, et la seconde au point de vue du commerce, des sciences et de la littérature. Ses rues modernes sont larges, bien percées, bordées de belles maisons, bien parées, bien éclairées et proprement tenues ; mais les édifices publics sont plus nombreux que remarquables. Ses monuments religieux n’ont point de clochers ; sept appartiennent à l’église établie ; ce sont:Sainte-Anne, Saint-Georges, Trinity-Church, Christ-Church, la chapelle épiscopale de Sainte-Anne, Saint-Mathieu et Magdalen-Asylum. On y compte seize temples presbytériens de rites différents, deux temples indépendants, quatre pour les méthodistes,.un pour les quakers, et deux pour les catholiques romains. Les édifices municipaux n’offrent, en général, rien de particulier ; le faubourg de Ballyinacarret, où se trouvent un grand nombre de manufactures, s’étend sur la rive orientale du Lagan et est relié à Belfast par un beau pont de cinq arches, de 18 m. d’ouverture chacune. L’es environs de Belfast sont embellis par un grand nombre de maisons de campagne situées pour la plupart sur les bords de la rivière. Il Ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État du Maine, avec un petit port à l’entrée de la baie de Penobscot, à 110 kil. N.-E. de Portland ; 6, 000 hab. Commerce important de poissons ; chantiers de construction.


BELFORT ou BÉFORT, ville de France (Haut-Rhin), ch.-l. d’arrond., à 69 kil. S.-O. de ColMar, 423 kil. S.-E. de Paris ; pop. aggl. 5, 850 hab. — pop. tôt. 8, 101 hab. L’arrond. comprend 9 cant., 191 comm., et 135, 300 bab. Tribunaux de 1re instance, de commerce, et justice de paix. Collège communal ; bibliothèque ; forges ; fabrication de fer—blanc, tréfileries, chapelleries, brasseries, tanneries, horlogeries, fabriques de bougies et de cierges. Commerce de vins d’Alsace, kirschwasser, grains.

Belfort, place forte de première classe, est entourée d’une enceinte bastionnée, qui la sépare de deux importants faubourgs, reliés à la ville par la porte de France à l’O., et la porte de Brisach au N. ; les fortifications qui l’entourent et la citadelle qui la domine, au sommet d’un rocher à pic, ont été reconstruites par Vauban en 1686, et disposées de manière à couvrir le passage entre le Jura et les Vosges. On remarque à Belfort, outre les travaux militaires, qui sont fort importants, l’église Saint-Christophe, bâtie de 1727 à 1750 ; la tour du nord ne fut achevée qu’en 1755, celle du sud en 1845 ; elles sont carrées et construites en grès rouge des Vosges ; l’intérieur est orné de quelques bons tableaux et d’un beau buffet d’orgues. On y voit aussi l’hôpital militaire, et la belle promenade du quai, près du faubourg de France, ornée d une fontaine construite en 1825. L’origine de Belfort remonte au XIIIe siècle ; à cette époque, elle était gouvernée par des souverains particuliers ; elle appartint ensuite à l’Allemagne, qui la céda à la France par le traité de Westphalie (1648).


BELFORT (collines de), chaînon qui se détache du ballon d’Alsace, suit une direction S.-E., et vient se relier au Jura. Ces collines, peu élevées, laissent entre les Vosges et le Jura un espace dépourvu de défenses naturelles et qu’on appelle, dans la géographie militaire, Trouée de Belfort.


