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CASS

Cnaquetie dû père Btigcmul (bA), itiarehé 1 célèbre des zouaves français, qui en ont improvisé les paroles. Voici 1 origine de cette boutade : une nuit, le camp français est surpris par les Arabes ; une fusillade terrible jette un moment d’indécision parmi nos soldats h. moitié endormis. Tout k coup (le maréchal Bugeaud s’élance hors de sa tente ; sa présence ranime les Français : l’ennemi est repoussé. La lutte finie, le maréchal s’aperçoit que ses soldats chuchotent et sourient en le regardant. Il porte la main à la tête et reconnaît que ; dans sa précipitation, il est resté coiffé du casque peu héroïque que la chanson prête au roi u’Vvetot, d’un simple bonnet de cùton. Le lendemain, lorsque les clairons sonnèrent la marche, les zouaves, en mémoire de cette singulière coiffure, entonnèrent en chœur :

As-tu vu La casquette, Là casquette, As-tu vu La casquette du père Bugeaud 1

Le maréchal né s’en fâcha nullement. Deux ou trois jours plus tard, au moment de donner l’ordre du départ, il s’écria, en s’adressant aux clairons : «Clairons, sonnez la Casquette !* Ce nom est resté a la marche et a conduit plus d’une fois les zouaves k la victoire.

En septembre 1848 parut un écrit ayant pour litre : la Casquette du père Duchéne, pamphlet socialiste. L’auteur, M. Monbriul de Bassignal, fut poursuivi, condamné à six mois de prison, 1,000 fr. d’amendé, et la suppression de son ouvrage fut prononcée par Le tribunal.

CASQUETTE adj. (ka-skè-te— rad. casque, dans le sens d’ivresse). Pop. Pris de vin, commençant a avoir le casque : Un verre de vin de plus, elle était CASqusrru. Il ne voulut plus boire, quand il se sentit un peu casqukttb.

CASQUETTlERjiÊKÈ s. (ka-skè-lié, iè-rerad. casquette). Techn ! Celui, celle qui fait ou qui vend des casquettes : Une jolie casquet- TiÈau.

— Adjeetiv. Ouvrier casqvuttibr. Ouvrière

CASQUÊfflÉRB.

CASQUIIXON s. m. (ka-ski-ilon ; II mil.uimin. de casque). Moll. Nom vulgaire d’una coquille du genre nasse.

CASS s. m. (kass), Métrùl, Monnaie chinoise valant environ 1 centime, il On dit aussi cacH. Il Nom d’une mesure de capacité Usitée dans l’île de Chypre, et valant 4 litres 731.

CASS (Lewis), général et homme politique des États-Unis d’Amérique, flô à Exfelâf, État du New-Hnmpshire, le 9 octobre 1782, mort en 1866. Après avoir reçu, dahS sa ville natale, une instruction des [dus élémentaires, a, l’âge de dix-sept ans il partit a pied, traversa les monts Alleghany, et se rendit dans le Grand Ouest, qui n’était alors qu’une solitude k peu prés inexplorée. Il s’établit k Mafietta, dans l’État d’Ohio, y étudia la jurisprudence, et exerça avec succès la profession d’avocat. A l’âge de vingt-cinq ans, il fut élu membre de la législature de l’Ohio. En 1807, le président des États-Unis, Thomas Jeffevson, le nomma maréchal de l’État (chef de la police), et il garda cet emploi jusqu’en 1811, époque à laquelle il entra dans un corps de volontaires organisé pour repousser les agressions (tés tribus indiennes. Lorsque éclata la guerre contre l’Angleterre (1812), il entra au service des États-Unis, et fut élu colonel au 3« régiment de volontaires de l’Ohio. Par une marche difficile, il atteignit Détroit, capitale de l’État du Michigan, fit adopter par In gouvernement, comme mesure de guerre, l’invasion du Canada, rédigea la proclamation lancée dans ce but, passa le premier la frontière ennemie, livra et gagna la première bataille, celle1 de Turotitoe, Compris dans Ta capitulation de Détroit, et mis en liberté sur parole, il se rendit à Washington pour rendre compte de ce funeste événement. Il fut créé immédiatement colonel dans l’armée régulière, et fut peu après nommé brigadier général, en même temps qu’il était élu major général des volontaires de l’Ohio. Lorsqu’il eut été régulièrement échangé et relevé ainsi de sa parole, il retourna à la frontière et rejoignit l’armée chargée de réoccuper le Michigan, Se trouvant alors sans commandement, il se distingua en qualité d’aide de camp du général Harrison, a la bataille de la Tamise. En octobre l Si 3, le président Madison le nomma gouverneur du Michigan, position qui réunissait aux devoirs ordinaires de premier magistrat d’une région civilisée la conduite et la contrôle des relations avec les nombreuses et puissantes tribus indiennes de cette partie des États-Unis. Cette difficile mission fut remplie par le général Casa avec un dévoue-ment absolu et une habileté remarquable. Sous son gouvernement, la paix entre les blancs et tes Indiens ne fut pas un instant troublée, et l’ordre qu’il sut établir et maintenir donna k la prospérité du pays une impulsion extraordinaire. Le général Cass conserva cette position jusqu’en juillet 1831, époque où le président Juckson le nomma ministre de la guerre. À la fin de 1830, le même président l’envoya, en France comme ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire. En 18-12, Cass demanda son rappel et revint aux États-Unis. En janvier 1845, la législature du Michiiiau le nomma sénateur des

