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ils n’étaient même pas de la race ; primitive pure, mais étaient nés du mélange de celle-ci avec des nègres échappés d’un ’négjrier naufragé sur cette île en 1685. Ils étalent désignés sous le nom de Caraïbes noirs. ’Ils vécurent tranquilles et isolés à Saint - Vincent jusqu’en 1795, époque où Bs prirent parti pour les Français, qu’ils avaient toujours préférés, contre les Anglais, dont une itntipathie naturelle les avait constamment éloignés ; mais ces derniers, étant demeurés vainqueurs, firent périr un grand nombre de Caraïbes et déportèrent les autres dans les îles de Bonaire et d’Aruba, près de Curaçao.

Sur la côte E. de la Guadeloupe, a l’anse du petit port Laud, on trouve un groupe de cinq a six familles issues des anciens Caraïbes, unique reste de ces peuples infortunés sur lesquels les Européens ont usurpé cette île. Ces familles ne s’occupent que de pèche ; elles ont toujours conservé du" caractère de leurs aïeux un penchant irrésistible à l’oisiveté.

Quelque inférieure que nous paraisse aujourd’hui la condition des Caraïbes, les relations des premiers conquérants, d’accord avec les observations de de Humboldt, nous font voir, chez cette race ambitieuse et intelligente, des traces d’institutions fortes et même savantes, destinées a consolider le pouvoir aristocratique et l’influence sacerdotale ; mais, comme elles étaient partout eu décadence, même chez les tribus les plus policées, à l’époque de la découverte de 1 Amérique, c’est & peine si l’on en aperçoit actuellement quelques débris & peu près effacés. Ony retrouve cependant l’hérédité consacrée dans les familles régnantes, le respect des princes et de la religion, l’obéissance aux lois, un extrême attachement aux anciennes coutumes, les épreuves de l’initiation guerrière, sanctifiées par des pénitences cruelles et des austérités extravagantes, qui rappellent les rites des Mexicains ; on y trouve, comme parmi les Iroquois, l’usage de préparer par des supplices atroces le sacrifice du prisonnier, qu’on-dévorait ensuite religieusement. Le récit qu’on lit de ces horreurs dans les histoires du temps les représente généralement comme une simple coutume populaire ; mais des descriptions plus anciennes et mieux détaillées ajoutent aux cérémonies ordinaires d’autres rites qui nous montrent le bourreau se préparant au meurtre par des veilles austères, comme le sacrificateur mexicain.

Les Caraïbes avaient la peau d’un jaune clair tirant sur le bistre, les yeux noirs et petits, les dents blanches et bien rangées, les cheveux noirs, plats et luisants ; ils n’avaient ni barbe ni poils sur le reste du corps, et leur physionomie était triste comme celle de tous les peuples du tropique. Quoique de taille moyenne, ils étaient forts et vigoureux. Pour se garantir des insectes, ils s’enduisaient de roucou. Les Caraïbes exigeaient de leurs femmes la soumission la plus absolue ; elles étaient chargées de tous les travaux du ménage et ne pouvaient se permettre de manger en présence de leurs maris. Colomb remarqua, dans toutes les lies qu’il visita, diverses sortes d’excellent coton, que les Caraïbes avaient l’art de teindre en plusieurs couleurs, mais de préférence en rouge. De cette toile, ils faisaient des hamacs que les Européens prirent pour modèles, et dont ils ont conservé le nom. Ils savaient aussi façonner des vases pour les usages domestiques ; ils les faisaient cuire au four, comme nos potiers. Sans avoir ni temples ni cérémonies, ils reconnaissaient deux principes, celui du bien et celui du mal ; leurs boyès ou magiciens évoquaient les bons esprits (car chacun avait lo sien), et chassaient l’esprit malin ou mabouya. Ils étaient polygames. En cas d’infidélité, le mari avait le droit de tuer sa femme. Chaque famille formait un hameau appelé carbet, où le plus ancien commandait. Ne s’occupant que de chasse : et de pêche, accoutumés dçs l’enfance au métier des armes, ils faisaient de la guerre le principal objet de leur existence ; la paix n’était qu’une trêve pour se préparer à de nouveaux combats. Le Père Rochefort a dit des Caraïbes, dans son histoire des Antilies : à II est vrai qu’ils ont dégénéré en partie de cette chasteté et de plusieurs autres vertus de leurs ancêtres ; mais il est certain aussi que les Européens, par leurs pernicieux exemples et par

