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gée par les Normands en 880, prise et ruinée par Philippe d’Alsace, en 1124, elle se releva de ses décombres et fut choisie pour un tournoi célèbre en 1326. Elle tomba au pouvoir de Louis XI en 1478. L’archiduc Maximilien l’enleva aux Français, qui la détruisirent avant de se retirer. Assiégée et prise tour à tour par le comte d’Harcourt, par Turenne, par le prince de Condé, général de l’armée espagnole, et par Louis XIV, cette ville fut assurée à la France par le traité de Nimègue. À l’époque de la Révolution, elle porta le nom de Nord-Libre ; en 1794, après une résistance désespérée, elle dut se rendre aux Autrichiens. Les Français la reprirent sur ces derniers après les victoires de Hondschoote et de Fleurus. En 1815, elle fut de nouveau assiégée par les alliés, et l’héroïque défense du général Bonnaire entraîna la mort de ce patriote, après le retour des Bourbons.


CONDÉ-SUR-ITON, bourg de France, arrond. d’Évreux (Eure) ; 892 hab. Condé-sur-Iton a succédé à la station romaine de Condate (Condatus), située à la réunion des deux bras de l’Iton. C’est également le point de jonction de six voies romaines venant de Lisieux, Paris, Évreux, Le Mans, Jublains et Rugles. Ce pays était le centre d’une grande fabrication de fer. Au XIIe siècle, Condé-sur-Iton était la propriété de l’évêque d’Évreux. On y remarquait un fort beau château, qui fut restauré par Ambroise le Veneur, évêque d’Évreux de 1511 à 1532. C’est dans ce château, paraît-il, que le cardinal Duperron aimait, plus tard, à se renfermer pour travailler plus librement. On voit, près de Condé, un monticule sur lequel se trouvent de nombreux vestiges de la domination romaine, tels que mosaïques, vases, médailles, etc.


CONDÉ-SUR-NOIREAU, ville de France (Calvados), ch.-l. de cant., arrond. et à 25 kilom. E. de Vire, au confluent du Noireau et de la Druance ; pop. aggl. 5,776 hab. — pop. tot. 6,643 hab. Tribunaux de commerce et de justice de paix. Nombreuses filatures hydrauliques occupant 2,600 ouvriers, tissage. Commerce de bestiaux, chevaux, volailles, draps, mercerie. On y remarque une assez belle église moderne ; l’église Saint-Martin, avec une porte du XIIIe siècle, et une belle vitre de couleur ; les restes du donjon de l’ancien château et la statue de Dumont d’Urville, né à Condé.


CONDÉ-SUR-VIRE, bourg et commune de France (Manche), arrond. et à 11 kilom. S.-E. de Saint-Lô ; pop. aggl. 215 hab. — pop. tot. 2,011 hab.


CONDÉ. La seigneurie de Condé était primitivement un domaine de la maison des sires d’Avesnes, et passa ensuite dans la maison de Luxembourg. Marie de Luxembourg, veuve de Jacques de Savoie, fille et principale héritière de Pierre de Luxembourg, comte de Saint-Paul, de Conversan, de Marle et de Soissons, la porta dans la maison de France, en épousant en secondes noces, en 1487, François de Bourbon, comte de Vendôme, père de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, père lui-même de Louis de Bourbon, auteur du rameau de Bourbon-Condé, dont les deux derniers représentants furent Louis-Henri-Joseph, prince de Condé, plus connu sous le nom de duc de Bourbon, trouvé pendu dans sa chambre en 1830, et le fils de ce dernier, connu sous le nom de duc d’Enghien, fusillé à Vincennes en 1804.

Les membres de cette famille sont célèbres par le rôle actif qu’ils ont joué dans nos guerres civiles et nos troubles religieux et politiques. Nés sur les marches du trône, on les retrouve cependant dans tous les complots contre la monarchie. Comme tous les princes des branches collatérales, ils étaient pour ainsi dire des séditieux de naissance, par suite de l’attraction qu’exerce le pouvoir suprême sur ceux qui y ont des droits éventuels, et qui, se lassant de l’espérer, se jettent souvent, pour y parvenir, dans la voie de l’intrigue et de l’usurpation.


