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la fille, Marie de Bourbon-Montpensier, épousa le duc d’Orléans, frère de Louis XIII. François de Bourbon, comte de Vendôme, fils aîné de Jean II, épousa en 1437 Marie de Luxembourg, et eut pour fils aîné Charles de Bourbon, duc de Vendôme, devenu chef de nom et d'armes de la maison de Bourbon, depuis la mort du connétable de Bourbon en 1527. Il avait épousé en 1513 Françoise, fille de René, duc d’Alençon, et eut de ce mariage, entre autres enfants, Antoine, qui continua la ligne directe ; Charles de Bourbon, cardinal-archevêque de Lyon, légat d’Avignon, proclamé roi de France par les ligueurs, sous le nom de Charles X ; Louis de Bourbon, prince de Condé, auteur d’une branche dont il a été question ci-dessus (V. Bourbon-Condé). Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, fils aîné de Charles, duc de Vendôme, et de Françoise d'Alençon, devint roi de Navarre par son mariage, en 1548, avec Jeanne d’Albret, reine de Navarre, princesse de Béarn et comtesse de Foix, fille unique et héritière de Henri d’Albret, et de Marguerite de Valois. De cette union naquit Henri de Bourbon, devenu roi de France sous le nom de Henri IV, après l'assassinat de Henri III. Il fit annuler son premier mariage avec Marguerite de Valois, fille de Henri II et de Catherine de Médicis, et eut, de son second mariage avec Marie de Médicis, le roi Louis XIII, qui continua la filiation, et Gaston-Jean-Baptiste, duc d’Orléans, dont la fille, Mademoiselle, duchesse de Montpensier, épousa le duc de Lauzun. Louis XIII, né en 1601, mort en 1643, avait épousé Anne d’Autriche, fille de Philippe II, roi d’Espagne. De cette union sont sortis : le roi Louis XIV, qui continua la filiation, et Philippe, duc d'Orléans, auteur de la maison d’Orléans (V. Bourbon-Orléans). Louis XIV, né en 1638, mort en 1715, avait épousé Marie-Thérèse d'Autriche, fille unique de Philippe IV, roi d’Espagne, dont vint Louis de France, dauphin, marié à Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, mort en 1711, avant son père, et laissant entre autres : Louis, dauphin, qui continue la filiation, et Philippe, duc d’Anjou, souche des Bourbons d'Espagne (V. Bourbons d'Espagne). Louis, qualifié duc de Bourgogne et dauphin de France après la mort de son père, ne lui survécut qu’une année et mourut en 1712, également avant Louis XIV, laissant, de son mariage avec Marie-Adélaïde de Savoie, Louis XV, qui épousa Marie Leczinska, fille de Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, et qui mourut en 1774. Il avait eu de son mariage, outre un grand nombre de filles, Louis, dauphin de France, mort avant son père, en 1765, et qui, de son second mariage avec Marie-Joséphine de Saxe, eut le roi Louis XVI, marié à Marie-Antoinette d’Autriche, et dont le fils mourut au Temple, en 1795 ; Louis-Stanislas-Xavier, devenu roi sous le nom de Louis XVIII, et Charles-Philippe, roi, sous le nom de Charles X, après ses deux frères. Louis XVIII n’eut pas d’enfants de son mariage avec Marie-Joséphine-Louise de Savoie. Charles X épousa Marie-Thérèse de Savoie, sa belle-sœur dont vinrent Louis-Antoine, duc d'Angoulême, mort sans enfants de son mariage avec Marie-Thérèse-Charlotte, sa cousine, fille du roi Louis XVI, et Charles-Ferdinand, duc de Berry, marié à Marie-Caroline-Ferdinande-Louise des Deux-Siciles, mort assassiné en 1820, et laissant un fils posthume, Henri-Charles-Ferdinand-Dieudonné, duc de Bordeaux, vivant en exil depuis 1830 sous le nom de comte de Chambord, et gratifié par ses partisans du nom de Henri V ; une fille, Louise-Marie-Thérèse, mariée au duc de Parme.


BOURBONS D’ESPAGNE. Cette branche se rattache aux Bourbons de France par Philippe, duc d’Anjou, deuxième fils du grand dauphin et petit-fils de Louis XIV, appelé au trône d‘Espagne en 1700 par le testament de Charles II, roi d'Espagne, et couronné sous le nom de Philippe V.

