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une caste orgueilleuse et oppressive, il ne • fit que continuer l’œuvre des Gracques, auxquels il remontait par Marius et Saturnin, et la suprême autorité sous laquelle il plaça indistinctement toutes les classes de l’État améliora de plus en plus le sort des tribus populaires, que la dureté du joug aristocratique avait autrefois poussées si souvent à la révolte... Ainsi, les Cicéron et les Caton ne s’offrent plus à nous que comme les défenseurs intéressés d’un système que le mouvement progressif de la société avait irrévocablement condamné, et ceux qu’on a surnommés les derniers des Romains, Brutus et Cassius, Ces vieilles idoles des républicains de tous les pays, dont on ne peut trop d’ailleurs admirer les vertus et le courage, ne nous paraissent pas différer beaucoup des opiniâtres champions que les institutions du xie siècle ont rencontrés parmi les écrivains ou dans les assemblées politiques du xtxe siècle. »

Comme le saint-simonisme, le positivisme considère l’histoire comme ta physiologie da notre espèce ; il voit les événements s’y succéder dans un ordre qui rapproche de plus en plus l’humanité du terme.normal de son développement. U ignore Dieu et n’emploie pas

le mot Providence, mais il n’en parle pas moins de mission et de destination historique ; il n’en voit pas moins dans cette idée de mission et de destination le critère de toute légitimité, de toute justice. Avant d’arriver au régime positif, qui est le régime final, l’humanité a passé et a dû passer par le régime fétichique, le régime polythéique et le régime monothéique. La période du polythéisme se divise en trois périodes secondaires : celle du polythéisme conservateur, représentée par les théocraties orientales ; celle du polythéisme intellectuel, où fleurissent les cités grecques, et celle dû polythéisme social, où règne le peuple romain. Chacune de ces périodes a eu sa raison d’être. Le polythéisme théocratique était nécessaire a l’origine pour ébaucher l’ensemble de l’évolution humaine ; la civilisation grecque et la conquête romaine l’ont été à leur tour pour développer d’une manière spéciale, celle-ci l’activité, celle-là l’intelligence. Ces deux évolutions de l’intelligence et de l’activité sociale devaient se produire isolément, et, de plus, l’essor de l’intelligence devait précéder le développement de l’activité. Destinée àl’empire universel, Rome, après avoir trouvé dans sa constitution aristocratique le principe de son activité conquérante, devait chercher dans une concentration permanente du pouvoir le moyen de conserver ce qui était acquis. Ainsi s’explique et se légitime, selon Auguste Comte, la révolution qui a détruit la république et fondé l’empire. Auguste Comte place l’auteur de cette révolution, Yêminent, l’incomparable César, parmi les plus grands saints de son calendrier ; il donne le nom de César au cinquième mois de l’année positiviste ; il se plaît à remarquer que le génie de César, pleinement émancipé du thêologisme, avait presque devancé la pensée positiviste ; il est heureux de signaler dans la mort du grand homme les coups de l’ennemi qu’il poursuit de son mépris et de sa haine, de la métaphysique ; il appelle le tyrannicide de Brutus « un meurtre infâme,

non moins insensé qu’odieux, où le fanatisme métaphysique secondais rage aristocratique. »

On voit clairement, parce qui précède, qu’à l’Histoire de César ne peut s’appliquer cette expression : Prolem sine matre creatam. On voit aussi combien M. Nisard se trompe quand il dit que l’historien de César est, dans une

Eartie de son livre, de l’école de Montesquieu, a. vérité est que nulle part le souffle de Montesquieu ne s’y fait sentir, et que, de la pre- ’ mière à la dernière page, l’esprit qui l’anime est très-différent, très-éloigne de l’esprit du xvnie siècle. Il faut laisser aux créateurs des grands systèmes historiques dont nous venons de parler l’honneur d’avoir inspiré l’impérial écrivain. Dans aucun des ouvrages de Montesquieu on ne trouve la théorie finaliste, Optimiste, présidentialiste de la succession des événements et des pouvoirs. Ce que Montesquieu recherche dans l’histoire, ce sont des actions causales : action du climat, action des croyances religieuses, action des institutions et des gouvernements ; ce ne sont pas des fins, des destinations, des fonctions, des râles, des missions, un plan providentiel. N’étant pas, comme Hegel, comme Cousin, comme l’école saint-simonienne, comme Auguste Comte, comme l’auteur de l’Histoire de César, préoccupé de justifier l’histoire pour justifier l’humanité, il accepte la décadence comme un

fait, et cherche à expliquer ce fait par ses antécédents, sans songer à le nier et à le présenter comme une transformation salutaire ; il n’a pas de scrupule à croire possibles « les dominations qui ne reposent pas sur une grandeur véritable et sur une incontestable utilité ; » ce n’est pas lui qui proclamerait, comme l’historien de César, « qu’il faut reconnaître dans la durée d’une institution la preuve de sa bonté» •