Belfort (conspiration de), complot avorté, qui fut un des épisodes de la grande lutte du libéralisme et du bonapartisme contre le gouvernement de la Restauration. En décembre 1821, quelques officiers mis à la réforme sans traitement, et qui avaient trouvé des emplois dans les usines que possédaient, aux environs de Mulhouse et de Belfort, Voyer-d’Argenson et Kœchlin, députés que le carbonarisme comptait parmi ses chefs, conçurent le projet de tenter un soulèvement, avec l’appui des garnisons de l’Alsace. La plupart avaient été compromis déjà dans des conspirations antérieures; c’étaient Lacombe, Desbordes, Brue, Pégulu et d’autres dont les noms avaient acquis une certaine notoriété. Ils entrèrent en relations avec les officiers et les sous-officiers du 29me de ligne, dont les bataillons formaient les garnisons de Belfort, Neuf-Brisach et Huningue, et qui tous se montraient fort irrités de la marche rétrograde du gouvernement. Buchez achevait en ce moment, de concert avec les frères Kœchlin, d’organiser en ventes de carbonari les libéraux de Mulhouse et de quelques autres villes. Les groupes militaires accueillirent avec transport ce mode de conjuration et s’en firent les ardents propagateurs. L’association envahit rapidement les principales cités de l’est et compta bientôt des ventes dans toutes les garnisons. C’est un fait bien connu de tous ceux à qui l’histoire politique de notre pays est familière, que dès qu’une société secrète est à peine formée, ses membres demandent le combat. Les carbonari de l’est, impatients d’agir, s’adressèrent à Paris, à la vente suprême, pour demander que quelques hommes politiques marquants vinssent se mettre à leur tête et se constituassent en gouvernement provisoire. On aura une idée des forces dont disposaient les conjurés quand on saura qu’outre les nombreux adhérents qu’ils comptaient dans la classe bourgeoise et dans le peuple, ils étaient assurés du concours de généraux, de colonels, et du plus grand nombre des officiers des garnisons du Haut et du Bas-Rhin, de la Meurthe et des Vosges. Le plan était celui-ci : les garnisons de Neuf-Brisach et de Belfort prendraient les armes et arboreraient le drapeau tricolore dans la même nuit, puis marcheraient sur Colmar, où le général Dermoncourt était chargé de soulever les régiments de cavalerie qui s’y trouvaient casernés ; Mulhouse, au premier bruit, ferait également son mouvement, et les carbonari de Strasbourg, d’Épinal, de Nancy, de Metz, répondraient de leur côté au signal en soulevant tout le pays autour d’eux ; le colonel Brice occuperait tous les passages de la chaîne des Vosges, à l’aide des débris des corps francs qu’il avait organisés lors des invasions de 1814 et de 1815. Le gouvernement provisoire serait proclamé à Belfort, puis installé à Colmar, jusqu’au moment où Strasbourg pourrait lui ouvrir ses portes. La Fayette, d’Argenson et Jacques Kœchlin en étaient les membres désignés. Ces députés devaient être secondés par une commission de vingt-cinq carbonari parisiens soigneusement choisis, et qui se rendraient isolément, au moment convenu, sur le lieu de l’action. La nuit du 29 au 30 décembre fut d’abord désignée pour le soulèvement ; mais quelques malentendus, quelques dissidences d’opinion dans la haute vente et divers contretemps apportèrent des modifications au plan primitif. Enfin, la nuit du 1er au 2 janvier (1822) fut définitivement indiquée pour le moment de l’explosion. Le peintre Scheffer (qui était membre de la haute vente) partit à franc étrier pour prévenir La Fayette, qui attendait les derniers avis à son château de Lagrange, puis arriva le même soir à Paris remplir le même office auprès de Manuel et de Dupont (de l’Eure), qui devaient également se rendre sur le théâtre des événements ; il repartit enfin pour l’Alsace, sans prendre une minute de repos, emmenant avec lui le colonel Fabvier et deux autres officiers supérieurs. La Fayette s’était empressé de monter en voiture, avec son fils Georges. Belfort était le point central où tous les conjurés se dirigeaient en ce moment. Le lieutenant Armand Carrel et autres carbonari y attendaient le premier éclat pour rayonner dans toutes les directions et propager le soulèvement.

Enfin, le soir indiqué, l’adjudant Tellier, après l’appel, commande à tous les sergents-majors de faire mettre les pierres aux fusils et de tout préparer pour une prise d’armes ; puis, en attendant minuit, il réunit les sous-officiers dans un souper où les têtes s’exaltèrent à la vue des drapeaux et des cocardes tricolores. D’un autre côté, le colonel Pailhès avait également rassemblé dans un banquet patriotique une foule d’officiers en demi-solde mandés à Belfort. Le bruit d’un soulèvement se propage parmi les soldats ; l’agitation gagne de proche en proche, et l’affaire semble prendre la tournure la plus favorable.