CONDÉ (Louis Ier de Bourbon, prince de), chef de la maison de Condé, né en 1530, mort en 1569. Il était le cinquième fils de Charles de Bourbon, duc de Vendôme, et l’oncle paternel de Henri IV. Le prince de Condé entra jeune dans les armées et y commença la fortune de sa maison pendant les guerres du règne de Henri II. À l’avènement de François II, il se jeta dans le calvinisme, dont l’esprit austère contrastait avec la licence de ses mœurs, dans l’espoir d’attacher sa fortune aux chances du triomphe de ce parti. Il y était entraîné aussi par esprit de rivalité contre les Guises, dont l’influence toujours croissante lui semblait injurieuse pour les princes du sang. Bien qu’il eût solennellement nié toute participation dans la conjuration d’Amboise, il fut attiré à Orléans, sous le prétexte des états généraux, et livré à une commission qui le condamna à mort (1560). La mort du roi, en intéressant Catherine de Médicis à ménager un instant les calvinistes, sauva le prince, qu’ils reconnaissaient pour leur chef. Après le massacre de Vassy (1562), Condé se mit à la tête des protestants, commença la guerre civile par la prise d’Orléans et livra le Havre aux Anglais, pour obtenir des secours d’Élisabeth. À la bataille de Dreux, il fut blessé et fait prisonnier, puis rendu à la liberté par le traité d’Amboise (1563), reprit les armes en 1567, tenta de surprendre la reine mère et le roi à Meaux, livra au connétable de Montmorency la bataille de Saint-Denis (1567), restée indécise, fit de nouveau la paix avec la cour lors du traité de 1568, et fut rejeté dans la guerre civile par une tentative avortée d’arrestation. Blessé à la bataille de Jarnac et fait prisonnier, il fut lâchement assassiné par Montesquiou, capitaine des gardes du duc d’Anjou, qui lui cassa la tête d’un coup de pistolet, pendant qu’on le pansait, au pied d’un arbre. Ce prince était aussi spirituel que brave, mais d’un caractère violent. Il était d’ailleurs de chétive apparence et bossu. Les branches de Condé, de Conti et de Soissons sont issues de lui.


CONDÉ (Henri Ier de Bourbon, prince de), fils du précédent, né à la Ferté-sous-Jouarre en 1552, mort en 1588. Jeune encore, il fut précipité dans les orages de la guerre civile, avec son cousin Henri de Navarre (depuis Henri IV), sous la direction de l’amiral Coligny. Lors du massacre de la Saint-Barthélemy, mis en demeure par Charles IX de choisir entre la messe ou la mort, il fit une résistance plus digne que Henri, mais finit par promettre d’abjurer. Vers la fin du règne de Charles IX, il s’enfuit en Allemagne, leva quelques troupes et rentra en France pour jouer dans les guerres religieuses un rôle secondaire. Il combattit bravement à Coutras (1587), et mourut l’année suivante, empoisonné, dit-on, par sa femme, Charlotte de La Trémouille.


CONDÉ (Henri II de Bourbon, prince de), fils posthume du précédent, né à Saint-Jean-d’Angely en 1588, mort en 1646. Henri IV, son parrain, le fit élever dans le catholicisme, et lui fit épouser, en 1609, Charlotte-Marguerite de Montmorency, dont il était épris lui-même. Pour soustraire sa jeune femme à de dangereuses poursuites, Condé s’enfuit à l’étranger, et ne revint en France qu’après la mort du roi. Son ambition, ses intrigues et ses révoltes troublèrent les premières années du règne de Louis XIII. Malgré d’énormes sacrifices, la régente ne put le satisfaire ni l’assouvir, et finit par le jeter à Vincennes, où il resta trois ans. Il combattit ensuite les protestants dans le Midi avec plus de bravoure et de zèle ardent que de talent véritable. Discipliné par la forte main de Richelieu, il se montra dès lors le plus soumis des courtisans et entra au conseil de régence après la mort du roi. Avide d’argent et de faveur, il avait accepté pour son fils, le duc d’Enghien, la main d’une nièce du cardinal. Il avait été chargé de quelques opérations dans la guerre de Catalogne ; « mais sa plus grande gloire, dit Voltaire, est d’avoir été le père du grand Condé. »


CONDÉ (princesse Marie de). V. Clèves.


