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tesse de l’arme, en diminuant la vitesse do inobile. À mesure que les rayures sont moins nombreuses, le frottement devient moindre, ce qui tend, à ce point de vue, à rendre les portées plus régulières ; cependant, la pratique apprend que les rayures ne doivent pas être au-dessous de trois. En France, comme nous le verrons plus bas, les armes de guerre •ont rayées a quatre rayures, et la largeur des rayures est égale à celle des intervalles qui les séparent. En ce qui concerne le pas des rayures, il est admis qu’il doit être d’autant plus court que le projectile est plus allongé. Celui des armes de nos troupes est de deux mètres.

Histoire des armes carabinées. Les armes carabinées paraissent avoir été inventées dans la seconde moitié du x™ siècle, et tout porte à croire que ce fut en Allemagne. D’après une opinion assez généralement admise, les premières armes de ce genre dont on ait conservé le souvenir parurent à un tir à la cible qui eut lieu à Leipzig, en 1498. Elles avaient été fabriquées par Gaspard Kollner, arquebusier k Vienne. Ces arquebuses rayées, comme on disait alors, avaient les rayures droites, et l’on y enfonçait la. balle au moyen d’un maillet et d’une forte baguette de fer. Peu de temps après, on remarqua que les rayures en spirale donnaient plus de justesse au tir que les rayures droites, et l’on renonça généralement à ces’dernières. On attribue cette innovation à un arquebusier de Nuremberg, appelé Auguste Kotter, mort en 1520. Toutefois, comme la science ignorait encore la cause d’un fait si remarquable, et ne pouvait, par conséquent^ en tirer tout le parti dont il était susceptible, chaqueifabricant se mit à exécuter les rayures pouf ainsi dire au hasard, faisant varier, suivant son goût et son caprice, leur nombre, leur forme et leur inclinaison.

Les plus anciennes armes carabinées qui soient arrivées jusqu’à nous sont des arquebuses à rouet allemandes, qui datent des trente premières années du xvre siècle ; on en voit une belle collection à notre Musée d’artillerie de Saint-Thomas-d’Aquin. Le môme

établissement possède une arme semblable, mais d’origine française, qui a été faite vers 1550 ; c’est probablement un des premiers spécimens de l’application du principe du carabinage dans notre pays.

Dans l’origine, les arquebuses rayées furent surtout des armes de luxe à l’usage des chasseurs et des tireurs à la cible. De là le travail généralement très-soigné et la riche décoration de la plupart de celles que nous possédons. Les arquebuses rayées qui servaient spécialement pour les exercices de tir reçurent plus tard une double détente, ce qui leur valut, après ce perfectionnement, le nom d’argnebusei bulières.

C’est pendant le premier tiers du xvn« siècle que les arquebuses rayées commencèrent à figurer dans les armées. Elles existaient déjà, depuis au moins dix ans, dans l’infanterie légère du landgrave de Hesse, lorsque, dans le courant de l’année 1G41, l’électeur do Bavière en arma plusieurs régiments de chasseurs, et l’exemple de ce prince fut suivi par les autres souverains allemands. À la mémo époque, on se servait aussi de cette arme pour la défense des places, mais il parait que beaucoup de personnes en méconnaissaient les propriétés et la considéraient seulement comme imprimant plus de force à la balle. Montecuculli lui-même partageait cette opinion, car, en décrivant l’armement d’un bastion, ilrecommande d’y placardes «arquebuses rayées contre les armes à l’épreuve. » Remarquons, en passant, qu’au moment où cet

officier rédigeait ses mémoires, les arquebuses rayées commençaient à être désignée ; ? sous le ncm qu’elles ont toujours porté depuis, celui de carabines. L’introduction de ces armes dans les troupes françaises appartient à Louis XIV. Après en avoir mis, vers 1676, quelquesunes à l’essai dans chaque compagnie des gardes du corps, ce prince rendit, le 20 décembre 1679, une ordonnance ainsi conçue : ■ Sa Majesté ayant reconnu de quelle utilité ont été dans les occasions des guerres passées les carabiniers, qu’elle a cy-devant fait établir dans les compagnies des gardes de son corps, et -voulant qu’il y en ait dorénavant dans sa cavalerie légère, Sa Majesté a ordonné et ordonné qu’il sera établi deux carabiniers dans chacune desdites compagnies, lesquels seront choisis entre les cavaliers les plus adroits à tirer. » Cette innovation dut paraître très-heureuse, car une autre ordonnance, en date du 25 octobre 1690, forma une compagnie de carabiniers dans tous les régiments de cavalerie, et tous les hommes de ces compagnies furent armés d’une carabine rayée. Les premières carabines données à la cavalerie avaient des platines à rouet ; mais, dès 167S, elles reçurent des platines à fusil, c’est-à-dire à silex. Quelques années plus tard, les compagnies furent réunies en un régiment qui prit rang dans la cavalerie d’élite, et auquel on conserva l’ancien armement jusque dans le second tiers du xvme siècle, ainsi que l’apprend le Dictionnaire militaire de La Chesnay e, dont la quatrième édition parut en 175S. Des carabiniers à cheval furent également organisés dans d’autres pays, notamment on

