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hauche qu’il est resté célibataire. Ajoutons qu’il est trop ridicule pour être à craindre. On connaît les principaux caractères que l’auteur a voulu mettre en scène ; nous allons indiquer sommairement les moyens qu’il a employés pour les développer. Les trois vieux garçons s’introduisent, sous la conduite de Mortemer, au beau milieu de trois ménages. Le premier est celui do M’le Clémence de Chavenay, mariée à un excellent homme qui n’a qu’un tort, celui de In rendre trop heureuse. Le second est celui de Mme Robecca Dubourg, une femme avide d’émotions, dont tout le malheur est d’avoir pour mari l’être le plus pacifique et le plus doux qui soit au monde ; enfin, le troisième est Celui de Mrae Louise de Troène, qui est la moins bien partagée de toutes. Elle a épousé un jeune înirliflor qui court les drôlesses pour échapper aux vapeurs de spleen qu’exhale, suivant lui, la vertu de sa femme. Mentionnons encore la jeune Antoinette, sœur de Clémence, qui vient de sortir du couvent et est fiancée à un jeune homme du voisinage, M. de Nantya. Les célibataires commencent par se distribuer leurs rôles et choisir leurs victimes. Clavière dirige son attaque sur la nerveuse Rebecca, Mortemer jette son dévolu sur Mme de Chavenay, et quant à Vaucourtois, une pêcheuse d’écrevisses, qu’il a péchée dans un ruisseau et qu’il s’occupe à civiliser à grand renfort de robes de soie et de chapeaux à plumes, fera bien mieux son affaire que les plus grandes dames du monde. Clavière et Mortemer n’ont pas fait un pas dans leur entreprise, quand un jour Mme Dubourg se présente dans l’appartement de ce dernier pour lui demander un renseignement, et lui apprend, tout en causant, qu’elle est accompagnée d’Antoinette, et que celle-ci l’attend en bas, dans sa voiture. Aussitôt une indigne pensée traverse le cerveau de Mortemer ; sous un prétexte quelconque, il fait partir M™» Dubourg par une autre porte, et envoie un domestique dire à Antoinette que Mme Dubourg la prie de monter. Antoinette arrive ; les yeux du vieux garçon s’allument à la seule pensée que cette jeune fille, pure et chaste, est là, seule avec lui, dans cette chambre où tant d’autres ont laissé leur innocence et leur honneur. Il la prend par la main et la conduit sur un canapé ; là, frémissant et lascif comme un faune, il essaye de faire arriver à l’oreille de la jeune fille quelques paroles de séduction ; mais Antoinette, souriante, babille et plaisante, sous le regard du tentateur, avec a sécurité que lui donne son ignorance ; à tout instant elle interrompt Mortemer-pour lui demander le sens de ce qu’il lui dit ; elle ne comprend rien, ne voit rien, ne soupçonne rien, et bientôt les rôles changent. C’est Mortemer qui tremble, qui se trouble et s’émeut à la vue de cette candeur naïve, de cette angélique pureté ; une transformation s’opère en lui ; le libertin disparaît et fait place à l’homme ; il conjure Antoinette de partir, et quand celle-ci tf franchi le seuil de la porte, un soupir de satisfaction sort de sa poitrine, et, pour la première fois de sa vie, il s’aperçoit que c’est une belle, et bonne, et sainte chose que la vertu. Nous reviendrons tout à l’heure sur cette scène. Arrivons d’abord au dénoùment. M. de Nantya a appris l’entrevue de sa liancée Antoinette avec M. do Mortemer, et, transporté de jalousie, il est venu le provoquer en duel. Mortemer a accepté, et comme, en définitive, il sent qu’il se fait vieux et que le sort des armes pourrait bien ne plus lui être aussi favorable qu’au temps de sa brillante jeunesse, il met en. règle ses papiers. Que de lettres d’amour il retrouve dont la signature ne lui rappelle plus même un souvenir 1 que de protestations d’éternelle fidélité amènent Sur ses lèvres un sourire de fine ironio ! Une lettre surtout attire son attention ; ellévient d’une famine qu’il se rappelle avoir délaissée, mais dont le nom même ne peut Jui revenir, car un cachet seul le remplace au bas de l’épître. En ce moment on lui apporte un billet de M. de Nantya : il porte un cachet semblable à celui qu’il vient de voir ; qu’est-ce que cela signifie ? M. de Chavenay, pressé de questions, finit par révéler à Mortemer le secret de la naissance de M. de Nantya. C’est un bâtard, né des amours de Mme de Reilly avec un amant qui l’a lâchement abandonnée après l’avoir séduite. À ces mots, Mortemer paiit ; ses souvenirs lui sont revenus en foule ; il n’en peut pas douter, M. de Nantya est son /ils, et c’est contre son fils qu’il va être obligé de se battre. Cependant il a gardé pour lui seul le secret qui le dévore et s’est contenté de déclarer, au risque d’être taxé de lâcheté, qu’il refusait le duel accepté la veille. 61. de Nantya vient lui-même le sommer de le suivre sur le terrain ; Mortemer ne se battra pas ; alors M. de Nantya, exaspéré, l’insulte, et, se précipitant sur lui, lève fa main pour le souffleter, quand le malheureux père, accablé, s’écrie d’une voix déchirante : « Kmnienez-le, emmenez-le I « — «Le pathétique du drame domestique, dit M. Paul de Saint-Victor, ne saurait guère aller au delà. » On prévoit le dénoùment. Le fils reconnaît son père et lui pardonne ; Antoinette épouse M, de Mantya, et, de cette façon, Mortenier se crée une famillé au milieu de laquelle il se reposera de sa vie d’aventures.