CASS’

États-Unis ; Il ne conserva son siégte que trots. ans, et donna sa démission en mars 1848, pour poser sa candidature à la présidence des États* Unis. Son compétiteur j le général Taylor, ayant été élu, la législature du Michigan le nomma de nouveau sénateur. Lorsque M. Buj chanan prit la présidence des États-Unis (1857), il donna au général Cass le porté feuille de la guerre. Le général le conserva pendant toute l’administration de M. Bûcha* nan et donna sa démission en décembre 1860 ; Depuis, il est rentré dans la vie privée ; M. Cass peut être rangé parmi les hommes de lettres américains. La réunion dé ses écrits politiques* de ses œuvres diverses et de ses discours forme plusieurs volumes ;

CASSABLE adj. (ftâ-sa^ble — rad. casser). Qui peut être casfeé : Ce bois est cassàbuj,

— Fig. Qui peut être annulé, dissous ;

Mais d’un sécrét bymeii l’acte est toujours cassable*

Al. Duval. CASSACOtj s. ni ; (ka-sa-kou). Agric. Noni donné a de petits échalas de deux pieds de long, qui servent, dans le Môdoc, k fixer les rameaux de la vigne : Lés cassacoOs sont presque exclusivement en bois de pin de dix dus.


CASSADE s. f. (ka-sa-de — de l’ital. cacciare, chasser, pousser, ou du lat. cassus, vain, frivole). Défaite, mensonge, mauvaise excuse : Donner une cassade. Défaites-vous de cette vieille masque-là ; c’est une cassade que je lui donne. (Danc.)

Un valet...
L’avait galantement payé d’une cassade.

                                    RÉGNIER.

- Jeux. Faire une cassade, Faire un renvi avec vilain jeu, afin d’obliger les autres joueurs à quitter.


CASSAGE s. m. (ka-sâ-je — rad. casse-). Métalî. Opération consistant à réduire les minerais en petits morceaux, afin de les débarrasser de la gangue qui les accompagne, et de les préparer aux manipulations ultérieures : Banc de cassage. Depuis quelques années, on fait exécuter le concassement et même le cassage des minerais par dès cylindres.

— Techn, En terme de tisseur, Étirage d’une étoffe en sens oblique. || Fouettement que l’on fait subir aux satins légers, en soie, pour leur donner de la couverture.


CASSAGNAC ou CASSAIGNAC (Granier de). V. Granier.

Une question très-contestée est de savoir si M. Bernard-Adolphe Granier, né à Avéron-Bergolle (Gers) le 12 août 1800, et non en 1808, comme le dit le Dictionnaire des Contemporains, par M. Vapereau, a ou non des droits à la particule nobiliaire de. c’est-à-dire s’il se nomme Granier tout court ou Granier de Cassagnac. Ce n’est pas ici que ce problème doit trouver sa solution ; nous croyons pouvoir assurer qu’il sera complètement résolu à l’ordre alphabétique Granier ; là tout sera pesé, examiné, sans haine et sans passion, sine ira ac studio, comme dit Tacite. On aurait tort de confondre le Grand Dictionnaire avec le journalisme, qui est toujours libre de soulever les questions qu’il aime à traiter. Chez nous, l’ordre alphabétique est la seule règle ; il n’est pas de terrain, si brûlant qu’il soit, que nous ne nous croyions obligé de fouiller. Cette voix est toujours derrière nous, qui nous crie comme à Ahasvérus : « Marche ! marche ! » Quoi qu’il doive arriver, nous sommes contraint d’obéir à cette épigraphe écrite à la première page de notre œuvre : « La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. » Mais, nous le répétons, point de passion, point de parti pris. Quand de nouveaux documents lui arrivent, le Grand Dictionnaire ne dit jamais : « Mon siège est fait. »


