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Chose inattendue et qui prouve que la raison finit toujours par avoir raison, sir Robert Peel, celui même qui avait porté contre Cobden une si terrible accusation, fut celui qui décida le succès des doctrines de l’agitateur, et qui, après une reconstruction du ministère, torça ses collègues à arborer le drapeau de la ligue. La discussion du bill qui devait proclamer, à la demande du gouvernement de la reine. la chute de la loi sur les céréales et le règne des doctrines antiprotectionnistes fut pour Cobden un des plus beaux triomphes qu’il soit donné à un homme de rêver. [1 intervint entre le ministère et les tories ameutés, parla simplement, familièrement, et comme s’il se fût agi de traiter une affaire dans les bureaux de sa maison de Manchester ; enfin Robert Peel déclara que c’était à son ancien adversaire politique que revenait l’honneur de l’immense réforme qui allait s’accomplir. Ce grand résultat obtenu, la ligue se déclara provisoirement dissoute, et vota par souscription, à Cobden, pour l’indemniser des pertes de temps et d’argent qu’il avait faites pendant sept années, une somme de 1, -50,000 francs qu’il accepta, parce qu’il sentait qu’elle était méritée. En France, pareille chose semblerait singulière ; en Angleterre, on la considère avec les yeux du bon sens et de l’équité, et l’on fait bien. Ajoutons que le fabricant de toiles de Manchester refusa au même moment le portefeuille de ministre que lui offrit sa souveraine, et préféra continuer ses études économiques en visitant de nouveau les différents pays de l’Europe. Il fut reçu partout avec sympathie et, disons le mot, avec enthousiasme ; à Paris et à Bordeaux, des banquets publics eurent lieu en son honneur ; Moscou lui fit une ovation.

Désormais Cobden cherchera l’application générale des doctrines qu’il a soutenues et prêchera la fraternité universelle, conséquence naturelle de la fusion des intérêts de toutes les nations. À Madrid, il apprend que le bourg West-Riding, dans le Yorkshire, l’a nommé député. Il accepte cet honneur qui lui est dé-Cerné pendant son absence, renonce à siéger pour Stockport, et reparaît en 1847, comme représentant de ses nouveaux électeurs, sur l’arène qui a vu son triomphe récent, dans la Chambre des communes. Les événements de l’année précédente, la victoire de la ligue, la chute de sir Robert Peel avaient tout changé et amené une nouvelle formation des partis. Une fraction notable du parti compacte des tories, des conservateurs, des protectionnistes s’était rangée à part sous. la

direction de Peel et formait le parti des peelites, sorte de centre droit. Les autres tories s’étaient vus forcés de réorganiser leur puissance divisée sous de nouveaux chefs, lord Stanley {plus tard lo, rd Derby) et Disraeli. Le parti ministériel des whigs pouvait dans le fond compter sur l’appui dos peelites ; mais une fusion complète ne s’était pas encore opérée entre eux. Enfin, autour de Cobden, se rangeaient les représentants de l’anti-cornlaw-teague, les hommes de la paix et de la

liberté du commerce, de la réduction dans les dépenses de l’État, les hommes, en un mot, des réformes sociales et politiques. Leurs membres les plus distingués étaient, outre Cobden, Bright, Milner Gibson, Forster, Fox, etc., des purs ceux-là, mais en même temps des hommes d’un talent incontestable et de tendances décidément démocratiques, "|ui, en toutes circonstances, non parfois, il aut l’avouer, sans partialité ni rudesse, mais toujours avec une influence et dans un but salutaires, élevaient la voix contre la persistance du gouvernement h marcher dans la voie routinière d’une politique surannée, et tendaient à lui substituer une politique éclairée, toute dirigée dans le sens des intérêts de la civilisation et de la grandeur du peuple anglais. Par cet exposé de la situation, il est facile de juger que ce ne fut qu’à la longue que ce parti put emporter la place et qu’il eut à repousser de nombreuses et rudes attaques, à cause de son aversion pour ce que l’on appelait la spirited foreign policy (la politique violente à l’extérieur). Du reste, leur opinion au sujet de la politique extérieure était le côté faible des partisans de Cobden, et l’on doit avouer, qu’ils ont en général tenu fort peu de compte des exigences inévitables imposées à l’Angleterre, précisément par la grandeur de sa puissance. Ce n’en est pas inoins un fait d’une haute signification qu’un parti semblable se fût formé, et, si la campagne de 1846 avait abouti à un triomphe, ce triomphe ne devait pas être le dernier. Dès 1849, il renversa un autre boulevard de l’ancienne législation, et ce fut encore à l’inspiration, et surtout à la direction de Cobden, que fut dû ce nouveau succès : l’abolition de l’acte de navigation et la proclamation de la liberté de la navigation. À cette époque, Cobden entra dans VAssociation pour la réforme financière, qui prit alors le titre d’Association pour la réforme parlementaire. C’est aussi en 1848 qu’il commença à la Chambre des communes ses discours périodiques contre les dépenses de l’armée et de 1 "’ " ’ "’ ' " faisait

