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que principal rédacteur de Y Annuaire d’agriculture nationale. On a de lui : Chimie agricole sous une forme populaire (Varsovie, 1846) ; De la navigation à vapeur sur tes rivières navigables du royaume (1850) ; Quelles sont, des petites ou des grandes -propriétés foncières, celles gui sont les plus utiles à la prospérité publique ? (1850) ; Vt< ? de Stanislas Kotska (1856) ; Des institutions du crédit mobilier, par Louis Tengoborski, nouvelle édition augmentée de la vie de l’auteur, d’une introduction et de notes (1857) ; Lettres sur l’état où en est chez nous la Question du servage, le plus important des ouvrages de l’auteur (1858) ; Résumé des matières les plus importantes contenues dans les vingt premiers volumes des Annuaires d’agriculture nationale (1862,2 vol.), etc.

GARBO (Dino del), l’un des plus célèbres professeurs de médecine du xive siècle. Il était fils d’un chirurgien distingué de Florence, nommé Buono. Il étudia la médecine à Bologne sous Taddeo. Devenu docteur, il remplaça son maître dans sa chaire de médecine en 1306. Appelé à enseigner à Padoue, en 1313, il ne resta dans cette ville que pendant quatre ou cinq ans, jusqu’à ce que les discordes civiles le forçassent de retourner k Florence. En 1320, il alla occuper la chaire de médecine à l’université nouvellement fondée àSienne. Cette université n’ayant eu qu’une existence éphémère, Dino del Garbo s’établit de nouveau dans sa patrie, où il fut regardé comme un oracle. Sa mémoire est ternie par la part qu’il prit au meurtre juridique du malheureux Cecco d’Ascoli, qui fut brûlé vif comme sorcier. Il ne survécut pas longtemps à sa victime, car il mourut en 1327, quatre jours après le supplice d& Ceeco. L’intérêt qu’on peut espérer de trouver dans les livres de Dino ■ del Garbo ne doit pas se mesurer sur la célébrité dont l’auteur jouit de son vivant ; ils n’en peuvent offrir que comme monument de l’état déplorable de la médecine au commencement du xive siècle. En voici la liste : Enarratio cautionis Guidonis de Cavalcantibus ; De natura et motu amoris (Venise, 1498, in-fol.) ; Chirurgia ; Tractatus de ponderibus et mensuris (Ferrare, 1485) ; Recollectiones in Jlippocratem de natura fœtus (Venise, 1502, in-fol.) ; Expositio supercanonesgénérales de virtutibus médicament orum simplicium, etc. (1514, in-fol.).

GARBO (Thomas del), médecin italien, fils du précédent, mort en 1570. Il exerça la médecine à Florence, à Pérouse, à Bologne, acquit une grande réputation comme praticien et fit une fortune considérable. Il fut un des amis de Pétrarque. Ses principaux ouvrages sont : Summa medicinalis (Venise, 1521, in-fol.) ; Consiglio contra ta pestiiensia {1572, in-8°j ; Commentaria in libros Galeni defebriumdijferentiis, cum textu Galeni(Pn.ris, in-4°) ; Expositio super capitula de génératione embryonis III canonis, fen XXV Avicenns (Venise, 1502, in-fol.).

GARBO (Raffaellino del), peintre de l’école florentine. V. Raffaellino i>ël Garbo.

GARBON s. m. (gar-bon). Fauconn. Mâle de la perdrix.

GARBOTEAU s. m. (gar-bo-to). Ichthyol. Poisson du genre des ables. Il On dit aussi

GARBOTIN..

GARBURE s. f. (gar-bu-re — de l’espagn. garbias, ragoût). Art. culin. Sorte de potage : La garbure est un mets des provinces du midi de la France. (Acad.) Une bonne garbure est assurément la meilleure soupe que l’on puisse manger. (L.-J. Larcher.)

GARCiEUS (Jean), astronome et théologien allemand, né à Hambourg en 1530, mort en 1575. Il étudia les mathématiques, l’astronomie, b> théologie, et devint surintendant ou évêque protestant à Brandebourg. Il a publié plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Tractatus de erigendis figuris cceli ( 1555, in-4°) ; De tempore seu de ortu et occasu stellarum fixarum (1563) ; Spéculum firmamenti (1565) ; Harmonia de ratione institutionis scholastics (1565) ; Meteorologia (1568) ; Traité chrétien au sujet de l’âme (1569), etc.