CASSAGNE ou CASSAIGNE (l’abbé Jacques), littérateur français, né à Nîmes en 1636, mort en 1679. Il rédigea d’abord des canevas de sermons pour les prédicateurs, composa ensuite de fort médiocres poésies, qui lui ouvrirent les portes de l’Académie française, où il remplaça Saint-Amand (1662). Il fut nommé par Colbert garde de la bibliothèque du roi et membre de l’Académie des inscriptions. Désigné pour prêcher à la cour, il n’osa monter en chaire, intimidé par le trait que lui avait décoché Boileau dans ces trois vers :

Moi qui ne compte rien, ni le vin ni la chère,
Si l'on n’est plus à l’aise assis en un festin
Qu’aux sermons de Cassagne ou de l’abbé Cotin.

On prétend même que de nouvelles moqueries du cruel satirique égarèrent sa raison, et qu’on fut obligé de l’enfermer au couvent de Saint-Lazare, où il termina sa vie ; mais ce fait a été contesté, Pour donner une idée du poëte, nous citerons de lui cette pièce, qui a pour titre : Vers sur la mort, et qui a paru dans l’Élite de poésies fugitives ;

Roses en qui je vois paraître
Un éclat si vif et si doux,
Vous mourrez bientôt ; mais peut-être
Je dois mourir plus tôt que vous.

La Mort, que mon âme redoute,
Peut m’arriver incessamment,
Vous mourrez en un jour, sans doute,
Et moi peut-être en un moment.

Si Cassagne ne s’éleva jamais au-dessus de la médiocrité et comme poète et comme orateur de la chaire, on ne saurait lui contester toutefois une érudition solide et variée. Fort apprécié de Colbert et ami de Chapelain, il reçut une pension de 1,500 livres et fut un des beaux esprits du temps les mieux rentés. Dans son poème de Henri IV, qui lui conquit surtout la faveur du ministre, on trouve ces deux vers dont Voltaire s’est approprié le dernier dans sa Henriade ;

Lorsque après cent combats je possédai la France
Et par droit de conquête et par droit de naissance.

Outre la préface des œuvres de Balzac, édition de 1665, Cassagne a publié : Traité de morale sur la valeur (Paris, 1674, in-12) ; une traduction des Dialogues de l’orateur, de Gicéron, sous le titre de Rhétorique de Cicéron (Paris, 1673, in-8o) : une traduction de Salluste : Histoire de la guerre des Romains (Paris, 1675, in-8o), en tête de laquelle on trouve sous forme de discours préliminaire, une dissertation sur l’art d’écrire l’histoire, etc. En dépit d’un savoir incontestable et d’un bon jugement, Cassagne, par le fait d’une boutade de Boileau, se trouve pour jamais classé parmi les immortels voués à la célébrité du ridicule-.


CASSAGNE (l’abbé Joseph La), musicographe français du XVIIIe siècle. On lui doit : Recueil de fables mises en musique (1754) ; Alphabet musical (1765) ; Traite général des éléments du chant (1766), et Uniclefier musical (1768), ouvrage où l’auteur prouve qu’on peut réduire toutes les clefs à une seule.


CASSAGNE (Louis-Victorin), général français, ^ en 1774. il entra dans l’armée, en 1793, comme lieutenant d’pne compagnie franche, servit en Italie, puis en Égypte, fut blessé au siège de Saint-Jean-d’Àere et nommé chef de bataillon. Il se distingua ensuite k la bataille d’Iéna, fut élevé au grade de général de brigade et envoyé en Espagne, où il continua de servir avec distinction. Nommé général de division en 1813, il fut fuit prisonnier lors de la capitulation de Dresde. À la première restauration, il fut chargé de commander le département de la Haute-Garonne ; mais comme il s’était rallié k Napoléon pendant les Cent-Jours, il fut mis en Bon-activité en 1815.

