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nous admirâmes, à Londres, les marbres ravis au Parthénon, nous revîmes dans nos musées ses plâtres complets, et, quand nous eûmes reconstruit par la pensée le monument primitif sur ce rocher sacré qui domine Athènes, la procession des Panathénées se déroula pour nous ! Puis c’étaient les hétacombes, les jeux et les spectacles par lesquels on célébrait Minerve. Au pied de l’Acropole, dans le théâtre de Bacchus, où les spectateurs assis voyaient se dérouler au loin la nappe bleue et mouvante de la mer, retentissaient les vers d’Eschyle, de Sophocle, d’Euripide et d’Aristophane ; les populations de la Grèce et de l’Asie Mineure encombraient les rues d’Athènes et les campagnes voisines. C’était un mouvement, une vie, une gloire, qui semblaient éternels ! Que reste-t-il aujourd’hui de ces splendeurs ? les ruines de l’Acropole portant au front le Parthénon flanqué de la Tour vénitienne, puis les débris de la colonnade des Propylées, l’enceinte des temples détruits et les blocs disjoints du mur pélasgique ! Qu’est aujourd’hui la docte Athènes ? une bourgade peuplée de Grecs ignares. Quels navires sillonnent désormais la mer d’azur qui baigne le Pirée ? ceux des forbans qui courent sus aux pavillons civilisés. Que survit-il de la Grèce entière ? rien que la grandeur de ses souvenirs. Mais cette grandeur suffit pour inspirer le poète et l’artiste. « De tous les peuples de la terre, a dit Gœthe, les Grecs ont le plus noblement rêvé le rêve de la vie ! » Cette pensée était l’épigraphe du poëme sur l’Acropole que nous envoyâmes au concours de 1853, et qui fut inscrit à l’Institut sous le n° 53.

« Les poëtes qui ont mission de sauvegarder la poésie et de lui attirer l’attention de leurs confrères à l’Académie ne siégeaient point parmi les juges de ce concours de 1853. Victor Hugo était en exil, Alfred de Musset était absent, Alfred de Vigny et Lamartine ne quittaient pas leurs terres. L’Académie, distraite, ne lut point ou n’écouta point notre poëme et ne décerna pas de prix. Le sujet fut maintenu au concours ; nous fîmes comme pour la Colonie de Mettray, nous changeâmes quelques vers à ce poëme, nous remplaçâmes l’épigraphe de Gœthe par une épigraphe de Byron, et nous l’envoyâmes de nouveau au concours de 1854. Cette fois-ci, les poètes étaient présents, l’Académie était attentive, l’illustre auteur de Chatterton, le protecteur-né de ceux qui parlent cette langue divine de la poésie si peu écoutée du public, Alfred de Vigny, défendit notre Acropole avec la même impartialité que Victor Hugo avait défendu notre Colonie de Mettray, ignorant tous les deux qu’ils protégeaient l’œuvre d’une femme.

« Notre poëme sur l’Acropole a remporté le prix. Que le lecteur nous pardonne les détails qui précèdent : ils expliquent le sentiment de gratitude qui a dicté nos quatre dédicaces. Désormais les concours de poésie ne nous tenteront plus. Notre poëme de la Femme nous éloigne pour toujours du cadre académique restreint et déterminé ; tout notre temps est donné à ce poëme et à la continuation d’études dramatiques dont la plus faible a seule jusqu’ici abouti à la scène. D’autres, qui ont paru trop hardies comme idée et comme sentiment, ont été publiées ; celles qui suivront seront, nous l’espérons, représentées. Dans le domaine de la pensée, les témérités qui semblent dissonantes la veille deviennent le diapason du lendemain. Ceux qui se mettent à la remorque des faiseurs et des prétendus habiles arrivent vite et banalement. Ceux qui s’inspirent de leur individualité, des passions qu’ils ont ressenties ou observées et de l’étude des grands maîtres, sans imitation servile et seulement comme on recherche une atmosphère vivifiante, ceux-là arrivent tard, mais leur place se fait glorieuse et durable. »

Tout cela n’est peut-être que de l’autobiographie un peu exaltée ; mais nous avons lu ces lignes avec plaisir, et nous avons pensé que d’autres pourraient les lire avec le même sentiment.

Après son premier succès académique, Mme Louise Colet avait obtenu de M. A. de Salvandy, ministre de l’instruction publique, une pension qui fut doublée peu de temps après, que la République maintint, mais que l’Empire a cru devoir diminuer considérablement.