La critique et surtout le public ont été presque unanimes dans les éloges hyperboliques et les applaudissements enthousiastes eccordés à cette comédie. Nous croyons néanl

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moins çjue la saine logique et le bon goût ont le droit et le devoir c’y signaler bien des choses à reprendre. Pour ne parler que des défauts les plus apparents, nous noterons la réunion, contre toute vraisemblance, des trois vieux garçons, tous trois riches, non-seulement dans la même maison, mais dans

un hôtel. M, P. de Saint-Victor est du petit nombre de ceux qui ont relevé ce défaut : « Cola, dit-il, fait songer à l’hôtel des invalides de la galanterie. » Une autre invraisemblance, plus grande encore à nos yeux,

consiste dans la naïveté plus qu’enfantine attribuée à Antoinette. Où M. Sardou a-t-il rencontré une jeune fille assez sotte, assez niaise ou assetf mal élevée pour ignorer même qu’il y a inconvenance de la part d’une jeunefille a rester seule dans l’appartement d’un homme qu’elle connaît à peine, et à babiller avec lui, assise à ses côtés, sur un canapé, la main dans sa main ? Le personnage d’Antoinette est divertissant, mais il est faux. Enfin, et surtout, malgré toute l’habileté que, nous nous plaisons a. le reconnaître, M. Sardou a déployée dans la conduite de cette même scène du canapé, n’est-ce pas là dépasser les limites que tout peintre doit s’imposer dans un tableau, tout auteur dans une situation dramatique ? C’est ainsi que l’on arrivera à nous montrer %

Çjjmment font les deux mains d’an homme qui vioJe, sous le prétexte d’apprendre aux jeunes filles à se défendre des séducteurs. Nous ne voulons pas nous arrêter plus longtemps aux critiques de détail, dont plusieurs cependant pourraient encore se motiver ; mais nous uvons hâte d’arriver au défaut capital, à notre avis, de l’œuvre de M. Sardou. Nous voulons parler de la morale qui ressort du dénoùment. M. Sardou a-t-il voulu glorifier le célibat ou le condamner ? Voilà la question qu’on regrette d’être obligé de se poser quand on voit Mortemer, cet homme qui a passé sa vie à. voler le bonheur des autres, et a faire, de l’honneur de tous ceux qu’il a rencontrés sur son chemin, litière à ses plaisirs ; quand on voit Mortemer, i- ; e séducteur de profession, trouver à la fin de sa carrière, pour tout châtiment de ses méfaits, un tendre fils qui lui ouvre les bras, une aimable et bienveillante famille qui l’accepte dans ses rangs, où l’attend l’existence la plus confortable et la plus douce. Cela dit, nous reconnaissons volontiers, avec M. P. de Saint-Victor, que dans cette pièce « l’esprit brille et la passion brûle ; elle a les étincelles et elle a la flamme ; ses ressorts disparaissent dans le mouvement qui l’emporte ; la triple intrigue qu’elle entre-croise, sans mêler ses fils, dessine la même trame. Pas une longueur, pas un hors-d’œuvre, pas une scène qui hraguisse ou qui interrompe le mouvement d’intérêt qui va se renforçant jusqu’au dernier acte, dans un crescendo soutenu. »

GARÇONNAILLE s. f. (gar-so-na-Ile ; «mil.

— rad. garçon). Par dénigr. Ramassis de garçons, de mauvais drôles : Mettez de/tors toute cette garçoknaille.