Philippe V, roi de 1700 à 1746. Il eut de Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, sa première femme :

Louis Ier, né en 1703, couronné en 1723, après l’abdication momentanée de son père, mort en 1724 ;

Philippe, infant, mort au berceau en 1709 ;

Philippe-Pierre-Gabriel, infant, né en 1712, mort en 1719 ;

Ferdinand, prince des Asturies, qui fut roi sous le nom de Ferdinand VI.

De sa seconde femme, Élisabeth Farnèse de Parme :

Don Carlos, depuis Charles III ;

François, mort au berceau en 1717 ;

Philippe, infant, tige des Bourbons de Parme et Plaisance ;

Louis-Antoine-Jacques, né en 1727, mort en 1854 [sic : lire 1785 ?] ;

Marie-Anne-Victoire, née en 1716, mariée en 1729 à un prince du Brésil ;

Marie-Thérèse-Antoinette-Raphaëlle, née en 1726, mariée en 1745 à Louis, dauphin de France, morte en 1746 ;

Marie-Antoinette-Ferdinande, née en 1729, mariée en 1750 à Victor-Amédée, duc de Savoie.

Ferdinand VI, roi de 1746 à 1759 ; mort sans enfants.

Charles III, roi de 1759 à 1788. Il eut de Marie-Amélie de Saxe :

Philippe, exclu du trône à cause de ses infirmités ;

Charles-Antoine, depuis Charles IV ;

Ferdinand, tige des Bourbons de Naples et de Sicile ;

Gabriel-Antoine-François-Xavier, né en 1752, mort en 1786 ;

Antoine-Pascal, né en·1755 ;

Marie-Josèphe, née en 1744 ;

Marie-Louise, née en 1745, mariée à l’archiduc d’Autriche, depuis empereur sous le nom de Léopold II.

Charles IV, roi en 1788, cessionnaire de ses droits en 1808, en faveur de Napoléon Ier. Il eut de Marie-Louise de Parme :

Ferdinand-Marie, depuis Ferdinand VII ;

Charles-Marie-Isidore, dit Don Carlos, né en 1788, père de quatre fils, dont un, le comte de Montemolin, est aujourd'hui prétendant à la couronne ;

François-de-Paule-Antoine-Marie, né en 1794 ;

Charlotte-Joachime, née en 1775, mariée à l'infant de Portugal, depuis Jean XI ;

Marie-Louise-Joséphine, née en 1782, mariée à Louis, duc de Parme, roi d'Étrurie ;

Marie-Isabelle, née en 1780, mariée à François Ier de Naples.

Ferdinand VII, fils du précédent, roi de 1814 à 1832, eut de Marie-Christine de Naples Isabelle II, aujourd'hui régnante, en vertu du testament de son père ; et Marie-Ferdinande-Louise, mariée en 1846 au duc de Montpensier, le plus jeune des fils de Louis-Philippe Ier.


BOURBONS DE NAPLES ET SICILE. Cette branche est issue des Bourbons d’Espagne, par Ferdinand Ier, troisième fils de Charles III, roi d'Espagne et des Deux-Siciles. Ferdinand succéda à son père, en 1759, au trône des Deux-Siciles. Dépossédé par Napoléon en 1806, rétabli en 1815, il mourut en 1825, laissant de son mariage avec Marie-Caroline-Louise d’Autriche, entre autres enfants, François, qui a continué la ligne ; Marie-Amélie, qui épousa en 1809 Louis-Philippe d’Orléans, depuis roi des Français, et Léopold-Jean-Joseph, connu sous le nom de prince de Salerne, dont la fille a épousé le duc d'Aumale, quatrième fils du roi Louis-Philippe. François, fils aîné de Ferdinand, régna dans les Deux-Siciles sous le nom de François Ier, et mourut en 1830, laissant de son second mariage avec Marie-Isabelle, fille du roi d’Espagne Charles IV, cinq fils : l’aîné, qui continue la ligne ; Charles-Ferdinand, prince de Capoue ; Léopold-Benjamin-Joseph, comte de Syracuse ; Louis-Charles-Marie-Joseph, comte d’Aquila ; et François-de-Paule-Louis-Emmanuel, comte de Trapani. Ferdinand II, roi des Deux-Siciles, fils aîné de François Ier, est mort en 1858, laissant de son premier mariage avec Marie-Christine-Caroline-Joséphine, fille du roi de Sardaigne, un fils, roi sous le nom de François II, et dépossédé à la suite des événements de 1860, et plusieurs autres fils de son second mariage avec Marie-Thèrèsc-Isabelle, archiduchesse d'Autriche.

Cette famille comprend encore un grand nombre de princes et princesses alliés à différentes maisons.