CASSAGNES-BEGONHÈS, bourg de France (Avéyron), ch.-l. de cant., arrond. et k 26 kil. S. de Rodez ; pop. âggl. 354 hûb. — pop. tôt-. 1,436 habv Ce bourg, bâti sur la rive fauche du Séor, a conservé sa vieille enceinte flanquée de tours. Les Anglais l’ont possédé pendant longtemps, et, au sièele dernier, on voyait encore leurs armes sûr les portes du village. Restes d’une maison de templiers ;

CASSAIGNOI.ES, magistrat et homme politique, né k Vlc-Fézensac en 1753, mort eu 1840. Il était conseiller k la cour royale d’Ageii lorsqu’il fut élu député en 181* pkr le département du Gers. À la Chambre, il !se montra partisan d’une liberté sage et modérée. Bientôt il fut nommé premier président de la cour royale de Nîmes. Sous le ministère Villèle, il cessa de faire partie de la Chambré, ihkis il fut réélu en 1829 et en 1830. Commençant k sentir ses forces s’épuiser^il se dêiftit, en 1833, de ses fonctions de magistrat ; mais bientôt après Louis-Philippe le nomma ’pair de France.

CASSAILLE s. f. (ka-sa-lle ; tt mil. — rad. casser, rompre). Agric. Premier labour qu’on donne k une terre restée en jachère, dès le commencement de l’été.

CASSAN (Jacques de), archéologue, né à Toulouse, mort vers le milieu du Xvir» sièele. Il était avocat du roi au siège présidial de Béziers. Ses principaux ouvrages ont pour titre : Discours sur l’antiquité et excellence du Languedoc (1617) ; les Dynasties, ou traicté des anciens rois des Gaulois et des Français (1621) ; Premier fondement et progrès de la monarchie gauloise (IGS6) ; Recherche des droits du roi de France sur les royaumes, du~ ckés, etc., occupés par les princes étrangers (1632), ouvrage qui lit grand bruit et fut violemment attaqué à l’étranger.

CASSAN (Armand-Jules-Lêon), administrateur et archéologue français, né k Saint-Germuin-lez-Couilly en 1803, mort en 1837. Nommé sous-prêfet de Mantes en 1830, il montra beaucoup de fermeté pour arrêter les factieux qui voulaient piller la propriété de Rosny, et la duchesse de Berry lui en fit de chaleureux remerclments. Il entreprit ensuite à ses frais des fouilles archéologiques, dont il publia les résultats. On lui doit : Lettres inédites de Marc-Aurêle et Fronton, retrouvées sur tes palimpsestes de Milan et de Rome (1830, 2 vol. in-8o), ouvrage qui fut couronné par l’Académie française ; Statistiquede l’arrondissement de Manies ; Antiquités gauloises et gallo-romaines de l’arrondissement de Mantes.

ÇASSANÀ (Jean-François), peintre italien, uékCassanaen 1611, mortes 1691. Il lutta longtemps contre la pauvreté, trouva enfin un protecteur dans Alexandre II, prince de la Mirandole, et fit des tableaux pour diverses églises. Il eut trois fils et une fille, qui cultivèrent aussi la peinture. — Niccolo CaSSANAj son fils aîné, né à Venise en 1659, mort en 1713, fut appelé k Florence par le grand-duc Ferdinand et devint habile peintre de portraits. On lui doit aussi une toile représentant la Conjuration de Calilina, et une belle copie du Saint Pierre martyr, du Titien. Sur la fin de sa vie, il passa en Angleterre et fut nommé

CASS’

premier peintre de là reine Anne. — Jean-Augustin Cassana, mort k Gênes en 1726, après avoir peint le portrait comme son frère Niecolo, s’appliqua à peindre les animaux, et plusieurs de ses compositions en ce genre peu» vent lutter avec celles du Benedette. — Jean-Baptiste Cassana peignit les fleurs, les fruits et les animaux. <— Enfin Marie Cassanaj morte k Venise en 17iij peignit des sujets sacrés en demi-figures.

CàSSANÎJRÀ. V. FëdeLb.

CASSANDRE s. f, (ka-san-dre-du nom de la fille de Priam), Personne dont on ne vent pas suivre les avis on croire les prédictions : Le sentiment de mes fautes m’accable, et c’est une amire consolation que de te les confier*, pauvre Cassandre inécoutée. (Balz.)