La datée une preuve de bonté.’ Pour soutenir une telle assertion, il faut être singulièrement aveuglé par la théorie optimiste et providentialiste. « Si nous faisions le bilan du

passé, dit très-bien M. Ch, Dollfus, nous serions obligés de reconnaître que ce que l’humanité a connu de pire, le despotisme religieux et le despotisme politique, est précisément ce qui a le plus duré. L Orient et l’Occident nous le disent à l’envi. Et cela

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s’explique, bêlas t car les plus mauvaises institutions sont celles qui reposent sur l’ignorance, l’iniquité, l’égoïsme et là lâcheté des hommes. La nature humaine a de grands et de nobles côtés : ce ne sont pas ceux toutefois qui jusqu’à ce jour ont prédominé dans l’histoire. Dans tous les temps, les oppresseurs ont exploité l’homme contre lui-même en spéculant sur ce qu’il renferme de mauvais. Ils ont fait leur force de nos faiblesses, leur succès de nos défauts, leur gloire de nos hontes et de notre corruption... L’histoire a de magnifiques pages sur lesquelles on voudrait pouvoir rester ; mais quelques pages ne font pas le livre... Le beau et le vrai ont tant de peine à s’enraciner sur notre fangeuse planète, que nous serions bien près de renverser la proposition de l’historien couronné et de dire qu’il en est des plus belles institutions comme des roses dont a parlé le poBte et qu’elles ont le pire destin. •

On voit que la théorie optimiste et providentialiste soutenue par l’auteur de l’Histoire de César est tout à fait contraire à l’esprit scientifique qui, en histoire comme ailleurs, doit toujours procéder par la méthode a posteriori. On a le droit de tenir pour suspecte toute histoire, toute biographie dans laquelle les faits, c’est-à-dire les témoignages des contemporains, sont subordonnés à une idée préconçue qui les accueille ou les repousse suivant qu’elle y trouve ou non un appui. Les systèmes a priori de philosophie de 1 histoire et les systèmes, a priori de philosophie naturelle se valent. « La philosophie des causes finales, dit avec raison Herder, en accoutumant ceux qui l’ont adoptée à mettre leurs conjectures a la place de la recherche des faits, n’a été d’aucun secours à l’histoire naturelle ; combien moins encore peut-elle.l’être à l’histoire de l’homme 1 •

Mais le plus grand reproche que nous devions faire à la théorie des missions providentielles, c’est de supprimer la conscience

naturelle de l’histoire et d’y introduire une conscience mystique favorable à toutes les ambitions, à tous les despotismes ; c’est d’élever les maîtres du monde dans une sphère supérieure à l’humanité, de les placer en dehors et au-dessus de toute discussion, et de les décharger de toute responsabilité vis-à-vis des peuples ; c’est, . en un mot, de fonder le droit divin des dictateurs. Nous croyons inutile d’insister sur ce point.

Il nous reste à dire quelques mots sur la valeur littéraire de l’œuvre. Le ton élevé qui convient à l’histoire y est toujours soutenu ; le style ne manque ni d’élégance ni de force ; et il y a de l’ordre dans les idées, un grand talent d’exposition, une remarquable propriété d’expressions, de la sûreté et de la netteté dans les jugements. L’auteur commande à sa plume et il est maître de son sujet, U dit bien et franchement ce qu’il veut dire : il a pris César pour son héros, et il arrive en face de la statue avec l’intention bien arrêtée de ne trouver rien à reprendre aux mouvements du torse, au jeu des muscles, à la distribution des veines, aux plis de la draperie. Enfin, on voit qu’il y a dans l’auteur tout à la fois un écrivain et un penseur qui ne sont pas ordinaires, et l’aveu de cette qualité de penseur n’affaiblit en rien, selon nous, la critique que nous avons faite de la théorie soutenue dans tout l’ouvrage. On remarque çà et là quelques irrégularités grammaticales ou, pour mieux dire, syntaxiques. Mais on aurait tort de s’arrêter à ce détail : Aquila non capit muscas ; il faut s’en prendre à l’ignorance ou plutôt à la maladresse de quelques réviseurs ofdciels qui ont pris trop à la lettre la morale de la fable la Cour du Lion.

