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il crut la majesté divine outragée parce qu’on arrachait du pied des autels les coupables qui venaient s y réfugier, et, dès ce jour, il devint l’ennemi du ministre qui l’avait élevé de force sur le siège de Constanfmople. Il n’eut pas d’ailleurs une lutte bien longue à soutenir contre lui, la chute d’Eutrope ayant suivi de près la consécration de Chrysostome. Ce favori, enivré par la fortune qui ne lui avait rien laissé à désirer, s’emporta un jour jusqu’à insulter l’impératrice Eudoxie, qu’il avait été chercher dans un rang obscur pour la placer sur le trône. La ftère princesse, saisissant l’occasion longtemps attendue de perdre un ennemi qui avait accaparé la confiance d’Arcadius, alla raconter au milieu des larmes et des sanglots l’outrage dont elle venait d’être victime. L’empereur ordonna à Eutrope de sortir de sa présence, et le ministre, comprenant qu’il était perdu, se réfugia dans l’église pour mettre ses jours à l’abri des ressentiments de l’impératrice. Il y était à peine que des soldats l’y suivirent ; mais, n’osant

Pénétrer dans le sanctuaire, ils sommèrent évêque de leur livrer le fugitif. Chrysostome, usant noblement en faveur d’Eutrope du droit d’asile que celui-ci avait voulu abolir, résista et aux soldats et à l’empereur lui-même, devant lequel il soutint victorieusement la cause des immunités de l’Église. Restait le peuplé qui, furieux contre l’indigne favori, demandait qu’il lui fut livré pour le mettre en pièces. Ici se place une de ces scènes qui peignent bien cette époque tumultueuse, et les effets extraordinaires obtenus par l’éloquente parole de Chrysostome. Au milieu de cette foule, dont la fureur et l’effervescence étaient portées au dernier degré, et que la vaste basilique pouvait à peine contenir, l’évêque monta sur le siège qui lui servait de chaire ; d’un geste il commanda le silence, et le voile qui cachait le sanctuaire s’entr’ouvrant montra Eutrope agenouillé sous l’autel qu’il entourait de ses bras, pâle, couvert de cendres et si tremblant qu’on pouvait entendre le claquement de ses dents. Chrysostome prononça alors cette homélie si connue qui commence par le proverbe de Salomon : « Vanité des vanités, tout n’est que vanité ! » Une heure après, la foule s’écoulait silencieuse, domptée par cette parole éloquente. Toutefois, la protection de Chrysostome ne fut pas longtemps utile à Eutrope ; il se laissa entraîner hors du sanctuaire, séduit par les promesses des agents d’Eudoxie, fut mis en jugement, et condamné à mort comme coupable de lèsemajesté.

Le premier adversaire de Chrysostome venait de succomber ; mais une lutte plus sérieuse allait commencer pour lui : le moine intraitable se trouvait au milieu d’une cour galante et frivole, qui, du milieu de ses plaisirs, s’occupait du gouvernement de l’Église ; l’anachorète austère était aux prises avec un clergé mondain et débauché, et l’homme avide de domination, qui confondait sa cause avec celle de Dieu, qui, jusque dans ses ressentiments, croyait servir les intérêts du ciel, se trouvait vis-à-vis d’une femme belle, jeune, impérieuse, qui, elle aussi, était jalouse de son autorité. Eudoxie, du vivant d’Eutrope, s’était rapprochée de l’évêque en haine du favori ; elle s’en éloigna bientôt quand elle vit en lui un rival et un adversaire. Sans guide, sans direction au milieu d’une cour dominée par des eunuques, elle avait suivi les exemples qu’elle avait sous ses yeux, et menait une vie que facilitait l’imbécillité de son mari. Le favori actuel d’Arcadius, le comte Jean, était, au vu et au su de tous, l’amant de l’impératrice, et le public salua du nom de fils du comte Jean le quatrième enfant d’Eudoxie. Son amour de l’argent n’était pas moins grand que le dérèglement de ses mœurs : palais, bijoux, tout ce qui lui plaisait, elle trou’ vait moyen de le prendre, et, une fois, elle confisqua une vigne uniquement parce qu’elle en avait trouvé les raisins excellents. Le fougueux Chrysostome était impuissant à cacher l’indignation que faisaient naître en lui de pareilles mœurs-, du haut de la chaire, il laissait tomber des paroles menaçantes contre la nouvelle Jézabei, et quelquefois même il reprochait en pleine église, aux amies de l’impératrice, leur toilette inconvenante, les menaçant de les retrancher de sa communion et de les chasser du temple. Parmi les amies d’Eudoxie, il se forma bientôt une conspiration permanente contre l’évêque ; on rapportait ses paroles, on les commentait, on cherchait les moyens de le perdre. Le clergé n’était pas mieux disposé en sa faveur que la cour, et il se joignait à ses conciliabules, conspirant ouvertement contre son chef. Le seul appui de Chrysostome était le peuple, qu’il aimait d’un amour de père et dont il était l’idole, car le saint évêque avait un profond sentiment de l’égalité sociale que Jésus avait proclamée, et, comme son maître, il ne se gênait pas pour la prêcher. Depuis Spurius Cassius attaquant l’usure des patriciens, depuis les Gracques défendant la loi agraire, des accents pareils aux siens n’avaient point frappé l’oreille humaine, et si les démocrates les plus avancés de nos jours parcouraient certaines des homélies de saint Jean-Chrysostome, ils y trouveraient des audaces