armement,

congrès général

et perpétuel chargé de vider les litiges existant entre les nations européennes. Ces idées firent un grand progrès ; grâce a la révolution de Février. Au mois de juin 1848, 200,000 pétitionnaires les recommandèrent au Parlement, et, au mois de septembre suivant, un

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noaiques contre les dépenses de 1 armé la marine militaire. Chaque année, il deux motions, l’une pour le désarmi l’autre pour la réunion d’un congrès g

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congrès, dit de la paix universelle, se réunit à Bruxelles. Deux autres le suivirent, l’un à Paris en 1849, l’autre à Francfort en 1850. Celui de Paris, qui eut lieu à la salle Chantereine, dans la Chaussée-d’Antin, nous permit de voir le héros de la ligue tel qu’il avait été dans ses meilleurs jours. I ! fit décerner la présidence d’honneur a l’archevêque de Paris et la présidence effective à Victor Hugo, harangua l’assemblée tour à tour en anglais et en français, et, quand vint la clôture, donna le signal à ses compatriotes, qui terminèrent en criant neuf fois -.Hurrah ! comme au meeting. Au moment de l’insurrection hongroise, Cobden combattit énergiquement l’emprunt russe, prit parti pour Kossuth, et, quand la persécution amena le grand exilé en Angleterre, il se rendit au-devant de lui. En 1851, il maltraita fort lord Palmerston à propos de cette affaire de Grèce qui menaça la paix du monde, et le vieil homme d’État, pour éviter un échec parlementaire, fit un acte d’adhésion morale aux théories du congrès universel. La guerre de Crimée mit le patriotisme de Cobden en lutte avec ses idées humanitaires ; mais il se déclara pour la paix, sans crainte pour sa popularité un instant ébranlée. En 1857, il s’opposa à la guerre contre la Chine, et rallia une majorité considérable contre Palmerston, qui ne sut répondre que par une dissolution de la Chambre des communes. Les élections nouvelles furent fatales à l’opposition, et Cobden, privé de son fauteuil au Parlement, alla visiter les États-Unis. Dans le cours de ce voyage, sa fortune fut compromise dans une spéculation sur les chemins de fer américains, et ses amis politiques réunirent entre eux une somme d’environ un million de francs qu’ils lui offrirent. Rappelé au Parlement par une élection partielle, Cobden refusa de faire partie du ministère de Palmerston. Un succès non moins éclatant que la réforme de la loi sur les céréales l’attendait encore. Tandis que les Anglais, depuis l’établissement de la monarchie napoléonienne, et surtout depuis l’attentat d’Orsini, étaient périodiquement en proie à des terreurs paniques causées par 1 appréhension d’une descente des Français sur le sol du Royaume-Uni, et qu’ils s’occupaient activement de renforcer leur flotte et d’organiser une armée de volontaires, Cobden, Bright et Michel Chevalier avaient souvent débattu entre eux la question de l’établissement d’un traité de commerce entre les deux nations, traité dont ils ne s’étaient pas contentés de mettre en avant les incalculables avantages matériels, mais qu’ils avaient surtout envisagé comme devant être la base de relations amicales entre les deux peuples, comme un moyen de mettre fin à la haine séculaire qui les divisait et comme le meilleur antidote contre cette terreur d’une invasion, terreur aussi chimérique qu’absurde et nuisible à leurs yeux. Peu de temps après la formation du nouveau ministère Palmerston, Bright, dans un discours chaleureux, développa cette idée en plein Parlement ; aussitôt Chevalier écrivit à Cobden une lettre dans laquelle il lui disait, au sujet de la motion de Bright, que le temps était venu, que l’empereur était tout à fait favorable à la conclusion ■du traité, et que, si le gouvernement anglais voulait y donner son consentement, une pareille mesure aurait les résultats les plus féconds pour la France, pour l’Angleterre et pour le monde entier. C’était là plus qu’une proposition indirecte de la part de la France, et Michel Chevalier n’était que l’organe d’un personnage plus élevé ; aussi le ministère anglais se inontra-t-il déterminé à réaliser le projet, et Cobden fut envoyé à Paris en mai 1859 pour conduire les négociations : on connaît le résultat de ses travaux. En janvier 1860, le traité de commerce fut conclu entre la France et l’Angleterre, et, dans le cours de l’été suivant, la Chambre le ratifia après de longs -débats et malgré l’opposition la plus vive de la part des protectionnistes. C’était là le second service inappréciable que Cobden rendait à sa patrie, et Gladstone put justement le remercier, au nom du peuple et du gouvernement anglais, d’avoir mené à bonne fin une œuvre dans laquelle il n’avait été guidé par aucun motif d’intérêt personnel, et que lui-même, en sa qualité de fervent apôtre de la liberté du commerce, déclarait être l’une des victoires les plus glorieuses et les plus étonnantes que cette doctrine eût remportées.

