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femmes et des enfants. Excellent sur les sols légers, il peut produire de mauvais résultats si on ne l’opère pas au moment convenable, c’est-à-dire lorsque le sol n’est ni assez dur pour contrarier l’arrachage des mauvaises herbes, ni assez humide pour se tasser sous les pieds des travailleurs. Les sarclages, ainsi que les binages, peuvent être remplacés économiquement par un hersage donné à propos, c’est-à-dire dans le courant de mars, lorsque la terre est suffisamment ressuyée. Le hersage a pour effet de faire taller le blé, c’est-à-dire de provoquer le développement d’un plus grand nombre de tiges. On le renouvelle jusqu’à ce que le champ soit partout couvert d’une couche de terre meuble.

Il arrive quelquefois que le blé végète trop rapidement : on retarde sa croissance au moyen de leffanage, c’est-à-dire en faisant passer dans le champ un troupeau de moutons qui broutent l’extrémité des fanes. Dans le mois de mai, on procède à l’échardonnage ; à l’aide d’une pince en bois, on arrache les chardons qui nuisent au développement de la céréale. Le moment de la floraison est le plus critique pour le froment ; s’il survient des pluies à. cette époque, la fécondation s’opère mal ou pas du tout, la fleur coule et les grains avortent en tout ou en partie. Pour achever la maturité du grain, il ne faut plus que de la chaleur. Le blé est sujet à plusieurs maladies, qui sont la carie, le charbon, l’ergot’et la rouille. Il redoute aussi les attaques des lombrics, ainsi que celles de plusieurs insectes et de leurs larves, tels que les vers blancs ou larves du hanneton, le taupin des moissons, le céphus ou porte-scie, les cécidomves, les oscines ou chlorops, les courtilières, qui coupent les racines, rongent le collet ou dévorent l’intérieur des tiges et des épis. On n’a pas malheureusement de moyens pratiques et susceptibles dé s’appliquer en grand à la destruction de ces insectes.

La maturité du blé arrive à une époque d’autant plus précoce que le climat est plus chaud. Dans le midi de l’Europe, c’est le mois de juin ; pour la France, c’est le mois du juillet ; dans le nord de l’Europe, août seulement. Mais la maturité parfaite n’est nécessaire que pour le blé destiné à servir de semence. Pour celui qui doit entrer dans la consommation, on se trouve bien de devancer ce terme de huit jours ; on obtiendra ainsi une farine plus abondante et de meilleure qualité. On se sert, pour couper le blé, de la faucille, du volant, de la serpe, de la faux ou des machines à moissonner récemment introduites en agriculture. À mesure que l’on coupe les tiges, on les met en javelles, qu’on étend sur le sol, et on a soin de placer les épis dans la direction vers laquelle ils penchaient quand ils étaient sur pied. On laisse ces javelles sécher ainsi pendant une journée environ ; puis on les lie en gerbes avec un lien de paille de seigle, pour les porter à la grange ou à l’endroit choisi pour les mettre en meule. Si le temps devient pluvieux avant qu’on ait pu lier les gerbes, on met le blé, aussitôt qu’il est coupé, en meulons ou moyettes. Si la pluie survient après qu’on a lié les gerbes, on les met en dizeaux. Pour cela, on dispose quatre gerbes en croix, de telle sorte que les épis se touchent au centre ; par-dessus, on met un autre rang de gerbes disposées de la même manière, et l’on recouvre le tout d’une gerbe placée en forme de chapeau sur les autres et dont les épis sont tournés vers la terre. Grâce à ces précautions, on est sûr que les gerbes se conserveront parfaitement.

Pour conserver le blé jusqu’au moment du battage, en emploie deux moyens, suivant les localités. On le met en meules en plein air, ou bien on l’enferme dans les granges ; ce dernier procédé est plus dispendieux, car il faut souvent des bâtiments très-vastes, et les rats dévorent une grande partie du grain. Le battage du blé se fait de diverses manières ; au fléau, par les pieds des chevaux (c’est le dépiquage ou la dépiquaison), au rouleau ou bien avec la machine à battre ou batteuse mécanique (v. battage). Quand cette opération est terminée, on met la paille en faisceaux ; le grain est vanné et criblé, puis mis en sacs, en vases clos, en silos, etc. On le conserve ainsi jusqu’au moment où on le porte au moulin. Enfin, par l’action de la mouture, on produitla farine, qu’on sépare du son.