  • le mauvais traitement dont ils ont usé envers

eux, les trompant vilainement, faussant lâchement en toute rencontre la foi promise, pillant et brûlant impitoyablement leurs maisons et leurs villages et violant indignement leurs femmes et leurs filles, leur ont appris, à la perpétuelle infamie du nom chrétien, le mensonge, la trahison, la perfidie, la luxure et plusieurs autres vices qui leur étaient inconnus" avant qu’ils eussent eu commerce avec eux. • Au rapport du Père Dùtertre, le Caraïbe, lors de l’arrivée des Européens, était . de peuple le plus content, le plus heureux, le moins vicieux, le plus sociable, le moins contrefait et le moins tourmenté de maladies de toutes les nations du monde. » Des colons plaisantaient sur la nudité de quelques jeunes femmes caraïbes ; l’une d’elles leur dit : • Ne nous regardez qu’entre les yeux, et vous ne verrez point notre nudité. » Le Caraïbe n’avait pas encore soupçonné le vol. Chez lui rien ne se fermait ; sa demeure n’avait ni portes ni fenêtres. Après l’arrivée des Français à la Guadeloupe, lorsqu’il s’apercevait qu’il lui manquait quelque chose, il avait coutume de dire : « Un chrétien est venu ici. » Il disait encore à l’Européen : « Ta terre est sans

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doute bien mauvaise, puisque tu la quittes pour venir prendre la mienne. •’.Datertre avoue que, dans l’espace de trente-cinq ans, tous les missionnaires français réunis n’ont pu parvenir, avec des peines infinies, à convertir vingt adultes. Ceux que l’on croyait avoir conquis au christianisme retournaient à leurs pratiques dès qu’ils se trouvaient au milieu de leurs compatriotes. « La raison du peu de succès des missionnaires dans la conversion des Caraïbes, ajoute Dutertre, est la fâcheuse impression que leur avait inspirée la vie des chrétiens, semée de cruautés et présentant des mœurs plus barbares que celles des insulaires. Cette vie, ces mœurs, ces cruautés avaient fait concevoir au Caraïbe une telle horreur du nom chrétien, que la plus cruelle injure qu’il pût faire à quelqu’un, c’était de l’appeler chré-, tien. >

— Linguist. Le langage des Caraïbes, en général, ressemble fort, pour la prononciation, à celui des Italiens. Leurs mots sont harmonieux, Sonores, et se terminent par une voyelle. Les suffixes obi, ani, enni, ajoutés aux verbes, en font des substantifs. Par exemple : aboucoura, gouverner un canot ; aboucoroni, gouvernement d’un canot ; aobourra, envelopper : aobouronî, enveloppe ; aoaikay, dormir ; aomeani, sommeil. Le suffixe aea désigne les instruments, et les suffixes ti et gle désignent les personnes. Ainsi, aboucoura veut dire gouverner un canot ; aboucouraca, gouvernail ; apara, signifie tuer, et apavouti, meurtrier, etc.

Les lettres letr, b et p, c et g, d et f, g et s, Sont fréquemment employées les unes pour les autres, et c’est par le moyen de cette mobilité des consonnes que de Caraïbe on a fait Galibi et que l’on s’est souvent servi de ce mot pour désigner la langue des Caraïbes. Comparez de même Câlina et Galina, un Caraïbe.

Vers la fin du siècle dernier, le caraïbe comptait plus de cinquante dialectes, dont Hervas a donné la liste ; la voici : akeroto, akirieoto, araco, aravari, arenquepono, areveriano, arinacolo, arvaco ;avakiari, avarqvagno, avaricoto, calibo ou caribo, canga, catapaturo, cateco, catsipagoto, cùmanacioto, eparagoto, epuremeo, enaiponomo, gotoguanchano, guakirié, guaguero, guyano, kirikiripo, macanao, macurato, makiritari, mapaye, maranshuaco, mayo, mukikero, muraco, nanon, oye (yaoi), palenke, pandacoto, paragoto, pareko, pariacola, payure, salmano, samagote, shebago, tamanaco, taoyo, uara - mucuru, uara-pachili uarinacoto, uokeari, urabo, vazevaco. Quelques-uns de ces dialectes ont disparu avec les tribus qui les parlaient, et d’autres se sont éteints par suite des rapports des indigènes avec les conquérants espagnols, anglais, bollandais.