BOURBONS DE PARME. Cette maison ducale se rattache aux Bourbons d'Espagne par don Philippe, infant d’Espagne, second fils de Philippe V, qui devint duc de Parme, de Plaisance et de Guastalla, en vertu du traité d’Aix-la-Chapelle, en 1748. Il épousa Louise-Élisabeth, fille du roi LouisXV, et mourut en 1765, laissant pour successeur Ferdinand, duc de Parme, etc.,père de Louis, duc de Parme, créé roi d’Étrurie en 1801, mort en 1803. Ce dernier avait épousé une fille du roi d’Espagne Charles IV, dont vint Charles-Louis, roi d’Étrurie, dépossédé par Napoléon en 1807, devenu duc de Lucques en vertu du traité de Vienne, en 1815, et rentré en possession des États de Parme et de Plaisance en 1847, à la mort de l'archiduchesse Marie-Louise, veuve de l'empereur Napoléon Ier. Charles-Louis avait épousé une fille de Victor-Emmanuel Ier, roi de Sardaigne, et en eut un fils, en faveur de qui il abdiqua en 1849, et qui régna sous le nom de Charles III. Ce prince, qui avait épousé la sœur du duc de Bordeaux, périt assassiné en 1857, laissant pour fils aîné Robert, mineur et sous la tutelle de sa mère, lorsque la campagne d’Italie de 1859 et ses conséquences réunirent Parme et Plaisance au royaume d'Italie. Cette grande maison de Bourbon, depuis le comte de Clermont, a compté plus de six cents personnages ayant joué dans le monde un rôle plus ou moins considérable et brillant. Comme maison royale, elle a éclipsé en splendeur toutes les autres familles souveraines de l'Europe. Au XVIIIe siècle, elle occupait quatre trônes ; mais la fin de ce siècle même a marqué sa décadence ; ses duchés d'Italie ont été, en 1860, réunis au Piémont par un vote solennel des habitants ; enfin sa branche de Naples, dépouillée de la Sicile en mai 1860, a vu ensuite ses États du continent annexés au nouveau royaume d’Italie. Aujourd'hui, l’ex-roi de Naples vit à Rome, d’où il essaye encore de fomenter la guerre civile. Ses chances de restauration paraissent diminuer de jour en jour.

Nous allons compléter les notices généalogiques qui précèdent en donnant la biographie de ceux d’entre les membres de la maison de Bourbon qui méritent une attention particulière.


BOURBON (Robert de France, comte de Clermont, seigneur de), sixième fils de saint-Louis et de Marguerite de Provence, né en 1256, mort en 1317, est la tige de cette maison de Bourbon, dont le dernier représentant français est actuellement le duc de Bordeaux. À l'âge de seize ans, Robert épousa une des des descendantes d’Archambaud Ier, Béatrix, qui lui apporta en dot la baronnie de Bourbon. Il fut armé chevalier par le roi Philippe III, son frère, en 1279, et tomba peu de temps après en démence. Pendant quarante ans, il resta presque constamment dans cet état, ne recouvrant que par intervalles sa lucidité d'esprit. C'est pendant un de ces moments que Philippe le Bel l'employa dans une négociation importante. Robert fut enterré aux Jacobins de la rue Saint-Jacques à Paris, où l'on voyait encore son tombeau avant 1793.


BOURBON (Louis Ier, comte de Clermont et premier duc de), fils du précédent, né en 1279, mort en 1341, devint seigneur de Bourbon du vivant de son père, en 1310. Il fit preuve d’une éclatante valeur aux batailles de Furnes (1297), de Courtray (1302), où il sauva l'armée d’une complète destruction, de Mons-en-Puelle (1304) ; fut nommé quatre ans plus tard grand chambrier de France, et choisi en 1312 pour commander la croisade, décrétée par le concile de Clermont. Faute de croisés, on dut renoncer à cette entreprise, dont Louis de Bourbon ne recueillit qu’un titre illusoire, celui de roi de Thessalonique, qu’il avait acheté du duc de Bourgogne, moyennant 40,000 écus. Sous Philippe le Long, le sire de Bourbon vendit au roi le droit de battre monnaie dans le Bourbonnais et le Clermontois. Sous le règne de Charles le Bel, il se signala dans la guerre contre les Anglais, auxquels il prit un grand nombre de villes, et, le Bourbonnais ayant été érigé en duché-pairie, il prit, à partir de ce moment (1327), le titre de duc de Bourbon. Chargé par Philippe de Valois d’une mission délicate près d'Édouard III, roi d’Angleterre, il s’en acquitta avec une grande habileté, et obtint que le monarque anglais rendit hommage au roi de France dans la cathédrale d’Amiens, en 1329. En récompense de ce service, Philippe érigea le comté de Clermont en duché-pairie. De 1338 à 1340, le duc de Bourbon fit avec Philippe de Valois les guerres de Flandre et fut chargé, comme plénipotentiaire, d'assister au congrès d'Arras, qui eut pour résultat la conclusion d’une trêve de deux ans. Il mourut peu de temps après.