En 1842, Mme Louise Colet devint une des grâces et une des illustrations du salon célèbre de Mme Récamier. C’est par Mme Dupin qu’elle y fut présentée. Cette même année, la muse enthousiaste chanta avec toute son âme le désastre de Sidi-Brahim, et félicita le grand-duc de Toscane Léopold d’avoir refusé de livrer un réfugié italien au pape. Vers la même époque, elle fit un drame en cinq actes et en vers sur Charlotte Corday ; cette œuvre, malgré son mérite incontestable, n’a jamais pu affronter la rampe. Deux autres drames : Madame Roland et une Famille en 1793, ont eu le même sort, ainsi qu’une comédie intitulée les Lettres d’amour. La Jeunesse de Gœthe, l’œuvre que Mme Louise Colet nous disait tout à l’heure être entre toutes la plus faible, a été jouée.

Vers 1849, Mme Colet habitait la rue de Sèvres, en face de l’Abbaye-aux-Bois, dans la maison de Ballanche, le grand penseur, le profond philosophe. Elle y hérita des hôtes habituels de sa voisine, Mme Récamier, et l’on rencontrait alors dans son salon Béranger, Émile de Girardin, Michel de Bourges, Hugo, Villemain, d’autres illustrations encore et en grand nombre.

C’est à cette époque que se place, dans la vie de Mme Colet ; un épisode qui a fait beaucoup de bruit. Elle avait signé avec le directeur de la Presse un traité pour la publication des lettres de Benjamin Constant, qui lui venaient de Mme Récamier, morte récemment du choléra. Mme Lenormant, héritière de la gracieuse châtelaine de l’Abbaye-aux-Bois, arrêta cette publication et réclama la correspondance intime comme lui appartenant. Mme Colet refusa, voulut passer outre, mais un procès eut lieu, et les tendres confidences, les doux épanchements de l’auteur d’Adolphe ne parurent pas comme l’aurait désiré notre héroïne : cette correspondance ayant été donnée pendant que Mme Récamier était aveugle, la possession par Mme Colet en fut regardée comme illégitime.

En 1851, Louise Colet perdit son mari : c’est en cette douloureuse circonstance qu’elle fit, avec sa fille, âgée de neuf ans, son premier voyage en Angleterre. Victor Hugo, le grand exilé, reçut la muse avec un véritable bonheur. Elle emporta de Guernesey plusieurs galets que le poëte ramassait en se promenant avec elle et sur lesquels il s’amusait à tracer son nom immortel.

De retour à Paris à la fin de 1852, plus que jamais elle est entourée, adulée ; son modeste salon de la rue de Sèvres devient le rendez-vous de tous les gentilshommes de la plume, une Académie au petit pied, une église où l’art est adoré. On y rencontre Alfred de Vigny, Henri Martin, Gustave Flaubert, Leconte de Lisle, Lanfray, Patin, Alfred de Musset. Les beaux jours du xviie siècle et du xviiie siècle sont revenus. Un grand salon littéraire a rouvert ses portes ; c’est pour peu de temps. À la fin de l’automne de 1859, Louise Colet part pour l’Italie ; ce beau ciel lui inspire Madeleine ; elle revint en France pour publier Lui.

Arrêtons-nous un instant devant ce titre. Ce n’est point une apologie que nous écrivons, mais une biographie qui a la prétention d’être une photographie, une photographie reproduisant sans doute les qualités du modèle, mais aussi ses défectuosités, ses irrégularités, ses taches. Or, Lui est une tache ; c’est une faute en la vie de Mme Colet. Nous n’avons pas besoin de rappeler les circonstances qui furent l’occasion de cette publication. A. de Musset était mort, et Georges Sand avait écrit un roman : Elle et Lui, dont l’illustre poëte était le héros, l’auteur l’héroïne, et dans lequel à celle-ci était sacrifié celui-là, Laurent à Thérèse, Lui à Elle. Paul de Musset, le frère de Laurent, de l’amoureux transi malheureux, un peu ridicule, riposte par un autre roman : Lui et Elle, contre-partie du roman de Georges Sand, et dans lequel, cette fois, Olympe de B…, c’est-à-dire Thérèse, c’est-à-dire Elle, c’est-à-dire Georges Sand, est sacrifiée à E. de Falconey, c’est-à-dire à Laurent (Alfred de Musset). C’est alors que Mme Colet entre en lice à son tour et publie Lui pour faire suite à la fois, à Elle et Lui et à Lui et Elle, « un petit à-propos hors de propos, » dit très-justement M. Vapereau dans son Année littéraire.

