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emporta Mayence après cinquante-deux jours de siège. La paix de Ryswick (1697) remit son fils Léopold-Joseph-Charles en possession du duché de Lorraine.


ROIS DE NAVARRE.


CHARLES Ier, le même que le roi de France Charles IV, le Bel.


CHARLES II, le Mauvais, fils de Philippe d’Évreux et de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin, né en 1332, mort en 1387. Il hérita du comté d’Évreux et de la Navarre, fut couronné à Pampelune en 1350, et terrifia dès les premiers jours ses sujets par la répression impitoyable de quelques troubles qui avaient éclaté. Il avait été élevé à la cour de Philippe de Valois et était réputé l’un des plus brillants chevaliers de son époque pour sa bravoure, sa beauté, sa libéralité, son éloquence et une instruction rare alors parmi les grands et les gens de guerre. Il n’a cependant laissé dans notre histoire qu’un nom sinistré et dont on avait fait un épouvantail pour les enfants. Quoiqu’on ait ajouté à ses crimes réels des crimes imaginaires, quoiqu’il n’ait pas été beaucoup plus mauvais que la plupart de ses contemporains, et que sa conduite ait été peut-être autant le résultat de sa position personnelle que de son caractère, il a pourtant mérité en grande partie son odieuse réputation, et sa vie a été fatale à la France, qu’il a déchirée par ses brigandages, ses intrigues et ses trahisons multipliées. Sa mère, Jeanne de France, avait été, en vertu des prétendues prescriptions de la loi salique, écartée du trône de France, dont elle était la plus proche héritière (v. Philippe de Valois). De là la haine de Charles le Mauvais pour les Valois, qui pouvaient lui sembler des usurpateurs. Le roi Jean, pour l’apaiser, lui donna sa fille Jeanne en mariage (1353) avec les villes de Mantes et de Meulan pour dot. Mais il n’avait cessé de le considérer comme un rival et il l’irrita imprudemment par ses procédés, et surtout en repoussant ses prétentions sur les comtés de Champagne, de Brie et d’Angoulême, prétentions fondées peut-être suivant le droit féodal. Charles avait un parti puissant dans le royaume et ses possessions en Normandie le rendaient redoutable. Il fit assassiner le connétable Charles de la Cerda, favori du roi, qui lui était hostile. Jean, ne pouvant l’atteindre, feignit de lui pardonner, et, après une série d’hostilités et de réconciliations, le fit arrêter par trahison à Rouen (1355), en même temps qu’il faisait massacrer tous les seigneurs de sa suite, et lui infligea une dure captivité. Échappé de sa prison après la défaite de Poitiers et pendant la captivité du roi (1356), Charles se présenta dans Paris, où ses malheurs l’avaient rendu populaire, charma le peuple par ses harangues latines et françaises, s’allia avec Étienne Marcel et les bourgeois contre le dauphin et la cour, et parvint à se faire nommer par les Parisiens capitaine général de Paris. Cependant, ce prétendu champion de la cause populaire tirait de grosses sommes d’argent des bourgeois, qui s’étaient engoués de lui, s’emparait du cours de la Seine et de la Marne et ravageait l’Île-de-France, pillant indistinctement les bourgs et les châteaux, massacrait les Jacques à Clermont et faisait couronner leur chef d’un trépied de fer rouge. Ces exploits diminuèrent un peu sa popularité. Les bourgeois lui fermèrent Paris, que voulut vainement lui livrer Marcel, encore plein d’illusions sur ce personnage. Le roi de Navarre s’en dédommagea en recommençant ses courses et ses pillages à la tête de ses bandits, en s’alliant avec les Anglais, en s’emparant d’une multitude de places et de châteaux forts et en désolant le royaume dont il se croyait frustré. Le traité de Brétigny lui assura ses domaines en France. Il retourna en Navarre en 1361, fit quelques expéditions en Espagne, prenant alternativement parti pour Pierre le Cruel et pour Henri de Transtamare, et, les trahissant tous les deux, essaya ensuite de se rapprocher du roi de France en même temps qu’il traitait avec les Anglais, et envoya ses deux fils en otage à Charles V, qui n’attendait qu’un prétexte pour le dépouiller. Ses trahisons, ses complots, ses entreprises n’en fournissaient que trop l’occasion contre lui. Il fut accusé d’avoir tenté de faire empoisonner le roi et les princes (accusation qui n'a point paru fondée) ; Duguesclin et le duc de Bourgogne se jetèrent sur la Normandie, qui fut rapidement conquise, à l’exception de Cherbourg, que Charles livra lui-même aux Anglais pour en obtenir des secours ; ses capitaines, Jacques Du Rue et Du Tertre, furent décapités. Il obtint enfin la paix (1479), mais aux conditions les plus dures, et il était fort affaibli lorsqu’il mourut. Sa mort, telle que la rapportent un grand nombre d’historiens, est empreinte d’un caractère tragique et l’on y voulut voir une punition du ciel. Pour ranimer ses forces épuisées par la débauche, il s’enveloppait dans un drap mouillé d’esprit-de-vin ; un valet imprudent y mit accidentellement le feu, et le malheureux prince périt dans des tourments affreux. On a quelque raison de douter de l’exactitude de ce récit, traité de fable par les historiens de la Navarre.