Quoique Cobden eût déjà refusé à une autre époque de faire partie du ministère, lord Palmerston crut cependant devoir offrir à l’heureux négociateur du traité de commerce avec la France le titre de baronnet ; Cobden refusa encore : son ambition était satisfaite, car le but qu’il s’était proposé était atteint. Son caractère essentiellement démocratique, sa noble nature répugnaient à accepter uû titre auquel il n’attachait aucune valeur et qui l’eût même rabaissé à ses propres yeux, car il eût été la récompense, ou niême, selon son appréciation personnelle, le salaire d’efforts purement désintéressés et dictés uniquement par son amour pour le peuple anglais. Notre époque offre peu d’exemples d’un pareil dédain des grandeurs ; mais Richard Cobden, le commoner plébéien, a, croyons-nous, dans l’histoire contemporaine, une plus large place que celle qu’eût pu y occuper sir Richard Cobden, baronnet du Royaume-Uni.

Cependant, h son retour eu Angleterre,

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Cobden fut en butte aux reproches de ses adversaires, qui l’accusaient de s’être laissé séduire par l’accueil cordial de l’empereur des Français et par l’empressement que ce prince avait mis à faire triompher ses sympathies pour la liberté du commerce, et de s’être, par suite, laissé amené à’rabattre beaucoup de ses idées premières sur le régime militaire et l’ambitieuse politique adoptée parNapoléon III. Peut-être ces reproches n’étaient-ils pas entièrement dénués de fondement ; seulement, l’indifférence, pour ne pas dire l’antipathie de Cobden, pour les hésitations de la politique anglaise, tour à tour en proie à des idées d’intervention et à des terreurs paniques, eut plus de part à un changement quelconque dans ses opinions que l’habite condescendance de l’empereur. Cobden savait qu’il avait à défendre contre ce prince les intérêts les plus précieux du peuple anglais, et, de l’avis général, pendant toute la durée des négociations, il se conduisit avec cette indépendance qui faisait le fond de son caractère et qui convenait merveilleusement à sa mission officielle. Il sympathisait avec toutes les nationalités opprimées ; mais sa sympathie, essentiellement active, n’était pas de celles qui s’annoncent pompeusement et font naître des espérances, sans avoir l’intention de tenter quoi que ce soit pour contribuer à les satisfaire. Pour lui, chaque peuple, de même que chaque individu, était 1 artisan de sadestinée, et lorsque, à l’occasion, en face des dépenses excessives faites par le gouvernement anglais pour augmenter son armée et sa flotte, il insistait si fortement sur les intentions amicales et pacifiques de l’empereur Napoléon, il se montrait infiniment au-dessus de la masse si nombreuse en Angleterre de ces sots admirateurs, qui s’inclinent devant la puissance parce que c’est la puissance, et qui rendent hommage au succès obtenu, mais non aux efforts faits pour y arriver.