BOURBON (Pierre Ier, deuxième duc DE), né en 1310, mort en 1356, était fils du précédent, auquel il succéda dans la charge de grand chambrier, devenue héréditaire dans la famille. Après avoir combattu en Bretagne près du duc de Normandie, qui fut depuis le roi Jean, il fut chargé, en qualité de lieutenant du roi, de marcher contre les Anglais, qui venaient d'entrer dans le Périgord (1345). Il leur prit plusieurs places et allait s'emparer d’Aiguillon, lorsque Philippe de Valois lui ordonna de lui amener ses troupes, qui lui étaient nécessaires pour repousser Édouard, en marche sur Paris. Pierre de Bourbon accourut avec son frère Jacques, comte de la Marche, harcela les Anglais et prit part à la désastreuse bataille de Crécy, où il fut blessé en combattant auprès du roi (1346). En 1349, il maria sa fille aînée, Jeanne, avec Charles, qui fut depuis Charles V, et sa seconde fille, Blanche, épousa en 1351 Pierre le Cruel, roi de Castille. Sous le règne du roi Jean, Pierre de Bourbon ne fut pas étranger, dit-on, à l’assassinat du connétable de la Cerda, favori du roi (1354), ou tout au moins il applaudit au crime de Charles le Mauvais. Bientôt après, il fut chargé de négocier la paix entre le roi de France et le roi de Navarre. Cette paix, qui fut signée à Nantes en 1354, était tout à l'avantage de ce dernier, ce qui fit accuser, non sans raison, le négociateur de s’être laissé séduire par l'artificieux Navarrois. La trêve qui avait été conclue avec l'Angleterre devant expirer l'année suivante, Pierre de Bourbon reçut la mission de se rendre à Avignon pour y conclure une paix définitive sous les auspices d'Innocent VI. Les négociations restèrent sans résultat, et la guerre reprit son cours. En 1356, le duc de Bourbon assistait à la bataille de Poitiers, où il succomba en voulant défendre le roi. Ruiné par ses prodigalités, il avait été excommunié par le pape, qui avait cru, par ce moyen, le contraindre à payer ses créanciers. Son corps, transporté à Poitiers, ne fut inhumé que lorsque son fils eut pris l’engagement d'acquitter les dettes paternelles.