CHARLES III, le Noble, fils et successeur du précédent, né à Mantes en 1361, mort en 1425. Il signa avec le roi de France Charles VI un traité (1403) en vertu duquel il renonçait aux prétentions ou aux droits paternels sur les comtés d’Évreux, de Champagne et de Brie, et reçut comme compensation le duché de Nemours avec une pension considérable. Il garda une sage neutralité entre les factions qui déchiraient la France et s’appliqua à faire fleurir dans ses États les arts et l’industrie.

ROIS ET PRINCES ANGLAIS.


CHARLES Ier, roi d’Angleterre, de la maison des Stuarts, deuxième fils de Jacques Ier, né en 1600, à Dumferline (Écosse), devint prince de Galles, en 1612, à la mort de son frère Henri, et succéda à son père en 1625. Dans la même année, il épousa Henriette de France, fille de Henri IV. Livré à un favori justement odieux au pays, Buckingham, enivré lui-même de la fiction du droit divin, entraîné par instinct d’absolutisme vers le catholicisme (qu’il ne professait point), Charles blessa la nation dès le commencement de son règne en persécutant les presbytériens écossais et les puritains anglais, en favorisant les catholiques, en attaquant les libertés publiques et en dissolvant successivement plusieurs parlements qui avaient refusé des subsides et manifesté une redoutable opposition. Pendant onze ans (1629-1640), il gouverna sans parlement, avec ses ministres Laud et Strafford, multipliant les extorsions, les taxes arbitraires, les violences, les concussions, les actes de despotisme et les persécutions religieuses et politiques. Ses efforts obstinés pour établir en Écosse la liturgie anglicane soulevèrent les presbytériens de ce pays, qui signèrent leur fameux covenant, prirent les armes et envahirent l’Angleterre. Dans ces conjonctures, Charles, à bout de ressources et d’expédients, convoqua un parlement qu’il cassa presque aussitôt, se fit battre par les Écossais à Neuwburn, et, surmontant de nouveau sa répugnance, réunit encore une fois les députés du pays, et ouvrit le 3 novembre 1640 cette assemblée fameuse qui a reçu le nom de long parlement et qui devait consommer la révolution depuis longtemps préparée dans les esprits. Les deux chambres étaient animées d’une égale irritation contre la cour et commencèrent la guerre en mettant en accusation et en envoyant au supplice le ministre Strafford, dont le roi intimidé signa la sentence avec autant de pusillanimité que d’ingratitude. La décision, l’énergie et l’audace du parlement imposèrent tellement au monarque qu’il se laissa arracher son consentement au bill qui enlevait à la couronne le droit de prorogation et de dissolution ainsi qu’à diverses autres mesures qui le dépouillaient de ses principales prérogatives. Par une réaction assez ordinaire en lui, il passa subitement de la faiblesse à la violence et voulut faire arrêter plusieurs membres influents du parlement. L’irritation qui se communiqua de l’assemblée au peuple après cette tentative le décida à quitter Londres et à commencer la guerre civile (1642). Les parlementaires, de leur côté, nommèrent un comité exécutif et organisèrent une armée. Après une suite d’opérations militaires entrecoupées de négociations infructueuses et mêlées de succès et de revers, la cause royaliste fut définitivement vaincue à la bataille de Naseby (1645) par Fairfax et Cromwell, qui commandaient les troupes du parlement. Charles Ier se réfugia chez les Écossais, effrayés déjà des progrès de la révolution et du parti des indépendants, et faciles à gagner, mais qu’il blessa par son attitude hautaine et son mépris pour le covenant et le presbytérianisme, et qui finirent par le livrer aux parlementaires. Les plus modérés se montraient disposés à traiter avec lui ; mais les indépendants et leurs chefs, Cromwell, Fairfax, Ludlow, Milton, avec l’appui de l’armée, épurèrent le parlement, firent déclarer le roi coupable de haute trahison et le livrèrent à une haute cour de justice, qui le condamna à mort comme tyran, traître, meurtrier et ennemi public. Charles montra pendant le cours du procès plus de fermeté que de prudence, déclinant opiniâtrement la compétence du tribunal et prenant pour unique moyen de défense la fiction absolutiste que le roi ne peut mal faire. Il fut décapité devant le palais de White-Hall et subit son supplice avec courage et résignation (30 janvier 1649). Quelques écrits de lui ont été publiés à La Haye, en 1650. Peu de jours après son exécution parut, en anglais et sous le titre grec d’Eikôn basiliké, une sorte de journal intime, recueil de méditations et de pensées, qu’on prétendit avoir été écrit par le roi pendant sa captivité et qui eut un succès prodigieux. Il est avéré aujourd’hui que le véritable auteur était Gauden, évêque d’Exeter.