Pendant près de cinq cents ans, il s’est passé dans les Petites Antilles un fait assez remarquable : c’est la ditférence qui existait entre le langage des hommes et celui des femmes. Voici ce que la tradition rapporte à ce sujet. Lorsque les habitants de la terre ferme envahirent les Petites Antilles, ils massacrèrent tous les hommes et n’épargnèrent que les femmes. Depuis cette époque, les femmes ont conservé l’ancienne langue du pays, en l’enseignant de génération en génération à leurs filles. Les pères et leurs fils, les mères et leurs filles entendaient les deux idiomes, mais ils ne parlaient jamais que celui que s’était approprié leur sexe. Celui des hommes était le caraïbe, celui des femmes approchait beaucoup du langage des. Àrawaks du continent, ce qui a fait supposer que les j premiers habitants de ces îles étaient des Arawaks.

Le caraïbe, de même que la plupart des idiomes américains, appartient au système des langues agglutinantes.

Les principaux dialectes caraïbes encore existants sont : Y arawak, [s guyano, ls guarauno, le cumanacote, le palenca, le guarive, le poriacoto, le tamanaque et le chaymas.

1/arawakest un dialecte des plus importants de la famille des langues caraïbes. Il est parlé sur les rives du Berbice et du Surinam {Guyane anglaise et Guyane hollandaise), et dans la province de Cumana. Les articulations correspondant aux lettres f et c manquent à ce dialecte. Lorsque les nombres se rapportent à des choses, et non à. des personnes, les Arawaks se servent de terminaisons différentes. La conjugaison prend toutes les formes possibles. Ainsi, la finale n est la marque de l’infinitif du verbe actif ; Afin, celle du verbe passif ; nnua, celle du verbe réfléchi ; kuttun équivaut k faire faire. Prenons pour exemple assukussun, laver, nous aurons assukussuhûn, être lavé ; assukussunnua, se laver ; assukussukuttun, faire laver. Le mode négatif se forme par l’adjonction d’un m au commencement du verbe, lorsque celui-ci Commence par une voyelle, et par le changement de la lettre initiale en m lorsqu’il commence par une consonne. Par exemple, akuttun, manger, et makuiiun, ne pas manger ; dansika, j’aime, et mansika, je n’aime pas. Contrairement à ce qui existe dans la plupart des langues modernes, les prépositions suivent toujours leurs régimes, et les conjonctions sont placées a la fin des phrases. La Bible a été traduite dans le dialecte arawak. V. quelques autres détails au mot ARAWAKS.

Le guyano est parlé par les Guyanos, qui ont donné leur nom à une vaste contrée, et

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tiu’il ne faut pas confondre avec les Guyanos du Pafana.

Le guarauno est le langage des habitants du delta formé par les embouchures de l’Orénoque, peuple presque exclusivement composé de matelots, qui vivent sur des arbres ou dans des bateaux. Dans la première édition de son Catalogue des langues connues, Hervas avait pris le guarauno pour une langue mère ; mais, dans la traduction espagnole, il est revenu sur cette opinion et il le considère comme un dialecte du caraïbe.

Le cumanacote est parlé par les Cumanacas, les Tômuzas, les Piritus, les Coefieymas, les Chacopalas et les Topucuaras, tribus répandues dans la province de Barcelone, qui appartenait à la capitainerie générale de Caracas. Quoique ie cumanacote ait une grande affinité avec le caraïbe, de Humboldt trouve qu’il tient de beaucoup plus près au tamanaque. Le P. Ruiz Blanco a publié, de 1683 à 1690, trois volumes contenant les principes et les règles du cumanacote, un vocabulaire et l’exposé de la doctrine chrétienne en ce dialecte.

Le palenca et le guarive sont deux autres langages appartenant à des tribus de la province de Barcelone. De même que le cumanacote, ces dialectes tiennent au caraïbe et au tamanaque ; mais le palenca semble avoir plus d’affinité avec le caraïbe, tandis que le guarive, au contraire, se rapprocherait davantage du tamanaque.

Le pariacote est le langage des Pariacotos, fixés par les capucins aragonais dans le Carony, à Cupapay et à Alta-Gracia. Cette tribu habitait autrefois les environs du golfe de Paria, d’où elle a tiré son nom ; elle s est fondue en partie avec les Chaymas. Pelleprat trouve que ce dialecte a beaucoup de ressemblance avec le caraïbe de Cayenne ; mais de Humboldt assure qu’il tient le milieu entre le tamanaque et le caraïbe proprement dit.

