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des députés s’assemble, il est vrai, deux fois par an ; mais c’est pour la célébration des fétea de l’ordre, séances d’apparat où il n’est rien fait de sérieux, et où l’ordre du jour a été régie par la grande loge de conseil et d’administration, de telle façon que nul incident fâcheux ne trouble le repos de la diète maçonnique, ainsi que s’intitula niaisement le Grand Orient. Enfin, il est formellement écrit, dans le code qui régit la maçonnerie sous l’Empire, que le Grand Orient n’est pas obligé de consulter les loges sur les affaires d’intérêt général.

Aussi, quand les revers accablent l’idole tant de fois encensée, le Grand Orient donne le spectacle de la plus triste palinodie. Le 1er juillet 1814, il s’empresse de déclarer déchu de la grande maîtrise le prince Joseph Napoléon, qu’il s’était laissé imposer en 180C, et qui n’était même pas maçon. Il s’écrie qu’il ne peut rester muet, au milieu de l’allégresse générale, des acclamations d’amour et de piété filiale qui ont signalé le retour du monarque que le grand architecte de l’univers a conservé et rendu à la France. (Circulaire du 11 mai 1814.)

Le 24 juin, ses orateurs célébraient, à la fête solsticiaie, la joie qu’éprouvait le peuple maçonnique en voyant enfin son roi légitime entouré de son auguste famille. Il est vrai qu’en 1815, après le retour de l’île d’Elbe, le Grand Orient réinstalla son ex-grand maître, et manifesta un grand zèle impérialiste, your destituer de nouveau le prince Joseph aussitôt après les Cent-Jours, et donner de nouvelles preuves de son attachement au roi légitime 1

— g 4. Troisième période, de 1815 à 1830. La maçonnerie fut obligée de se montrer humble et petite pour faire oublier qu’elle s’était traînée à deux genoux devant Napoléon. Cependant elle ne fut ni persécutée, ni supprimée, ni même aussi inquiétée qu’on pouvait le craindre. Louis XVIII, comme ses deux frères Louis XVI et Charles X, était maçon ; tous les trois avaient fait partie de la loge des Trois-Frères, qui siégeait au château même, et dont étaient membres un certain nombre des officiers de la maison du roi. Louis XVIII aimait fort peu les prêtres, principaux ennemis de la maçonnerie ; et, parmi son nouvel entourage, composé mi-partie des anciens serviteurs de la légitimité et des gloires du règne impérial, les maçons étaient en majorité. Les émigrés n’étaient pas hostiles à la franc-maçonnerie ; car, le 25 septembre 1814, une loge était créée, du consentement même du roi, dans la 10° compagnie des gardes du corps, sous l’obédience du Grand Orient. Louis XVIII ne se préoccupa du Grand Orient qu’au point de vue de la police et de la surveillance de l’esprit public. Il ne voulut même pas prendre la précaution de nommer un prince du sang au poste de grand maître, comme on le lui conseillait. Il craignait sans doute l’influence que cette position aurait donnée à un tel personnage, et il se rappelait ce qu’on avait raconté sur l’appui que Philippe-Égalité comptait trouver dans la maçonnerie. Voici une anecdote racontée par un contemporain b, ’en instruit : « Le maréchal de Beurnonville avait demandé à Louis XVIII de permettre à l’un des princes du sang d’accepter la grande maîtrise de l’ordre. Le roi répondit sans hésiter qu’il ne souffrirait jamais qu’un prince de sa famille se plaçât à la tète d’une association secrète quelconque. « Sire, répliqua le maréchal, s’il plaisait à votre majesté de m’autoriser à diriger l’active bien■ faisance des maçons, je lui répondrais du dévouement de la société à votre auguste dynastie.

— SoitJ’j- consens, dit le roi.« (Bézuchet, Précis historique sur la franc-maçonnerie, t. II, p. 30.) Le Grand Orient, administré par Beurnonville, Macdonald et le général Timbrune (comte de Valence), sous le nom de Grands Conservateurs, se trouva immédiatement assez fort pour faire rouvrir plusieurs loges du Midi qui avaient été fermées par le zèle exagéré des autorités locales. Il y eut aussi quelques démonstrations royalistes faites par certaines loges où l’élément, légitimiste dominait : ainsi une procession maçonnique promena solennellement dans les rues de Marseille le buste du roi, et une réunion des loges de Caen, de Falaise et de Pontl’Evêque lit, en juillet 1814, le serment de mourir pour défendre la dynastie des Bourbons.