Les usages du froment sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’insister longuement sur ce sujet. Sa farine, riche en amidon et en gluten, fournit le pain le plus léger, le plus salubre et le plus nourrissant. L’amidon est plus abondant dans les blés tendres que dans les blés dura ; ceux-ci, au contraire, sont riches en gluten. Il en résulte que le pain fait avec les ulés blancs ou tendres est plus blanc, tandis que le pain fait avec des blés rouges ou durs est plus savoureux et plus nutritif. Aussi les premiers sont-ils

Î’référés par les cultivateurs, les autres par es meuniers et les boulangers. En mélangeant les farines de ces deux catégories de froment, on obtiendrait une excellente combinaison. La farine du blé sert encore à faire des pâtisseries, des bouillies, des vermicelles, des macaronis, des semoules, des pâtes dites d’Italie, etc. Ce grain, en nature, concassé ou en bouillie, serait excellent pour la nourriture des animaux ; mais on comprend sans peine qu’il est trop précieux pour que l’homme s’en prive. Aussi ne donne-t-on guère au bétail

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ou aux animaux de basse-cour que le son, qui doit surtout ses qualités nutritives à la petite quantité de farine qui y reste adhérente. On donne aussi aux bestiaux la paille, qui est encore employée comme litière pour être convertie en engrais. Le froment, fauché en vert, fournit un excellent fourrage, et, dans certains pays, il est cultivé pour ce seul usage.

Cette plante est employée en médecine ; la farine est émolliente et résolutive ; le pain séché au feu et bouilli dans l’eau fournit une boisson, l’eau panée, qui convient dans les maladies aiguës. À l’extérieur, on applique la mie de pain en cataplasmes sur les tumeurs inflammatoires, et on emploie le levain pour accélérer la suppuration. Le son passe pour adoucissant, laxatif et détersif ; il calme la toux. On se sert de sa décoction pour humecter la poitrine ; on le mêle aussi à l’eau des bains et aux lavements. En médecine vétérinaire, on emploie cette décoction pour rafraîchir les vaches et les chevaux.

Le froment sert, dans l’industrie, à préparer l’amidon ; on cultive dans ce but une variété particulière, et on utilise aussi les recoupettes, c’est-à-dire les produits résultant d’une mouture imparfaite, qui n’a pas bien séparé la farine et le son. Aujourd’hui, les progrès de la chimie permettent de convertir l’amidon en sucre et d’obtenir de celui-ci de l’alcool et du vinaigre. Le froment peut encore servir à la fabrication de la bière et de l’eau-de-vie de grains. Enfin la farine sert à faire la colle blanche.

La paille, qui renferme une grande proportion de silice, se conserve longtemps ; on l’emploie pour garnir les chaises, confectionner les paillasses ; on en fait des nattes, des ruches d’abeilles, des paniers et autres ouvrages de vannerie. Celle du blé barbu de Toscane, qui est l’objet d’une culture spéciale, sert à préparer ces chapeaux si connus sous le nom de chapeaux de paille d’Italie. On peut facilement teindre la paille de diverses couleurs. Enfin on la fait servir, dans bien des pays, à couvrir les chaumières et les granges, et on utilise pour le même usage les etaules, c’est-à-dire les bases des chaumes qui restent sur le sol après la moisson.

FROMENT (Antoine), ministre protestant français, né dans le val de Trièves, près de Grenoble, vers 1510. Il était à Orbe lorsque Farel y arriva, échappé miraculeusement à la fureur des prêtres de Genève. Froment partit pour cette ville. Il y arriva en 1532. Il enseigna tout d’abord à ses auditeurs la lecture, l’écriture, un peu d’arithmétique ; puis, abordant le sujet important, il s’éleva contre les abus de l’Église et l’inconduite des prêtres. Le clergé, voyant le danger qui résultait de ces réunions, essaya de les empêcher ; mats, le icr janvier 1533, -la foule porta Froment en triomphe. Nommé, en 1537, pasteur de l’église de Saint-Gervais, il garda cette place jusqu’en 1552. Déposé en 1562, il vécut pendant dix ans à l’étranger. Revenu à Genève en 1572, il fut réintégré dans une place de notaire qu’il avait obtenue en 1553. On ignore la date de sa mort. On a de lui : Deux épitres préparatoires aux histoires et actes de Genève (Genève, 1554, in-12) ; un Sommaire des chroniques de Bonnivard et les Actes et gestes merveilleux de la cité de Genève. Ces deux derniers ouvrages sont inédits.

