Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 3, part. 2, Caq-Cel.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

360

CARA

Mlndanao, partie de la Malaisie espagnole, à 180 kilom. N.-B. de la ville de Mindsuao, ch.-l. de la province de son nom ; 3,600 hab. v Exportation d’or et de poudre d’or, que l’on recueille dans les montagnes et les rivières aurifères de cette province.

CARAGACH s. m. (ka-ra-gach). Comra. Sorte de coton de Smyrne.

CARAGALE s. f. (ka-ra-ga-le). Bot. Syn.

de CARAGATE.

CARAGAN s. m. (ka-ru-gan — du tartare karachana). Bot. Genre de végétaux, ligneux, de la famille des légumineuses et de la tribu des lotées, formé aux dépens des robiniers, et comprenant une vingtaine d’espèces, qui croissent dans !es régions centrales de l’Asie : Le caragan de la Chine a des fleurs très-grandes. (V. de Bomare.) Le caragan argenté mérite une place dans les jardins paysagers. (Bosc.) Il On dit aussi cakagana ou caraguana.

— EneycL Ce genre comprend une vingtaine d’espèces confondues autrefois avec les robiniers. La plus intéressante est le caragan arborescent (earagana arborescens), vulgairement nommé arbre aux pois. C’est un arbrisseau de quelques mètres de hauteur, originaire de la Sibérie, et qui est assez fréquemment cultivé dans nos jardins d’agrément ; ses fleurs sont jaunâtres, et réunies en bouquets à ruisselle des feuilles. Mais le charmant effet qu’il produit dans les massifs n’est pas le seul titre qui le recommande à l’attention des cultivateurs. D’après Bosc, ce serait une excellente acquisition pour la grande culture ; en effet, cet arbrisseau est très-rustique, croît rapidement et se contente des sols les plus médiocres. Sa disposition à se mettre en touffes impénétrables aux. animaux le rend extrêmement propre à faire des liaies ; ses tiges, exploitées tous les quatre ou cinq ans, produisent une assez grande quantité de bois ; son écorce sert à faire des cordes ; sa racine a un goût sucré, et plaît beaucoup aux cochons ; ses feuilles constituent un excellent aliment pour tous les animaux domestiques, notamment pour les moutons ; ses graines peuvent se manger comme les pois, et conviennent beaucoup

’ aussi à la volaille ; enfin, toutes ses parties fournissent une assez belle couleur jaune. Les Caragans épineux, frutescent, pygniée, argenté, etc., sont des arbrisseaux d ornement très-distingués.

CARAGATE s. f. (ka-ra-ga-te). Bot. Genre de plantes, de la famille des broméliacées, voisin des Ûllandsies, et renfermant quatre espèces peu connues. Il On dit aussi cakaguatk.

Il V. TJLLANDSIES.

CARAGLIO, ville du royaume d’Italie, province et à 10 kilom. O. de Coni.sur laGrana ; 6,000 hab. Collège communal fileries de soie et fabriques de soieries.

CARAGLIO, CARALIO ou CARÀLIUS (Jean-Jacques), graveur italien, né à Vérone ou à Parme vers 1500 ou 1512, mort en 1571. Il se plaça au premier rang par ses belles estampes d’après Raphaël, le Titien et les plus grands maîtres italiens ; se livra ensuite avec passion a la gravure des médailles et des pierres fines, et se fit dans cette carrière nouvelle une réputation brillante, qui s’étendit dans toute l’Europe.

CARAGNE s. f. (ka-ra-gne ; gn mil.). Comm. Gomme résineuse fournie par un térébinthe de la Colombie.

— Adjectiv. : Gomme caragnb.

CARAGNOLE s. m. (ka-ra-gno-Ie ; gn mil.). Jeux. Autre nom du biribi.

CARAGROUCH s. m. (ka-ra-grouch). Métrol. Piastre de 40 paras, au titre de 550 millièmes, qui a cours à Constantinople pour 116 aspres, et vaut, en argent de France, 2 fr. 95 cent. Son poids est de 24 gr. 51.

CARAGUE s. m. (ka-ra-ghe — du brésilien çarigueia, sarigue). Mamm. Nom vulgaire du sarigue opossum : Le caragoe est 4e couleur brune. (V. de Bomare.)

CARAGUE s. f. (ka-ra-ghe). Art vétér. Un des noms vulgaires de la maladie des bestiaux appelée clavelée.