qui les étonneraient eux-mêmes. Aussi l’église était toujours trop étroite quand on devait le voir ou l’entendre ; hors de son palais, la multitude lui faisait cortège ; elle faisait la garde autour de sa demeure quand elle croyait

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sa vie menacée. Un jour, ému vivement à la suite de ces ovations populaires, il dit à la foule qui l’entourait : « Je vous aime comme vous m’aimez ; que serais-je sans vous ? Vous êtes mon père, vous êtes ma mère, mes frères, mes enfants ; vous m’êtes tout au monde. Je n’ai joie ni douleur qui ne soit vôtre, et, quand un de vous périt, je péris. ■> Là était la force de Chrysostome ; la cour le savait bien, et elle attendait patiemment l’occasion de le perdre. Cette occasion ne vint que trop tôt.

Dans la plupart des Églises d’Asie régnait une corruption effrénée. La nécessité pour le candidat au trône épiscopal d’acheter les suffrages des électeurs créait pour l’évêque élu cette autre nécessité de vendre k son tour les ordinations, sous peine de se voir ruiné, lui, sa femme et ses enfants : c’était un marché convenu, accepté de tout compétiteur. Nombre de plaintes étant arrivées à Chrysostome, il s’embarqua, par un hiver rigoureux, pour aller faire justice d’un de ces marchés scandaleux. Le mal était plus grand qu’il ne le pensait ; les évêques accusés lui répondaient effrontément : « Il est vrai que nous avons donné cet argent, mais nous nous croyions autorisés par la coutume ; maintenant, si vous voulez nous déposer, rendez-nous l’argent que nous avons dépensé pour acquérir nos sièges épiscopaux. Plusieurs d’entre nous, non-seulement sont ruinés, mais ont livré jusqu’aux bijoux de leurs femmes, jusqu’aux meubles de leurs maisons. » Chrysostome porta le fer et le feu dans ces plaies vives ; il déposa nombre d’évêques. Une fois en si beau chemin, le terrible justicier ne s’arrêta plus ; il parcourut des provinces qui n’étaient pas sous sa juridiction, et dans lesquelles il n’avait été appelé ni par les clergés ni par les villes, et là aussi if poursuivit son œuvre de régénération. Ce fut là son tort, et un des principaux griefs qu’on allégua contre lui dans le concile. À son retour à Constantinople, un nouvel incident vint compliquer la situation : trois religieux, célèbres par leur piété et connus sous le nom des longs frères, a cause de leur haute taille, avaient été chasâés parThéophile, évêque d’Alexandrie, qui comptait parmi les plus rapaces et les plus intrigants de cette Église si corrompue ; ils vinrent demander asile à Chrysostome, qui prit leur cause en main, et les admit à la communion, malgré l’excommunication de l’évêque d’Alexandrie. C’était une nouvelle infraction aux règles de l’Église ; les ennemis de Chrysostome résolurent d en profiter et d’assembler un concile pour le juger. De nombreux évêques furent convoqués, et à leur tête Théophile, ennemi personnel de Chrysostome. L’évêque de Constantinople laissa s’amasser l’orage, confiant dans sa bonne cause et dans l’amour du peuple. Le concile se réunit à Chalcédoine, faubourg de Constantinople, redoutant la colère du peuple s’il se tenait dans la ville même. Chrysostome, sommé d’y paraître, récusa son autorité, et attendit dans son palais. Il fut déposé de son siège épiscopal. À l’envoyé du palais qui vint lui signifier l’ordre de partir, il répondit par un refus. Le peuple, qui veillait menaçant aux abords du palais, empêcha plusiears tentatives d’enlèvement. Cette situation durait, depuis plusieurs jours, et Chrysostome, bloqué dans son palais, passait alternativement de sa demeure dans sa basilique pour rassurer le peuple, qui craignait sans cesse qu’on ne l’eût enlevé, lorsqu’un incident vint précipiter le cours des choses. Chrysostome, sachantlesefforts tentés par l’impératrice auprès d’Arcadius pour faire confirmer la sentence, monta en chaire et prononça un discours fameux, où l’on trouvait entre autres ces paroles : « Hérodiade aussi est là ; Hérodiade danse toujours en demandant la tête de Jean, et on lui donnera la tète de Jean, parce qu’elle danse. » L’allusion était transparente ; aussi, le lendemain, un officier du palais vint déclarer à l’évêque que s’il ne voulait pas sortir de bonne volonté, on l’enlèverait de force. Chrysostome se résigna, et s’échappa secrètement pour ne pas être retenu par le peuple- mais cette précaution fut vaine. Le peuple, furieux de l’enlèvement de son évêque, se précipita dans l’église et massacra tous ceux qu’il croyait ennemis de Chrysostome ; les soldats arrivèrent à leur tour, et dans toute la ville le sang coula eu abondance. Pendant la nuit qui suivit, un terrible tremblement de terre agita plusieurs fois Constantinople. Pâle de terreur, l’impératrice se précipita chez l’empereur. « L’homme qu’on nous a fait bannir est un juste, s’écriat-elle, et Dieu se charge de le venger ; si vous voulez que nous conservions l’empire, faites qu’il soit rappelé sans retard. » On courut après Chrysostome, qui refusa de rentrer dans sa cathédrale avant que son arrêt de déposition eût été cassé. On l’y traîna de force, et là, au milieu de son peuple, il se livra à une de ses admirables effusions d’éloquence, 11 glorifia la puissance de Dieu, qui l’avait si miraculeusement sauvé ; il fit 1 éloge d’Eudoxie, sa persécutrice, qui maintenant courbait la tète devant lui ; il exalta sa piété, et lut la lettre pressante qu’elle lui avait écrite pour le rappeler. C’était la paix signée entre les deux partis. Quant aux ennemis de Chrysostome, l’évêque Théophile en tête, ils furent obligés de s’enfuir secrètement pour échapper à la colère du peuple, qui les eût mis en pièces.