FROMENT (François-Marie, baron), homme politique et publiciste français, né à Nîmes en 1759, mort à Paris en 1825. Il était, avant la Révolution, avocat et receveur du clergé et des domaines. La perte de sa charge, en 1789, en fit un adversaire violent du nouvel état de choses. Chargé par le comte d’Artois, émigré à Turin, de fomenter l’insurrection royaliste dans le Languedoc, il répandit dans le peuple des brochures incendiaires, fut le principal auteur de la pétition par laquelle les catholiques de Nîmes demandaient le maintien du pouvoir absolu et du régime oppressif sous lequel avaient vécu jusque-là les protestants, organisa avec quelques amis le fameux camp de Jalès et ne parvint qu’avec peine à s’échapper lors de la lutte sanglante qui éclata entre les catholiques et les protestants de Nîmes, en 1790. Froment alla trouver le comte d’Artois, puis le comte de Provence (Louis XV111), tut anobli par ce dernier, qui le nomma secrétaire de son cabinet, et remplit pour ces princes des missions périlleuses en Espagne, en Angleterre, en. Allemagne, en Russie, etc. De retour en France sous la Restauration, Froment n’obtint, en récompense de son dévouement à la cause royale, qu’une pension alimentaire de 700 fr., avec laquelle il vécut dans un état voisin de la misère, et réclama vainement les sommes qu’il avait prêtées au comte d’Artois pendant 1 émigration. On a de lui plusieurs écrits, parmi lesquels nous citerons : Mémoire historique et politique, contenant la relation du massacre des catholiques de Nîmes en juin 1790 (Nîmes [Monaco], 1790), curieux et fort rare ; Recueil de divers écrits relatifs à la Révolution (Paris, 1816) ; Procès de M. Froment contre S. A. R. Monsieur, frère du roi (Paris, 1823).

FROMENT (Paul-Gustave), ancien élève de l’École polytechnique, mécanicien distingué, né à Paris le 3 mars 1815, mort en février 1865. Son grand-père était horloger, et son père avait inventé une machine a tondre le drap ; il est donc croyable que les premières impressions qu’il reçut dans son enfance en- |

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gendrèrent en lui cette passion irrésistible qui le portait à l’étude des mécanismes connus et à l’invention de ceux qui pouvaient être désirés. À dix-huit ans, Froment concevait l’idée de son premier électromoteur, et. deux ans après, il en présentait le dessin à.M. Liouville, comme candidat à l’École polytechnique. Après un séjour de quelques années en Angleterre, où il était allé étudier la grande industrie, il entra, en 1840, dans l’atelier de Ganibey pour s’y façonner à la construction des instruments de précision. Il construisit, en 1843, l’un des premiers télégraphes à cadran qu’on ait vus en France, un télégraphe à signaux conventionnels, analogue à celui de Morse, et un télégraphe à clavier. Il imaginait, vers la même époque, le mécanisme employé dans la construction des horloges électriques et celui des sonneries destinées à prévenir les surveillants des gares de chemin de fer de l’approche des trains.

Avant lui, on en était réduit à, éclairer directement les réticules des lunettes astronomiques, pour les observations nocturnes ; il trouva le moyen de rendre les fils lumineux en y faisant passer un courant voltaïque.

Outre les inventions qui lui appartiennent en propre, Froment a contribué par ses soins et ses conseils à la réalisation des vues d’un grand nombre d’ingénieurs et de mécaniciens. Ainsi, il s’est employé à faciliter la mise au jour du métier Bonelli, du télégraphe Caselli, du télégraphe Hugh, de la machine électrotrieuse, du pendule èlectromobile, du chronographe de MM. Schultz et Lissajoux, des appareils de M. Fizeau et de M. Foucault pour mesurer la vitesse de la lumière, des instruments gyroscopiques de ce dernier, etc.

FROMENT-MECR1CE (François-Désiré), célèbre orfèvre français. V. Meurice.

FROMENTACÉ, ÉE adj. (fro-man-ta-sêrad. froment). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au froment.

— s. f. pi. Bot. Groupe de plantes ayant pour type le froment.

PROMEUT-AGE s. m. (fro-man-ta-je — rad, froment). Dr. féod. Droit prélevé sur les terres où l’on cultivait le froment.

