Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 4, Con-Contrayerva.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
CONF CONF CONF CONF 910

CONFRONTER v. a. ou tr. (kon-fron-tédu préf. con, et de front). Mettre en présence pour vérifier le dire des uns par le dire des autres : Confronter des accusés, des témoins, l’accusé avec les témoins. Attenter à la liberté d’un Français et refuser de lui confronter ses délateurs, c’est violer la première loi de l’État. (Henri IV.) On a confronté Penautier et la Srinvilliers. (Mme de Sév.) Si l’on pouvait confronter Suétone avec les valets des douze Césars, pense-t-on qu’ils seraient toujours d’accord avec lui ? (Volt.)

— Comparer : Confronter des textes, des écritures, des étoffes. Je confronte la théorie des savants avec l’expérience des laboureurs. (Marmontel.)

— Absol. : Je vous supplierai de renvoyer votre dernière copie avec la première, la ptus ancienne de toutes ; car il faut confronter. (Volt.)

— v. n. ou intr. Confluer, être attenant : Ce champ confronte au nord à fin bois communal. L’Égypte, du temps des Perses, ne confrontait point à lamerRouge. (Montesq.) || Vieux mot.

Se confronter v. pron. Être confronté : Tout prévenu doit se confhonter avec les témoins gui l’accusent.

CONFUCIUS (Khoung-fou-tseu), philosophe chinois, qu’on croit avoir vécu dans le vie siècle avant notre ère (il serait né en 551 avant J.-C). Chef de l’école dite des lettrés (you-kia), il était originaire de Chang-Ping, dans la province actuelle de Ghan-Thoùng. Les historiens du Céleste Empire le font descendre de l’empereur Hoang-ti, dont ils placent le règne 2,637 ans avant J.-C. Ses ancêtres auraient occupé depuis de hauts emplois dans l’administration — si administration il y avait — et son père aurait été gouverneur de la ville de ïséou. Lui-même débuta par la carrière des emplois, ce qui est digne d’un philosophe de son caractère. A l’âge de six ans, suivant la tradition, on découvrit en lui les signes précurseurs d’une sagesse extraordinaire : il méprisait les jeux familiers à l’enfance et ne mangeait rien sans l’avoir offert au ciel, suivant la coutume pratiquée par les anciens. Ses études proprement dites commencèrent quand il eut quinze ans. Une tradition contradictoire à celles qui rapportent que son père était gouverneur de la ville de Tchéou et que sa famille tenait un rang distingué dans l’empire prétend qu’il était pauvre, qu’il dut d’abord travailler pour vivre, et qu’il exerça pendant quelque temps la profession de berger. Son intelligence néanmoins et ses vertus auraient été bientôt remarquées par le premier ministre du royaume de Lou (province actuelle île Chan-Thoung), qui lui aurait confié la surintendance des grains, bestiaux et marchés publics. Plus tard, sans doute quand il eut acquis une certaine renommée, ou peut-être de la fortune, il se mit à voyager, soit afin d’acquérir l’expérience des hommes et des choses du temps, soit, suivant ses biographes chinois, pour répandre le goût de la justice. Ils ajoutent qu’il ne réussit point dans son entreprise et que, dégoûté des hommes, il se retira dans la solitude avec quelques disciples. Suivant d’autres, il aurait résigné ses emplois publics à l’âge de vingt-quatre ans et à l’occasion de ta mort de sa mère. Les anciennes lois de la Chine prescrivaient aux enfants de quitter les fonctions publiques à la mort de leur père ou de leur mère, et de vivre trois ans dans la solitude. Confucius voulut, aux obsèques de sa mère, remettre en honneur les cérémonies funèbres en usage dans les beaux siècles de Vao, de Chun et Vu, comme en toute circonstance il se conduisait suivant les rites traditionnels. La pompe et la décence déployées aux funérailles de la mère de Confucius frappèrent les Chinois d’étonnement. Ils l’imitèrent. On rechercha quels étaient les rites funèbres des anciens, et on réorganisa le culte des morts tel qu’il existe encore aujourd’hui en Chine. Ses trois années de deuil terminées, Confucius résolut de se consacrer à la régénération de ses concitoyens. Il abandonna entièrement la carrière administrative. La dynastie des Tchéou était en décadence. Chacune des provinces de l’empire tendait à s’isoler, à adopter des mœurs et des formes de gouvernement particulières, ce qui est en Chine l’abomination de la désolation.