GARÇA1LLE s. f. (ghar-sa-lle ; «mil.péjor. de garçon). Fam. Garçon : Comme si on n’aurait pas pu vous faire votre petite affaire, pendant que vous aviez les yeux bandés/ grommela-t-il. Ah ! garçaillesI garçailles ! (P. Féval.) Écoutez ! reprit-il, je vais vous donner deux de mes petites garçailles. Il appelait ainsi les grands drôles qui accompagnaient les héritiers dans les fiacres, pour les garder et leur bander les veux. (P. Féval.)

GARÇAO ou GARGAM (Pedro-Antonio Correa), poëte qui partage avec Ferreira le surnom d’Horace portugais, né à Lisbonne en 1735, mort en 1775. Il fut un des membres les plus distingués de l’académie des Arcades et contribua, comme rédacteur de la Gazette de Lisbonne, à la rénovation littéraire de son pays. Des articles satiriques insérés dans cette feuille contre le ministre Pombal le firent jeter dans une prison, où il mourut au moment où il allait être rendu à la liberté. Ses Œuvres, publiées à Lisbonne en 1778, ont été réimprimées plusieurs fois. Elles consistent en odes, sonnets, dithyrambes, épîtres, et une spirituelle comédie intitulée : Assemblea, dans laquelle sa trouve la Cantate de Didon, chefd’œuvre lyrique de l’auteur. Tous les écrits

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de Gareao sont remarquables par la correction et l’élégance du style, par la pureté du goût. Il s’eftorça de réformer le théâtre portugais, qui’ était tombé dans une profonde décadence, et exposa les principes qu’il avait adoptés sur l’art dramatique dans une petite pièce, intitulée : Theatro novo.

GARÇAO STOCKLER (Francisco de Borja), général et mathématicien portugais, né à Lisbonne en 1759, mort en 1829. Il était neveu du précédent. Ses connaissances étendues le rirent attacher de bonne heure à l’Académie des sciences de Lisbonne, dont il devint secrétaire. Il passa ensuite au Brésil, revint en Europe en 1818, fit un voyage k Paris l’année suivante, et, de retour en Portugal, il devint gouverneur et capitaine général des îles Açores, puis fut nommé baron de Laguna. Garçao a laissé la réputation d’un savant distingué. Il a publié Ooras de F. de Borja Garçao Stockler (Lisbonne, 1805, 2 vol. in-8<>), recueil de mémoires ; Ensaio historicosobre e origem e progressos das mathemalicas em Portugal (Paris, 1819, in-8»), ouvrage intéressant, où l’on trouve toutefois de regrettables ’ lacunes.^.

GARCE s. f. (gar-sa — anc. fém. de gars. S’écrivait autrefois garse). Fille nubile : Le mâle est gars à quatorze ans, et la femelle est garce à douze. (Montfaucon.) il Fille en général : Dionysius le tyran lui ayant présenté trois belles garces, afin qu’il en fit choix, il répondit qu’il les choisissait toutes trois. (Montfaucon.) C’est une fameuse garce ! est un éloge peu compris que recueillit AJme de Staël dans un petit canton du Vendômois, où elle passa quelques jours d’exil. (Balz.) II Vieux, et usité aujourd’hui dans quelques provinces seulement.

— Pop. et bas. Femme débauchée : Garçon est redevenu un moi honnête, et garce n’est plus qu’une injure grossière. (L. Littré.) Il Le mot est malhonnête.

— Fig. Se dit de tout objet du genre féminin dont on veut se plaindre amèrement : Cette garce de fièvre ne me quitte pas.

t — Métrol. Unité de poids employée dans l’Inde, et valant à Madras, en kilogrammes, 1535,44. il Mesure de capacité usitée dans l’Inde, valant en litres à Madras 1916,97, et 366,36 à Pondichéry.

GARCES (Julien), prélat espagnol, né en Aragon en 1452, mort en 1547. Il se fit recevoir docteur en théologie k Paris, se livra à l’enseignement dans plusieurs couvents de l’ordre de Saint-Dominique, dont il faisait partie, acquit ensuite la réputation d’un prédicateur distingué et fut nommé par Charles-Quint, en 1519, évêque de Tlascaîa, au Mexique. Garces se signala dans ce poste par son zèle apostolique, par son humanité, et termina ses jours au milieu des Indiens. On a de lui une Lettre au pape Paul III en faveur des Indiens, qui a été publiée dans Vflistoriaprovincis Àtexic. de Davila y Padilla.