Prusse. La carabine alors en usage se chargeait de la même manière que l’ancienne arquebuse rayée, c’est-à-dire avec un© balle sphérique d’un calibre tel, qu’on ne pouvait l’enfoncer dans le canon qu’à l’aide d’une forte

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baguette défer et d’un maillet. Or, on comprend combien ce mode de chargement était difficile à exécuter à cheval ; aussi, pour diminuer les inconvénients qui en résultaient, donnait-on aux cavaliers, outre les balles forcées, des balles plus petites qu’ils substituaient aux premières quand ils avaient besoin de tirer avec rapidité, ce qui enlevait à la carabine tous ses avantages en la réduisant au rôle très-inférieur d’un fusil ordinaire, dont il exagérait le vent. Du reste, malgré tous les soins des tireurs, la carabine était alors une arme de guerre très-défectueuse. Dans la campagne de 1741, les armes de ce genre, qui étaient employées en grand nombre dans les troupes prussiennes, produisirent si peu d’effet, que le grand Frédéric les supprima entièrement. Néanmoins, dans quelques pays, en Autriche, par exemple, des circonstances locales tirent conserver la carabine à des corps Spéciaux d’infanterie légère.

À l’époque de la Révolution, la carabine n’était employée en France que pour quelques chasseurs. Ce furent les résultats qu’en obtinrent sur nos troupes, dès les premières campagnes, les tirailleurs allemands, surtout ceux de l’Autriche, qui attirèrent de nouveau l’attention du gouvernement sur cette arme. En 1793, deux modèles furent exécutés h la manufacture de Versailles, l’un pour l’infanterie et l’autre pour la cavalerie. La carabine d’infanterie, .appelée vulgairement carabine de Versailles, du lieu de fabrication, avait le canon rayé à sept hélices, long do 0 m. 65 et du calibre de 0 m. 01305, les hélices faisant un pas entier sur la longueur du canon. Avec 4 gr. de poudre, elle lançait des balles de 28 au demi-kilogramme, c’est-à-dire du poids d’un peu plus de 17 gr. 82. On la donna aux officiers et aux sous-officiers de voltigeurs, mais on fut obligé de la retirer, parce qu’on s’aperçut que, sur les champs de bataille, les sous-officiers la jetaient pour ramasser les fusils des soldats qui tombaient à leurs côtés. Cette répugnance à se servir d’une arme dont la justesse était infiniment supérieure à celle du fusil provenait de plusieurs eauses, principalement des deux suivantes : lenteur du chargement qui, exigeant l’usage d’un maillet, répugnait a la vivacité du caractère national ; absence de baïonnette, ce qui, quaiid le tireur avait fait feu, l’exposait sans défense aux coups de l’ennemi. La carabine de cavalerie ne différait’de lajjrêcédente que par la longueur du canon, qui était un peu moindre. Elle fut aussi abandonnée après quelques mois. À la fin de l’Empire, oo fit des expériences sur une nouvelle carabine qui portait des balles de 16 au demi-kilogramme, et qui avait une baïonnette-sabre. On la donna même —à un bataillon pendant la campagne de.1813, mais là s’arrêta cette tentative, qui fut d’ail—leurs sans résultat, et, à partir de ce moment, la fabrication des armes rayées fut entièrement abandonnée à l’arquebuserie de luxe.