CONDÉ (Louis II de Bourbon, prince de), surnommé le Grand Condé, l’un des plus grands capitaines du XVIIe siècle et le plus illustre des Condés, né à Paris en 1621, mort à Fontainebleau en 1686. Il porta, du vivant de son père, le titre de duc d’Enghien, et fut marié en 1641 à une nièce de Richelieu, Mlle de Maillé-Brezé, qu’il n’aima jamais, et à laquelle il fit souffrir dans la suite d’indignes persécutions. Il avait fait ses premières armes à dix-sept ans, et il en avait à peine vingt-deux lorsqu’il reçut le commandement des troupes chargées de repousser les Espagnols de nos frontières du Nord. Il débuta d’une manière éclatante en remportant l’immortelle victoire de Rocroi (V. ROCROI), qui sauva la France de l’invasion dont elle était menacée (1643), et couronna son succès par la prise de Thionville et de quelques autres places. L’année suivante, il alla remplacer Turenne dans le commandement de l’armée d’Allemagne, tenue en échec par un grand homme de guerre, Mercy, qu’il battit dans les journées sanglantes de Fribourg (1644), prodigieuse bataille qui dura plusieurs jours et qui changea trois fois de terrain. Le trait souvent cité de son bâton de commandement jeté dans les retranchements ennemis paraît controuvé, car il n’est cité ni par Bossuet, ni par aucun des contemporains. L’occupation d’une partie du Palatinat, la prise de Mayence, de Landau et de plusieurs autres places, la victoire de Nordlingen (1645), suivirent et complétèrent les grands combats de Fribourg. L’année suivante, le duc d’Enghien, devenu prince de Condé par la mort de son père, après une suite d’opérations dans les Pays-Bas, recevait la capitulation de Dunkerque et restituait cette place importante à la France. Il fut ensuite envoyé en Catalogne (1647) mais échoua au siège de Lérida, où il avait fait ouvrir la tranchée au son des violons suivant une mode singulière de ce temps. En 1648, il répara ses revers d’Espagne par des victoires en Flandre, écrasa à Lens les restes de cette redoutable infanterie espagnole dont il avait brisé le prestige à Rocroi, et hâta par ses succès la conclusion du traité de Westphalie, épilogue du drame sanglant de la guerre de Trente ans. Jeté au milieu des intrigues de la Fronde, il prit d’abord parti pour la cour, assiégea et prit Paris, mais mit à un si haut prix ses services, montra tant d’avidité à s’emparer de toutes les dignités et de tous les commandements, tant d’arrogance et d’orgueil, que la reine et son ministre, poussés à bout, et connaissant d’ailleurs ses intrigues secrètes, le firent arrêter et enfermer à Vincennes (1650). Il sortit de prison au bout d’un an, ne respirant que la vengeance, et se mit à la tête d’une nouvelle, Fronde, se proposant pour but non-seulement de renverser Mazarin et de conquérir le pouvoir, mais peut-être de faire de son gouvernement de Guyenne le centre d’une souveraineté indépendante. On a même conjecturé que, dans le délire de son ambition, il allait jusqu’à convoiter le trône. Les Bouillon, les La Rochefoucauld, les Nemours, les Clermont, les Tavannes, tous les débris de cette féodalité abattue par Richelieu, se lèvent pour sa cause et pour la leur. Il s’établit à Bordeaux, dans son gouvernement, entame des négociations avec l’Espagne, met le Midi en feu, et, malgré quelques échecs, marche sur Paris, et livre à Turenne le sanglant combat du faubourg Saint-Antoine, où le canon de la Bastille, tiré sur les troupes royales par ordre de Mademoiselle, fille de Gaston, le sauve d’une défaite imminente et lui permet d’entrer dans la capitale. Cependant, au moment où il semblait triompher, sa cause était perdue. Abandonné d’un grand nombre de ses partisans, que blessaient son orgueil et ses hauteurs, serré de près par Turenne, lassé peut-être d’une guerre sans issue, il s’enfuit dans les Pays-Bas et se jeta dans les bras des Espagnols, qui lui donnèrent un commandement, dans leur armée (1653). On vit alors le vainqueur de Rocroi, mercenaire à la solde de Philippe IV, tourner ses armes contre sa patrie et dévaster nos provinces du Nord. Dans cette triste guerre, où il eut Turenne pour adversaire, il ne fut d’ailleurs que rarement heureux, essaya inutilement de reprendre Arras et ne put empêcher don Juan de perdre la bataille des Dunes (1658). À la paix des Pyrénées, Mazarin, craignant les projets de l’Espagne, qui voulait installer Condé dans une principauté indépendante sur nos frontières du Nord, permit que les portes de la patrie se rouvrissent au noble transfuge, aimant encore mieux que la France l’eût pour sujet que pour voisin. Condé fut donc rétabli dans ses honneurs et dignités. Il est vraisemblable cependant qu’il n’eût jamais reparu à la tête des armées sans les dissentiments qui éclatèrent entre Turenne et Louvois. Chargé de l’invasion de la Franche-Comté en 1668, il fit en trois semaines la conquête de cette province, commanda l’un des quatre corps destinés à agir en Hollande (1672), fit capituler Wesel et plusieurs autres places, écrasa le prince d’Orange à Senef (1674), lui fit lever le siège d’Oudenarde, et fut envoyé en Alsace après la mort de Turenne, pour défendre cette province contre Montecuculli (1675). Ce fut sa dernière campagne. Vieux et perclus de goutte, traité d’ailleurs assez froidement par Louis XIV, réduit en quelque sorte à se perdre dans la foule des courtisans, il passa ses dernières années dans sa somptueuse retraite de Chantilly, entouré de poëtes et de littérateurs, et livré à la fin de sa vie aux inspirations religieuses de Bossuet, qui devait faire entendre sa grande voix sur son cercueil, et consacrer sa gloire pour la postérité.