CARAGUEL (Clément), littérateur etjournaliste français, né à Mazamet (Tarn) en 1819.11 a été Successivement attaché au Vert-Vert, à YEntr’acte, au National, à la Revue de Paris, etc ! À partir de 1848, il devint un des rédacteurs les plus actifsdu Charivari jusqu’en 1865, époque où il est entré dans la rédaction du Journal des Débats. M. Caraguel est un écrivain plein de verve caustique-et de l’esprit le plus tin, H appartient a l’opinion démocratique. Il a fait représenter à l’Odéon une charmante petite comédie, le Bougeoir-(1852), qui fait partie du répertoire du Théâtre-Français depuis 1856. On lui doit encore : les Soirées de Taverny, recueil de nouvelles publié en 1854 ; Messieurs tes Cosaques (1854), en collaboration avec Taxile Delord et Louis Huart ; Souvenirs et aventuresd’unvolonlairegaribaldien (1861), souvenirs qui ont été écrits sur des notes fournies par un des Mille.

CARAGUEUZ ou CARAGHEUZ, personnage populaire du théâtre des marionnettes à Constantinople. Caragueuz est pour les Turcs ce que Pulci.nella est pour les Napolitains ; chacun des deux est un type qui résume an lui

CARA "

les qualités et les vices du peuple dont il est l’ami : Pulcinella plaît par son esprit, sa Verve, sa souplesse, voire même par la bassesse de son caractère ; Caragueuz- a des qualités plus physiques, il se rapproche beaucoup du Priape antique, et c’est par des exploits dignes de ceux d’Hercule près d’Omphale qu’il plaît à la population turque. Sa marionnette en bois, avec ses attributs les plus indécents, sert communément de jouet, et c’est le cadeau que les parents font ordinairement à leurs enfants. Ne nous en étonnons pas, car ceci se passe 3ans un pays où jadis, aux fêtes de Bacchus, le phallus était promené processionnellement ; puis, comme le dit Montesquieu, avec les latitudes changent les idées et les mœurs, et l’Italie, qui estbeaucoup plus près de nous, a encore bien des coutumes qui nous paraissent, sinon monstrueuses, du moins inexplicables. Voici quelques détails donnés par Gérard de Nerval, dans son Voyage en Orient, sur une représentation de Caragueuz, et sur le théâtre à Constantinople, ou les rôles de femmes sont remplis par des hommes, comme cela se pratiquait encore à Rome au siècle dernier. « Les acteurs, vêtus de vestes brodées d’or, portaient sous leurs tarbouches élégants de longs cheveux nattés comme ceux des femmes. Les paupières rehaussées de noir et les mains teintes de rouge, avec des paillettes appliquées sur la peau du visage et des mouchetures sur leurs bras nus, ils faisaient au public un accueil bienveillant, et recevaient le prix d’entrée, en adressant un sourire gracieux aux effendis qui payaient plus que le simple populaire. Un irmêlikallen (pièce d’or de 1 fr. 25) assurait aux spectateurs l’expression d’une vive reconnaissance, et une place réservée sur les premiers bancs. Au demeurant, personne n’était astreint qu’à, une simple cotisation de dix paras. Il faut ajouter que le prix d’entrée donnait droit à une consommation de café et de tabac. Les sorbets et les divers rafraîchissements se payaient à part. Dès que je fus assis sur l’une "des banquettes, un jeune garçon élégamment vêtu, les bras découverts jusqu’aux épaules, et qui, d’après la grâce de ses traits pudiques, eût pu passer pour une jeune fille, vint me demander si je voulais une chibouque ou un narghilé, et, quand j’eus choisi, il m’apporta en outre une tasse de café. La salle se remplissait peu à peu de gens de toute sorte ; on n’y voyait pas une seule femme ; mais beaucoup d enfants avaient été amenés par des esclaves ou des serviteurs. Ils étaient la plupart bien vêtus, et, dans ces jours de fête, leurs parents avaient voulu sans doute les faire jouir du spectacle ; mais ils ne les accompagnaient pas, car en Turquie l’homme ne s’embarrasse ni de la femme ni de l’enfant, chacun va de son côté, et les petits garçons ne suivent plus les mères après le premier âge. Quand la salle se trouva suffisamment garnie, un orchestre placé dans une haute galerie lit entendre une sorte d’ouverture. Pendant ce temps, un des coins de la salle s’éclaira d’une manière inattendue : une gaze transparente, entièrement blanche, encadrée d’ornements en festons, désignait le lieu où devaient’apparaître les ombres chinoises. Les lumières qui éclairaient d’abord la salle s’étaient éteintes, et un cri joyeux se fit entendre quand l’orchestre se fut arrêté. Le silence se lit ensuite, puis on entendit derrière la toile un bruit pareil à celui que feraient des morceaux de bois remués dans un sac ; c’étaient les marionnettes qui, selon l’usage, s’annonçaient par ce bruit, accueilli avec joie par les enfants. Aussitôt, un Spectateur, compère probablement, se mit à crier k l’acteur chargé de faire parler les marionnettes : « Que nous donneras-tu aut jourd’hui ? p À quoi celui-ci répondit : « Cela est écrit au-dessus de la porte pour ceux