Confucius s’attacha donc à réformer le désordre qui tendait à s’introduire dans les mœurs. Il voulait faire revivre et codifier, s’il était possible, les usages anciens, qui contenaient, à son avis, toutes les vertus sociales et politiques. Pour arriver à son but, il ne suffisait pas de prêcher par l’exemple ou d’engager ses concitoyens à suivre ses exhortations ; il lui fallait une école, des disciples qui reçussent de lui un enseignement précis, allassent le répandre dans les diverses provinces 4e la Chine, et lui succédassent après sa mort. Il entrait aussi dans ses vues de publier une suite d’ouvrages, ou le programme de ceux qu’il ne pourrait écrire lui-même. Il faisait surtout consister sa mission dans le rétablissement des rites, des mœurs, des croyances et des institutions consacrées par le temps. Afin de s’en rendre un compte bien exact, il lui fallut parcourir la Chine dans tous les sens. On l’accueillit partout avec bienveillance, mais avec cette bienveillance banale qui n’est d’aucun secours réel. Il arrivait même à plusieurs de se moquer de la mission du philosophe.


Quelques princes, le roi de Tsi par exemple, émerveillés du bruit de son nom, l’appelèrent auprès de leur personne. Ils l’écoutaient avec plaisir, lui offraient des présents et continuaient de vivre d’après les errements reçus, et Confucius, humilié et morose, s’en allait ailleurs pour rencontrer le même accueil, honorable, mais stérile. Il finit par se retirer dans la capitale de l’empire, avec quelques-uns de ses disciples ; il y passa une année à observer les formes du gouvernement, l’état des mœurs, et la manière dont on s’acquittait des usages et des cérémonies. On lui donna tous les documents qu’il réclama et qui pouvaient être utiles à son œuvre. À son départ de la capitale, il rentra dans sa patrie, où il séjourna dix ans, et fit de sa maison une école, comme il avait coutume de faire partout où il fixait son domicile. Ses disciples étaient des jeunes gens de toute condition, mais surtout des lettrés, des mandarins, des gouverneurs de ville, des employés de diverses administrations de l’empire, ce qui caractérise son enseignement, qui était un enseignement politique. Il vivait tranquillement retiré dans son pays natal, quand le roi de Lou vint à mourir. C’était un prince indifférent aux travaux de Confucius, et qui ne s’était jamais inquiété du philosophe. Son successeur n’était pas du même caractère : il fit venir Confucius, lui donna la police générale de ses États, puis la direction de la justice, et enfin le titre de ministre. Sous l’influence de ses efforts, disent les chroniques chinoises, le royaume de Lou se transforma comme par enchantement, Indépendamment de son action directe sur les moeurs, Confucius s’occupa de l’état de l’agriculture, de l’assiette de l’impôt et de la manière de le recueillir. Le petit peuple l’intéressait particulièrement ; Confucius voyait en lui la source de la richesse et de la prospérité des États ; il en favorisa le bien-être par tous les moyens en son pouvoir, et particulièrement par l’abaissement de l’aristocratie, partout hostile aux institutions qu’il voulait fonder. Sur ces entrefaites, le roideTsi, voisin du royaume de Lou, inquiet de la prospérité d’un État qui menaçait le sien, essaya de priver le roi de Lou de son ministre et lui envoya, disent toujours les historiens chinois, une série de présents magnifiques, parmi lesquels une troupe de jeunes filles d’une grande beauté, dressées à tous les arts de la corruption, la danse, la musique, la comédie. La cour de Lou ne résista point à tant de séductions. Le désordre y prit le dessus, et Confucius, méconnu, et dont les remontrances étaient considérées comme des injures, dutse retirer. Il alla’s’établir avec un grand nombre de ses disciples dans le royaume de Ouei, dont il fit un centre de propagande ; ce qui contredirait un peu le dire des historiens chinois, qu’il avait obtenu des succès extraordinaires, c’est qu’il tomba dans une profonde misère et désespéra presque de l’avenir de ses doctrines. Il se comparait à un chien qu’on a chassé du logis :« J’ai, disait-il, la fidélité de cet animal, et je suis traité comme lui. Mais que m’importe l’ingratitude des hommes ! Elle ne m’empêchera pas de leur faire tout le bien qui dépendra de moi. Si mes leçons restent infructueuses, j’aurai du moins la consolation intérieure d’avoir fidèlement rempli ma tâche. » 11 parvint, au bout de onze années d’exil, à rentrer dans sa patrie : il avait alors soixante-huit ans ; il y mit la dernière main à ses ouvrages. Sa vieillesse n’avait pas été exempte de douleurs domestiques : il avait perdu sa femme et son fils unique, qui ne laissa qu’un Seul rejeton pour perpétuer la race du fondateur de la philosophie des lettrés chinois, race qui subsiste encore, paraît-il, et qui, en 1784, ne comptait pas moins de soixante et onze générations depuis Confucius. Il mourut lui-même dans Sa soixante-treizième année, en 479 avant notre-ère, c’est-à-dire neuf ans avant que Socrate vînt au monde, s’il faut en croire les documents qui fixent la naissance de ce dernier à l’an 470 avant J.-C.