Là on voit la réalité sous la fiction, les visages sous les masques, les noms sous les pseudonymes. La parole est à une marquise distinguée, jeune encore, veuve et ruinée, qui s’est faite bas-bleu pour vivre et élever son enfant. Stéphanie de Rostan devient tout d’un coup l’objet d’une passion foudroyante de la part d’un grand homme de lettres qu’elle avait entrevu elle-même comme son idéal dans ses rêves de jeune fille. Le grand homme, qu’elle nomme Albert de Lincel, est blasé, usé, épuisé. Il a mené la vie à grandes guides, et il est puni de ses excès par des besoins qu’il ne peut plus assouvir. La marquise résiste à l’attaque, si impétueuse qu’elle soit. Dès sa première visite, le poëte s’installe chez elle ; il lui demande à boire du vin, « cette liqueur aux parfums âcres » dont la marquise n’a jamais goûté, ou toute autre boisson alcoolique : la marquise n’a que de l’eau sucrée à lui offrir. Il lui demande ensuite plus brutalement encore quelque chose de plus ; ses complaisances pourraient le sauver des mauvais lieux où il va courir en la quittant. Sans l’encourager tout à fait, elle n’ose pas, de peur de le rejeter dans l’abîme, repousser ses assiduités, et, entre autres récits malsonnants qui remplissent leurs longs tête-à-tête, en présence même de l’enfant, le poëte raconte son passé et la malheureuse passion qui a ouvert à sa vie et à son génie le même tombeau. Il a été la dupe et la victime d’une célèbre artiste, Antonia Back (on devine qui), cette femme-homme, aux habitudes des deux sexes, plus âgée que lui, et qui traite l’amour maternellement et cavalièrement. À partir de ce moment, c’est une réédition de Lui et Elle par Lui. Le voyage en Italie ne manque pas à ce récit, non plus que la scène dans la chambre du malade avec le beau médecin. Elle est mitigée pourtant et dégagée des circonstances aggravantes. Quant à la marquise, après avoir souffert, encouragé, sinon récompensé les assiduités d’Albert de Lincel, elle finit par l’écarter, et elle a la fatuité de croire que ses rigueurs n’ont pas été étrangères à la fin prématurée de l’illustre et malheureux poëte ; mais elle a elle-même dans la tête et au cœur un amour qui ne lui permet pas d’autres attachements trop profonds. Elle réserve ce que l’auteur n’ose appeler sa fidélité pour un certain penseur absent qui l’aime moins du cœur que du cerveau (on devine encore quel est ce penseur).

Nous laissons de côté les détails, ainsi que certains personnages accessoires. Que les amateurs de scandale sondent ces mystères de boudoir et d’alcôve, et cherchent le mot de toutes ces énigmes révélatrices. Quant à nous, n’insistons pas davantage et contentons-nous de renvoyer les curieux à notre article sur les Confessions d’un enfant du siècle.

Les publications qui suivirent celle dont nous venons de parler ont pour titres : Histoire d’un soldat, Madame Duchâtelet et l’Italie des Italiens (4 vol. in-18).

En 1864, Mme Louise Colet se rendit à Gênes, de Gênes à Turin, de Turin à Venise. Naples la posséda tout l’hiver. Elle s’était logée à l’ancienne colonie de San-Leucio, près de Caserte, puis dans l’île d’Ischia, à la Villa-Réal.

Au séminaire, on se préoccupa fort de sa présence, qu’on regarda comme dangereuse ; les écrits de Mme Colet, tant soit peu irréligieux, la rendaient fort redoutable et lui suscitèrent un grand nombre d’ennemis. Les moines, frappés de terreur à cause des fièvres qui régnaient depuis quelque temps en Italie, accusèrent la Muse d’avoir empoisonné les sources ; ces bruits monstrueux grandirent peu à peu, si bien qu’un jour on menaça de mort Mme Louise Colet. Heureusement qu’elle avait des amis en Italie, qui la tirèrent des griffes de ces furieux.

Un mot encore sur le caractère de Mme Louise Colet ; voilà près de deux ans (elle était alors absente), Victor Cousin mourut en témoignant le désir de laisser quelque chose à l’amie de vingt ans. Comme rien n’avait été désigné dans le testament, les héritiers du grand écrivain se mirent à la disposition de Mme Louise Colet pour lui offrir la somme qu’elle désignerait ; celle-ci ne voulut fixer aucun chiffre, sa nature loyale se révolta justement. Ce fut avec toute la délicatesse possible que les héritiers demandèrent à Mme Louise Colet de leur montrer la correspondance du philosophe : elle refusa de nouveau, indignée de cette sorte de profanation. Une modeste rente lui fut offerte, et elle l’accepta comme souvenir. Quant aux lettres de Victor Cousin, personne ne les a lues ; Mme Colet, qui a toutes les délicatesses du cœur, préfère une fortune modeste et le travail, à une fortune brillante acquise par une lâcheté.