César (Jules), tragédie en cinq actes, de Shakspeare. « La conjuration dont César fut la victime, dit Mm Montague, diffère presque autant des crimes que font commettre les passions basses et mauvaises, que la vertu diffère du vice. Elle fut ennoblie par les plus graves motifs ; c’étaient le génie de Rome, les droits de sa constitution, 1 esprit de ses lois, qui s’élevaient contre l’ambition de César. Ces motifs armèrent la main du vertueux Brutus, et le forcèrent, en quelque sorte, à porter en gémissant le coup mortel dans le sein du conquérant illustre qui avait rendu les Romains maîtres du monde. » Tel est le sujet de la tragédie de Shakspeare, et jamais sujet ne fut plus digne de la muse tragique que cet événement, si terrible par lui-même, si important par ses suites et si fameux par la grandeur de la victime et des citoyens qui immolèrent César à la liberté de Rome. Cette tragédie aurait dû plutôt s’intituler Brutus. Brutus, en effet, à la tête de ses conjurés, les premiers citoyens du plus puissant peuple du monde, parait bien autrement grand que César, prêt à monter sur le trône. Brutus, assassin de César qu’il aimait et dont il était chéri ; Brutus, souillant ses mains d’un meurtre et conservant un cœur pur, est l’être moral le plus rare et le plus sublime que puisse rêver une imagination de poëte. Si Antoine a dit de lui : « Voilà un homme, > Shakspeare put à son tour dire avec non moins de raison : « Voilà un caractère ; » et, en effet, c’est le plus beau qui ait jamais été mis sur la scène. La vérité des mœurs et des peintures est surtout admirable dans cette pièce, et l’on citera toujours la harangue d’Antoine au peuple romain. Cet admirable discours est si adroit, si éloquent, si bien approprié au sujet et aux circonstances,

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qu’il est impossible que la harangue du véritable Antoine ait été plus pathétique et plus propre à soulever le peuple. Brutus, avonsnous dit, est le véritable héros de la pièce ; c’est son caractère qui domine tout ; c’est sa mort qui fait le dènoûment ; mais comme l’assassinat de César est le nœud du sujet, c’est le vainqueur de Pompée qui donne son nom à l’ouvrage. La traduction que Voltaire a faite des trois premiers actes de cette tragédie les a rendus familiers à beaucoup de lecteurs. Voltaire, cependant, peut-être pour rehausser l’éclat de la tragédie qu’il a composée sur le même événement, semble s’être fait un malin plaisir de présenter un grand nombre de passages sous un point de vue ridicule, qu’ils n’ont pas dans l’original, et il serait injuste de prononcer sur l’ouvrage de Shakspeare d’après une traduction qui se rapproche quelquefois du ton et de l’intention de la parodie. • Jamais peut-être, dit M. P. Duport, le génie du poète anglais n’a saisi des caractères inconnus, n’a ressuscité une époque historique avec plus de force et de vérité. Shakspeare pénètre dans le cœur de la situation ; il comprend, il devine les intérêts, les passions, les sentiments qui durent animer les principaux acteurs de ce grand drame politique, et même ceux.de la simple populace, dont il peint merveilleusement la mobilité dans les jours de révolution ; en un mot, il nous étale le spectacle de Rome toute vivante et tout animée. Mais s’il évoque, pour ainsi dire, les Romains par la puissance de son art, s’il leur rend la vie et s il les replace dans leur action, il ne sait pas également retrouver leur langage. Semblable à un peintre ou à un statuaire, il nous montre ses personnages dans l’attitude qui leur était naturelle ; il nous fait même conjecturer ce qu’ils ont dû dire, mais il ne nous le dit pas. Presque toutes les formes de son style appartiennent à un ordre de civilisation qui n’a pas la plus légère analogie avec la société romaine, telle que nous la retracent Plutarque, et surtout Cicéron dans ses lettres familières. • Ajoutons que, dans cette tragédie, l’action est double, et ce défaut est d’autant plus sensible que, l’intérêt des trois premiers actes reposant sur une conspiration très-animée, les deux derniers ne font plus que languir.