Le Grand Orient put donc vivre à peu près toléré, en ayant soin de proclamer son attachement pour le nouveau gouvernement et de prêcher la bienfaisance comme l’unique but de la maçonnerie. Sa splendeur étuit bien déchue ; la plupart des fonctionnaires de la Restauration étaient hostiles ou au moins indifférents à ses travaux ; les anciens fonctionnaires, presque tous destitués, ou sous le coup de craintes continuelles de destitution, avaient abandonné les loges. Chez les uns, les conditions de fortune étaient complètement changées ; chez les autres, la prudence avait conseillé cette retraite. Malgré les difficultés de sa position, le Grand Orient ne perdit pas de vue le but de centralisation et d’unité qu’il poursuivait constamment depuis sa fondation. Le Suprême Conseil ayant été dispersé par les événements politiques, ceux des membres du Grand Orient qui en faisaient )artie apportèrent à ce dernier leurs titres, eurs dignités, leurs hauts grades, et permirent ainsi au Grand Orient d’installer, en 1814

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et en 1815, une chambre du Suprême Conseil des rites.

Dès lors, le Grand Orient se regarda comme légitime possesseur et dispensateur du rite écossais ancien et accepté, et c’est en vertu de cette réunion, qui date de 1815, qu’il a continué à conférer à ses maçons les hauts grades de l’écossisme, malgré tous les efforts des autres membres de l’ancien Suprême Conseil. Ceux-ci se réunirent en effet, après des luttes entre leurs deux principales fractions, et disputèrent au Grand Orient, en 1821, l’administration du rite écossais ancien et accepté, qu’ils revendiquaient comme leur appartenant exclusivement.

Cette lutte n’offre aucun intérêt. Chacun des deux pouvoirs rivaux connaissait également mal sa propre histoire et celle de son adversaire ; et ce qu’il y avait de plus clair, c’est que le Grand Orient poursuivit it sa politique de centralisation et d’unification, tandis que, pour résister à un compétiteur si puissant, le Suprême Conseil avait recours aux fables sur 1 antiquité de l’écossisme, sur les grandes constitutions de Frédéric de Prusse, sur l’illégitimité des droits du Grand Orient, etc. À plusieurs reprises, les esprits les plus sérieux des deux obédiences tentèrent un rapprochement, qui échoua toujours devant les

prétentions exagérées des chefs du rite écossais ; et la rancune qui suivit ces tentatives malheureuses ne permit même pas de rédiger un traité d’alliance et de bon voisinage.

Il faut se garder cependant de croire que les maçons des différentes obédiences, dont nous racontons les compétitions et les luttes si fréquentes, se traitçnt en frères ennemis lorsqu’ils se rencontrent hors des régions administratives où s’agitent ces interminables

querelles. Ces rivalités peuvent engendrer de 1 aigreur dans les rapports officiels des aristocraties qui concourent au gouvernement de chaque centre maçonnique ; mais, hors de ces régions, inaccessibles à la grande majorité des frères, il y a parmi ceux-ci une concorde et un accord qui ne se démentent jamais. Le bon sens reprend le dessus, dès que l’ambition et l’amour-propre cessent d’être enjeu ; la tolérance est une des principales qualités de la maçonnerie ; ce n’est pas là le moindre des reproches que lui adressent les princes de l’Église catholique.

Un autre reproche encouru par la maçonnerie française sous la Restauration, c’est d’avoir conspiré contre les Bourbons, et d’avoir servi de lien entre les ennemis de ce gouvernement. Cette accusation est injuste ; elle repose sur des faits mal appréciés, et sur cette tendance des partis vaincus à chercher partout ailleurs que dans leurs fautes lus causes de leur chute. La maçonnerie ne conspira pas ; mais elle fut hostile (et elle ne pouvait manquer de l’être) aux principes rétrogrades qui prévalurent, surtout dans les dernières années de la Restauration. À l’exception de quelques loges dépendant principalement du Suprême Conseil, dirigé alors par le duc Decazes et le duc de Choiseul, le personnel de la maçonnerie se recruta dans l’opposition libérale, et il est certain qu’une partie de ce personnel était également dans le carbonarisme et dans les autres sociétés secrètes de cette époque. De plus, des conspirateurs surent se servir de la maçonnerie comme d’un voile j il y avait des loges où l’on s’exerçait au maniement des armes sous prétexte de travaux maçonniques, et nous connaissons encore de fort honnêtes fonctionnaires qui nous ont avoué avoir fait nominalement partie de certaines loges parisiennes, sans avoir jamais su, en fait de maçonnerie, que la charge en douze temps. En pareil cas, c’est la police qu’il faut accuser de négligence ou de complicité ; mais la maçonnerie ne peut être rendue responsable, comme le prétendait récemment un pamphlet de MSr de Ségur : Les francs-maçons, ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent (Paris, 1869).