En dépit d« ces nombreuses attaques et des tristes prophéties de la presse protectionniste, Cobden eut la satisfaction de voir les résultats prospères du traité qu’il avait conclu, ainsi que les progrès rapides que fit d’année en année et dans tous les sens la liberté du commerce, sous les auspices mêmes de Gladstone, cet intelligent élève de son ancien adversaire, sir Robert Peel. Du reste, il reprit, comme auparavant, sa position indépendante dans la Chambre, et lord Palmerston particulièrement trouva en lui un adversaire que rien ne pouvait faire fléchir. Cependant, depuis cette époque, il ne parut plus que rarement dans cette assemblée ; sa santé exigeait de grands ménagements, et une affection de poitrine dont il souffrait depuis longtemps le forçait à user de ses forces et de sa parole avec la plus grande modération. Aussi chacun de ses discours fut-il dès lors un événement et rencontra-t-il l’attention la plus méritée, soit dans le Parlement, soit en dehors de cette assemblée. Sans laisser de côté ses anciennes idées de réforme, d’économie et de paix universelle, il se montra, pendant ses dernières années, le partisan déclaré et à toute épreuve des États-Unis du Nord dans leur lutte contre les États du Sud, contrairement à la majeure partie des hommes politiques anglais, qui défendaient ces derniers. La suppression de l’esclavage était l’unique et véritable cause de la sécession, et la victoire des États libres sur les États à esclaves devait avoir la plus haute importance tant pour les intérêts matériels que pour les intérêts moraux de l’humanité : telle fut l’idée que Cobden et son ami Bright défendirent au milieu d’une population induite en erreur et contre les attaques d’une presse perfide. Il fit preuve, en cette circonstance, de cette ardeur, de cette persévérance et de cette connaissance des choses qui avaient déjà été pour lui la Source de tant d’honneur ; et si ses idées à ce sujet furent longtemps impopulaires en Angleterre, il eut du moins le bonheur de voir, peu de jours avant sa mort, la marche même des événements en assurer le triomphe complet. Dans la question du Slesvig-Holstein, il ne se prononça pas tout à fait avec la même décision ; mais il condamna, avec une aversion déclarée, les fanatiques cris de guerre de la presse anglaise aussi bien que la politique indécise du gouvernement. Dans son dernier discours public, discours qu’il adressa à ses électeurs de Rochsdulç, dans l’automne de 1864, il exprima l’espérance que l’ignominieuse humiliation éprouvée en Danemark par la politique anglaise aurait au moins pour résultat de dégoûter John Bull de se mêler de ce qui se passait hors de chez lui, et le guérirait pour toujours de ses idées d’intervention politique.

Depuis le triomphe de l’anti-corn-law-league, Cobden avait quitté Manchester pour s’établir à Dunford, où la libéralité de ses concitoyens avait remplacé l’ancienne ferme en ruine de ses ancêtres par une habitation spacieuse et commode. Il avait fait un heureux mariage, et passait la plus grande partie de l’année, celle du moins que ne réclamaient pas les affaires politiques, au sein de sa famille. Outre ses études politiques, qu’il poursuivait toujours avec ardeur, il entretenait une correspondance étendue, et plusieurs de ses lettres, qui furent publiées à diverses occasions dans les journaux de l’époque, donnent la plus haute idée de cet esprit qui, à l’énergie des convictions, unissait une sage et calme philosophie pratique, ainsi qu’une éloquence noble et persuasive. Nous avons lu, écrite de sa propre main, en un français très-COBE

fmr, une réponse adressée à un pauvre vieilard de l’hospice des assistés de Bicêtre, qui lui avait envoyé un manuscrit sur Y Extinction du paupérisme. Lorsqu’il traitait les questions de principes, ses adversaires n’avaient à attendre de lui aucun ménagement ; mais, de l’avis général, on ne trouvait pas on lui la moindre trace des défauts presque toujours inséparables d’une éducation qui s’est faite toute seule comme la sienne. Ceux mêmes qui mettaient le plus en doute sa valeur politique, ou qui avaient été le plus atteints par ses vives attaques, n’hésitaient pas à reconnaître la noblesse indépendante de son caractère. Les services qu’il a rendusJi sa patrie et au monde entier ont donné à son nom une renommée impérissable.