Sa doctrine a été l’objet d’une foule de controverses. Les uns en ont fait un législateur, celui auquel la Chine doit sa civilisation historique. Il ne paraît pas avoir joui d’assez d’autorité pour avoir pu promulguer des lois de son vivant. Les autres ont voulu ne voir en lui qu’un moraliste, et, à la vérité, leur sentiment ne diffère que pour la forme de celui des personnes qui en font un législateur. Créer une morale et en faire adopter les principes, c’est être législateur et l’être à plus juste titre que la plupart des législateurs ordinaires, dont l’œuvre se borne à formuler les sentiments en vogue parmi les hommes de leur époque..

Confucius n’aspirait qu’à rétablir l’autorité de la tradition ; il considérait le passé comme souverain, etn admettaitpas qu’on pût contrevenir à ce qu’il avait fait ; aussi disait-il : «Ma doctrine est celle de Yao et de Chun ; quant à ma manière de l’enseigner, elle est fort simple ; je cite, par exemple, la conduite des anciens ; je conseille la lecture des King dépositaires de leurs sages pensées, et je demande qu’on s’accoutume à réfléchir sur les doctrines qu’on y trouve. » Il honorait Dieu parce que l’idée de Dieu était une idée traditionnelle : « Qui a offensé le seigneur du ciel (le Tien) n’a plus aucun protecteur. » Il prêche aussi le repos et la retraite, à rencontre du bruit et de l’action que la plupart recherchent : « Le sage est toujours sur le rivage, et l’insensé au milieu des flots ; l’insensé se


plaint de n’être pas connu des hommes, le sage de ne pas les connaître. » La morale à retenir de ce passage est qu’il ne faut point courir après la renommée. Les maximes de Confucius, prises isolément, ont un caractère d’élévation et de bonté intrinsèque qu’on ne rencontre pas, il est vrai, dans ses théories d’ensemble : — « Un bon cœur, dit-il, penche vers la bonté et l’indulgence ; un cœur étroit ne dépasse pas la patience et la modération.-La bienfaisance d’un prince n’éclate pas moins dans les rigueurs qu’il exerce, que dans les plus touchants témoignages do sa bonté.-Conduisez-vous toujours avec la même retenue que si vous étiez observé par dix yeux et montré par dix mains. — Pécher et ne pas se repentir, c’est proprement pécher. — Un homme faux est un char sans timon ; par où l’atteler ? — La vertu qui n’est pas soutenue par la gravité n’obtient pas de poids ni d’autorité parmi les hommes. — Ne vous affligez pas de ce que vous ne parvenez point aux dignités publiques ; gémissez plutôt de ce que peu t-être vous n’êtes point orné des vertus qui pourraient vous rendre digne d’y être élevé. — Il est du devoir d’un monarque d’instruire ses sujets ; mais ira-t-il dans la maison de chacun d’eux leur donner des leçons ? Non, sans doute ; il leur parle à tous par l’exemple qu’il leur donne. » Ces maximes en font plus connaître sur le caractère de Confucius que les détails problématiques d’une biographie qu’il n’est pas possible de préciser, à cause de l’incertitude des documents d’abord, etpuis de l’oubli absolu dans lequel est tombée la civilisation au milieu de laquelle a vécu le philosophe chinois et dont la ruine ne permet pas d’apprécier son action ni les éléments dont il a pu disposer.