Il est hors de doute aussi que les journaux de l’opposition, les caricatures politiques, les pamphlets de Courier, les vers satiriques de Barthélémy et de Méry étaient reçus, lus, commentes, distribués dans les loges ; mais ils l’étaient également dans la plupart des cercles et des salons ; et c’était là un des courants de l’opinion publique, que la maçonnerie suivait, mais qu’elle ne créait pas. Il est donc difficile de la rendre responsable de cet esprit d’hostilité qui animait la majorité de la nation contre un régime antinational. Peuton raisonnablement soutenir que, sans la maçonnerie, le carbonarisme n’eût pas trouvé autant de recrues, et qu’une seule des conspirations tentées contre la Restauration ne se fût pas formée s’il n’y avait pas eu des loges en France ? Voilà la question, et nous ne croyons pas qu’un esprit éclairé hésite un seul instant à y répondre négativement.

Le Grand Orient, comme pouvoir directeur des loges, essaya de refréner tous les entraînements de ses maçons sur le terrain de la politique. Il déclara déchu de sa qualité de maçon un frère, Signol, qui, le 27 juillet 1S26, avait lu, dans la loge parisienne Saint-Auguste-du-Parfait-Contentement, un discours

intitulé : « De la maçonnerie considérée dans quelques-uns de ses rapports avec lu politique. » Il enjoignit à la loge de veiller désormais avec plus de circonspection sur.le langage de ses ouvriers, dénonçant le frère Signol comme un dangereux novateur, dont le

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discours était subversif do la maçonnerie et contraire aux statuts de l’ordre.

Le 8 novembre, il publia une nouvelle circulaire dirigée contre le même personnage, qui, au lieu de se soumettre, avait fait un « appel à la jeune maçonnerie, en engageant celle-ci à secouer les vieux préjugés, à s’occuper de discussions politiques et religieuses.» Dans cette circulaire, les protestations de fidélité, d’attachement au roi, a la religion, aux lois, la déclaration authentique que la maçonnerie n’est qu’une association de bienfaisance et de philanthropie donnent la mesure exacte de la position précaire du Grand Orient, et de la crainte continuelle où il vivait, sous le régime de la Restauration. Cette attitude était nécessaire, en présence du gouvernement occulte de la congrégation, du déploiement des forces cléricales dans les missions qui parcouraient la France, animées d’un zèle fiévreux contre tous les souvenirs de In Révolution et de l’Empire, préchant’ contre l’hydre maçonnique sans cesse renaissante, faisant brûler solennellement en place publique les titres maçonniques, cordons, livres, etc., des maçons que la grâce divine avait touchés de repentir.

«... Malgré tous ces obstacles, la maçonnerie ne fut pas stérile de 1815 à 1830. C’est pendant ces années que l’on commença à s’inquiéter sérieusement de l’origine, de la valeur et de l’influence des hauts grades ; c’est alors qu’avec la verve et la moquerie des satiriques politiques Chemin-Dupontès attaqua le rite écossais ancien et accepté, dans son Mémoire sur l’Écossisme, que la Confédération des hauts grades voulut en vain faire supprimer par l’auteur. Alors Vassal osa aborder le problème de la fondation du Suprême Conseil, dans son Essai historique sur l’institution du rite écossais et sur la puissance légale qui doit le régir en France ; alors Reghellini de Schio écrivit son curieux ouvrage : la Maçonnerie considérée comme le résultat des retirions égyptienne, juive et chrétienne ; alors Bézuchet édita son Précis historique de l’ordre de la frknc-maçonnerie depuis son introduction en France jusqu’en 1829, un des livres les plus exacts et les plus clairs, précieux surtout par ses détails sur les faits accomplis dans les dernières années de la Restauration et par ses notices biographiques sur un certain nombre de maçons célèbres. Alors parurent "Hermès, VEncyclopédie maçonnique, Y Abeille maçonnique, recueils périodiques qui renferment d’excellents articles. Enfin, parrdessus tous, brillait Des Etangs, l’auteur du Lien des peuples, le véritable chef de la nouvelle école maçonnique de la Restauration, résumant dans ses nombreuses publications l’esprit philosophique et libéral de la plus grande partie des loges de France.