« qui savent lire. — Mais j’ai oublié ce qui

« m’a été appris par le hodja. — Eh bien ! il s’agit ce soir de l’illustre Caragueuz, vie-time de sa chasteté. — Mais comment pourras-tu justifier ce titre ? — En comptant sur l’intelligence des gens de goût, et en implorant l’aide d’Ahmad aux yeux noirs. » L’orchestre se remit à jouer, et l’on vit apparaître derrière la gaze une décoration qui représentait une place de Constantinople, avec une fontaine et des maisons sur le devant. Ensuite passèrent successivement un cavas, un chien, un porteur d’eau et autres personnages mécaniques, dont les vêtements avaient des couleurs fort distinctes, et qui n’étaient pas de simples silhouettes, comme dans les ombres chinoises que nous connaissons. Bientôt l’on vit sortir d’une maison un Turc, suivi d’un esclave qui portait un sac de voyage ; il paraissait inquiet, et, prenant tout à coup une résolution, il alla frapper à une autre maison de la place, en s’écriant : « Caragueuz I Caragueuz I mon meilleur ami, est-ce que tu dors encore ? ■ Caragueuz mit le nez à la fenêtre, et, à sa vue, un cri d’enthousiasme résonna dans tout l’auditoire. Puis, ayant demandé le temps de s’habiller, it reparut bientôt et embrassa son ami : • Écoute, dit ce dernier, j’attends de toi un grand service ; une affaire importante me force d’aller à Brousse ; tu sais que je suis le mari d’une femme fort belle, et je t’avouerai qu’il m’en coûte de la laisser seule, n’ayant pas grande confiance dans mes gens. Eh bien ! mon b ami, il m’est venu cette nuit une idée, c’est de te faire le gardien de sa vertu. Je sais ta délicatesse et l’affection profonde que tu as pour moi, je suis heureux de te donner

CARA

« cette preuve d’estime.—Malheureux ! dit Caragueuz, quelle est ta folie ? regarde-moi donc un peu. — Eh bien ? — Quoi, tu ne comprends pas, en me voyant, que ta femme ne pourra résister au désir" de m’appartenir.

— Je ne vois pas cela, dit le Turc ; elle m’aime, et si je puis craindre quelque séduction à laquelle elle se laisse prendre, ce n’est pas de ton côté qu’elle viendra ; ton honneur

« d’abord m’en répond, et puis ensuite, par Allah I tu es singulièrement bâti, ’ « Le Turc s’éloigne. « Aveuglement des hommes, « s’écrie Caragueuz, moit singulièrement bâti ! dis donc trop bien bâti, trop séduisant, trop beau, trop dangereux I Enfin, dit-il en monologue, mon ami m’a commis la garde de sa femme, il faut répondre à sa confiance ;

■ allons nous établir sur son divan ; mais sa femme, curieuse comme elles sont toutes,

« voudra me voir, et du moment que ses yeux se seront portés sur moi, elle sera dans l’ad « miration et perdra toute retenue. N’entrons pas, restons à’ la porte de ce logis, comme un spahi en sentinelle. Une femme est si peu de chose, et un véritable ami est un bien si »raret« Et en parlant ainsi, Caragueuz, à travers la gaze légère qui fondait les tons de la décoration et des personnages, se dessinait admirablement avec son œil noir, ses sourcils nettement tracés, et les avantages les plus saillants de sa désinvolture, Son amourpropre, au point de vue des séductions, n^ paraissait pas étonner les spectateurs... Ici la pièce tourne au fantastique. Caragueuz, pour se soustraire aux regards de la femme de son ami, se couche sur le ventre en disant : « J’au « rai l’air d’un pont. » il faudrait se rendre compte de sa conformation particulière pour comprendre cette excentricité. On peut se figurer Polichinelle, posant la bosse de son ventre comme une arche, et figurant le pont avec ses pieds et ses bras ; seulement Caragueuz n’a pas de bosse sur les épaules. Il passe une foule de gens, des chevaux, des chiens, une patrouille, puis enfin un arabas, traîné par des bœufs et chargé de femmes ; l’infortuné Caragueuz se lève à temps pour ne pas servir de pont à une si lourde machine. Une scène, plus comique à la représentation que facile a décrire, succède à celle où Caragueuz, pour se soustraire aux regards de la femme de son ami, a voulu avoir l’air d’un pont. Dans cette scène, d’une excentricité qu’il serait difficile de faire admettre chez nous, Caragueuz se couche sur le dos et désire avoir l’air d’un pieu. La foule passe, et tout le inonde dit : • Qui est-ce donc qui a planté là