GARÇONNER v. n. ou intr. (gar-so-nérad. tjurçon). Fara. Se conduire en garçon, ou fréquenter les garçons, en parlant des jeunes filles et surtout des petites filles : Ayant fréquenté les gans de guerre, elle s’était accoutumée à garçonner avec eux parmi les armes. (Brantôme.)

GARÇONNET s. m. (gar-so-nè — dimin. de garçon). Ftxm. Petit garçon : Combien de fois m’a-t-il pris envie, passant par nos rues, de dresser une farce pour venger des gaïîçon.vets que je voyais écorùher, assommer et meurtrira quelque père ou mère furieux ! (Montaigne.) il est juste de confesser que tes garçonnets sont toujours plus jeunes en esprit que les jeunes fillettes. (Ç. Sand.)

GARCONNIER, 1ÈRE adj. (gar-so-nié, iè-re

— rad. garçon). Qui appartient, qui convient aux garçons : Des habitudes Garçonnières. Il Qui aime à fréquenter les garçons : Une

petite fille garçonnière.

— s. f. Petite fille qui aime à fréquenter les garçons : Une garçonnièrk.

— Ménage de garçon : Paul jouissait de sa petite réputation d’élégance, et savait la soutenir ; ses gens avaient une excellente tenue, ses équipages étaient cités, ses soupers avaient quelque succès, enfin sa garçonnière était comptée parmi les sept ou huit dont le faste égalait celui des meilteures maisons de Paris, (Balz.) Il Grande chambre à plusieurs lits, espèce de dortoir dans un château.

GARCZYNSK1 (Étienne), écrivain polonais du xviue siècle, mort en 1*55. U était voïvode de Posen, On a de lui, sous ce titre : Ànatomie de la république polonaise (1751), un ouvrage des plus curieux, qui renferme un grand nombre de sages considérations sur la triste situation du royaume de Pologne à cette époque, et où l’auteur propose, comme principaux remèdes, l’établissement de manufactures, d’écoles industrielles et agricoles, de ces dernières surtout, afin de détourner la population des campagnes de s’établir dans les villes ; car c’est le dédain que l’on commençait à montrer pour la profession agricole que Garezynski regarde comme l’une des principales causes de Ta décadence de sa patrie.

GARCZYNSKI (Étienne), poëte polonais, né au village de liosmow, près de Kalisz, en 1805, mort en 1833. Au sortir du lycée de

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Varsovie, en 1324, il se rendit à Berlin, où il étudia la jurisprudence et la philosophie et devint l’un des adeptes les plus fervents des doctrines de Hegel et de Gans. Il partit ensuite pour l’étranger et se trouvait en Italie lorsque éclata l’insurrection de 1830 ; il revint aussitôt en Pologne et fit toutes les campagnes de la résolution eu qualité d’aide de camp du généril Uminski. Après la chute de l’insurrection, il se réfugia en Suisse et mourutà Avignon, dans le cours d’un voyage.qu’il avait entrepris dans l’intérêt de sa santé. Bien que moissonné à un âge où la plupart desécrivains ont k peine ébauché leur renommée, Garezynski n’en est pas moins un des poètes les plusremarqjablesde la Pologne moderne. L’illustre auteur de Conrad Watletnod, Adam Mickiewicz, était lié d’une étroite amitié avec lui et se fit l’éd.teur de ses œuvres, qui furent publiées pour la première fois en 1833 (2 vol.). Elles.se composent d’un poëme épique intitulé Wenceslus, de Souuenirs des temps de la guerre national ? de 1831, de Sonnets guerriers et de Poésies diverses.

GARD (Vardo), rivière de France, qui donne son nom au département, formée par la réunion du Gardon d’Anduze et du Gardon d’Alais. Le point de jonction de ces deux cours d’ef.u est situé dans la communs de Vézenobres, près du chemin de fer de Nîmes à la Grf.nd’Combe. Le Gardon d’Anduze prend sa source dans le département de la Lozère, près du village de Rousses, a 1,073 mètres au-dessus du niveau de la mer, baigne Bassurels avant de pénétrer dans le département du Gard, passe à Saint-Andréde-Valborgne, î. Peyrolles, à Saint-Jean-du-Gard, se double par la jonction du Gardon de Mialet, arrose Anduze et se joint au Gardon d’Alais, après un cours de 72 kilom.