Le Grand Orient pouvait citer avec orgueil parmi les maçons qui appartenaient à ses ateliers : les frères Berville, Dupin aîné, Dupin jeune, Ragon, Bézuchet, Bouilly, Bazot, Febvé, Dupaty, Jay, Lefebvre d’Aumale, Désaugiers, Borie, Bouillet, Pages, Lacépède, Lafayette, Tissot, etc.

Parmi ses loges, il comptait : celle des Trinosophes, fondée en 1815 par Ragon, il-lustrée par les, brillantes joutes oratoires des deux Dupin et de Berville, et par les réceptions magistrales que. dirigeait Des Etangs ; la loge des Sept-Écossais, qui favorisait la propagation de l’enseignement mutuel par des distributions de prix ; la logé des FidèlesÉcossais, qui instituait et distribuait des prix de vertu ; la loge des Neuf-Sœurs, dont Garnier-Pagès fut le vénérable, et qui resta toujours digne de son ancienne renommée (elle avait initié Voltaire en 1778) ; la loge des Frères-Artistes, qui réunissait une aimable et gaie société de gens de lettres, Bouilly, Guerrier, de Duinast, Cuvelier, Chaussier, etc. ; la loge des Ûommaudeurs-du-Mont-Thabor, fondée et dirigée par l’infatigable M.angourit, dont la carrière maçonnique avait commencé à Rennes en 1774 ; la Clémente-Amitié, l’une des plus avancées en politique comme en maçonnerie, parmi les loges de l’obédience, mais aussi la plus indocile à porter le joug du Grand Orient, etc. » (Jouaust, Histoire duGrand Orient de France.)

«... Deux choses affligent seulement les maçons, dit un auteur maçonnique écrivant en 1820, c’est que, d’une part, n’étant pas ouvertement protégés, l’espèce de tolérance

dont ils sont l’objet les laisse en butte aux persécutions sourdes, aux anathèmes publics même, que lance continuellement contre eux une secte ennemie de toute lumière et de toute vérité... Le second sujet de tribulation des maçons, c’est l’état de guerre dans lequel se trouvent, depuis trop longtemps, deux rites rivaux, enfants de la même mère, et qui ne cessent de se déchirer ; cet état durera tant que les maçons n’auront pas le courage de déclarer qu’il n’y a qu’une seule maçonnerie. » (Bézuchet, t. I, p. 197-199,)

— § 5. Quatrième période, de 1830 à 1848. La partie la plus jeune et la plus active des loges prit parc au combat des trois journées, qui eut pour résultat l’avènement de la branche cadette. Mais ce résultat ne fut pas prospère pour la maçonnerie ; une désertion presque instantanée des travaux maçonniques enleva aux ateliers presque tous les coryphées du nouveau régime. Prenant les places et les honneurs des adversaires qu’ils avaient combattus en s’eurôlant dans les rangs de la maçonnerie, Us jugèrent que, désormais, tout

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étant pour le mieux dans le gouvernement que Lafayette appelait la meilleure des républiques, la maçonnerie était devenue une institution au inoins inutile. D’autres maçons, qui n’étaient pas précisément de cet nvis, persistèrent dans les travtux, mais animés d’un grand esprit d’hostilité contre le nouvel ordre de choses. Les loges devinrent donc suspectes à la monarchie de Juillet, qui ne se crut obligée envers elles à aucune reconnaissance. Louis-Philippe fut vainement sollicité par le Grand Orient de permettre à son fils aîné d’accepter la graine maîtrise de l’ordre ; le roi laissa le Grand Orient espérer cette précieuse faveur qui devait lui donner bientôt un grand maître dgne de tout son amour ( !) ; mais, quand il s’agit d’une solution définitive, il refusa.