Les carabines de guerre avaient disparu en France depuis longtemps, lorsque, dans Je courant de 1820, Delvigne, alors lieutenant d’infanterie dans la-garde royale de Charles X, entreprit dé les y faire revivre. À cet effet, il imagina un nouveau mode de forcement, à l’aide duquel on pouvait charger une arme rayée par la bouche, sans l’emploi du maillet et aussi rapidement que le fusil ordinaire. La carabine qu’il -présenta à l’appui de son système, et qui est connue dans 1 histoire de l’arquebuserie sous le nom de carabine Delvigne, était du calibre de 0 m. 01G5, et portait douze rayures au pas de l m. 84, profondes de 0 m. 00038 ; mais ce qui la distinguait essentiellement, c’est qu’elle avait le fond du canon terminé par une chambre étroite, laquelle se raccordait avec l’âme par un ressaut brusque. Pour charger cette carabine, on versait d’abord la poudre dans la chambre, puis on plaçait par-dessus une balle ronde. Cette balle, très-juste au canon, descendait et s’arrêtait dans une fraisure pratiquée à l’orifice de la chambre ; alors, on la frappait deux fois de suite avec une baguette à tète concave, et cette percussion, en l’aplatissant un peu, augmentait assez son diamètre pour qu’elle prît les empreintes des rayures du canon. Cette carabine fut éprouvée en 1827 et en 1828 ; mais on trouva quelle avait trop peu de portée pour être utilement employée à la guerre ; de plus, elle s’encrassait trop facilement, et, comme elle supprimait la cartouche, elle exigeait des munitions séparées, ce qui était un grave inconvénient. Enfin, on remarqua que la balle était toujours plus ou moins déforméepar le choc de la baguette, de telle sorte que la justesse du tir s’en trouvait diminuée. Quoi qu’il en soit, un moyen pratique de forcer le projectile avec facilité était trouvé ; il ne restait qu’à en perfectionner l’application, et les études sur les armes rayées ne devaient plus être abandonnées.

« À partir de 1828, de nombreuses expériences furent faites pour déterminer les relations qui devaient exister entre la charge et la longueur du canon, l’inclinaison, la forme, la longueur et la profondeur des rayures, le calibre du projectile, le vent, etc. La carabine Pontcharra, proposée dès 1833 par le colonel d’artillerie de ce nom, et un fusil de rempart, dit grosse carabine, furent les résultats de ces premières recherches. La carabine Pontcharra avait les mêmes dimensions que le fusil de dragon, et pesait 4 kilogrammes ; elle était du calibre de 0 m. 017 ; le canon portait six rayures rondes et uniformes, larges de 0 m. O0226,

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profondes de û m. 00038, et faisant un tour entier sur une longueur de 0 m. 006226 ; la chambre, de forme sphérieo-cylindrique, était assez grande pour contenir 4 grammes de poudre, et la balle, du diamètre de 0 m. 0163, laissait suffisamment de vent pour qu’on pût se servir d’une cartouche en papier ; cette cartouche avait un sabot de bois et un morceau de peau ou ealepin graissé ;-une hausse fixe donnait le but en blanc à iso mètres ; une seconde hausse, qui était mobile et percée d’un petit trou, fournissait le moyen de viser à 200, 250 et3ûo mètres ; enfin, l’arme avait une baïonnette à lame tranchante, qui se transformait en sabre à l’aide d’une poignée mobile que le soldat portait dans la giberne. La grosse carabine pesait 5 kilogrammes. 960 ; le canon, qui était long de 0 m. 086, et du calibre de 0 m. 0205, avait six rayures rondes et uniformes, comme celles de la carabine ordinaire, mais larges de 0 m’. 002 8, profondes de 0 m. 00056, et faisant un dixième de tour sur la longueur du canon ; elle avait également deux hausses, l’une fixe, l’autre mobile, qui permettaient de viser, la première à 150 et 250 mètres, la seconde à 30O, 400, 500 et 600 mètres ; la chambre, aussi de forme sphérico-cylindrique, recevait 6 grammes de poudre, et labaile avait 0 m. 020 de diamètre. ; enfin, une baïonnettesabre s’adaptait à la carabine.