Le génie militaire de Condé se distinguait surtout par l’élan, par la rapidité de la conception, par les inspirations admirables qui lui venaient au milieu du feu, ce que Bossuet appelle ses illuminations. C’est à une de ces manœuvres soudaines et hardies qu’il dut la victoire de Rocroi. Fougueux, violent même, il précipitait ses soldats en étonnant l’ennemi par la vigueur de ses attaques ; ses opérations étaient promptes, mais destructives, et ses pertes énormes le firent souvent accuser de chercher l’éclat des actions rapides sans tenir compte du sang répandu. Comme homme privé, il a été défavorablement jugé par la plupart de ses contemporains, qui l’accusent d’orgueil, d’insensibilité, d’avarice, de dureté insultante envers ses inférieurs, d’ambition effrénée et même de dépravation. Saint-Simon, la duchesse de Nemours, le comte de Coligny (ce dernier surtout), l’ont fort maltraité dans leurs Mémoires. Il est certain qu’il éloignait tout le monde de lui par son humeur impérieuse, ses railleries cruelles et son ton méprisant. La duchesse de Nemours dit de lui : « Il savoit mieux gagner des batailles que des cœurs. » Il recherchait et protégeait les grands esprits de son temps, Boileau, Racine, Molière, etc. ; mais il paraît qu’il les traitait fort rudement. En sortant d’un entretien avec lui, Boileau disait : « Je ne discuterai plus avec M. le Prince quand il aura tort. » On a parlé aussi de son ingratitude envers ceux qui s’étaient sacrifiés pour lui.

Nous avons malheureusement à signaler chez le prince de Condé des défauts et des vices plus graves que les travers que nous venons d’indiquer, et que d’ailleurs la malignité publique s’est peut-être plu à exagérer. Nous sommes obligé de reconnaître que si, comme général, il a sauvé la France et mérite l’épithète de Grand, devenue inséparable de son nom, son impatience de toute loi et son mépris profond pour l’humanité font de lui un de ces hommes pour lesquels l’histoire doit se montrer sévère. Avons-nous besoin d’ajouter que, dans sa conduite politique, l’amour de la patrie et la notion du bien et du mal paraissent lui avoir fait complétement défaut ?

À cette époque, où les armées foulaient aux pieds les populations et ravageaient les pays par où elles passaient, amis ou ennemis, les troupes commandées par Condé se signalèrent entre toutes par leurs pillages, leurs dévastations et leurs cruautés envers les prisonniers. Après la prise de Charenton, Condé fit jeter dans la Seine un grand nombre de prisonniers de l’armée parisienne ; pendant le blocus de Paris, son armée se livra aux derniers excès ; l’extrait suivant du livre de dépenses d’un chanoine de Paris, intitulé : Archives de l’assistance publique, document inédit, en dira plus, à cet égard, que tous les commentaires : « Depuys le 7 février jusques à l’onziesme de mars, les troubles entre ceux du parti de Mazarin et les Parisiens ont été fort violents ; car les troupes et l’armée commandée par le prince de Condé ont ruiné tout ce qui est à l’entour de Paris, ont violé filles et femmes, mesme dans les églises, volé toutes sortes de personnes, qu’ils despoutoient tous nuds. »