FROMENTAIRE s. f. (fro-man-tè-re — rad. froment). Miner. Nom donné à des pierres formées de nummulites, qu’on prenait autrefois pour des graines de blé fossiles, il On disait aussi FROMENTALITE.

FROMENTAL, ALE adj. (fro-man-tal, a-le — rad. froment). Qui tient du froment ; qui convient, qui a rapport au froment : Les grandes plaines fromentales se couvrent de tapis courts et frais : (G. Sand.) ■

— s. m. Nom vulgaire de l’avoine élevée : Le sable, le gravier font d’un succès égal Fleurir l’heureux sainfoip, le sobre fromental.

ROSSET.

Il On dit aussi fromentel.

— Encycl. S’il nous arrivait du Pérou ou du Japon unegraminée fourragère réussissant dans les terrains les plus secs et les plus pauvres, d’un bon produit, d’une très-longue durée, et donnant un foin de bonne qualité, immédiatement la Renommée emboucherait les cent voix de sa trompette, et bientôt la nouvelle arrivée aurait place dans toutes les cultures progressives de France. Cette plante, nous 1 avons : elle est indigène chez nous ; on n’a pas à l’acclimater. C’est peut-être pour cela que l’on dédaigne de l’employer.

Le fromental ou avoine élevée, avena elatior, est une graminée de grande taille, qui croît naturellement dans les prairies sèches et dans les terrains calcaires secs abandonnés à eux-mêmes. Il s’élève h 1 mètre et même à im,50 de hauteur, fournit beaucoup à la coupe et repousse très-bien. Son fourrage abondant est de bonne qualité, quoique un peu gros ; mais il n’est pas dur. Le chaume n’a pas une grande rigidité ; la tige se conserve verte, même après la maturation de la f raine ; de sorte que l’on peut lui faire prouire les semences sans beaucoup nuire à la qualité du fourrage.

Le fromental réussit sur les terrains calcaires les plus secs et les plus pauvres : nulle plante fourragère n’est plus propre à former avec le sainfoin la base de prairies fauchables de très-longue durée. Le fromental convient également comme pâturage ; il repousse très-vite et est bien mangé. C’est une plante très-rustique, qui résiste également aux gelées les plus intenses de l’hiver et aux sécheresses prolongées de l’été. Une fois en possession du sol, elle s’y conserve, pour ainsi dire, indéfiniment.

Le fromental est une plante fourragère de grand avenir ; les cultivateurs de terres calcaires sèches devraient le tenir pour l’égal du sainfoin, auquel, d’ailleurs, il est supérieur pour la durée et souvent pour le produit.

FROMENTÉ s. m. (fro-mau-té). Vitic. Espèce de raisin.

FROMENTÉ, ÉE adj. (fro-man-té — rad. fromentée). Se dit d’une robe du bœuf qui a la couleur du hanneton appelé fromentée, c’est-à-dire qui est alezan fauve.

FROMENTEAU S. m. (fro-man-tô). Vitic. "Variété de raisin très-estimée, que l’on cultive dans la Champagne et la Bourgogne.

— Bot. Nom vulgaire du fruit de la ronce des buissons.

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— Encycl. On sait l’effrayante synonymie qui embarrasse les viticulteurs, quand i s’agit des innombrables variétés de raisins. Celle qui nous occupe en est un exemple frappant : oeurot, pinot franc gris, plnnt gris, fromenteau, en Bourgogne ; malvoisie et auvernat gris, en Champagne ; auxerrois, dans la Moselle ; grand tokai gris, sur les bords du Rhin ; baraitzinrzoko, en Hongrie, etc., etc., tels sont quelques-uns des noms qui servent à désigner cette intéressante variété.

Le fromeitteau a des grains d’un rouge clair, a reflets bleus. Plus doux que le pinot franc, il donne un vin plus fin, mais moins corsé. Il produit davantage.

FROMENTEAU (dame de). V. Agnès Sorel.

FROMENTEAU, publiciste protestant. V.

Froujienteau.

FROMENTÉE S. f. (fro-man-té — rad. froment). Art culin. Bouillie faite avec de la farine de froment : Lorsque les Romains vivaient de fromentée et de pois chiches, Us étaient libres et puissants. (Chateaub.) La fromentée est une pâte compacte de blé crevé dans l’eau et habillé dans te lait. (G. Sand.)