GARCES DE MARC1LLA (Ambroise), ingénieur espagnol, né vers 1815, mort en 1859. Entré, en 1834, à l’école du corps des ingénieurs, il en sortit, trois ans plus tard, avec le grade de lieutenant, prit part, sous les ordres du général Sanz, à la guerre contre les carlistes, fit partie, en 1848, de la commission chargée de visiter les différentes contrées de l’Europe, dans le but d’étudier leur organisation militaire, et parcourut successivement, en cette qualité, la France, l’Allemagne, le Danemark, la Russie, la Turquie et 1 Italie. De retour en Espagne, il fut chargé de travaux importants, tels que la topographie de la province de Barcelone, l’établissement des télégraphes électriques de cette province, puis de la ligne de Saragosse à Barcelone, etc. On a de lui : La télégraphie électrique (1851) ; Théorie de la grande guerre ; Études sur la défense active des places, etc.

GARCETTE s. f. (gar-sè-te — dirain. de garce). Très-jeu ne fille, il Vieux mot.

— Ancienne coiffure apportée d’Espagne, dans laquelle on rabattait les cheveux sur le front.

— Mar. Tresse en bitord ou en fil de caret, qui sert à divers usages exigeant peu de longueur de cordage et beaucoup de solidité, et qui a servi longtemps à châtier les mousses et même les matelots : Garcettes de ris. Je crois me voir à bord, la garcette à ta main, distribuant mes ordres à tout mon équipage. (Scribe.) C’était un gabier, père de famille, qui venait de tomber à la mer, de l’extrémité d’une vergue, en serrant le nœud d’une garcette. (X, Marinier.)

— Techn. Petite pince pour épinceter le drap.

GARCHES, en latin Garziachus. village et comm. de France (Seine-et-Oise), cant. de Sèvres, arrond. et à 9 kiloin. N.-B. de Versailles, sur un plateau élevé où abondent des sources d’eaux vives ; 1,443 hab. Vignes, fruits, miel et cire estimés. Église du xuie siècle, la première qui ait été placée sous l’invocation de saint Louis, roi de France. Au hameau du Petit-l’Etang, hospice de la Reconnaissance, pour les ouvriers fondeurs,

forgerons, serruriers, mécaniciens, etc.

Cet hospice a été créé par Michel Brézin, ancien fondeur, qui avait acquis une fortune de 4 à 5 millions par quarante.années de travaux dans cette partie, et qui en a légué la

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presque totalité aux hospices de Paris. Cet établissement f. Ilait être construit et formé à Paris, bien que les intentions du testateur fussent de le placer dans sa maison du Petitl’Etang, commune de Garches ; mais, sur les réclamations de M. Aubernan, préfet du département, et celles de la commune de Garches, il a été définitivement placé dans cette commune, par arrêt de la cour royale de Paris, confirmé par la cour de cassation.

L’hospice de la Reconnaissance, établi à Garches, a pour but, selon les intentions de son fondateur, de servir de retraite aux ouvriers indigents âgés d’au moins soixante ans, qui justifieront de leur moralité et qui auront appartenu à l’un des états qui se rattachent directement ou indirectement à celui de fondeur. Il est sous la dépendance de T’administiation des hospices de Paris, qui est appelée à prononcer les admissions, et qui y a fait construire des bâtiments destinés à recevoir au moins 300 lits.

GARCH1Z1, b^urg et commune de France (Nièvre), cant. de Pougues, arrond. et à 12 kilom. N.-O. de Nevers, sur la rive droite de la Loire ; 1,622 hiib. Fabrication de charrues ; forges, fonderie, laminerie, tréfilerie. L’église, classée paTmi les monuments historiques, est une btlle construction byzantine du xub siècle. Les chapiteaux de la porte sont ornés de curieuses sculptures. La tour est d’un bel effet, quoique privée de sa flèche, que la foudre détruisit en 1750. À l’intérieur, copie d’une Sainte Famille de Murilio. Aux environs, restes du fortifications du château de Parzy, qui appartenait aux évêques de Nevers.

GARCIA 1er ou GARCIAS FERNANDEZ,

comte de Casti !e, né k Burgos en 938, mort en 990. Il succéda à son père, Fernand Gonzalez. Il s’appliqua à faire le bonheur de ses sujets, ne se signala pas’moins par sa magnanimité que par son courage, pardonna aux comtes de Vêlez, qui avaient jeté le trouble dans la Castille par leurs prétentions au pouvoir, pardonna «gaiement plus tard à son fils Sanche, qui s’était révolté contre lui, battit à trois reprises le général des Maures, Orduan, et remporta une victoire complète sur Almanzor, à Osma, en 984. Pour venger sa défaite, Almanzor envahit six ans plus tard la Castille. Garcia l’attaqua avec son impétuosité ordinaire, fut fait prisonnier et mourut des suites des. blessures qu’il avait reçues. GARCIA II, cemte de Castille, né en 1008, mort en 1028. Il était fils de don Sanche, à qui il succéda en M22. Malgré sa jeunesse, il comprima une révolte suscitée par l’ambitieuse famille do Vêlez, montra des talents au-dessus de son âge, se fit chérir de son peujple, et périt assassiné par un des Vêlez, en allant à la rencontre de sa cousine, fille du roi de Navarre, i. laquelle il était fiancé. La mort de ce prince fut vengée par D. Garcia, son oncle et son successeur, qui fit brûler vifs ses meurtriers.