Charles Ier d’Angleterre (PORTRAITS DE), par Van Dyck. En 1632, Van Dyck fut appelé à Londres par Charles Ier, qui le nomma premier peintre de sa cour, lui donna une pension de 200 livres sterling, le fit chevalier et lui rendit en un mot les hommages dus au génie. L’artiste exécuta un grand nombre de portraits de son royal patron ; parmi ceux qui se sont conservés jusqu’à nous, un des plus beaux est celui que possède le musée du Louvre : le roi est représenté dans son costume de chasse : veste de satin blanc, haut-de-chausses de velours rouge, bottes de buffle armées d’éperons, chapeau à larges bords orné d’une plume, épée suspendue à un riche baudrier ; il est debout, la tête de trois quarts tournée vers la gauche, la main droite appuyée sur une canne, l’autre main posée sur la hanche et tenant un gant. Près de lui, à droite, est son cheval dont on ne voit que la moitié du corps, et que retient par la bride le chevalier d’Hamilton, grand écuyer. Par derrière, et vu de profil, se tient un page portant le manteau de Charles Ier. Sur le terrain sont écrits ces mots : Carolus I, rex Magnae Britanniae, et, au-dessus, la signature de l’artiste : A. Van Diick. F. Ce portrait est justement célèbre. Suivant la remarque de M. Waagen : « la composition rappelle Velazquez, et il n’est pas impossible que la vue d’un tableau de ce maître ait exercé quelque influence sur l’imagination de Van Dyck ; elle est en outre pleine de finesse et de naturel et d’une exécution châtiée ; les chairs ont un léger reflet doré, et l’ensemble est peint dans une gamme extrêmement chaude et harmonieuse. » Van Dyck exécuta cette peinture en 1635. Descamps nous apprend qu’elle figurait, en 1745, dans le cabinet du marquis de Lassay, à Paris, et on trouve la note suivante dans les Mémoires secrets de Bachaumont : « 25 mars 1771. L’impératrice de Russie a fait enlever tout le cabinet de tableaux de M. le comte de Thiers, amateur distingué... M. de Marigny a eu la douleur de voir passer ces richesses chez l’étranger, faute de fonds pour les acquérir pour le compte du roi. On distinguait parmi ces tableaux un portrait en pied de Charles Ier, roi d’Angleterre, original de Van Dyck. C’est le seul qui soit resté en France. Mme  la comtesse Dubarry, qui déploie de plus en plus son goût pour les arts, a ordonné de l’acheter. Elle l’a payé 24,000 livres, et, sur l’observation qu’on lui faisait de choisir un pareil morceau entre tant d’autres qui auraient pu lui convenir, elle a répondu que c’était un portrait de famille qu’elle retirait. En effet, les Dubarry se prétendent parents de la maison des Stuarts. » M. Viardot dit avec raison : « Quelque étrange parenté qu’ait voulu établir entre elle et les Stuarts la fille du commis aux barrières Vaubernier, encore faut-il lui savoir gré d’avoir employé à l’achat de ce bel ouvrage d’art l’argent du vieux roi libertin. » Resterait à savoir si le tableau provenait réellement du cabinet du comte de Thiers et s’il fut payé 24,000 fr. : à la vente La Guiche, qui eut lieu en 1771, un Charles Ier peint par Van Dyck, fut vendu 17,000 fr. : serait-ce le même ouvrage ? Le Charles Ier en chasse, du Louvre, a été gravé plusieurs fois, notamment par Strange, Bonnefoy, Duparc, dans le Musée Filhol, dans l’Histoire des peintres de toutes les Écoles, et récemment par M. Mandel (Salon de 1850).