Le tamanaque, parlé par les Tamanaques

Proprement dits, habitant la rive droite de Orénoque au sud-est d’Encaramuda, est un langage qui parait s’éloigner beaucoup de l’idiome caraïbe, quoiqu’on y retrouve un certain nombre de mots employés dans les diflférents dialectes qui nous occupent. Les articulations /, g, j et s de l’alphabet espagnol manquent au tamanaque ; mais il possède la dentale composée tch, qui correspond au c des Italiens devant e, i. La déclinaison du tamanaque se fait en partie par flexion ; on peut dire en Ïiartie, car il n’a pas de formes pour exprimer a différence des genres. Ce dialecte, nous dirions presque cet idiome, est riche sous le rapport de la conjugaison, qui compte dans chaque mode un nombre de temps assez remarquable, savoir : deux présents, quatre prétérits et trots futurs. Par exemple, il a un passé pour exprimer ce qui est arrivé depuis un jour ; un autre pour exprimer ce qui est arrivé depuis une ou deux semaines ; un troisième pour exprimer depuis un ou six mois ; enfin, un quatrième pour exprimer ce qui est arrivé depuis très-longtemps. Nous ajouterons qu’on obtient un grand nombre de verbes dérivés, au moyen de certaines particules qui, précédant les verbes radicaux, modifient le sens ; que les passifs se forment à l’aide du verbe substantif, et que la conjugaison négative se distingue par l’adjonction de la particule pra à la fin du verbe positif. Le tamanaque est parlé en trois dialectes principaux, savoir : le maitano, qui est le plus doux et le plus étendu, le crataima et le cuccivero.

Enfin, le chaymas est parlé sur les hautes montagnes de CocoUar et du Guachero, et sur les rives du Guarapiche, du rio Colorado, de l’Areo et du Cano de Caripe, formant la partie orientale de la province de Cumana, Les articulations 6, f, d de l’alphabet espagnol manquent à ce dialecte, dans lequel aucun mot ne commence par un l. On remarque une grande affinité entre le chaymas et le tamanaque, soit dans le vocabulaire, soit dans la grammaire, surtout en ce qui regarde la conjugaison. Le verbe être, az, ne sert pas seulement à former le passif, il s’ajoute aussi au radical des verbes attributifs dans un certain nombre de temps. Le chaymas n’a pas la sonorité que l’on trouve dans le caraïbe et la plupart de ses dialectes. Les terminaisons uaz, es, uec et pur y sont fréquentes. La négation pra y est employée comme en tamanaque. Dans l’a phrase, on place le régime avant le verbe, le verbe avant le sujet. Ainsi pour dire : Je veux vivre en liberté, on dirait : liberté en vivre veux-je. Le P. François Tauste a rédigé une grammaire et un vocabulaire chaymas, qui ont été imprimés, et le capucin Juan del Pobo a composé dans ce dialecte une Instruction pour les confesseurs.

CARAÏBES (lies), nom donné quelquefois aux Petites Antilles, et trop souvent improprement appliqué a tout l’archipel des Antilles. On a aussi quelquefois donné le nom de mer des Caraïbes à la mer des Antilles.

CARA1CHE s, f, (ka-rè-che — lat, carex, même sens). Bot. Nom vulgaire du genre laiche.

CARAÏNAL s. m. (ka-ra-i-nal). Ornith. Nom vulgaire du guêpier.

CARAÏPE s. f. (ka-ra-i-pe). Bot. Genre de végétaux ligneux, de la famille des théacées, comprenant une douzaine d’espèces, qui croissent dans l’Amérique tropicale. Leur bois est rouge et sert à faire des meubles.

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CARAÏSMË s. m. (ka-ra-i-sme). Hist. J’elig. Doctrine des caraîtes. f *•

CARAÏTE s. ni. (ka-ra-i-te — de l’hébreu gara, lire). Hist, relig. Sectaire juif qui rejette la tradition.et n’admet que l’Écriture, •’