Un dernier ouvrage, les Derniers marquis, parut chez Dentu en 1866. Voici le jugement porté sur ce livre par un critique. « Mme Louise Colet abandonne enfin l’Italie, cette Italie des Italiens dont elle nous a parlé si longuement et en bons termes, pour revenir en France avec les Derniers marquis. Le titre de ce volume est tout de fantaisie ; car dans la nouvelle, d’ailleurs délicate et bien conduite, qui en remplit la moitié, c’est à peine s’il est question de ces gens titrés que Napoléon ne voulut pas admettre dans sa hiérarchie nobiliaire. La seconde partie du livre, intitulée Deux mois aux Pyrénées, n’est que le récit d’excursions faites dans les chaînes de l’ouest, depuis Dax, Pau et les Eaux-Bonnes, jusqu’à Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz et Fontarabie. L’auteur y narre d’un style agréable ses impressions, ses aventures et ses rencontres. Tout cela n’a rien de l’intérêt romanesque qui relève les Derniers marquis, mais ne laisse pas de plaire au lecteur par la foule des judicieuses observations et des remarques spirituelles.

Nous y avons rencontré quelques vers d’une bonne facture et d’une coupe heureuse, écrits sur le bord de la mer :

Debout, sur les rochers où ta voix se lamente,
M’enivrant de ta force et de ta majesté,
Je te vois tantôt calme et tantôt véhémente,
      Déserte immensité !
Ô mer, je t’aime ainsi, sublime, solitaire,
Repoussant les pêcheurs, dédaignant les vaisseaux.
Et semblant tour à tour plaindre ou railler la terre
Avec les cris stridents qui sortent de tes eaux.
Ces longs gémissements qui meurent sur tes rives
De nos propres douleurs me semblent un écho ;
Je m’incline au-dessus des vagues attractives
      Et je comprends Sapho !
Ton flux montant toujours sur la roche qu’il creuse
Est moins rongeur qu’en nous les âpres passions.
Et le suaire froid de ta vase visqueuse
Moins glacé que l’oubli de ceux que nous aimions.

. . . . . . . . . . . . . . .

Oh ! que nous voulez-vous, vagues insidieuses ?
Parfois vous vous dressez avec des bruits si doux
Que l’essaim éperdu des âmes malheureuses
       Voudrait aller à vous.
Montez, montez vers ceux que l’angoisse consume !
Couvrez leurs pieds lassés et leurs fronts abattus ;
Ensevelissez-les dans votre blanche écume.
Vous pleurerez sur eux quand ils ne seront plus.

On voit que Mme Louise Colet est de l’école de Lamartine et qu’elle fait honneur à son maître. Elle a même un souffle plus viril que les imitateurs ordinaires de l’auteur de Jocelyn, et joint aux délicatesses de la phrase l’énergie de la pensée. Du reste, nous avons montré plus haut que Mme Louise Colet sait prouver par des actes qu’elle fait exception au caractère ordinaire à son sexe.

Les autres ouvrages du fécond écrivain sont les Derniers abbés, publiés tout récemment. Avant cette publication avaient paru les Petits messieurs ; les Courtisanes de Capri, roman contemporain ; deux volumes de poésie : les Convictions ; la Journée d’une femme du monde ; les Satires du siècle, étude mordante, brutalement vraie, retraçant trop exactement peut-être les vices de notre époque.

Mme Louise Colet, qui est un écrivain consciencieux et désintéressé, a repoussé les conseils de ses amis, qui lui recommandaient la prudence et s’effrayaient pour elle des idées audacieuses émises dans ces satires qui parlent de tout, critiquent tout, touchent à tout : à la religion, aux mœurs, à la politique. L’auteur répondit aux sages conseilleurs : « Je sais bien que ma pension me sera retirée ; mais que voulez-vous ! je ne peux pas mentir et j’éprouve le besoin de me révolter tout haut. » En effet, elle s’est révoltée sans ménager personne. Le poëme dont nous venons de parler devait paraître dans le Siècle : les épreuves avaient été envoyées à l’auteur, lorsque la publication fut interdite à cause de la violence et surtout des idées par trop libérales répandues dans ce recueil.