Mais la trêve ne fut pas de longue durée. Chrysostome ayant protesté contre des dés CHRY

ordres qui avaient signalé des jeux donnés en l’honneur de l’impératrice, et ayant do nouveau parlé de cette princesse avec sa liberté de langage accoutumée, Eudoxie obtint de l’empereur de convoquer de nouveaux évêques pour le juger, et de cesser toute communication avec lui. De nombreux prélats se réunirent à Constantinople ; quarante-deux furent pour lui, mais le nombre de ses ennemis l’emporta, et sa déposition fut confirmée. Le peuple, plus que jamais, s’opposa à son départ, faisant à l’église et au palais épiscopal un rempart que les soldats ne purent forcer ; de sanglantes rencontres eurent lieu entre l’armée et la foule, la rue et le sanctuaire même se remplirent de victimes, et le sang coula dans toute la ville.’Pendant ce temps, Chrysostome s’adressait à ses collègues de l’épiscopat, et envoyait à Innocent, évêque de Rome, le récit des persécutions auxquelles il était en butte. Innocent écrivit à Arcadius, fît écrire par Honorius ; tout fut vain. Enfin le pape convoqua un concile h Thessalonique ; mais il n’était plus temps : Chrysostome avait été enlevé par la force armée et conduit à Césarée. Le peuple se vengea en s’opposant à l’intronisation d’Arsace, désigné pour lui succéder ; le sang coula de nouveau, et Sainte-Sophie fut à moitié brûléé. Chrysostome était relégué à Cucuse, dans le Taurus, pays rude, dont le climat porta une grave atteinte à sa santé déjà si affaiblie. Comme si on ne le trouvait pas assez éloigné de Constantinople, un ordre vint de le transporter k Pytionte, petite ville située sous le mont Caucase. Il lui fallut traverser toute l’Asie Mineure, et on lui fit faire cette route à pied, tête nue, sous un soleil brûlant. Arrivé près de Comane, il se sentit à bout de forces ; il se fit porter sur le tombeau de saint Basilisque, se revêtit une dernière fois de ses habits sacerdotaux, et rendit l’âme.