Un autre portrait de la plus grande beauté est celui que possède le musée du Belvédère, à Vienne : Charles er, debout et vu jusqu’à mi-corps, est vêtu d’un pourpoint de soie blanche et d’un manteau noir jeté légèrement sur l’épaule gauche ; il appuie la main droite sur sa hanche et la gauche sur la garde de son épée. « Une élégance exquise et un sens profondément aristocratique, dit M. Waagen, s’allient ici avec un rare bonheur aux qualités ordinaires de l’artiste. » Au musée de Dresde se trouve un portrait (demi-figure de grandeur naturelle) représentant Charles Ier en habit et en manteau noirs, une main posée sur une table, l’autre tenant des gants. Ce tableau figurait autrefois dans la galerie impériale de Prague. — Une autre peinture de Van Dyck, qui se voit au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, nous montre le roi, âgé de trente-cinq ans, revêtu de son armure de guerre. — Au château de Windsor, il y a un tableau de Van Dyck qui représente Charles Ier sous trois points de vue : de face, de trois quarts, de profil. Ce singulier portrait fut peint pour le Bernin, à qui on l’envoya à Rome. Le célèbre sculpteur exécutait alors un buste de Charles IIerer qu’il n’avait jamais vu. Ce buste fut détruit par un incendie a Whitehall.

On a deux magnifiques portraits équestres de Charles Ier par Van Dyck. L’un, de grandeur naturelle, est placé au palais de Windsor : le roi, de face, la tête nue, les cheveux flottants sur ses épaules, est couvert de son armure, sur laquelle se détachent une écharpe bleue passée en sautoir, et une grande collerette de guipure ; il tient de la main droite un bâton de commandement, et de l’autre main, qu’on ne voit pas, il guide son cheval blanc, qui sort d’une haute porte cintrée, et qui vient droit au spectateur. À la gauche du monarque se tient, à pied et la tête découverte, son écuyer, M. de Saint-Antoine, qui porte le casque royal ; ce personnage, vêtu de rouge, est superbe. De l’autre côté, un grand écusson aux armes d’Angleterre, surmonté de la couronne, se dresse contre la base de l’une des colonnes cannelées qui encadrent la haute porte cintrée, et le long desquelles flottent de grandes draperies vertes. Dans l’ouverture de cette porte, la belle tête pensive de Charles Ier se détache sur un ciel qu’éclaire le soleil couchant. « Cet immense portique, qui se perd dans les bords du cadre, dit M. W. Burger, tout cet entourage de froide architecture fait paraître la toile un peu vide, malgré la splendeur du personnage équestre, et surtout de l’écuyer à pied. C’est un tableau de décoration presque autant qu’un portrait. » Il a été gravé par Baron et par Lombart. Beaucoup d’amateurs préfèrent à cette grande toile le petit portrait équestre qui est au palais Buckingham, à Londres ; le roi, vu de profil et tourné vers la gauche, est monté sur un cheval à robe jaune et à crinière noire ; le fond du tableau est un paysage du ton le plus vigoureux.

Van Dyck a représenté plusieurs fois Charles Ier entouré de sa famille : un chef-d’œuvre en ce genre a figuré à l’exposition de Manchester, en 1857 ; il appartient au duc de Richmond. qui l’a acheté 1,500 guinées, et provient de la galerie d’Orléans, à la vente de laquelle il a été payé 1,000 guinées seulement. « Aujourd’hui, dit M. W. Bürger, il se vendrait plus de 100,000 fr. » Une répétition de ce tableau se voit à Windsor. Au palais Pitti, à Florence, un tableau représente réunis dans un même cadre, mais séparés par une colonne, Charles Ier et sa femme Henriette. « La physionomie du roi est énergique et bonne, dit M. Lavice ; celle de la reine est mélancolique. Ces deux portraits sont parfaits et bien conservés.