Voici l’opinion de M. Villemain : t Le reproche que Fénelon faisait à notre théâtre, d’avoir donné de l’emphase aux Romains, s’appliquerait bien plus au Jules César du poëte anglais. César, si simple par l’élévation même de son génie, ne parle presque dans cette tragédie qu’un langage fastueux et déclamatoire. Mais, en revanche, quelle admirable vérité dans le rôle de Brutus I Comme il paraît tel que le montre Plutarque, le plus doux des hommes dans la vie commune, et se portant par vertu aux résolutions hardies et sanglantes I Antoine et Cassius ne sont pas représentés avec des traits moins profonds et motus distincts. J’imagine crue le génie de Plutarque avait fortement saisi Shakspeare, et lui avait mis devant les yeux cette réalité que, pour les temps modernes, Shakspeare prenait autour de lui. Mais une chose toute neuve, toute créée, c’est l’incomparable scène d’Antoine soulevant le peuple romain par l’artifice de son langage ; ce sont les émotions de la foule à ce discours, ces émotions toujours rendues d’une manière si froide, si tronquée, si timide dans nos pièces modernes, et qui là sont si vives et si vraies, qu’elles font partie du drame et le poussent vers le dènoûment. •

Plusieurs tragédies sur le même sujet semblent avoir précédé, en Angleterre, celle de Shakspeare, qui parut, suivant Malone, en 1607. Cette pièce a été depuis retouchée, à différentes époques, par Davenant, Dryden et le duc de Buckingham. En France, elle est devenue classique, et a eu de nombreux imitateurs ou traducteurs, parmi lesquels Letourneur, M. Guizot et V. Hugo.

Ciaar (REPRÉSENTATIONS ANTIQUES ET MO-DERNES oe Jules). Les images antiques de J ules César sont très-rares. Parmi les six statues que M. de Clarac a fait graver dans son Musée de sculpture, la seule qui passe pour offrir incontestablement la ressemblance du célèbre dictateur est au musée Capitolin : elle représente Jules César, revêtu de la cuirasse et du paludamentum, tournant la tête à çauche, ayant l’avant-bras gauche à peu près horizontal, et tenant une pomme dans la main droite qui est abaissée. Cette Statue, qui est en marbre de Luni et dont l’exécution est médiocre, figurait autrefois dans la collection de Mgr de Rufini, évêque de Melfi, et décora ensuite le palais des Conservateurs. Le Louvre possède une statue de César en marbre de Paros, qui provient de la galerie Borghèse ; elle a 2 m. de haut ; la tête, qui est rapportée, rappelle assez bien celle delafiguredu Capitole ; la statue, enstyle héroïque romain, tient de la main droite le parazonium et a le paludamentum rejeté sur 1 épaule gauche. Une statue en marbre grec, du musée de Naples, a une cuirasse ornée de l’aigle et des griffons qui distinguent d’ordinaire les personnages de la famille impériale de Rome ; mais cette statue est d’une date postérieure à l’époque de César, et la tête est d’ailleurs rapportée. On ne saurait non plus regarder comme une statue authentique de César celle de la villa Albani, qui représente un personnage entièrement nu, s’appuyant de lavant-bras gauche sur une colonnette et élevant la main droite fermée à la hauteur du biceps. Parmi les bustes anti CESA

ques du dictateur, un des plus remarquables, tant pour la beauté du travail que pour la ressemblance, est celui que l’on voit at> musée de Naples, et qui provient de l’ancienne galerie Farnèse : il s’accorde bien avec les médailles authentiques de César. Deux autres bustes se trouvent au musée des Offices : l’un, en marbre, se distingue par la manière dont les cheveux de la tête sont ramenés sur le front, qui est complètement chauve ; on pense qu’il aura été exécuté avant que César eût obtenu du sénat le privilège de porter une couronne de laurier, prérogative a laquelle le dictateur attachait beaucoup de prix, car elle lui permettait de dissimuler quelque peu sa calvitie. Le mèmémusée possède un busto en bronze à peu près semblable au précédent, mais que quelques connaisseurs croient moderne. Parmi les statues modernes de Jules César, imitées de l’antique, nous citerons celle de marbre que Von voit dans le jardin des Tuileries et qui est due au ciseau de Nicolas Coustou ; elle représente le dictateur tenant une pomme dans la main droite et un rouleau dans la gauche ; il est revêtu d’une cuirasse et du paludamentum ; près de lui, à terre, est un aigle.