Le Gardon d’A.lais descend des montagnes des Cévennes (Lozère), entre, au confluent de l’Andorge, dans le département du Gard, passe à Sainte-Cécile, à la Grand’Coinbe, coule parallèlement au chemin de fer de la Grand’Combe à Nîmes, arrose Alais et se joint au Gardon d’Anduze, après un cours de 62 kilom. Ces bi’anches, ainsi réunies, prennent alors le nom de Gard. Cette rivière traverse la vaste et fertile plaine de Ner-set-Boucoiran, route ses eaux entre des rochers pittoresques da : is les environs de Snint-Nicolas-de-Champagnac, coule sous le magnifique

aqueduc romain appelé pont du Gard, et, entre Aramon et Beaucaire, se jette dans le Rhône, après ur. cours de 137 kilom. Le Gard reçoit un grand nombre d’affluents, parmi lesquels nous signalerons : la Droude-, la Braume, le Bou/dic et l’Auzon.

« En général, dit M. Ad. Joanne, le Gard a peu d’eau ; sur quelques points, il est complètement absorbé par les sables dans les fortes chaleurs. mais, aux moindres pluies, il recueille toutes les eaux qui tombent sur ses montagnes arides et devient, en peu d’heures, un épouvantable torrent de 2 à 4 kiloin. de largî, roulant dix fois plus d’eau que la Seine au pont Royal et détruisant

f)eu à peu la belle plaine qu’il parcourt, pour aisser à la place un lit de caillouxde l,500mètres de largeur. »

Gara (pont dvj). Ce gigantesque monument, regardé par les maîtres de l’art comme le chef-d’œuvre la plus hardi que l’antiquité nous ait laissé, faisait partie d’un aqueduc destiné à conduire à. Nîmes les eaux de l’Eure et celles de l’Airan, deux fontaines des environs d’Uzès. Il est situé à 2i kilomètres nord-est de Nîmes, entre le château de Saint-Privat et le village de Reinoulins, La vallée qu’il franchit rappelle les belles solitudes de Catane et de Pœstum. Il est construit sur la rivière du Gardon, autrefois appelée Gard, dont il & retenu le non. Cette rivière, qui prend sa source dans les Cévennes et coule de l’occident à l’orient, a dans cet endroit des rives très-escarpées.

Le pont du Gard a 47^,20 de haut et 26G m. de long. Il est composé de trois étages d’arcades d’inégales dimensions. L’étage inférieur en compte six, le second étage onze et le troisième trente-cinq. Le premier étage a 20™,10 de haut et îeim^o de long, et celui du milieu 19™,4C de haut et 257m,90 de long. Pour bien saisir la symétrie de ce monument, il faut savoir qtw le milieu architectural n’en est pas le milieu réel, mais qu’il se trouve placé, en conséquence du cours du Gardon, vers la seconde arche septentrionale du premier pont. Cette arche, sous laquelle coule la rivière, a 25m,30 d’ouverture ; les deux qui lui sont contiguli5 ont l9m,20, et les autres 15">,75 seulement. Au second étage, l’arcade qui se trouve au -dessus de la grande arche du premier pont est plus large que les autres ; elle supporte quatre arceaux du troisième étag-î, tandis que les autres n’en soutiennent que trois. Ainsi, toutes les arcades du pont sont d’inégales grandeurs et paraissent telles quand on les regarde l’une à côté de l’autre ; mais en portant son attention sur le milieu architectural da l’édifice, on en remarquera la symétrie. Bien qu’il se développe sur une ligne droite, on aperçoit, surtout au sommet, une. courbure cor sidérable dont la régularité a.vait fait présumer à quelques-uns que l’édifice avait origina rement été construit sur ce plan. On verra plus loin la cause, purement accidentelle, de cette courbure.

Le pont du G ; ird est bâti eu pierres de taille, posées a sjc, sans mortier ni ciment !

GARD

L’architecture de l’édifice entier est de l’ordre toscan. Toutes les arcades sont à plein cintre et à arcs doubleaux. La naissance des Cintres de toutes les arcades commence sur une imposte en forme de cymaise, qui a environ om,50 de haut et autant de saillie. Les voussoirs ou les pierres d’assemblage qui forment ces cintres sont différemment rangés. Ceux du premier étage le sont par quatre arcs doubleaux ; ceux du second, par trois, et ceux de l’étage supérieur, tantôt par deux, tantôt par un. Les retombées des arcades sont garnies de deux assises de pierres de taille en saillie, qui portent la hauteur des voussoirs en forme de corbeaux. On les a laissés ainsi, afin de supporter les cintres comme par encorbellement lors de la construction de l’édifice. Leur saillie est de 010,40.