Les écrits de Chrysostome, qui ont été réunis par Montfaucon en 13 volumes in-fol., sont très-intéressants, non-seulement au point de vue littéraire et ecclésiastique, mais encore au point de vue historique. Il donne des détails très-circonstanciés et très-précieux sur les mœurs, les usages de l’époque, sur le luxe insensé de cette société, dont les habitudes molles et efféminées sont passées en proverbe. Parmi ses principaux écrits, on compte : son Exhortation d Théodore, adressée à un de ses amis, qui, après avoir embrassé la vie solitaire, était rentré dans le siècle ; ses traités sur les mœurs des femmes et si5r la virginité, où il attaque les diaconesses et les sœurs adoptives, et où il fait l’éloge de la virginité, détournant les jeunes filles du mariage et les veuves des secondes noces ; les homélies relatives aux affaires d’Antioche ; celles qu’il prononça à Constantinople, notamment celle en faveur d’Eutrope ; ses homélies sur la Genèse et sur l’Ancien Testament ; ses commentaires sur les psaumes, sur les prophètes et sur le Nouveau Testament, et, en outre, sur divers autres sujets. Sa vie a été écrite par son contemporain et ami Palladius. M. Amédée Thierry a publié sur Jean Chrysostome une excellente étude dans ses Nouveaux récits sur l’histoire romaine, étude dans laquelle nous avons largement puisé pour cet article.

Voici lejugementporté par M. Villemain sur Chrysostome comme orateur et comme écrivain : à Nul homme n’a mieux compris ce ministère de la parole qu’avait suscité l’Évangile. Il est le plus beau génie de la société nouvelle entée sur l’ancien monde. Il est, par excellence, le Grec devenu chrétien. Réformateur austère, sous ses paroles mélodieuses et vives, on sent toujours l’imagination qui, dans la Grèce, avait inspiré tant de fables charmantes. Il a rejeté bien loin les dieux d’Homère et les génies de Pythagore et de Platon ; mais, dans son idiome tout poétique, il représente l’aumône nous introduisant sans peine dans les cieux, et accueillie par le chœur des anges, comme une reine que les gardes reconnaissent à son cortège, et devant laquelle ils s’empressent d’ouvrir les portes de la ville. Ce polythéisme de langage ravissait les chrétiens néophytes d’Orient, et la sublime morale de l’orateur venait à eux parée de poésie. L’éloquence de Chrysostome a sans doute, pour des modernes, une sorte de diffusion asiatique. Les grandes images empruntées à la nature y reviennent souvent. Son style est plus éclatant que varié ; c’est la splendeur de cette lumière éblouissante et toujours égale qui brille sur les campagnes de la Syrie. Toutefois, en lisant ses ouvrages, on ne peut se croire si près de la barbarie du moyen âge. On se dit : la société va-t-elle renaître sous un culte nouveau, et remonter vers une époque supérieure à l’antiquité, sans lui ressembler ? Le génie d’un grand homme vous a fait cette illusion. Vous regardez encore, et vous voyez tomber l’empire démantelé de toutes parts. »

CHRYSOSTOSE s. m. (kri-zo-sto-ze). Ichthyol. Fausse orthographe du mot ’chrvsotose.

CHRYSOSTROME s. m. (ltri-so-stro-medu gr. chrusos, or ; slràma, tapis). Ichthyol. Genre de poissons anchénoptères, comprenant une seule espèce que l’on pêche sur les côtes d’Italie.

ÇHRYSOTE adj. (kri-zo-te — du gr. chru-

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sos, or ; oûs, âtos, oreille). Zool. Qui a un demi-cercle jaune aux oreilles.

— s. m. Entom. Genre de diptères brachystomes, comprenant sept espèces.

CHRYSOTHÉMIDE s. f. (kri-zo-té-mi-dedu gr. chrusos, or ; 2’hémis, nom mythol.). Bot. Genre de plantes, de la famille dés gesnéracées, dont l’espèce type croit dans les Antilles : La chrysotiikmide orangée.

CHRYSOTHÉMIS, chanteur grec des premiers âges, dont le nom a été mêlé uux légendes fabuleuses sur Apollon et Python, il était fils du prêtre Carmanos, qui avait purifiô Apollon du meurtre de Python, et il se mêla lui-même à la cérémonie expiatoire, suivant la tradition pythique. Revêtu de la superbe robe de fête que les citharêdes portaient encore dans les jeux pythiqties, Chrysothémis chanta 1er premier nome en l’honneur du dieu (v. l<abricius, 1, p. 207-210, édit. Harl). Chrysothémis passe aussi, avec Orphée, Philammon et d’autres personnages fabuleux, pour un des premiers et des plus habiles musiciens de l’antiquité. Où et quand vécut-il ? Il est difficile de répondre catégoriquement à ces questions. Le sanctuaire de Tarrha, auquel était attaché Carmanos, se trouvait dans la partie montagneuse de la Crète occidentale, et c’est probablement là que vécut Chrysothémis, si toutefois il est vrai qu’il ait vécu.