À certains moments de sa vie, l’orgueil indomptable de Condé avait, pour ainsi dire, éteint dans son esprit tout sentiment du juste et de l’injuste. Pendant l’année 1657, alors que le vainqueur de Rocroi et de Sens portait les armes contre la France, ses soldats, véritables bandits sans frein, poussaient leurs incursions jusqu’aux environs de Paris. Quatre de ces brigands, chargés de tous les crimes, furent arrêtés, après une vigoureuse résistance qui coûta la vie à cinq ou six archers. Leur procès fut bientôt fait ; ils furent condamnés comme voleurs de grand chemin et roués en place de Grève. Furieux de ce qu’il considérait comme une insulte,·Condé envoya dans le bois de Vincennes un parti qui s’attaquant à de paisibles bourgeois, enleva deux procureurs au Parlement et un procureur au Châtelet, qui se promenaient avec leur famille. Malgré les prières et les supplications de leurs femmes, ces malheureux furent emmenés ; et la réputation de cruauté du prince de Condé était si bien établie, que l’auteur du journal où ce fait est relaté ajoute : « On croit que le prince fera subir le même traitement à ces procureurs, pour venger la mort de ses cavaliers. » (Journal d’un voyage à Paris en 1657-1658, publié par A.-P. Faugère. Paris, 1862.)

Parmi les faits dont le souvenir ternit la gloire de Condé, il faut encore rappeler le massacre qui eut lieu à l’instigation de ce prince, à l’Hôtel de ville de Paris, le 4 juillet 1652. Les circonstances odieuses de cet évènement soulevèrent contre Condé l’indignation·publique, qui se manifeste dans tous les écrits du temps.

Quoi qu’il en soit, nous ne devons pas oublier que Condé a contribué, par ses victoires, à donner à notre pays un rang élevé parmi les nations ; il serait d’ailleurs injuste de ne pas tenir compte du temps où il vivait et de l’éducation que l’on donnait alors aux princes ; mais il est certain que la magnifique oraison funèbre de Bossuet a singulièrement idéalisé les traits du caractère de ce grand capitaine.


CONDÉ (Henri-Jules de Bourbon, prince de), né en 1643, mort en 1709. Tout enfant, sa mère lui fit jouer un rôle dans la Fronde. Plus tard, il combattit avec son père dans les rangs des Espagnols, rentra en grâce en même temps que lui, le suivit dans les campagnes de Franche-Comté, de Hollande et du Rhin, et lui sauva la vie à Senef. Il avait épousé, en 1663, Anne de Bavière, princesse palatine. Vers la fin de sa vie, il tomba dans la plus étrange des folies, s’imaginant qu’il était mort, et n’acceptant de nourriture que quand les médecins lui eurent persuadé que les morts mangeaient quelquefois. Fils dénaturé, il laissa mourir sa mère dans la prison où le grand Condé l’avait enfermée.


CONDÉ (Louis de Bourbon, prince DE). V. Bourbon.


CONDÉ (Louis-Henri de Bourbon, prince DE). V. Bourbon.


CONDÉ (Louis-Joseph de Bourbon, prince DE), général en chef de l’émigration, né à Chantilly en 1736, mort en 1818. À quinze ans, il reçut le titre de grand maître de la maison du roi et le gouvernement de la Bourgogne. Il fit avec distinction la guerre de Sept ans, et prit une éclatante revanche de la défaite de Rosbach, éprouvée par son parent le duc de Soubise, en battant, à Johannisberg, le prince de Brunswick, auquel il enleva toute son artillerie (1762). Pendant la longue paix qui suivit, il partagea son temps entre son gouvernement de Bourgogne, l’embellissement de Chantilly et la construction du Palais-Bourbon, où il engloutit une somme de 12 millions de francs. Lié avec les littérateurs du siècle, particulièrement avec Chamfort, il passait pour un prince libéral. On le vit prendre part à l’opposition du parlement contre Maupeou, et s’élever avec énergie contre l’introduction de la bastonnade dans la discipline de l’armée ; mais, lors de l’Assemblée des notables (1788), il fut un des princes du sang qui signèrent le fameux Mémoire contre le redoublement du tiers aux états généraux, et, aussitôt après la prise de la Bastille, il sortit de France pour commencer contre la Révolution une longue, mais impuissante croisade. Mis à la tête de l’armée de gentilshommes formée si bruyamment à Coblentz (1791), il fut tenu à l’écart pendant la campagne de 1792, combattit sous les ordres de Wurmser dans celle de 1793, eut l’occasion de se signaler à la prise des lignes de Wissembourg, resta cantonné le