Mme Colet s’est révoltée, comme toujours, contre cette prudence qu’elle qualifiait de manque de courage. Néanmoins. quelques fragments ont paru dans un journal, le Nain jaune, mais avec de nombreuses coupures.

Que nous donnera maintenant Mme Colet ? C’est ce que nous ne savons pas. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’elle se dispose à nous quitter pour retourner en Italie, où elle est attirée par ce beau ciel qui lui rappelle sa Provence, et surtout par ses amis, au nombre desquels nous citerons Garibaldi.

Mme Colet a eu trois enfants, deux garçons et une fille. Cette dernière seule vit encore : Mlle Henriette Colet, née en 1842, est mariée à un docteur en médecine habitant Verneuil, M. Émile Bissieux.

Maintenant, que Mme Colet nous permette, en terminant, de lui chercher noise à propos de certaines expressions heurtées, brutales, à l’emporte-pièce, qui émaillent trop souvent ses écrits ; elle parait faire fi de la forme, sans doute par antipathie pour Brid’oison. Pour nous en tenir à un exemple, nous rappellerons ce passage de l’Italie des Italiens, où, en parlant de jeunes filles aux allures un peu échevelées, elle s’écrie : « On eût dit des échappées du Sacré-Cœur. » Voilà qui manque de justice, et, en outre, de tact et d’habileté : un pareil coup de boutoir, madame, autorise vos ennemis à dire que, démon tombé du ciel, vous regardez d’un œil jaloux et colère ce séjour des élus.


COLET (Claude), littérateur français V. COLLET.


COLETAN s. m. (ko-le-tan). Hist. ecclés. Frère mineur, de la réforme de Colette et Corbie.

COLETI (Jean), dit de Nointel. V. CHOLET

COLETTE s. f. (ko-lè-te). Hist. ecclés. Religieuse non cloîtrée de Sainte-Claire.

" — Fam. Faire la sœur colette, Faire la prude, la sainte-nitouche :

Qu’on lui parle d’amourette.
Elle fait la sœur Colette,
La mignonne, la doucette,
Comme une simple nonnette.

Perrin.

— Comm. Sorte de toile de Hollande.

COLETTE (sainte), dont le nom de famille était lïoilci, réformatrice de l’ordre de Sainte-Claire, née à Corbie, en Picardie, en 1330, morte à Gand en 1446. Elle embrassa de bonne heure la vie religieuse, vécut successivement dans diverses congrégations, puis entra dans l’ordre de Sainte-Claire, dont elle entreprit la réforme. Elle échoua en France, mais elle réussit en Savoie, en Bourgogne, dans les Pays-Bas et en Espagne. Elle fut canonisée en 1807 par Pie VIL Fête le 6 mars.

Colette, opéra-comique en trois actes, paroles de Planard, musique de Justin Cadaux, représenté à l’Opéra-Comique le 20 octobre 1853. L’auteur a mis en scène Sedaine, qui s’intéresse au sort d’une jeune paysanne, un fait une comédienne improvisée, et la marié à son amoureux, M. Pierrot. La musisique a le caractère rétrospectif que M. Cadaux a su déjà bien exprimer dans son petit opéra des Deux gentilshommes. La jolie romance de Monsigny.- Une fille est un oiseau, chantée au lever du rideau, donne le ton au reste de l’ouvrage. On a remarqué les couplets sur le Baiser joli, sur les Propriétés de l’éventail, sur la Baguette de la fée, et un duo scénique dont le sujet est une leçon de déclamation. Cet opéra a été chanté par Ricquier, Sainte-Foy et M’e Lefebvre.

COLETTI (Nicolas), savant ecclésiastique italien, né à Venise en 1681. Il fut en même temps libraire et imprimeur, et se voua avec une grande activité à l’étude de l’histoire et des antiquités ecclésiastiques. On lui doit une nouvelle édition de Yltalia sacra d’Ughelli (1717-1733, 10 vol. in-fol.), purgée de beaucoup d’erreurs, et Monumenta ecctesiœ venetœ S. Moisis ; il a aussi travaillé à la nouvelle édition de la Collection des Conciles du P. Labbe. Il eut quatre neveux, qui se distinguèrent également dans les lettres : ColetTi (Jean-Dominique), né en 1727, mort en 1799. Il entra chez les jésuites et fut dix ans missionnaire au Mexique. Ses principaux ouvrages sont : Dizionario géografico dell’ America meridio-