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CHAT

■ ta — pi — noia, Al — Ions cueillir les (e » )at :

Rri-be— don-be-da ! Faut paa rou-gir, (portez la voix)

faut pas rougir. Faut pas rougir pour

Rri. be — don — be • da 1 Faut paa cou • gir, (portez la vnixl

politiques, qui, a cette époque, préoccupaient tous îes esprits. L’action se passe d’abord aux Grandes Indes, dans les environs de Madras. Barbe-Bleue est une femme, la duchesse de : Lancastre, nièce du roi Jacques, venue en ces pays lointains pour rallier des partisans à la cause de son oncle déchu. La duchesse, afin de déjouer les soupçons, se fait passer pour une dame indienne, veuve de plusieurs maris. La partition renferme plusieurs morceaux distingués. Le thème : Tant douce patriet 0 pays charmant, chanté par le ténor, est suave et mélancolique ; la ballade du roi de Lahore et un air brillant, chanté par Mme L’galde, ont été remarqués dans le deuxième acte. Les morceaux qui composent le troisième acte sont tous conçus heureusement. Ce sont le chœur écossais en imitation, pour voix d’hommes ; le duo de l’écho ; le charmant trio : Taisez-vous, et un duo final passionné auquel l’unisson ne fait pas défaut, selon l’usage que Verdi a mis à la mode. Le Château de la Barbe-Bleue a eu pour interprêtes M « » e Ugalde, M"" Lemercier, Dufresne-Coulon, Sairite-Foy, Félix, Carvalho et’Duvernoy.

Chdinau Trompette (le), opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Cormon et Michel Carré, musique de M. Gevaêrt, représenté à l’Opéra-Comique, le 23 avril 1860. Dans l’histoire, le Château Trompette était un fort construit du temps de Charles VII, aux portes de Bordeaux ; mais, dans la pièce, c’est une auberge qui a ce nom pour enseigne. Il s’agit d’une aventure d’où le duc de Richelieu sort mystifié par une petite Bordelaise, qui tourne h son profit l’insuccès du galant maréchal. La partition de M. Gevaert renferme de jolies mélodies fort ingénieusement traitées. Dans le premier acte, on a remarqué un noël sur M. de Richelieu avec refrain en chœur ; les airs du Carillon de Dunkerque et de la Boulangère arrangés avec esprit ; dans le second acte, un charmant quintette, et une chanson de table avec ce refrain : Quand ils sont vieux, les loups ne mordent guère. Au troisième acte, on a applaudi les couplets de Champagne, dont nous reproduisons ci-dessous la musique et les paroles. Cette musique se distingue par une franchise de rhythme que l’on ne rencontre pas toujours dans les couplets de M. Gevaert.

Mme Cabel a créé avec beaucoup de grâce et d’entrain le rôle principal de Lise. Les autres rôles ont été chantes "par Mocker, Sainte-Foy, Berthelier, Prilleux, Ponchard, Lemaire et Mlle Lemercier.

Ail »

l « r couplet. Bon —jour. Su — son. Bon.

Mi

— faut pas rougir, — Faut pas rougir pour ça

UEIjXIÈilG COUI’LËT.

Heureux berger.

D’un pied léger. J’emmène ma bergère.

Le dieu moqueur

Me prend mon cœur ; Et Cuit sous la fougère !

Houp ! ça ça ! etc.

Chaînant « n Efpitgue (lks), chanson de Dêsaùgiers. Le chansonnier a suivi admirablement la progression ascendante du rêve. On part d’abord de Vaurea mediocritas, juste le nécessaire avec une pointe de superflu ; puis, après avoir songé à soi, on songe aux siens.

CHAT

aux amis, à la bien-aimée. Le mouvement est bon et jusque-là il n’y a point de mal. Par malheur, viennent ensuite les mauvaises pensées, le désir de briller, d’éclipser le voisin, de rendre dédain pour insolence à l’imbécile qui vous toisait hier du haut de sa voiture: puis le rêve finit, et la triste réalité reprend ses droits.

Atidante

tien, N’avoir que mille ê * eus de ren

i^^^SHHilgp

— te. Deux a — mis, y corn — pris mon

chien. M’aideraient à man — ger mon

tien U — ne douce et jeu-ne pa-ren

■f=r=^i—M

ri « n, Don-nez-moi mille é-cus de ren — te !

DEUXIÈME COUPLET.

J’aimerais pourtant beaucoup mieut Avoir deux mille « eus de rente. Dans un boudoir délicieux, Jusqu’à trente ans, quel train joyeux ! Petite cave de vin vieux Me rajeunirait a soixante… Oui, je le sens, pour être heureux, Il faut deux mille éous de rente.