Mais un sergent arrivé le matin même après un congé, et que ses camarades n’avaient pas eu le temps d’avertir, après avoir fait exécuter l’ordre de Tellier, se rend innocemment chez son capitaine, pour lui annoncer que ses hommes sont prêts. Étonnement du capitaine, qui n’était point du complot. Cet officier se rend à son tour chez le lieutenant colonel, qui ne comprend pas mieux d’où vient cet ordre ; tous deux vont en chercher l’explication auprès du commandant de place Toustain, que cette nouvelle jette dans la stupéfaction. Tout à coup, l’idée d’une conspiration se présente comme un trait de lumière à son esprit. Il agit avec autant de vigueur que de promptitude, donne des ordres, visite les postes, fait opérer quelques arrestations, envoie les officiers supérieurs à la caserne pour faire cesser les préparatifs et détromper les troupes, prend enfin toutes les mesures que commandent les circonstances. Un sous-lieutenant, qu’il voulait arrêter de sa main, lui tire un coup de pistolet en pleine poitrine; mais la balle rebondit sur sa croix de Saint-Louis. Pendant ce temps, le bataillon, privé d’une partie de ses officiers et sous-officiers, s’était replacé silencieusement, comme une machine obéissante, sous le commandement des chefs supérieurs, accourus en toute hâte. Les portes de la ville avaient été fermées, dans la crainte d’une attaque du dehors. Surpris, découverts avant d’avoir agi, désarmés de tous leurs moyens d’action, les conjurés n’avaient plus qu’à se disperser et à empêcher l’arrivée en ville des hommes politiques qui s’y rendaient de divers côtés. Guinard, Henry Scheffer et Armand Carrel reprennent la route de Mulhouse pour prévenir des mouvements intempestifs. Kœchlin court au-devant de Voyer-d’Argenson. L’énergique Bazard se jette au milieu de la nuit sur la route de Paris, couverte de neige, rencontre La Fayette à peu de distance de Lure, lui fait rebrousser chemin, et continue lui-même sa route à fond de train dans une mauvaise charrette, afin d’arriver en toute hâte à Paris, pour empêcher que de fausses espérances n’y déterminent une tentative funeste. À son arrivée, il avait une oreille gelée. Enfin, Manuel, prévenu à temps, put également rebrousser chemin.

Telle fut la malheureuse issue d’un mouvement qui avait donné de si vastes espérances au parti libéral. Quelques-uns en ont attribué l’avortement à l’arrivée tardive du général La Fayette, qui, cédant aux obsessions de plusieurs de ses collègues de la chambre, avait, après de vifs débats, consenti à retarder son départ de quelques jours, ce qui, naturellement, avait fait différer l’exécution, quand tout était déjà prêt.

L’instruction du procès provoqué par cette conjuration fut difficile et lente. Les principaux accusés étaient en fuite, et, pour les autres, on ne trouvait aucun témoin qui voulût déposer à charge. Quatre seulement furent condamnés à cinq années d’emprisonnement: Tellier, le colonel Pailhès, MM. Dublar et Guinard. Dix-neuf furent acquittés. Sept contumaces furent condamnés à la peine de mort. Quant aux autres fugitifs, il était d’autant plus difficile de les poursuivre, qu’on ne les connaissait, pour la plupart, que sous des noms supposés.

Les accusés avaient été conduits dans la prison de Colmar, au fur et à mesure de leur arrestation. Le colonel Caron fit pour les délivrer une tentative qui avorta, et qui fut le point de départ d’un nouveau mouvement. V. Caron.


BELFORTIN, INE s. et adj. (bèl-for-tain, i-ne). Géogr. Habitant de Belfort; qui a rapport à cette ville ou à ses habitants : Les belfortins. La population belfortine.


BELFREDOTTI (Boechino des), souverain de Volterra vers le milieu du xive siècle. Sa tyrannie le rendit odieux aux Volterraris, et comme il craignait une révolte, il songea à vendre Volterra aux Pisans. Mais les Florentins, soutenus par les Volterrans mêmes, prirent possession de la ville, et Boechino des Belfredotti fut pendu.