Adoptée en 1836, la carabine Pontcharra fut donnée peu après ou bataillon de chasseurs à pïed qui était en Afrique. Un peu plus tard, les hommes d’élite du même bataillon reçurent la grosse carabine. La pratique de la guerre constata que la première, irréprochale sous le rapport de la justesse, avait une portée trop faible. Quant à la seconde, elle donna des effets si remarquables, que, malgré son poids, on vit les soldats se disputer celles que le sort des combats rendait disponibles. Quelques modifications allégèrent cette arme d’environ 1 kilogramme ; mais elle se trouva encore trop lourde pour la généralité des soldats. On fut ainsi conduit à rechercher l’amélioration des deux carabines. Les nouveaux travaux produisirent la carabine dite de munition, modèle de 1840, et le fusil de rempart allégé, également modèle de 1S40. Aprèsquelques perfectionnements de détail, ces deux armes devinrent la carabinedes tirailleurs de 1842, et le fusil de rempart allégé, aussi de 1842. Elles furent mises en expérience dans le corps des chasseurs à pied, ’ qui les conserva jusqu’en 1848, et où elles remplacèrent la enracine Pontcharra et la grosso carabine. La carabine des tirailleurs différait surtout de la carabine Pontcharra en ce qu’elle était d’un plus fort calibre (0 m. 0175), qu’elle avait la chambre plus grande, ce qui permettait d’y placer 6 grammes de poudre, et que ses rayures, au nombre de quatre seulement, étaient plus larges (0 m. 007), plus profondés (0 m. 0005), et faisaient une révolution sur 6 m. 226. La baïonnette était un sabre-yatagan à double courbure ; enfin, la hausse fixe permettait de viser à 200 mètres, et la hausse mobile à 300, 400, 500 et 550 mètres. Quant au fusil de rempart, il tenait à la fois de la grosse carabine et de la carabine de munition ; il avait o m. 0205 de calibre, et, avec 6 gr. 25 de poudre, lançait une balle de 0 m. 020 ; ses rayures, au nombre de six, avaient 0 m. 03 de largeur, 0 m. 0005 de profondeur, et étaient au pas de 8 m. 124 ; il avait la même baïonnette que la carabine ; enfin, la hausse fixe donnait les distances de 14Q et 250 mètres, et la hausse mobile de 400 et 600 mètres. Comparée aux armes antérieures, la carabine et le fusil de rempart de 1842 présentaient une supériorité incontestable. Cependant on ne faisait encore qu’entrer dans la voie du progrès. Le chargement par le système Delvigne avait, en effet, un inconvénient qu’il importait de faire disparaître : par suite de son forcement sur le rebord delà chambre, la balle s’aplatissait au point que la résistance de l’air en était suffisamment augmentée pour ■que, à 500 mètres, le projectile n’e&t plus assez de vitesse pour être meurtrier.

En 1844, Thouvenin, colonel d’artillerie, proposa une carabine dont le bouton de culasse portait, vissée, une tige d’acier placée dans la direction de l’axe du canon. La chambre destinée a contenir la poudre se trouvait ainsi supprimée ; elle était remplacée par l’espace annulaire compris entre la tige et les parois du canon. La balle, introduite par la bouche, venait s’arrêter sur la tige, où quelques coups de baguette la forçaient sans la déformer d’une manière nuisible. Par ordre du ministre de la guerre, la carabine Thouvenin fut aussitôt soumise à des expériences, sous la direction d’une commission spéciale dont faisaient partie Tamisier, capitaine d’artillerie, et Miniê, lieutenant de chasseurs à pied. Les expérimentateurs se servirent d’abord de la balle ronde ordinaire. Ils étaient parvenus, avec ce projectile, à des résultats bien supérieurs à ceux qu’avaient obtenus leurs devanciers, quand 1 idée vint au colonel ■Thouvenin et au lieutenant Minié de faire usage de balles cylindro-ogivales. Alors la question des armes rayées se présenta sous une face toute nouvelle.

Déjà, au commencement du xvm° siècle, on avait essayé de tirer des balles allongées et pointues par un bout avec des carabines. Delvigne avait aussi fait des essais du même genre avec sa carabine chambrée ; mais, pour assurer les bons effets de ces projectiles, il fallait trouver le moyen de les forcer sans dé CÀRÂ

former irrégulièrement lew base ;, ,’ei.en îaîssant le centre de gravité "sur l’axe. Or, c’est précisémentee que la carabine Thouvenin permettait de réaliser. Après dès eSpériôBces multipliées, la commission détermina la ferme et l’inclinaison des rayures, la forme et le poids de la balle, les dimensions de la tig-e, et produisit une carabine tirant avec une justesse admirable à des distances où l’on ne pouvait pins espérer le moindre effet des (wiciennes armes portatives. A 800 mètres, cette carabine mettait 25 balles sur 100 dans un panneau de 2 mètres de hauteur sur G mètres de largeur, et traversait trois panneaux de bois de peuplier do 0 m. 022 d’épaisseur chacun. Elle fut adoptée en 1S4G, et distribuée, en 1848, aux chasseurs à pied.