Ce qu’on peut savoir de plus clair au sujet de Confucius, c’est qu’il est le point de départ d’une école semi-politique et semi-philosophique, dont la civilisation chinoise d’aujourd’hui est l’œuvre. Elle a mis deux ou trois siècles (du vc avant J.-C. au tie) à se- fonder. On cite parmi ses fondateurs plusieurs empereurs et une grande quantité de sages, qui comptent dans leurs rangs Meng-Tseu {Mencius) et ses disciples. Cette école n’est pas spéculative. Elle ne s’est pas occupée, comme Lao-Tseu, de l’origine des choses. Elle n’avait pas non plus de métaphysique proprement dite. Elle ne s’est occupée que d’économie sociale, et à ce propos de morale. Aussi un disciple de Confucius, Tseu-Lou, a pu dire de lui : « On peut souvent entendre parler notre maître des qualités qui doivent former un homme distingué par ses vertus et ses talents ; mais on ne peut obtenir de lui qu’il parle sur la nature de l’homme et sur la voie céleste. » En d’autres termes, Confucius est un publiciste plutôt qu’un philosophe.^es sectateurs ont dû pourtant avoir une doctrine sur cette matière. « La nature de l’homme, dit Tchou-Hi, commentateur de Confucius qui jouit en Chine d’une grande autorité, la nature de l’homme, c’est la raison ou principe céleste que l’homme reçoit en naissant ; la voie céleste, c’est la raison céleste, qui est une essence primitive existant par elle-même et qui, dans sa réalité substantielle, est une raison ayant l’unité pour principe. » Cela signifie qu’il n’y a pas de religion et que l’homme est un animal purement rationne). Dieu est de la même nature, c’est une intelligence rationnelle. De sentiment, point ; d’imagination, point ; de devoir individuel, point ; d’existence ultérieure, aucune trace.... Le philosophe ne parlait dans ses entretiens ni des choses extraordinaires (des choses mystiques, objet de l’enseignement du Bouddha et de Lao-Tseu), ni de la bravoure, ni des troubles civils, ni des esprits. » Par le terme esprits il faut entendre les âmes. « Ki-Lou demanda comment il fallait servir les esprits et les génies. — Le philosophe dit : Lorsqu’on n’est pas encore en état de servir les hommes, comment pourrait-on servir les esprits et les génies ? — Permettez-moi, ajouta le disciple, de vous demander ce que c’est que la mort. — Le philosophe dit : Lorsqu’on ne sait pas ce que c’est que la vie, comment pourrait-on connaître la mort ? » En réalité, sa philosophie est un simple naturalisme ; il reconnaît trois forces dans ta nature : le ciel, la terre et l’homme. Cela s’appelle du matérialisme au premier chef. La morale de Confucius est conforme à ses principes sur la nature des choses : elle est exclusivement rationnelle. C’est parce que Confucius n’a pas d’initiative en matière pensante, qu’il est traditionnaliste et s’en remet sans exception aux coutumes établies, en ce qui concerne la vérité, le droit, le devoir, et en général les rapports de l’homme avec Dieu et avec ses semblables. On il’a iaccusé récemment « d’avoir ïopéré sur les King et les livres de l’antiquité chinoise un travail analogue a celui de Platon, analogue à celui d’Aristote sur les dogmes religieux des grandes sociétés auxquelles laGrèce était redevable de sa civilisation, c’est-à-dire que ce philosophe aurait élagué de ces livres toute la partie religieuse qu’il ne comprenait pas très-bien, tout ce qui se rapportait à l’explication et au développement des dogmes traditionnels ; en un mot, tout ce qui devait lui paraître dépourvu d’intérêt. » (Appendice h la traduction de l’ouvrage sur la Chine de M. Davis.) Il n’a peut-être pas altéré les monuments de l’antiquité chinoise autant que l’on prétend : « S’il m’était accordé, dit-il, d’ajouter à mon âge de nombreuses années, j’en demanderais cinquante pour étudier les


Y-King, afin que je puisse me rendre exempt de fautes.