« ce pieu ? il n’y en avait pas hier ; est-ce du chêne ? est-ce du sapin ? ■ Arrivent les blanchisseuses revenant de la fontaine, qui étendent du linge sur Caragueuz. Il voit avec plaisir que sa supposition a réussi. Un iustant après, entrent des esclaves menant des chevaux à l’abreuvoir ; un ami les rencontre et les invite à entrer dans une galère, pour se rafraîchir ; mais où attacher les chevaux ? tiens 1 voilà un pieu, et on attache les chevaux à Caragueuz. Bientôt des chants joyeux, provoqués par l’aimable chaleur du vin de Ténédos, retentissent dans le cabaret ; les chevaux impatients s’agitent ; Caragueuz, tiré à quatre, appelle les passants à son secours, et démontre douloureusement qu’il est victime d’une erreur. On le délivre et on le remet sur pied. •

Nous avons emprunté tous ces détails à Gérard de Nerval, parce qu’ils sont caractéristiques et difficiles à raconter. La dernière invention de Caragueuz n’est pas entièrement neuve, et dans son Apologie pour Hérodote, Henri Estienne introduit un individu qui s’avise d’un pieu du même genre pour servir de grand mât à son vaisseau.

Voici en quelques mots la fin de cette pochade : Quand la dame sort de sa maison, elle aperçoit Caragueuz, et, séduite par la vue de ses avantages extérieurs, elle devient aussitôt amoureuse de lui : • Le bel homme t • s’écrie-t-elle, et elle lui demande ce qu’il fait là. En vain le pauvre Caragueuz fait tous ses efforts pour lui échapper, elle veut lui prendre la main et le faire entrer chez elle. • Ne me touchez pas, s’écrie l’héroïque ami, je suis impur, un chien m’a léché le visage. ■ Cette raison seule arrête la dame ; elle lui dit d’aller se purifier, et revient un moment après avec toutes ses amies pour leur faire admirer un homme si bien bâti. Le nouveau Joseph est à bout de résistance, il va être forcé de céder, quand heureusement passe l’ambassadeur de France, qui consent à le prendre dans sa voiture et k l’arracher à tant de périls.

Ainsi finit cette pièce, qui représente assez fidèlement les mœurs et les caractères du pays. C’est l’éternelle histoire de l’amour physique, qui pousse les deux sexes à se rapprocher, et qui, à l’aide de certains déguisements, a servi de canevas aux romans et aux comédies de tous les peuples. Il n’y a de différence que dans la manière dont les choses sont exprimées, selon le plus ou moins de culture d’un peuple et le raffinement plus ou moins grand de sa langue. Le Pulcinella de Naples, les marionnettes de Bologne, le Guignol lyonnais ont des scènes presque aussi lestes, des mots tout aussi équivoques que Caragueuz ; ils n’en diffèrent que par une plus grande retenue dans les gestes et la désinvolture. Tous les voyageurs sont unanimes pour flétrir l’indécence de ce spectacle, qui fait la joie des jeunes garçons et des jeunes filles turques :

■ Les enfants, et surtout les petites filles de

CARA

huit à neuf ans, abondaient à ce spectacle, dit Théophile Gautier, confirmant le récit de Gérard de Nerval. De leurs beaux yeux étonnés et ravis, épanouis comme des fleurs noires, elles regardaient Caragueuz se livrant à des saturnales d’impuretés, et souillant tout de ses monstrueux caprices. Chaque prouesse erotique arrachait à ces petits anges, naïvement corrompus, des éclats de rire argentins et des battements de mains à n’en plus finir. La pruderie moderne ne souffrirait pas que l’on rendit compte de ces folles atellanes, où les scènes lascives d’Aristophane se combinent avec les songes drolatiques de Rabelais. Figurez-vous l’antique dieu des jardins habillé en Turc et lâché à travers les harems, les bazars, les marchés d’esclaves, les cafés, dans les mille imbroglios de la vie orientale, et tourbillonnant au milieu de ses victimes, impudent, cynique et joyeusement féroce. On ne saurait pousser plus loin l’extravagance ithyphallique et le dévergondage d’imagination obscène. • Singulière bizarrerie I aucun Turc ne voudrait laisser paraître sa femme sur un théâtre, mais tous permettent k leurs filles d’aller s’instruire à cette école d’immoralité ! Les dames turques sont l’objet de jalouses précautions, qu’on pourrait croire prises pour éloigner d’elles jusqu’à l’idée du mal. Grande erreur ! le sultan et les riches musulmans font venir Caragueuz dans leurs maisons et donnent à leurs femmes un spectacle qui ne fait qu’aiguillonner la passion que le climat allume dans leurs veines, et qu’attise un système absurde de compression et de tyrannie. Peu importe à ces gens, dont l’honneur est protégé par des grilles infranchissables, et qui n ont de jalousie que ce que ce sentiment a. de bas et de grossier. Plusieurs fois, la censure a essayé de mettre un frein aux excentricités de Caragueuz ; mais de semblables réformes sont impossibles à exécuter par ce gouvernement faible et corrompu, qui est appelé à disparaître de l’Europe civilisée.