« BELGAM ou BËI.GAUM, ville forte de l’Indoustan anglais, présidence de Bombay, à 170 kil. S.-O. de Bedjapour, au pied des monts Ghattes ; 8, 000 hab. Prise par les Anglais en 1818. Ruines de deux temples antiques.

belge s. et adj. (bèl-je). Habitant de la Belgique ; qui a rapport, qui appartient à ce pays ou à ses habitants  : Il y a beaucoup de belges à Paris. Les pieds rencontrent le chaud tissu d’un tapis belge, épais comme un gazon, et à fond gris de fin semé de bouquets bleus. (Balz.) Il En poésie, se dit pour Flamand.

BELGHRAs. f. (bèl-gra). Sorte de pantoufle de cuir, en usage chez les Arabes.

BELGICA, nom latin de l’ancienne Belgique, qui fut divisée par les Romains en deux provinces : Belgique De et Belgique Ile. || Ville de la Gaule ancienne, dans la Belgique De, près de Tolbiac,

BELGINUM, ville de l’ancienne Gaule, dans la Germanie D", entre Trêves et Coblentz.

BELGIOJOSO, ville du roy. d’Italie, préfecture et a 12 kil. S.-E. de Pavie ; 2, 800 hab. Château des princes de Belgiojoso.

BELGIOJOSO (Barbian et), famille princière italienne (Lombardie). Elle est représentée aujourd’hui par le prince Louis de Barbian et Belgiojoso, sénateur du royaume d’Italie, né en 1801, qui a succédé dans son titre princier à son frère Emile, en 1858. Il s’est marié en 1842 à Antoinette Visconti, et n’a qu’un frère et une fille.

BELGIOJOSO (Christine tbivdlzio, princesse de), une des figures les plus originales de la société du xrxe siècle, est fille du marquis Jérôme-Isidore de Trivulzio, nom célèbre dans les fastes militaires de la France et de l’Italie. Née à Milan le 28 juin 1SOS, elle épousa, en 1824, 1e prince Emile de Barbian et Belgiojoso, et vint, dans la suite, se fixer à Paris, ne pouvant se résigner à vivre à Milan sous la domination de l’Autriche. Sa maison devint le rendez-vous des hommes les plus éminents dans les lettres et la politique, car la princesse n’était pas moins remarquable par l’élévation de son esprit, par son amour ardent de l’Italie et de la liberté que par les grâces de sa personne. En 1848, elle courut à Milan, un moment affranchi du joug étranger, et leva à ses frais un corps de volontaires ; mais elle fut contrainte par les victoires de Radetsky de s’expatrier de nouveau, efses biens furent séquestrés. Depuis cette époque, la princesse Belgiojoso a fait un voyage en Asie Mineure,’ et, sans rien perdre de ses convictions libérales, elle s’est franchement ralliée, ainsi que la plupart des républicains italiens de 1848, à la monarchie populaire de Victor-Emmanuel. Mme de Belgiojoso a publié plusieurs écrits, qui lui assignent comme écrivain un rang distingué. En 1846, elle fit paraître, sous le voile de l’anonyme, un £ ! ssai sur la formation du dogme catholique (4 vol.) ; deux ans plus tard,

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elle collabora à la Liberté de penser, et donna dans le National (1850) ses Souvenirs d’exil. Depuis, elle a publié, outre des nouvelles pleines d’intérêt, qui ont paru dans la Bévue des Deux-Mondes, des Arotions d’histoire à l’usage des enfants (1851, in-8°). Enfin, depuis 1861, elle rédige le journal 1Italie, publié en français à Turin.

BELGIQUE adj. (bèl-ji-kc) Qui est de la ■ Belgique, qui appartient à la Belgique ou à ses habitants:Provinces belgiques, — annales belgiques.

En vatn.au lion belfjiqiiCj Il voit l’aigle germanique

Uni sous les léopards. Boileau.

Il Aujourd’hui, on dit Belge.

BELGIQUE, roy. de l’Europe occidentale, compris entre les 49° 30’et 51° 31’de lat. N. et les o<> 14’et 3° 42’de long. E. ; borné an N. par la Hollande ou roy. des Pays-Bas ; à l’E. par les duchés de Limbourg et du Luxembourg et par la Prusse Rhénane, au S. par la France, et baigné au N.-O. par la mer du Nord. Plus grande longueur du N.-O. au S.-E., 277 kil. ; plus grande largeur, loo kil. ; étendue superficielle, 2, 945, 594 hectares; population, 4, 630, 237 hab., comprenantdeux races distinctes, les Wallons et les Flamands, unis par un commun amour des libres institutions, mais offrant, quant à l’origine, à la largue et auxmceurs, des différences que le temps effacera difficilement.