Chacun espérait le voir longtemps encore jouir au sein du Parlement de la haute influence qui appartenait au champion de la liberté et du libre commerce, lorsque, tel qu’un éclair qui sillonne-la nue, le bruit de sa mort se répandit presque instantanément dans toute l’Angleterre. Depuis le commencement de l’hiver de 1804-1865, son ancienne affection do poitrine avait beaucoup augmenté, et, malgré l’ouverture du Parlement, il avait dû, pur l’ordre des médecins, rester à Dunford. La rigueur de la saison avait retardé son rétablissement, et l’état de sa santé n’était pas encore satisfaisant, lorsque) dans la troisième semaine de mars, la question des fortifications de la frontière canadienne fut appelée devant lo Parlement. L’ardent intérêt qu’il avait toujours pris au maintien de la paix entre l’Anfleterre et les États-Unis lui fit regarder ces ébats comme trop importants pour qu’il pût s’abstenir d’y prendre part. Mulade comme il l’était, il se mit en route pour Londres ; mais il avait trop compté sur ses forces. Il était à peine arrivé qu’une violente attaque asthmatique le força de s’aliter. Il ne devait plus se relever. Les attaques se succédèrent de plus en plus fréquentes les jours suivants, et il mourut le 2 avril 1865, le jour même où en Amérique la chute du gouvernement confédéré assurait le triomphe définitif de la liberté sur l’esclavage.

La mort de Cobden éveilla en Angleterre les sentiments du regret le plus profond, et fut regardée par tous les partis comme une perte nationale. Mais où ces sentiments se tirent jour de la façon la plus remarquable et la plus digne, ce fut au sein de la grande assemblée qui avait perdu en lui un de ses membres les plus éminents. Dès la matinée du 3 avril, lendemain de sa mort, la Chambre des communes du Parlement anglais présentait un aspect tel qu’on en a vu rarement, même au milieu des plus grandes calamités. Au lieu des conversations à haute voix qui troublaient d’ordinaire la majesté de la salle, on n’entendait qu’un murmure à peine perceptible, et encore ce murmure fit-il place à un silence plein d’attente et en quelque sorte solennel, lorsque lord Palmerston entra. Il n’eut pas besoin de demander ce que signifiait ce silence, et, cédant pour ainsi dire à son influence impérieuse, le noble lord s’efforça de rendre le dernier hommage politique aux mérites et aux vertus du grand homme d’État que l’Angleterre venait de perdre, et se lit l’interpréta public des sentiments de regret de la nation tout entière. Bien que le doyen des hommes d’État anglais se fût acquitté de cette tâche" avec un talent remarquable, l’effet produit par son discours fut encore dépassé par celui des paroles du chef de l’opposition. Le champion du parti protectionniste se leva, et, au milieu des applaudissements tumultueux de l’assemblée, prononça l’oraison funèbre de l’apôtre de la liberté ûu commerce. Tout l’éclat de son talent oratoire ne lui était pas nécessaire pour traiter une matière assez éloquente d’ellemême. Il sut cependant le déployer tout entier, et l’oraison funèbre de Cobden sera toujours placée au rang des meilleurs discours parlementaires de Disraeli. John Bright, l’ami dévoué, le fidèle frère d’armes de Cobden dnns toutes ses luttes, eut à peine la force de dire un dernier adieu • à l’aine la plus humaine, la plus noble qui eût jamais habité une forme mortelle. • Sa voix fut étouffée par l’émotion profonde d’une douleur immense.

Cobden fut enterré dans le cimetière de La vington, près de Dunford, C’est là que reposait, depuis plusieurs années, son fils unique, enlevé dans toute la fleur de sa jeunesse ; depuis lors, le malheureux père n’avait formé d’autre souhait que celui de reposer dans le même tombeau que son enfant uien-aimé ; ce vœu suprême fut exaucé.

Les œuvres de Cobden consistent dans les deux brochures politiques dont nous avuns parlé, et dans ses discours, qui ont été réunis en un volume et publiés en 1850.11 avait, en outre, fait paraître, en 1862, une brochure intitulée : les Trois paniques, dans laquelle il tournait en dérision la crainte d’une invasion française qui était générale en Angleterre, et les préparatifs de guerre qui étaient la suite de cette crainte. Un volume entier des œuvres de Frédéric Bastiat est consacré à Cobden et à la ligue ; enfin M. Joseph Garnier a publié, en 1846, un opuscule intitulé : Richard Cobden. les ligueurs et la ligue.

COBE j. m. (ko-be). Mar. Petit bout de corde joint à la ralingue de la voile.

COBÉA ou COSAA s. ni. (ko-bé-a — de Cobo, natur. espagnol). Bot. Genre de plantes grimpantes, originaire de l’Amérique tropi-