CARAÏBE s. et adj. (ka-ra-i-be). Indigène des Antilles et des côtes voisines de l’Amérique ; qui a rapport à ce peuple : Les Caraïbes. Les mœurs caraïbes. Il ne reste plus, dans les Antilles, Qu’un petit nombre de familles de Caraïbes qui se sont mêlés amc les nègres, Complôm. de l’Acad.)

— s. m. Langue des Caraïbes : Parler le

— Encycl. Hist. De toutes les nations anthropophages de l’Amérique, les Caraïbes sont sans contredit ceux qui, depuis la découverte du nouveau monde, ont le plus fixé l’attention de la science. Leur nom même, si l’on ajoute foiàl’étymologiequ’on en a donnée, attesterait l’orgueil d’une race puissante et belliqueuse, car il signifierait l’homme par excellence, et, ainsi que Nahual dans le Nord, le mot Cara, dans le Sud, n’aurait été à l’origine qu’une sorte de titre d’honneur qu’on décernait aux chefs qui s’étaient distingues par quelque action d’éclat. Le père Lafiteau prétend que les Caraïbes et le* Cariens ont une origine commune. Le Père Dutertre leur donne, avec le Père Raymond et d’autres écrivains, la Guyane pour berceau, parce qu’il leur a toujours entendu dire qu’ils descendaient des Gulibis, peuple de la terre ferme, leurs plus proches vo ; sins ; que leur vrai nom était Callmagos, et que les Européens leur avaient donné la dénomination de Galibis et de Caraïbes ; qu’ils avaient été conquis par tes Galibis, habitants du continent ; que ces derniers avaient détruit tous les naturels, à la réserve des femmes ; que ces femmes avaient toujours conservé quelque chose de la langue des vaincus et du souvenir de la conquête, après laquelle vainqueurs et vaincus furent confondus sous le même nom de Caraïbes, qui voulait dire forts et vaillants. ’ •

Le Père Rochefort, antagoniste de Dutertre, aussi bien que les Pères Labat et Bristol, fait venir les Caraïbes du pays des Apulaches, situé dans les terres avancées du nord de la Floride. Pierre Martyr combat puissamment cette conjecture ; cependant on convient généralement que les Caraïbes sont venus du continent américain, et c’est là vraisemblablement tout ce qu’on saura jamais sur l’origine de cette race anéantie. Peu d’années avant l’arrivée des Espugnols, un essaim de Caraïbes avait débarqué aux Antilles, où leur force et la coutume de dévorer leurs ennemis avaient répandu la terreur. Ils avaient envahi surtout les îles du Vent, et de là ils partaient pour aller faire de fréquentes incursions chez leurs pacifiques voisins des Grandes Antilles. Les Espagnols, malgré l’avantage de leurs armes, ne leur firent pas toujours la guerre avec succès. Comme ces conquérants avides ne cherchaient que de l’or, qu’ils ne trouvaient pas le précieux métal aux îles du Vent, et que les Caraïbes, trop fiers, trop indépendants pou.’ se soumettre à l’esclavage, se laissaient mourir dès qu’ils s’3 voyaient réduits, les Espagnols ne tardèrent point à renoncer à des conquêtes qui ne leur fournissaient qu’un peu de tabac et de coton, pour se retirer sur le continent. Après eux, les Français, les Anglais et les Hollandais vinrent former des établissements aux Petites AntilleSj mais ne trouvèrent pas les Caraïbes plus traitables. Ce peuple intrépide a défendu pied à pied contre les Européens toutes les îles qu’il occupait, et, à la fin du dernier siècle, il n’en restait plus que quelques centaines d’individus confinés dans l’île Saint-Vincent ;