TROISIÈME COUPLET.

Mais on dit que le jeune Armand À dix mille livres de rente ; Dans un cabriolet charmant 11 se promène mollement ; Chantant, dansant, buvant, aimant, 11 charme ainsi sa vie errante… Bornons nous donc décidément À dix mille livres de rente.

QUATRIÈME COUPLET.

C’est pourtant un bien bel avoir Que vingt mille livres de rente 1 Ce lot comblerait mon espoir. J’aime beaucoup à recevoir ; Et tout Paris viendrait me voir. D’ailleurs mon voisin en a trente… Or, le moins que je puisse avoir. C’est vingt mille livres de rente.

CINQUIÈME COUPLET. Mais pourquoi Mondor, sans parents, A-t-il vingt mille e’cus de rente ? Je me marierai ce printemps ; Dans dix ans j’aurai treize enfants, Car ma femme n’a que seize ans. Et ma femme est, ma foi, charmante ! À mon tour, enfin, je prétends Avoir vingt mille éous de rente.

SIXIÈME COUPLET.

Mais rien n’est tel, pour vous lancer, Que cent mille livres de rente. Combien cela vous fait percer ! Vous êtes certain de passer Pour mieux écrire et mieux penser Que tous les savants qu’on nous vante… Je ne puis donc pas me passer De cent mille livres de rente.

SEPTIÈME COUPLET.

À présent, me voilà jaloux D’avoir cent mille ecus de rento Si je les avais, entre nous, Ce serait pour vous loger tou3 Et tenir, au milieu de vous, Table splendideet permanente… Jugez donc s’il me serait doux D’avoir cent mille « eus de rente !

Chûtenu de cane* (le), tableau de M. Chaplin ; Salon de 1805. Une jeune fille, en robe de soie bleue à raies blanches, tient sur ses genoux un tricot de laine rouge et se penche, par un mouvement des plus gracieux et dos plus justes, vers une fillette très-occupée à élever un château de cartes. Ce groupe est charmant. La jeune fille, vue de profil, a ses cheveux blonds ramenés sur le sommet de la tète. Ce tableau, composé dans la manière de Chardin et peint dans des tons d’une grande fraîcheur, h obtenu beaucoup de succès au Salon de 1865.

CHATEAU (le), ville de France (Charente-Inférieure), à l’extrémité S.-E. de l’Ile d’Oleron, arrond. et à 12 kilom. N.-O. de Marennes ; pop. aggl. 1, 418 hab. — pop, tôt, 3, 211 hab. Petite place forte avec citadelle ; marais salants, vignes, corderies ; construction de bateaux. Petit port de commerce; exportation de sels, vins, eaux-de-vie, denrées.


CHATEAUBOURG, bourg de France (Ille-et-Vilaine), chef-lieu de canton, arrond. et à 15 kilom. O. de Vitré, sur la rive droite de la Vilaine ; pop. aggl. 498 hab. — pop. tOt. 1, 302 hab. Dans les environs, exploitation d’ardoises ; minoterie. Commerce de toiles, blé, cidre.