— Entom. Espèce de petit hanneton.

FROMENTERA (île au blé), une des îles Baléares (Espagne). Elle a 22 kilom. dans sa plus grande longueur et 17 kilom. dans sa plus grande largeur. « On s’est plu, dit Malte-Brun, à présenter cette île comme infestée de serpents, de loups et de renards ; mais les seuls animaux qu’elle renferme sont des chèrres et des moutons devenus sauvages ; ses rivuges sont garnis de grands oiseaux échassiers connus sous le nom de flamants. »

FROMENTEUX, EOSE adj. (fro-man-teu, eu-ze — rad. froment). Abondant en froment : // n’estait utile qu’une nation toute belliqueuse se mist en possession de terres si grasses, fromentbusës et larges. (L. Fauchet.) Je ne souffrirais pas qu’un particulier frappât de stérilité vingt lieues de terrain, dans un département fromenteux, pour s’en former un parc. (Napol. 1er.) h vieux mot usité encore dans les environs de Lyon.

FROMENTIER, IÈRE adj. (fro-man-tié, iè-re — rad. froment). Qui produit du froment : Terre fromentière.


FROMENTIN (Eugène), peintre français, né à La Rochelle en décembre 1820. Après avoir terminé ses études, il étudia le paysage sous M. Louis Cabat ; puis il visita 1 Algérie et en rapporta de nombreuses études.

Son Salon de 1849 lui valut une première je médaille. Le peintre des sites algériens, des smalas, des mosquées, des douars s’annonçait déjà comme un maître.

Chargé, en 1850, d’une mission archéologique, il retourna en Algérie et continua son voyage dans le Sahel et le Sahara, dessinant et écrivant tout à la fois. On lui doit ainsi d’intéressantes relations des pays qu’il a parcourus. Rentré en France, M. Fromentin reprit ses pinceaux et exposa plusieurs toiles remarquables. Il en fut récompensé en 1857 par un rappel de 2e médaille, et, en 1859, par une ire médaille et la décoration.

Entre autres compositions de cet artiste, il convient de citer : les Gorges de la Chiffa (1847) ; la Place de la Brèche à Conslantine (1849) ; un Enterrement maure (1853) ; Chasse à la gazelle, acquis par l’État ; les Bateleurs nègres ; Lisière d’oasis pendant le siroco ; une Audience chez un khalife (1859) ; Cavalier revenant d’une fontaine près d’Alger ; le Berger kabyle ; les Courriers arabes (1861) ; Bivouac arabe au lever du jour ; la Curée ; la Chasse au faucon et le Fauconnier arabe, placé au musée du Luxembourg (1863) ; Coup de vent dans les plaines d’Alfa (1864) ; Chasse au héron (1865) ; la Tribu nomade en marche vers les pâturages du Tell (1866) ; la Caravane de Â/arilhat (1867). Nous n’avons cité que les principales toiles de M. Fromentin ; le catalogue de ses œuvres se compose, en outre, d’un grand nombre de paysages rapportés d’Algérie et du Sahara, ainsi que de divers épisodes de la vie arabe.

On retrouve dans la plupart, jointe, à la science approfondie des colorations élégantes, cette finesse et cette harmonie des tons qui ont valu à cet artiste ses premiers succès et l’ont placé au premier rang parmi les maîtres de fa jeune école. Aussi a-t-il des imitateurs qui ont cherché à reproduire ses procédés. On peut néanmoins lui reprocher de concevoir ses tableaux au point de vue trop exclusif de la coloration. Il cherche un effet blanc, un effet rose, un effet bleu, et les personnages, le paysage, toute la composition, en un mot, ne lui servent qu’à l’obtenir et deviennent ainsi l’accessoire au lieu de rester le principal. On peut aussi lui reprocher de manquer parfois d’unité dans l’exécution.

Les Bateleurs nègres, exposés en 1859, ont reparu avec honneur à l’Exposition universelle de 1867. Après le Bivouac au lever du jour et le Fauconnier arabe, cette toile est la mieux rendue et la plus intéressante de l’œuvre de M. Fromentin. Elle est d’une dimension moyenne ; il semble, d’ailleurs, que1, M. Fromentin est plus maître de lui lorsqu’il concentre tout son effet dans un cadre restreint, qui neTentraîne pas à grandir ses personnages, à substituer la ligne et le modelé a la couleur, «t à atténuer ainsi ses princi-