CHRYSOTHÉMIS, fille d’Agamemnon et de Clytemnestre, sœur d’Oreste et d’Electre. Homère cite son nom avec celui de ses sœurs dans l’Iliade (IX, vers 145). Sophocle lui a donné un rôle assez important dans son Electre. Son caractère fait-un heureux contraste avec celui de sa sœur. Electre, c’est la haine implacable, indomptable ; elle se repaît de sa douleur ; l’ombre de son père assassiné est toujours devant ses yeux, et chaque fois qu’elle revoit Egisthe ou Clytemnestre, son cœur se soulève, ses yeux étincellent. Elle est étrangère dans le palais ; elle est ennemie déclarée des deux époux adultères. Chrysothémis, au contraire, est restée auprès de sa mère ; elle a pleuré comme Electre la mort de son père, mais elle a fini par se consoler ; elle a besoin d’affection et de tendresse, et elle s’est résignée à vivre en bon accord avec Clytemnestre. Ce n’est pas une héroïne, c’est une femme, et elle a toutes les faiblesses de son sexe. Electre est au-dessus du sien. Le meurtre d’Agamemnon a fait d’elle presque une Purie. Sans cesse, elle reproche à sa sœur, et souvent avec amertume, sa résignation coupable et son trop rapide oubli. Elle essaye de détourner Chrysothémis d’obéir à sa mère, qui l’a chargée de porter des libations expiatoires au tombeau d’Agamemnon. Pourquoi ces libations ? C’est que la coupable a été effrayée par un songe, et Chrysothémis raconte le songe. Clytemnestre a vu Agamemnon ressuscité, reprenant son trône et plantant dans la terre son sceptre royal qui se transformait bientôt en un arbre gigantesque. Electre eur gage sa sœur à évoquer les mânes de son père, pour les exhorter à susciter un vengeur, et non pour les apaiser. La timide Chrysothémis consent ; mais elle demande au chœur qui l’environne de garder le secret sur cette démarche. Quand elle revient du tombeau de son père, elle annonce qu’elle a vu des offrandes déposées par une main inconnue. Si c’était Oreste i... Electre, à cette seule pensée, sent sa haine se réveiller, et veut entraîner sa sœur à frapper avec elle les meurtriers, sans plus attendre. Chrysothémis refuse.

CHRYSOTHRONOS (qui est assise sur un trône d’or), surnom de Diane, de Junon et de l’Aurore.

CHRYSOTILE s. m. (kri-zo-ti-le — du gr. chrusos, or, et Mai, brins). Miner. Substance asbostiforme, d’un aspect soyeux et d’un blanc jaunâtre, qui se trouve presque partout en veines, dans la serpentine commune, et qui, comme cette dernière, paraît être formée de silicates et d’hydrates de magnésie. D’après Beudant, sa composition atomique serait représentée par la formule

3(MaSi2 + Aq) +MaAq.

Il On dit aussi chrvsotil.

CHRYSOTOSE s. m. (kri-zo-to-ze— du gr. chrusos, or ; oùs, àtos, oreille). Ichthyol. Genre de poissons thoraciques détachés de3 lamprides.

— Encycl. Ce genre est ainsi caractérisé : corps très-comprimé aussi bien que la queue ; hauteur égalant la longueur ; nageoire dorsale unique, très-haute, sans aiguillons antérieurs, ventrales allongées, ainsi que la caudale, dont les côtés sont relevés en carène. L’unique espèce est le chrysotose lune> très-beau, poisson qui dépasse quelquefois un mètre el demi de longueur ; son corps est d’un fond doré avec des reflets argentés, azurés, verdâtres ou violacés ; les nageoires sont louages. Peu répandu dans les mers du nord, ce poisson est encore plus rare dans la Méditerranée. Du reste, sa beauté fait son seul mérite, car sa chair n’est pas très-estimée comme aliment.

CHRYSOTOXE s. m. (kri-zo-to-xe — du gr. chrusos, or ; toxos, arc). Entom. Genre de diptères brachystomes qui ressemblent k des guêpes : Les chr-ïsotoxes ont un vol rapide, et se reposent souvent sur les /leurs pour se nourrir de leur suc mielleux. (Duponchel.)