CHATEAUBRIAND (François-René, vicomte DE), l’un des grands écrivains de ce siècle, né le 4 septembre 1768 aux environs de Saint-Malo, d’une famille noble et ancienne. Son enfance s’écoula rêveuse et solitaire, dans le manoir paternel de Combourg, au milieu des bois et sur les grèves orageuses de la Bretagne. Cadet de famille, il était à ce qu’il paraît destiné à l’état ecclésiastique ; mais, après ses études, il entra comme sous-lieutenant au régiment de Navarre (1787), vint à Paris, où il connut les célébrités littéraires du temps, Delille, La Harpe, Chamfort, Parny, Ginguené, Fontanes, et fut présenté à la cour, où le mariage récent de son frère aîné avec la petite-fille de M. de Malesherbes lui donnait entrée et position. Au début du grand drame révolutionnaire, il était absorbé exclusivement dans des rêves de poésie et de voyage, et il partit enfin en 1791 pour l’Amérique septentrionale, dans le but apparent de chercher le fameux passage du Nord-Ouest, mais entraîné en réalité par son imagination aventureuse et par cette passion du romanesque qui fut la muse de toute sa vie. Il partageait d’ailleurs à cette époque l’engouement universel pour le nouveau monde émancipé, et nourrissait son esprit des paradoxes poétiques de Rousseau sur les beautés de la vie sauvage et de la pure nature. Il explora l’Amérique du Nord en poëte et en artiste, nullement en géographe et en voyageur, s’enfonça dans les forêts du haut Canada, dans des solitudes sans limites, vécut avec les tribus indiennes, enivré de la majesté de cette nature grandiose, promenant dans le désert cette mélancolie précoce « qu’il tenait de Dieu et de sa mère, » et son dégoût anticipé de la vie, des hommes et de la société, rêvant l’épopée de la vie sauvage, l’idylle des races primitives, et l’esquissant au jour le jour et de solitude en solitude, dans un profond oubli du monde et de la société où sa destinée orageuse allait le jeter pour y jouer un rôle éclatant. Une poésie nouvelle se révéla dès lors à son génie et vint mêler ses impressions et ses peintures à la poétique de l’école sentimentale et descriptive qui avait inspiré ses premiers essais. Il rapporta de ce voyage extraordinaire d’admirables ébauches d’où bientôt devaient se dégager les créations d’Atala, des Natchez, de René, ainsi que les Voyages en Amérique. — Un journal tombé entre ses mains, en l’instruisant de la marche irrésistible de la Révolution, l’arrache au nouveau monde. Il s’embarque à la hâte, aborde en France vers le milieu de 1792 et va se jeter dans les rangs des émigrés de Coblentz et offrir son épée à l’invasion étrangère et à la contre-révolution. Blessé au siège de Thionville, attaqué par une maladie contagieuse pendant la retraite, il se réfugie mourant en Angleterre (1793), où il vécut pendant quelques années dans le dénûment et la solitude, donnant des leçons de français pour vivre et travaillant pour les libraires et les journaux. C’est pendant cette période douloureuse de sa carrière qu’il conçut et qu’il exécuta l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française (Londres, 1797), ouvrage où quelques mérites de style ne peuvent compenser l’absurdité du plan, l’absence d’unité morale, l’affectation de misanthropie et de scepticisme politique, le mélange d’idées inconciliables, et la fausseté choquante des rapprochements historiques. Malgré son esprit rétrograde, cet écrit porte encore l’empreinte du scepticisme religieux de la jeunesse de l’auteur, et lui attira plus tard de vives attaques dans son propre parti. Bientôt cependant ses idées prirent un autre cours. Les persécutions subies par sa famille, la mort de sa mère et de sa sœur, ses propres malheurs, peut-être aussi la mobilité de son imagination, le ramenèrent au christianisme, et il commença, sous cette inspiration, un ouvrage plusieurs fois interrompu, sinon abandonné, et qui était destiné à un succès éclatant et universel. Le 18 brumaire lui rouvrit les portes de la France, et son ami dévoué M. de Fontanes partagea avec lui le privilège du Mercure de France. C’est dans ce recueil qu’il publia, en 1801, sa gracieuse idylle indienne d’Atala, tableau poétique des amours de deux jeunes sauvages, composition un peu artificielle, mais pleine de descriptions ravissantes, d’une grâce inexprimable, d’un sentiment exquis et d’un coloris éblouissant. Le succès fut immense et le nom de Chateaubriand, la veille encore à peu près inconnu, fut désormais popularisé dans toute l’Europe. L’année suivante (1802), après de longues hésitations, il livra au public son ouvrage de prédilection, le Génie du christianisme, dont l’apparition eut toute l’importance d’un événement public, et qui surtout eut la bonne fortune d’arriver à son heure et de répondre à un besoin des esprits. Le but de l’auteur avait été de démontrer l’excellence et la divinité de la religion chrétienne au point de vue de la poésie et des arts aussi bien que par rapport au dogme et à la théologie, d’établir que le symbole catholique contient dans sa synthèse sacrée toute science et toute poésie, comme il contient toute vérité. Il faut reconnaître aujourd’hui qu’il n’a qu’en partie justifié son titre et réalisé son plan, et qu’il a tracé d’un pinceau brillant la poétique du christianisme plutôt qu’il n’en a compris et analysé le génie avec la profondeur et la gravité que comporte un tel sujet. Néanmoins, cette gracieuse fantaisie d’artiste accomplit ce que n’eût point fait peut-être la conception forte et sévère d’un penseur, en donnant une voix à la réaction religieuse, préparée déjà par la lassitude des esprits, par le rétablissement officiel du culte et par l’affaissement qui suit les grandes crises. Malgré les critiques des classiques purs, malgré les attaques des légataires de la philosophie sceptique et révolutionnaire, Ginguené, Morellet, Chénier, etc., le livre eut une vogue inouïe et fit une véritable révolution dans le goût comme dans les idées. Napoléon y vit un auxiliaire utile de sa politique de restauration et comme une sorte de complément au concordat. Il nomma l’auteur secrétaire d’ambassade à Rome, puis ministre plénipotentiaire dans le Valais. Mais le noble écrivain s’accommodait mal de ces positions secondaires ; l’exécution du duc d’Enghien lui fournit l’occasion de donner sa démission, acte de conscience et de courage qui, au milieu du silence universel, eut un grand éclat et irrita profondément l’empereur. En 1805, Chateaubriand publia René, œuvre étrange et d’une poésie amère, où il a reproduit les impressions et les rêveries maladives de sa jeunesse. Depuis longtemps déjà, il méditait une épopée chrétienne où il se proposait de mêler la poésie d’Homère à la poésie de la Bible et de l’Évangile, et il partit en 1806 pour visiter les lieux qui devaient servir de théâtre aux scènes qu’il voulait peindre. Ce voyage eut encore le caractère d’un double pèlerinage au berceau de l’antiquité païenne et au berceau du christianisme. Il parcourut la Grèce, la Turquie, la Syrie, la Terre sainte, l’Égypte, et revint en France par l’Espagne, où il se délassa de ses longues pérégrinations et de ses impressions par la composition des Aventures du dernier des Abencerrages, roman chevaleresque qu’il ne devait publier qu’en 1826. Retiré dès lors à la Vallée-aux-Loups, près de Paris, il y vécut jusqu’à la fin de l’empire dans une retraite à peu près absolue, uniquement occupé de ses travaux littéraires. Quelques articles dans le Mercure lui firent enlever par le gouvernement impérial sa part de propriété dans ce journal. Cette confiscation, qui porta un coup très-sensible à sa fortune délabrée, n’était pas propre à le réconcilier avec le chef du gouvernement, et envenima en lui cette haine qui devait éclater avec tant d’amertume en 1814. Pendant cette période, il publia les Martyrs, épopée en prose qui était comme l’application des théories littéraires du Génie du christianisme, et où il met en présence le paganisme expirant et la foi nouvelle achetant ses triomphes par le martyre ; l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, l’un de ses meilleurs écrits ; c’est le simple récit d’un voyageur qui décrit les lieux qu’il a traversés, les impressions qui l’ont ému : mais ce voyageur est un grand poëte, et ces lieux sont la Grèce et la Terre sainte !