La carabine Thouvenin est désignée sous le nom de carabine à tige. Lors de son adoption en 1846, le canon comptait 0 m, 87 de longueur ; il était du calibre de 0 m. 0178, et rayé de quatre rayures rondes, au pas de 2 mètres. Ces rayures avaient une largeur constante de 0 m, 007, mais leur profondeur était progressive, c’est-à-dire allait en diminuant du tonnerre, où elle atteignait 0 m, OOB, à-la bouche, où elle n’était plus que de 0 m. 003 ; la tige avait o m. 038 de hauteur, non compris le taraudage, et 0 m. 009 de diamètre ; une hausse mobile, garnie d’un curseur, donnait le moyen de viser de but en blanc jusqu’à 1,000 mètres ; la charge de poudre était de 4 gr, 5 ; la balle, de forme cylindre-ogivale, était massive et du poids dé 47 gr. 2 ; elle portait trois cannelures sur la partie cylindrique. Peu de temps après la mise en service delà carabine Thouvenin, on essaya, dans plusieurs régiments d’infanterie, des fusils ordinaires que l’on avait rayés et

"munis d’une tige semblable à celle de la carabine. Ils donnèrent un tir aussi exact que celui de cette dernière.

Cependant, on faisait deux reproches assez

f raves aux armes à tige : on trouvait qu’elles taient d’un chargement un peu trop lent et d’un.entretien trop difficile. Or, il était d’autant plus nécessaire de remédier à "ces inconvénients, que, d’après les résultats obtenus, tous les hommes du métier comprenaient que les armes rayées seraient bientôt exclusivement employées par toutes les troupes à pied. Ce progrès fut réalisé par l’emploi des balles expanstves. Nous avons dit ailleurs (v. nxu.a), que l’on appelle ainsi des projectiles cylindrocontqties, possédant la propriété de se forcer d’eux-mêmes sous l’action des gaz de la poudre. Pour cela, ils offrent un vide intérieur et dans lequel les gaz pénètrent au moment de l’explosion, et dont les parois sont calculées dételle aorte qu’elles peuvent s’étendre s«ns se déchirer, et s’imprimer dans les rayures du ■canon. La première balle de cette sorte futprésentée, en 1840, par le lieutenant Minié ; elle était du système dit à culot, en d’autres termes, elle avait à l’entrée du creux une petite capsule de tôle en fer, qui était destinée à recevoir directement l’action des gaz. Par suite de cette action, cette capsule pénétrait dans l’intérieur du creux, en dilatait les parois et forçait le plomb à s’introduire dans les rayures. Le forcement de la balle sur la tige se trouvait ainsi supprimé, et les aimes rayées pouvaient se charger avec la même facilité que les anciennes armes à canon lisse. Toutefois, la balle à culot ne fut pas employée, parce qu’on lui reconnut plusieurs défauts, notamment celui de compliquer la confection de la cartouche. Le lieutenant Minié dut donc reprendre ses études, et, en 1S53, il imagina une seconde balle expansive qui se forçait sans l’intermédiaire du culot. Cette balle, du poids de 36 grammes etdu calibre de 0 m. 017, tut adoptée en 1854 pour l’armement des grenadiers et des voltigeurs de la garde impériale, Enfin, en 1857, une nouvelle balte expansive, également sans culot, mais ne pesant que 32 grammes, fut proposée par le commandant uessler, des chasseurs à pied, substituée a la précédente et donnée même à l’infanterie de ligne, qui reçut en même temps un fusil rayé d’un modèle spécial. Le poids en a été porté depuis à 30 grammes. La même balle, portée à 47gr. 6, puis à 48 grammes, fut également adoptée pour le tir de la carabine.

Ainsi, depuis 1857, toute notre infanterie est poarvue d’armes carabinées, et cette innovation capitale est due à l’invention des balles expahsïve.s. La carabine proprement dite sert à l’armement des chasseurs à pied, des zouaves et des troupes de marine ; elle ne diffère de celle de 1 ?45 que parla suppression de la tige, et par la modification de la graduation des hausses, qui permet de viser à 1,100 mètres. Quant aux fusils, il y en a deux modèles, l’un, de 1854, pour la garde impériale ; l’autre, ’de 1857, pour les troupes de ligne. Ces deux armes ne diffèrent guère que par leur poids et la profondeur de leurs rayures ; elles sont du calibre de 0 m. 0178, et sont rayées de quatre rayures rondes, au pas de 2 mètres. Dans l’une et dans l’autre, les rayures . ont 0 ra. 007 de largeur ; mais, dans le fusil de 1857, leur profondeur est uniformément de 0 m. 0002, tandis que, dans celui de 1S54, elle augmente, de o m. 0005 an tonnerre, à o m. 0001 à la bouche. Enfin, les deux fusils sont pourvus d’une hausse qui porte le but en blanc à plus de 600 mètres, c’est-à-dire a une distance au moins trois fois plus grande que celle qu’on obtenait avec les anciens fusils à canon lisse.