Nous ne connaissons pas de peintures ni do bas-reliefs antiques qui représentent des sujets se rattachant à 1 histoire de Jules César. Il existe bien au musée des Offices deux basreliefs dans lesquels d’ingénieux archéologues avaient cru reconnaître Afarc-Antoine déployant la chlamyde ensanglantée de César, et l’Ouverture du testament de César, mais ces sculptures, mieux étudiées et comparées à d’autres monuments de l’antiquité, ont été reconnues comme représentant deux Boutique» de marchands tailleurs/ ! En revanche, les artistes modernes se sont souvent inspirés de l’histoire du vainqueur des Gaules. Nous donnons ci-après une description spéciale du célèbre Triompke de Jules César, par Mantegna, Le même, sujet a été traité récemment par M. Chenavard (v. ci-après). Un tableau du Giorgione, appartenant au comte de Darnley, et qui a figuré à l’exposition de Manchester, en 1867, représente César recevant la tête de Pompée : c est une composition importante, pleine de mouvement et d’une couleur splendide. Sébastien Bourdon a peint Jules César devant le tombeau d’Alexandre : le grand capitaine romain, accompagné de deux prêtres et de quelques guerriers, vient de descendre de son char et de déposer une couronne sur le tombeau du grand capitaine macédonien ; à gauche, près du sarcophage, dont la matière transparente laisse entrevoir la dépouille du héros, une femme, un enfant, un soldat et un licteur sont groupés. Vers le milieu du tableau, des gens du peuple considèrent cette scène, et un homme est assis au premier plan. Dans le fond, on aperçoit le char de César et son conducteur, un arc de triomphe, un cirque, un obélisque et divers autres monuments. Ce tableau, qui appartient au musée du Louvre, a été gravé par Masquelier le jeune dans le Musée français. La publication de l’Histoire de Jules César, par Napoléon III, a remis en honneur, dans la peinture, les sujets tirés de cette histoire. M. G. Boulanger, notamment, a représenté Jules César en tête de la Xe légion (Salon de 1863), et César passant le Ruoicon (v. ci-après). Un tableau de M. Couder, expose au Salon de 1827, représente César allant au Capitole t le dictateur refuse de céder aux instances de sa femme, qui le retient par le bras. La Mort de César a inspiré plusieurs artistes, entre autres le célèbre graveur en pierres fines Valerio Belli, dit le Vicentino, dont une belle intaille en cristal de roche, représentant ce sujet, a figuré dans la collection Pourtalès et a été gravée dans les planches du catalogue de Tassie. Plusieurs artistes modernes t Court, MM. Piloty, Gérôme, Clément, ont retracé la même scène dans des tableaux que nous décrivons ciaprès. L’épisode final, les Funérailles de César, forme le sujet d’une vaste toile de Lanfranodont nous donnons également la description.

César (le Triomphe de), célèbres peintures d’Andréa Mantegna, exécutées pour le marquis Louis de Gonzague, dans le palais de San-Sebastiano, à Mantoue. Ces peintures, qui

formaient une frise circulaire, devinrent, suivant Lanzi, la proie des Allemands, lors du sac de Mantoue en 1630, et plus tard elles furent vendues au roi Charles Ier, Mariette prétend qu’elles avaient été cédées directement au roi d’Angleterre par le duc de Mantoue, qui était pressé d’argent et qui prévoyait le siège dont les Impériaux menaçaient la ville. Ou voit aujourd’hui, au palais de Hampton-Court, neuf grandes toiles peintes à la détrempe et formant une longue frise, de £7 m, de long sur 3 m. de hauteur, où se déroule le Triomphe de Jules César. Ces neuf toiles, qui sont de la main de Mantegna, sont regardées par M. Viardot comme les cartons des peintures de San-Sebastiano, peintures que Lanzi etd’autres auteurs assurent avoirété détruites. M. Charles Blsnc veut, au contraire, que les neuf toiles de Hampton-Court soient celles qui décoraient le palais du duc de Gonzague. « Cinq ou six fois, dit-il, j’ai vu cette frise superbe. Les neuf toiles qui la composent sont peintes, non pas à l’huile, comme le prétend Mariette, mais en détrempe ; non pas en camaïeu, comme le disent les éditeurs de l’Aiecedario, mais en couleur. A demi effacées par le temps et décolorées, ces peintures sont