— Encycl. Les caraîtes forment, dans le judaïsme, une secte dissidente, dont quelques milliers d’adeptes se trouvent encore aujourd’hui en Perse j en Égypte, en Turquie, .en Crimée, en Gallicie et en Pologne. La Crimée enfournit le plus grand nombre. Leur nom (en hébreu karaïm) indique assez bien le caractère général de la secte ; il peut se traduire par scripturaires, et ils ont été ainsi appelés parce que, ne voulant point admettre comme autorité divine les traditions contenues dans le Taliuud et les écrits des rabbins, ils s’en tiennent au seul texte de l’Ancien Testament. C’est ainsi que les protestants ont pris le nom d’évanyéliques, parce qu’ils rejettent toute autre autorité que celle de la Bible et refusent de reconnaître celle des conciles et des Pères. Aussi a-t-on quelquefois appelé les caraîtes les protestants du judaïsme. Ils rejettent une foule de cérémonies, de rites et d’observances des juifs orthodoxes, et cela en s’appuyant sur une interprétation de la Bible plus sobre et plus rationnelle. Pour citer un exemple, ils, ne croient pas qu’il soit défendu de faire cuire la viande avec du beurre, d’après le passage : Tu ne cuiras point le chevreau dans le lait de sa mère ; mais ils l’interprètent ainsi : « Tu ne tueras point en même temps la mère et son petit. » Les caraîtes s’attachent surtout au côté moral et pratique de la religion, et ils mènent presque tous une vie exemplaire. Ils ont rompu toute communion avec les juifs orthodoxes, qui les ont longtemps accusés de n’être que des saducéens, de rejeter tous les livres de la Bible, à t’exeeption du Pentateuque, et de n’admettre qu’en apparence les doctrines de l’immortalité de 1 âme et de la résurrection, pour ne pas être mis au ban|de toutes les religions.

Il’ne paraît pas qu’il y ait jamais eu de communautés caraîtes en France, en Italie, en Espagne ou en Allemagne ; aussi ces sectaires sont-ils demeurés presque inconnus aux Occidentaux jusque vers la seconde moitié du xvii ? siècle ; mais, à partir de cette époque, * les travaux du P. Morin, de Richard Simon, Périmer, Schupart, Wolf, Béer, Jost, etc., et en dernier lieu le récent ouvrage du savant professeur de Leipzig, M. Fùrst (les Caraîtes et le caraîsme), permettent de se faire une idée exacte de cet intéressant parti religieux. Un point, cependant, ne nous semble pas encore, bien ôclairci ; nous voulons parler de l’origine de la secte. Les rabbins racontent que, vers le milieu du vnû siècle après J.-C, un certain Anan, aspirant à la dignité de prince de ta captivité (principal magistrat des, juifs delà Babylonie), et n’ayant pas été élu, se mit a parler contre les traditions des pères, et rassembla autour de lui un assez nombreux parti composé surtout des restes des saducéens ; ainsi se serait formé le caraîsme. Les écrivains caraîtes, au contraire, rapportent que leur parti existait déjà, que cet Anan était’un des leurs, et qu’au moment de l’élection, on lui préféra son frère, parce que, avec l’aide de ce dernier, les rabbins espéraient venir à|bout de leurs adversaires. Quoi qu’il en soit de ces différents récits, il paraît probable que ce fut bien vers le milieu du vii<s siècle après J.-C, que les caraîtes se séparèrent do la synagogue, après avoir vu leurs protestations contre l’autorité des traditions talmudiques échouer devant l’influence des rabbins.

CARAJAS, nation qui possédait autrefois, avec les Javahé, l’île de Santa-Anna ou Sannanal^ formée par l’Araguaya, et qui, depuis sa soumission aux Portugais, habite le district de Nova-Beyra, dans la province de GoyaZ. Son idiome appartient à la famille guaranibrésilienne ; mais on ne sait s’il n’a pas été abandonné pour adopter la lîngoa gérai.

CARAJURU s. m. (ka-ra-ju-ru). Substance employée pour teindre en rouge, dans l’Amérique méridionale.

— Encycl. Le carajuru est tiré de la bignone chica ; les feuilles de cette plante fournissent, par la décoction dans l’eau, une matière rou’ge qu’on recueille et qu’on réunit en pains. C’est avec ce carajuru, nommé chica dans le pays, et, après l’avoir incorporé à de la graisse de crocodile, que les sauvages des bords de l’Orénoque, de la Guyane, du Brésil, se teignent le corps. : M. Boussingault dit qu’on emploie cette pâte rouge pour la teinture du coton, et qu’elle donne une couleur plus belle et plus solide que le rocou, avec lequel elle a beaucoup d’analogie. On en a dernièrement expédié du Para en Europe, sous

ce nom de carajvru.

. Selon Virey, le carajuru est une poudre farineuse légère, insipide et inodore, qui prend un lustre cuivré par là trituration. Il est insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool, l’étber et les alcalis, d’où les acides le précipitent. Il brûle avec flamme, en laissant une grande quantité de cendres.

CARALINE ou CAHALUNE S. f. <ka-rali-ne). Bot. Nom vulgaire, dans les JUpes, de la renoncule glaciale.

CARALLIE s. f.(ka-ral-lî). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des rhizophorées, comprenant six espèces, qui croissent dans les

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