L’aqueduc est placé au-dessus de la troisième rangée d’arcades. Il a lm,30 de largeur et lm, G0 de haut, -dans oeuvre. Les inurs latéraux sont en parpaing, larges chacun de O^SO ; ils supportent des dalles de o™,32 d’épaisseur et d’un mètre de largeur, qui sont jointes avec du ciment et ont om,32 de saillie sur les parois extérieures du cnnal. Ce canal est un passage rendu très-étroit par l’accumulation de chaux que les eaux y ont déposé par couches assez épaisses pour en obstruer l’issue. Quand on détache cette substance stalagmitique, on trouve sur les parois latérales un ciment artificiel de 011,10 d’épaisseur, enduit d’une couche de peinture de bol rouge, afin d’empêcher la filtrution des eaux. Le fond du canal est un massif solide de om,22 d’épaisseur, fait avec une sorte de béton composé de menues pierres mêlées avec du gros sabla et de la chaux.

Ou n’est pas d’accord sur l’époque de la construction du pont, du Gard. L historien de la ville de Nîmes, Ménard, l’attribue à M. Agrippa, gendre et favori d’Auguste, qui en aurait ordonné la construction lan 735 de Rome (19.ans av. J.-C).

Pendant les persécutions religieuses de la fin du xviio siècle, le monument romain devint un passage pour les fugitifs et pour les troupes royales. À cet effet, des mains barbares, quoique françaises, firent des arrachements aux piles du second rang du côté d’amont sur toute leur largeur, et au couronnement des tympans des arches du premier rung ; on y plaça des corniches destinées à soutenir un encorbellement, et des parapets pour augmenter la largeur du j assage au pied-droit de chaque piie du second rang, et avoir ainsi les moyens d’y faire passer la cavalerie et l’artillerie. Des lézardes et un mouvement considérable de ce côté furent la suite inévitable de l’outrage fait au monument le plus étonnant de la grandeur romaine. Sans la sollicitude de Lamoignon de Baville, intendant de la province du Languedoc, le pont du Gard ne nous offrirait plus aujourd’hui que d’immenses ruines. Cejmagistrat ordonna, en 1GS9, à l’abbé de Luurenc et à Deviller, célèbre architecte, de procéder minutieusement à l’examen delà situation du pont du Gard. Le rapport en fut fait, l’année suivante, aux états de la province, qui tirent exécuter sans délai les réparations urgentes mentionnées dans le procès-verbal des commissaires. Les pieds-droits des arches du second rang furent réparés sur leurs dimensions antiques et consolidés avec de gros blocs de pierres de taille, dont la hauteur égalait celle des assises du monument. On ne laissa qu’un petit chemin sur le premier pont pour les gens à pied et à cheval.

Telle a été la cause de la courbe décrite par le plan supérieur de l’aqueduc ; il faut 1 attribuer uniquement au mouvement que dut éprouver cette masse énorme dans Je x vue siècle, lorsqu’elle fut privée d’une partie de ses appuis, et non à l’intention de l’architecte qui en dirigea la construction. On en a d’ailleurs la preuve en ce que le plan du premier rang d’arches est sur une ligue parfaitement droite ; que la courbe n’est pas très - sensible au second rang, et qu’elle est très-apparente au couronnement de l’aqueduc, puisque la flèche de l’arc décrit par le pian supérieur est d’un mètre environ.

Afin de satisfaire aux légitimes exigences de la viabilité, les états généraux de la province, dans la séance du 22 janvier 17J3, votèrent la construction d’un pont particulier qui serait adossé contre la face orientale du monument romain et sur le même plan, de manière à. ne nuire ni au coup d’œil ni à la solidité. On mit aussitôt la main à l’œuvre, et, le 18 juin de la même année, fut posée la première pierre de ce nouveau pont ; c’est la première de l’arrière-bec du bord méridional de la rivière. La construction fut achevée en 1747.

Le pont du Gard a été restauré depuis à

Flusieurs reprises. Dans ces dernières années, État y û-fait.exécuterde nombreux travaux, et les ingénieurs ont constamment réclamé que l’aqueduc qui le couronne fût rendu à sa première destination. Les constructions modernes ont acquis, avec le temps, une teinte presque en harmonie de ton avec les pierre3 antiques. La face occidentale, par des causes météorologiques jusqu’ici inconnues, est devenue d’une teinte beaucoup plus chaude que la face orientale. On voit, sur un des vous-soirs de la troisième arche du second rang do cette face, entre les retombées, un phallus sculpté en bas-relief. Il y en a un autre sur la clef de voûte de fa grande arche, ou passe