Parmi les artistes qui ont partagé avec Van Dyck l’honneur de peindre le malheureux Charles Ier, nous citerons : Gonzalès Coques, dont le musée de Dresde possède un tableau d’une exquise finesse représentant le roi sous le portique d’un palais ; H. Pot, dont on voit au Louvre un petit portrait signé d’un monogramme et daté de 1632 (gravé dans le Musée Filhol et dans l’ouvrage de Landon, comme étant un ouvrage de N. Conningh) ; le chevalier Lely, dont un portrait équestre, appartenant au duc d’Hamilton, a été exposé à Manchester, en 1857 ; Daniel Mytens le vieux, qui a peint Charles Ier n’étant encore que prince de Galles (musée de Copenhague) ; Charles Ier et sa femme, avec fond d’architecture de Steenwyck (musée de Dresde) ; Charles Ier, sa femme et un de ses enfants (Buckingham palace) ; Charles Ier, sa femme et divers personnages de sa cour, tableau donné à Addison par la reine Anne, et qui figure aujourd’hui dans la galerie du vicomte Galway, etc.

Charles Ier (les enfants de), chef-d’œuvre de Van Dyck ; palais de Windsor. — Ce tableau est signé et daté de 1637, L’aîné des enfants, Charles, prince de Galles (plus tard Charles II), n’avait alors que sept ans ; il est vêtu de rouge et appuie sa main gauche sur la tête d’un gros chien jaunâtre ; sa sœur, la princesse Marie (plus tard femme de Guillaume de Nassau) soutient un baby entièrement nu (la petite princesse Anne) ; elle est habillée en bleu ; Jacques, duc d’York (depuis Jacques II), et la princesse Élisabeth ont des costumes blancs. Un rideau vert, une table recouverte d’un tapis rouge, un vase antique, une corbeille pleine de fruits et un coin du ciel forment la fond du tableau. Cette superbe peinture a été gravée par R. Strange, Baron, Cooper, etc. Il en existe une répétition au musée de Berlin.

Un autre tableau de Van Dyck, qui figure au palais de Windsor et dont il existe une répétition au musée de Dresde et une brillante esquisse au Louvre, représente trois enfants seulement de Charles Ier : le prince Charles, ayant près de lui un joli épagneul, est vêtu de satin jaune ; il appuie le bras droit sur la base d’une colonne et donne la main à son frère Jacques, qui est encore habillé d’une robe et d’un bonnet ; la princesse Marie, vêtue d’une robe blanche, est debout près d’eux. À droite, une porte s’ouvre sur un jardin. Ce tableau a été gravé par R. Strange, lithographie par Hanfstaengl, etc.

Charles Ier insulté par les soldats de Cromwell, tableau de Paul Delaroche ; collection de lord Ellesmere (Angleterre). Le roi déchu est assis, de face, au centre de la composition ; il tient dans ses mains un livre ouvert ; sa figure pâle, amaigrie, qu’encadrent ses longs cheveux flottants, est empreinte d’une profonde tristesse. Il tourne ses regards vers un soldat brutal qui lui souffle au visage de la fumée de tabac ; l’attitude noble et résignée de la victime contraste avec le mouvement de l’ignoble provocateur. Un autre soldat, placé à droite, derrière le fauteuil de Charles Ier et élevant un verre qu’il tient à la main, se penche en riant vers l’infortuné monarque et lui annonce sans doute qu’il va boire à sa santé. Un officier est assis plus à droite, regardant Charles, dont il est séparé par une table recouverte d’un tapis et sur laquelle est appuyé un soldat endormi ; il a la tête couverte d’un grand feutre, les mains sur la garde de son épée, les jambes allongées et les pieds posés sur un des chenets d’une vaste cheminée. Un homme, vêtu de noir, appuyé contre une colonne qui sert de montant à cette cheminée, et deux autres personnages, debout derrière l’officier, contemplent le roi avec une compassion qu’ils déguisent mal. Dans le fond, à gauche, près d’une fenêtre, est un groupe de cinq ou six figures, parmi lesquelles un homme debout, levant les bras et pérorant. Ce tableau, peint par Delaroche en 1836, et exposé au Salon de l’année suivante, n’y obtint qu’un médiocre succès. Gustave Planche en fit même une critique assez vive : « Les figures ont toutes un mérite égal, dit-il, et sont traitées avec le même soin. Les chairs et les étoffes sont neuves, et se recommandent par une propreté exemplaire. Tout cela est parfait, irréprochable ; mais la toile est vide, malgré le grand nombre des acteurs. Pourquoi ? C’est que les vêtements, les armes, les colonnes et les meubles sont amenés au même point d’exécution que les chairs ; c’est que les choses ont la même importance que les hommes, c’est que l’œil ne sait où s’arrêter, et se promène sur cette toile avec une perpétuelle indéci-