BOURBON (Louis II, troisième duc de), dit le Bon et le Grand, né en 1337, mort en 1410, était fils du précédent. Après avoir rendu les derniers devoirs à son père, il alla, avec ce qu’il avait d’hommes d’armes, près du dauphin Charles, qui avait pris la régence du royaume pendant la captivité de Jean Ier et fut compris, en 1359, après le traité de Brétigny, au nombre des otages livrés au roi d’Angleterre pour garantir le payement de la rançon du roi de France. Louis resta à Londres pendant huit années. Bien que sa courtoisie et les grâces de son esprit lui eussent fait donner le surnom de roi d'honneur et de liesse, Édouard refusa longtemps de lui accorder sa liberté, même après avoir reçu sa rançon. De retour en France, il institua l'ordre de chevalerie de l’Écu d’or pour récompenser les chevaliers et les barons de son duché, qui, pendant sa longue absence, avaient protégé ses domaines contre les déprédations des grandes compagnies ; puis il fit, avec autant de succès que d'ardeur,la guerre aux Anglais dans le Poitou et dans la Saintonge (1371-1372). S'étant lié d’une étroite amitié avec Duguesclin, il alla combattre avec lui le duc de Bretagne, qui venait d'appeler les Anglais (1373). La duchesse tomba entre ses mains. « Ah ! beau cousin, lui dit-elle, suis-je donc prisonnière ? - Nenni, Madame, lui répondit-il, nous ne faisons pas la guerre aux dames. » Et il la renvoya à son mari. Bientôt après, il se rendait près du duc d'Anjou, prenait aux Anglais Brives-la-Gaillarde, l'Agenois, le Condomois et une partie de la Gascogne, et les expulsait complètement de l'Auvergne (1374). Une trêve ayant été conclue cette année même entre la France et l’Angleterre, Louis de Bourbon, sur l'invitation d'Henri Trastamare, se rendit en Espagne pour y combattre les Maures. Ce projet ne se réalisa point, par suite de la guerre qui éclata entre le Portugal et la Castille. De retour en France, le duc de Bourbon fit en Bretagne, avec Duguesclin, une expédition qui échoua et amena la disgrâce du connétable. Celui-ci avait renvoyé son épée au roi et se disposait à passer en Castille, lorsque Louis de Bourbon intervint, ramena l’esprit de Charles V à des sentiments plus équitables, et obtint de Duguesclin qu'il revînt sur sa détermination. Après la mort du roi, en 1380, Louis de Bourbon fut l’un des quatre princes du sang chargés de la tutelle de Charles VI, ainsi que de l'administration du royaume, et il fut le seul qui s'acquitta de cette mission d’une manière louable et désintéressée. En 1382, il prit part à la bataille de Rosebecq, dirigea le siège de Bourbourg, fit l'année suivante une expédition glorieuse contre les Maures d’Afrique, et, de retour en France, il batailla de nouveau contre les Anglais, à qui il enleva un grand nombre de places en Poitou et en Saintonge. Il se rendit alors près du roi ; mais, profondément dégoûté de la corruption qu’il vit régner à la cour, il résolut de s’en éloigner, et entreprit en 1390 une nouvelle expédition contre les Maures et les pirates de Tunis, à la tête d’une flotte de quatre-vingts vaisseaux. Bien que son armée se trouvât bientôt décimée par un climat meurtrier, il remporta plusieurs victoires, qui forcèrent le bey de Tunis à faire un traité par lequel il s'engageait à mettre en liberté tous les esclaves chrétiens, à payer 10,000 besants d’or pour frais de la guerre, et à ne plus inquiéter la navigation sur la Méditerranée. En 1392, Charles VI étant tombé en démence, le duc d'Orléans, son frère, et Philippe de Bourgogne se disputèrent le pouvoir et jetèrent un trouble profond dans le royaume par leur ambitieuse rivalité. Le duc de Bourbon tenta vainement d'apaiser les querelles sanglantes qui divisèrent de plus en plus les maisons de Bourgogne et d'Orléans. Il se retira dans ses domaines et mourut à Moulins. Aussi humain que brave, d’un esprit élevé et véritablement chevaleresque, Louis de Bourbon fut vivement regretté de tous ceux qui déploraient l'état d’anarchie profonde dans lequel se trouvait la France. Si l'on en croit un contemporain, les gens du peuple disaient, en voyant passer son convoi : « Ah ! mort, tu nous as ôté en ce jour notre soutien, celui qui nous gardoit et nous défendoit de toutes oppressions. C’étoit notre prince, notre confort, notre duc, le plus prud’homme et de la meilleure vie et conscience qu’on pût trouver. » Le duc de Bourbon ne s'était pas borné à faire bâtir des couvents et des hôpitaux, il avait fait fortifier et paver à ses frais plusieurs villes du Bourbonnais et de l’Auvergne.


BOURBON (Jean Ier, quatrième duc de), né en 1381, mort à Londres en 1434, était fils aîné du précédent. Longtemps l’ami de Jean sans Peur, il se déclara contre lui, lorsque celui-ci eut fait assassiner le duc d'Orléans, se jeta dans le parti des Armagnacs, et fut un des auteurs du honteux traité qui cédait à Henri IV une partie de la France. Quelque temps après, il se trouvait à Bourges, quand Jean sans Peur vint attaquer cette ville. Il se défendit avec tant d'habileté, que le Bourguignon leva le siège, et consentit à signer à Auxerre un traité, qui avait pour but de rétablir la paix entre les deux partis. Cette paix fut de courte durée, car bientôt après les Armagnacs rentraient dans Paris et forçaient les Bourguignons d’en sortir (1413). Les Parisiens ayant levé une armée pour exterminer les brigands qui infestaient les environs, Jean de Bourbon fut mis à sa tête et poussa les opérations avec une telle vigueur, qu’il purgea de ces bandes dévastatrices, non-seulement l'Île-de-France, mais encore l’Orléanais, la Touraine, le Maine et l'Anjou, et prit en terminant cette expédition la ville de Soubise, qui était entre les mains des Anglais. En 1414, il enleva aux Bourguignons Compiègne, Bapaume, alla rejoindre le roi et le connétable d’Albret, qui assiégeaient Arras, s'empara du commandement, malgré la présence du connétable, conduisit fort mal les opérations du siège, et fut envoyé en Guyenne pour y com--