La vie politique de Chateaubriand commence à la restauration des Bourbons. Dans cette carrière nouvelle, il apporta son humeur indépendante et capricieuse, son ardente imagination d’artiste, sa personnalité absorbante, sa passion de renommée, son éclectisme d’opinions et de doctrines, et ce scepticisme invétéré qui persistait en lui sous sa foi chrétienne et monarchique. De là ses fluctuations, ses changements de parti, ses misères publiques et ses fautes. D’ailleurs, avide des suffrages les plus divers, de même qu’il avait fondu dans sa manière littéraire tous les styles et toutes les inspirations, de même en politique il flotta entre le royalisme du droit divin, le libéralisme, le féodalisme, le républicanisme même, et finit par en former un syncrétisme bizarre qu’il donnait sérieusement pour une doctrine. C’est encore sous l’empire des mêmes illusions qu’il essayait de concilier le catholicisme et la philosophie, la foi du moyen âge et le progrès des idées.

Au moment de l’entrée des alliés à Paris, en 1814, Chateaubriand lança une brochure politique, tenue en réserve depuis quelque temps : De Buonaparte et des Bourbons, diatribe amère, personnelle, mais qui eut un effet immense et qui valut une armée aux Bourbons, suivant le mot de Louis XVIII. Il n’obtint cependant point de témoignage éclatant de reconnaissance. Le roi n’avait qu’une médiocre sympathie pour sa personne et pour ses écrits, et l’auteur du pamphlet reçut seulement la légation de Suède, qu’il accepta avec si peu d’empressement, qu’il était encore à Paris lorsque la révolution du 20 mars le précipita sur la route de Gand à la suite de son souverain. Nommé ministre à Gand, il reçut la pairie après les Cent-Jours, appuya de l’autorité de sa parole la faction qui poussait le gouvernement aux vengeances politiques, et se trouva bientôt engagé dans l’opposition ultraroyaliste contre le ministère Richelieu. Ses discours à la chambre haute, sa brochure : De la monarchie selon la charte, amalgame étrange d’idées constitutionnelles, absolutistes et aristocratiques, ses protestations contre la dissolution de la chambre introuvable, amenèrent sa dis-