GARCIA ou GARCIAS III, roi de Navarre, né à Tudela en 958, mort «n 1001. Il était fils de D. Sanche II, a qui il succéda en 994. Il se signala par ses s uccès sur les Sarrasins, se ligua avec le comte de Castille et le roi de ’ Léon contre Almanzor, qui menaçait de soumettre l’Espagne entière au joug des mahométans, le rencor tra k Caltanazar, et le vainquit dans une bataille fameuse, où 50,000 Maures mordirent la poussière. Bien que d’un grand courage, Garcia éprouvait, en allant au combat, un tremblement convulsif qui l’avait fait surnommer le Tremblenr. C’est lui, dit-on, qui, à ce sujet, prononça ces paroles attribuées à plusieurs hommes de guerre : « Mon corps tremble du péril où mon courage va le porter. »

GARCIA (Alexis), aventurier portugais, né dans l’Alentejo en 1485, mort en 1526. Il partit, vers 1515, po’ir l’Amérique du Sud, explora le Rio-de-ia-Pla ta, le Parana, l’Uruguay, acquit une connaissance profonde des mœurs et des idiomes des peuplades qui habitaient les contrées arrosées par ces cours d’eau, et rendit de grands services aux Européens qui venaient commercer dans ces parages. Vers 1524, accompagné de trois Portugais, de son fils, âgé de quatorze ans, et d un certain nombre d’Indiens Tupis et Guaranis, il s’avança au delà du Paraguay, découvrit la région connue souk le nom de Matto Grosso, pénétra jusqu’au :. Andes, et périt assassiné par les Indiens de sa suite.

GARCIA ou GARZIA (Grégoire), missionnaire et dominicain espagnol, né k Cozar (Andalousie) en 1554, mort en 1C27. Il alla prêcher la foi catholique au Pérou et au Mexique, revint en Europe au bout d’une dizaine d’années, et fut nommé lecteur de théologie au couvant de son ordre, k Baeça, où il mourut. On u de lui : Origen de las Indias del Nuevo Mundo y Indias occcidenlales, etc. (Valence, 1607, in-8°), curieux ouvrage dans lequel il cherche k montrer que l’Amérique a été peuplée originairement par des Hébreux, puis par des migrations de différents peuples ; Prédication del Evangelio en et Nuevo Mundo viviendo los apostotes (Baeça, 1625, in-S°)..

GARCIA (Manuel-del-Popolo-Vicente), chanteur et compositeur distingué, né à Séville le 22 janvier 1775, ir.ort k Paris le 2 juin 1832. Il débuta dans la carrière musicale à six ans,

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comme enfant de chœur de la cathédrale do Séville, et borna d’abord son ambition k l’exécution de la musique d’église. Quand il eut atteint sa dix-septième année, le directeur du théâtre de Cadix l’engagea dans sa troupe et le fit débuter. Le jeune homme avait déjà une voix bien timbrée, pleine de promesses ; mais sa gaucherie excita chez les spectateurs un sourire de compassion. On ne prévoyait certes pas les imprécations à’Otello et les élégances impies de Don Juan. Il fut cependant accueilli avec acclamation à Madrid, en dépit-des imperfections de son talent. Il profita de cet engouement généreux pour faire passer quelques opéras-comiques, dont le plus remarquable est Et poêla calculista, dans lequel se trouve le fameux chant national espagnol : Yo che son contrabandista, tant contesté k son auteur. Garcia, couvert d’applaudissements, ne se contentait pas d’être