...... C’est une autre CàisaiiSrè,

Qu’on ne croit point, qu’on iié veut jfoirii entendra.

Lauotte,

— Ûhorégr. Danse célèbre du temps de Ronsard, et ainsi appelée du nom de la maîtresse de ce poëte.

— Moll. Nom donné par les anciens auteurs k la coquille vulgairement appelée aujourd’hui harpe de David, et qu’on trouve sur les côtes de l’Ile de Cassati s ce qui aura fait songer k lui donner le nom de la fille de Priam.

— Bot. Genre de végétaux ligneux, de là famille des érielnêes, regardée par plusieurs auteurs comme Une simple section du genre andromède.

CASSANDP.E. personnage de la comédie italienne^ type des vieillards imbéciles et crédules, connus k la scène française sous le nom de ganaches ou pères dindons* Il prit naissance à Paris et servit à remplacer le pantalon et le docteur, qui avaient primitivement le monopole des pères, tuteurs, vieux amoureux ridicules et bafoués. Le Cassandre, jouet ordinaire et dupe facile de Lélio, de Colombine^ d’Arlequin et plus tard de Pierrot j jouit d’une grande vogue dans les vingt dernières années du xvmo siècle.

A raison de dix sous par pince, Chez Nicotet nos bans bourgeois Allaient voir Cmsatldre et Paillasse ; C’était la galté d’autrefois,

a dit Brazier.

h’Histoire anecdotique et raisonnée du Théâtre-Italien jusqu’à l’année 1769 ne contient aucune mention de ce personnage. Le Cassandre qui nous occupe parut d’abord en 1780, dans une comédie-parade de Piis et Barré, donnée aux Italiens avec beaucoup de succès, et intitulée Cassandre oculiste. Cette pièce, dont le sujet était tiré d’un conte imprimé dans l’AImanach des Muses en mo, fut suivie de Cassandre mécanicien ou le Bateau volant, en un acte (1783) ; Cassandre astrologue ou le Préjugé de la sympathie, en un acte (1784) ; Cassandre le pleureur, para de en deux actes (1785), etc. Après quelques années de vogue, Cassandre descendit sur des scènes dé dernier ordre, puis dans les parades des boulevards où, sous l’Empire et la Restauration, il donnait la réplique aux pitres aimés des badauds* enfin les Marionnettes l’ont accaparé ; c’est sur ces baraques, que Lemieri’e appelait des

Opéras sur roulette, et qu’on porte à dos d’homme,

que ce vieillard absurde, ridicule et grotesque, devait terminer Une existence bêlement employée k servir de cible k des drôles et k des drôlessés. Il ne fait plus rire que les bonnes d’enfants, MM. les militaires et le lycéen kqui l’abus des racines grecques n’a point encore fait perdre tout goût littéraire. Dieu fasse paix k son habit noisette et k l’ivoire de son crâne ! Quant k lui, il peut tomber dans le néant ; si son nota disparaît un jour, sa postérité n’est pas près de s’éteindre, et il y a sur le boulevard, à l’heure qu’il est, quantité de petits jeunes gghs bien pommades, rigoureusement cravatés et suffisamment prêts k faire un jour honneur k leur ancêtre.

Mais le nom de Cassandre Subsistera longtemps encore, sinon au théâtre, au inoins dans la littérature, pour désigner un vieillard ridicule et toujours dupé, comme ie prouvent les citations suivantes :

« Si je tiens k ce qu’un homme soit braveI Comment en serait-il autrement, avec l’exemple que j’ai soUs les yeux ? Ce n’est pas en vain que je suis votre tille. Si j’avais été un homme, j’aurais été soldat. C’est là le premier des états, le seul que l’on puisse embrasser avec orgueil et passion. Comprend-on que des êtres portant barbe au menton se fassent avocats, notaires’ ou agents de change * et qu’il se trouve des femmes qui consentent k épouser de pareils Cassandresl » Ch. de Bernard,

«Je renonce k donner de la publicité aux nouvelles chansons qui pourront me venir encore. Avec l’âge, la malice cesse d’être de saison, bien qu’on dise souvent chez nous : un malin vieillard. Les malins vieillards ne sont guère propres qu’à faire des Bartholo, qui, tout fins qu’ils sont, finissent toujours par être traités comme des Cassandres. Je veux éviter, si je puis, ce petit malheur arrivé k plus d’un homme célèbre de mon temps. »

BÉRANGKR,