Ce sentiment démontre chez lui beaucoup de respect. Son Travail critique sur le livre des vers n’en accuse pas autant ; de trois mille chants nationaux recueillis en diverses provinces de la Chine, il n’en a conservé que trois cents. Pour le Livre des annales rédigé par lui, il a tenu compte des renseignements qui lui ont plu. Le Chou-King, qu’il aurait particulièrement altéré, n’a plus que cinquante-huit chapitres ; il en avait cent au sortir de ses mains. Le reste a péri dans l’incendie des livres qui eut lieu 213 ans avant notre ère, ce qui indiquerait qu’il n’en existait qu’un exemplaire. Du reste, ce n’est point de cela qu’il est question. Il s’agit de savoir s’il a eu de l’antipathie pour les traditions religieuses, et ce qu’on sait de ses opinions personnelles est do nature à rendre l’affirmative très-plausible. Il a voulu substituer le culte de l’humanité matérielle à celui de l’humanité inorale et intellectuelle. Sa religion civile, le culte des morts, les cérémonies et usages établis par lui pour célébrer toutes les circonstances importantes de la vie le démontrentde reste, ainsi que son mépris constant pour les choses spéculatives. C’est à ce titre que Lao-Tseu manifestait le dédain que la personne et les idées de Confucius lui inspiraient. Lao-Tseu est à la fois un mystique et un stoïcien ; le progrès matériel ne lui importe pas. Il déclare la matière et ses formes périssables : il n’estime que l’idéal et tout ce qui en dérive. Confucius écarte systématiquement l’idéal, qu’il ne comprend pas. Pour lui, le progrès ne consiste pas dans l’amélioration do l’espèce humaine, comme pour Lao-Tseu, mais dans l’accroissement du nombre des hommes et dans l’augmentation de leur bien-être physique. Il a ie culte du nombre et de la forme ; Lao-Tseu celui de l’idée et de l’individu, Lao-Tseu est individualiste, Confucius.est communiste et autoritaire. C’est un saiut-simonien d’il y a trois mille ans. La civilisation décrépite de la Chine actuelle est bien plutôt son œuvre que celle de Lao-Tseu. Mais il ne gouverne qu’officiellement. Dans les consciences, le Bouddha et Lao-Tseu ont conservé tout leur prestige. Il en est de la Chine comme de l’Europe chrétienne : le spirituel et le temporel y vivent en présence et dans une hostilité continuelle. Lao-Tseu et le Bouddha servent de bannière au spirituel, et Confucius au temporel.

Outre sa révision générale des monuments primitifs de la civilisation chinoise, il n’a écrit qu’un livre dont le style lui appartienne en propre ; il est intitulé : le Printemps et l’automne (Telum-thsiéou). On lui en attribue encore trois autres dont les idées sont de lui, mais dont la rédaction est l’œuvre des sages de son école. Ce sont : 1° la Grande étude (Ta-hio) ; 2° l’Invariabilité dans te milieu (Telwung-young) ; 3° les Entretiens philosophiques [Lun-yu). Ces trois derniers ouvrages sont, avec le livre de Meng-Tseu, les quatre livres classiques [Sse-chou.) que l’on fait apprendre par cœur à quiconque fréquente les écoles officielles du Céleste Empire. Cela doit répandre sur les intelligences de ce pays une agréable et correcte uniformité. Lès œuvres de Confucius possèdent en Chine une publicité comparable à celle de la Bible en Occident

Quoiquo cet article biographique renferme plus d’appréciations sur la doctrine de Confucius que de faits personnels, la vie deConfueius étant peu connue, nous ne craindrons pas de revenir encore, dans l’article suivant, sur les principes fondamentaux de la philosophie de cet homme illustre ; et si nos lecteurs ne trouvaient pas une entière conformité dans le double jugement porté par nous sur l’œuvre de Confucius, ils devraient se rappeler que le Grand Dictionnaire s’est toujours imposé la règle de rester neutre dans toutes les questions obscures, et de n’adopter franchement un parti que là où il voit briller la lumière de l’évidence.

Confucius et Mencius. C’est le titre sous lequel G. Pauthier a traduit en français les quatre livres de la philosophie morale et politique de la Chine, les Quatre Livres classiques (Sse-chou) qui contiennent les maximes do Khoung-fou-tseu (Confucius) recueillies par ses disciples. Ces quatre livres, qui sont enseignés dans les écoles et les collèges de l’empire chinois, sont : l° le Ta-hio ou la Grande étude ; 2" le Tchoung-young ou Y Invariabilité dans le milieu ; 3« le Lun-yu ou les Entretiens philosophiques ; 4» le livre de Meng-tseu (Mencius), qui porte le nom de son auteur. Nous allons exposer succinctement, les doctrines contenues dans ces quatre livres.

Le Ta-hio ou la Grande étude. Ce petit ouvrage se compose d’un texte attribué à Khoung-fou-tseu et d’une Exposition faite par son disciple Meng-tseu. Le texte, qui est court, est nommé King ou Livre par excellence ; nous le citerons ici entièrement :

« La loi de la grande étude ou de la philosophie pratique consiste à développer et à remettre en lumière le principe lumineux de la raison que nous avons reçu du ciel, à renouveler les hommes et à placer sa destination définitive dans la perfection ou le souverain bien.

» Il faut d’abord connaître le but auquel on doit tendre, ou sa destination définitive, et prendre ensuite une détermination ; la détermination étant prise, on peut ensuite avoir l’esprit tranquille et calme ; l’esprit étant tran-