Orographie et divisions naturelles. Resserrée entre la France et la Hollande, la Belgique, sous le rapport du relief et de la nature du sol, participe nécessairement de la partie de ces deux États qui l’avoisinent. Néanmoins, on

F eut la diviser en trois régions bien distinctes : Ardenne, la haute Belgique et la basse Belgique. C’est au S.-E. que s’étend le plateau des Ardennes, débris de la grande forêt légendaire illustrée par César et par les preux de Charlemagne, et dont les éclaircies sont, en général, de longues zones stériles, couvertes seulement de plantes rabougries. Pourtant, aux abords des villes, qui ne sont que des bourgs, et au fond des vallées, étroites et profondes, la végétation est plus riche et plus variée. Les terrasses interposées entre ces vallées sont couvertes de bruyères et de marais tourbeux, qui portent le nom de Hautes Fagnes, du gothique fani (marais). Le plateau des Ardennes est le point extrême d une grande ligne de faîte qui, partant des monts Karpathes, sépare la Bohême de la Sa’xe, franchit le Rhin à Coblentz, traverse la Belgique (provinces de Liège, de Luxembourg et de Namur), et se termine en France auprès de Mézières. Dans sa configuration générale, la contrée belge de l’Ardenne a pour limites au N. la Vesdre et le cours inférieur de l’Ourte, au S. la Lorraine, à l’E. la Prusse rhénane, à l’O. la Thierrache, jusqu’aux sources de l’Oise. Sa plus grande longueur est de 100 kil. sur 65 de largeur. Son altitude, qui est en moyenne de 500 à 600 m., atteint 680 m. àlaBarraque Michel, aux portes de Stavelot. Ses principales rivières, l’Ourte, l’Amblève, la Lesse et la Semoy, sillonnent de leurs eaux torrentielles de profondes vallées, qui sont comme les déchirures de cet immense plateau. Au N. et au N.-O. de l’Ardenne, se détachent de petites chaînes de collines longues et étroites, d’une altitude moyenne de 100 m., et nommées sur les cartes collines de Belgique. Là se multiplient des populations agricoles, les villes et les’grands établissements industriels : c’est la Belgique moyenne, prolongement du plateau ardennais et lui servant d’intermédiaire entre la région des plaines. Elle comprend le Borinâge (Hainaut), la Hesbaie (Namur et le S. du Brabant), le Condros et le ban de Hervé (O. et N. de la prov. de Liège).

L’origine de la population qui occupe ces deux régions est franque ou gauloise : l’élément germanique occupe tout entier la troisième région, celle de la basse Belgique, qui comprend les Flandres, le N. du Brabant belge, les provinces d’Anvers et du Limbourg. Le long des côtes, des rivières et des fleuves, le sol est d’une admirable fertilité. Il se compose en grande partie de polders, de palus (marais), conquêtes de l’homme sur la mer, et qui n’existent, comme, en Hollande, dont la basse Belgique dépend géographiquement, que sous la protection de digues soigneusemententretenues en deçà dés terres d’alluvions, situées au-dessous du niveau de la haute mer ; ce sont des plaines un peu plus élevées, mais ouvertes cependant, par leurs rivières, à la navigation maritime ; puis s’étend la zone des. landes intérieures qui, partant de Thielt, au S. de Bruges, atteint Anvers, le Brabant hollandais, laGueldreetlamerd’AHemagne. Dans les provinces d’Anvers et du Limbourg, ces landes portent le nom de Campine, que Henri Conscience, le célèbre romancier flamand, a décrite en fils reconnaissant et en grand peintre. La Campine est une immense plaine basse, unie, aride, couverte de dunes sablonneuses, qui se déplacent au gré du vent et s’entremêlent avec des marécages qui se transforment en tourbières, comme les Fagnes de l’Ardenne. Mais les autres parties de la ré fion, les Flandres et le Pays de Waes, ce ernier surtout, passent pour les plus riches et les plus peuplés du monde.

Constitution géologique. Au point de vue géologique, la Belgique présente trois grandes