prophète en son pays et d’avoir renversé un des préjugés les plus enracinés du monde ; il rêvait une autre scène, un peuple plus difficile, un auditoire plus savant et des rôles plus sérieux. Paris, il lui fallait Paris, et les roses que ses compatriotes répandaient sous ses pas n’avaient plus de parfum pour son odorat blasé. Paris ! Il y arriva bientôt, et, dans son impatience de se montrer, il osa frapper k la porte du Théâtre-Italien, bien qu’il n’eût jamais chanté la langue italienne. 11 débuta, le 11 février 1808, dans la Grisetda, rie Paer, et ce début fut un triomphe. Sa verve, qu’on pourrait familièreJnent appeler endiablée ; son audace irrésistible, pleinement justifiée par l’éclat de ses qualités ; sa fougue passionnée, dérobaient à" l’attention les lacunes de son éducation musicale, et son génie instinctif lui faisait esquiver toutes les difficultés. Cette chaleur communicative semblait rayonner sur ses camarades, et leur donner la vie qui manquait jusque-là aux artistes italiens, si froids et si indifférents à la mimique. Garât disait : J’aime la fureur andalouse de cet homme ! Paris le posséda deux ans, et ce ne fut qu’en 1811 qu’il se rendit en Italie. Turin, Naples et Rome l’applaudirent avec enthousiasme, et Murât le nommait, en 1812, premier ténor de la musique particulière de sa chapelle. C’est alors que le chanteur se mit k étudier sérieusement la vocalisation. Anzani, un des meilleurs ténors de l’écûle italienne, lui donna des leçons, et lui enseigna la tradition pure des grands artistes du xvme siècle, que Garcia devait transmettre à ses élèves. En 1812, il fit jouer au théâtre de San-Carlo, de Naples, son opéra le Calife de Bagdad, qui eut beaucoup de succès. Par un heureux hasard, il fit la rencontre de Rossini, qui écrivit pour lui le rôle de YEHsabetta. Le compositeur avait trouvé son chanteur, et tous deux sentirent qu’ils seraient nécessaires l’un à l’autre. Avec quelle grâce et quelle finesse Garcia interprétait Almaviva dans’ il Barbiere di Seviglia ! Vers la fin de l’année 1816, Garcia opéra sa rentrée au Théâtre-Italien de Paris, alors dirigé par Mme Catalani, en qualité de premier ténor. Les habitués de cette scène lyrique constatèrent avec bonheur les immenses profrés de sa voix. Tour à tour il charma le pulic dans les rôles de Paolino, dans il Matrimonio segreto, dans Cosi fan tutte, de Mozart, dans Yltalianain Algeri, de Rossini. Mais ces victoires répétées portèrent ombrage à la puissante directrice du théâtre. Elle s’opposa désormais aux succès de celui qui faisait la fortune et la vogue de son théâtre, et avec une ténacité féminine, augmentée d’une imprudente jalousie, elle lui marchanda les occasions de se produire, le tourmenta tellement enfin, qu’il fut forcé de rompre son engagement avec l’administration et de partir pour l’Angleterre (1S17). Les Anglais, heureux de le posséder, le couvrirent de couronnes et lui firent oublier pour un moment l’ingratitude de Mme Catalani ; pour un moment, car il mettait au-dessus de tout les applaudissements qu’il obtenait sur la scène française. Aussi ne tarda-t-il pas k y faire sa rentrée, en 1819, dans il Barbiere, qu’on 3’ entendait pour la première fois, et qui inaugura l’ère rossinienne en France. Pendant cinq ans, de 1819 à 1824, il nous resta, et ce furent aussi les plus belles années de son magnifique talent, Otello, Almaviva, Don Juan, les trois fleurons de sa couronne artistique, n’ont jamais rencontré un plus puissant et plus sublime interprète. Tamberlick seul, dans Otello, s’est mesuré sans désavantage avec Garcia. C’est en 1824 que Garcia présenta sur un théâtre de Londres sa fille Maria, qui devait être plus tard la célèbre Malibran.

Notre artiste avait parcouru l’Europe entière. Partout acclamé, il éprouva le désir de visiter l’Amérique, et il partit avec une troupe composée d’excellents acteurs et chanteurs, tels que Crivelli, ténor, Manuel Garcia et Angrisaiii, "bouffes chantants, Rosich, bu/fo caricato, M">es Barbieri, Garcia, et sa fillo Maria. Cette compagnie débuta à New-York. Rien ne pourrait peindre l’enthousiasme des Américains, et il se traduisit (pécuniairement parlant) d’une manière si avantageuse, que Garcia conçut le projet de s’établir dans cette ville k poste fixe. Malheureusement, la rigueur du climat apportait à son organe certaines altérations qui l’alarmèrenrjustement. Il ne discontinua cependant pas, et l’argent afflua avec une nouvelle intensité’. Se trouvant assez riche pour regagner l’Europe et y passer en paix Je reste de sa vie, il se fit