Cependant l’élan de la maçonnerie, dans les premiers jours qui suivirent la révolution do 1830, fut remarquable par son enthousiasme. Le Grand Orient et le Suprême Conseil, fraternellement réunis par la juie du triomphe,

donnèrent une fête patriotique, dans les suions de l’Hôtel de ville de Paris, au général La Fayette. Cette fête était préddée par le duc de Choiseul et le comte de Laborde ; les orateurs en titre étaient Bervillî et Dt’ipin aîné. On y maria les drapeaux trkolores aux bannières tricolores, on y acctema le défilé des maçons blessés en combattant le despotisme ; ce fut, comme le dit le compte rendu officiel, une fête maçonnique et ratriotique. Cette manifestation ne fut ptis isolée ; dans presque toutes les loges eurent lieu dss fêtes présentant ce double caractère ; le rrrand Orient en témoigna sa satisfaction par une circulaire où il déclare que les événements politiques qui viennent de s’accomplir, et « jui assurent nos libertés, sont dans l’esprit ïo nos institutions.» Cette déclaration jette une ombre assez défavorable sur les protestations de dévouenientà la Restauration qu’il répétait sous le règne précédent !

Bientôt la maçonnerie fut désertée par les adversaires les plus ardents du nouveau gouvernement, qui cherchèrent dans d’autres

associations’un centre plus énergique de résistance et d’attaque, de façon que cette institution, privée de tout le prest ge dont la lutto nationale contre la Restauration l’avait entourée, vécut d’une vie plus ignorée qu’avant son prétendu triomphe. Elleso replia sur elle-même, se concentra dans le travail intérieur de ses ateliers, ce qui rend fort peu intéressante cette période de son hisioire.

En 1831, le Grand Orient perdit plus de quatre-vingt loges et n’en constitua que deux en France, signe bien évident te sa décadence. En 1833, il fut obligé de publier une circulaire dirigée contre les tendances politiques de certaines loges, dont les chefs avaient été poursuivis et emprisonnés. En li ;34, lorsque fut promulguée la loi sur les sooiotés secrètes, le Grand Orient trembla de voii cesser la tolérance précaire qui était la seule garantie de l’existence de ses loges, et il songea à assurer son existence en demandantat.gouvernement la reconnaissance de l’associati)n maçonnique ; mais Bouilly, qui remplissait les fonctions de grand orateur, fit repousser cette proposition, qui tendait à mettre la maçonnerie dans la main du pouvoir. Le Grand Orient, malgré les assurances de sécurité qu’il dor nait à ses loges par ses circulaires, fut obligé de courber la tête devant la pression d’une police ombrageuse. En 1835, le préfet de police lui dénonce un frère Peigné comme républicain, et, le 29 mai de la même année, une circulaire attaque la ftevuemaçonnique, dirigée par Peigné, en la déchirant animée d’intentions « déguisées sous les apparences d’un faux zèle. » Le Grand Orient déclare qu’il ne «tolère pas la publication d’un écrit maçonnique, » renchérissant ainsi sur la censure, qui avait été si impopulaire et si. vivement attaquée sous le régime précédent. Aussi perdit-il peu à peu la confiance de ses loges, et, en 1830, une question de discipline faillit le renverser et élever suf ses ruines une grande loge centrale et nationale. Le Grand Orient voulut, par un coup de vigueur, démontrerson pouvoir aux mécontents, et il suspendit, en 1837 (14 jan rier), six loges de Paris et des déparlements, qui avaient donné l’exemple de la résistant e aux tendances rétrogrades de la mnjorité du pouvoir central. D’un autre côté, le gouvernement augmenta encore les embarras du Grand Orient pendant cette même année, en faisant à plusieurs loges de Toulouse et de Paris l’application de la loi de 1834 sur les sociétés secrètes.

Mais la franc-maçonnerie es ; de ces institutions qui ont tant de ressort et de força vitale que les crises les plus violentes provoquent chez elle une réaction sa. maire, au lieu d’amener la mort. Le parti rétrograde, qui l’avait emporté jusqu’alors dans les conseils du Grand Orient, fut effrayé du péril qu’il avait fait courir à la maçonnerie, et céda la place à une autre direction plus intelligente. Une amnistie fut proclamée en 1839, en même temps que l’on publiait de nouveaux statuts comme un gage de prospérité future (4 janvier) ; on institua des médailles maçonniques, décernées chaque année aux maçons et aux loges qui se distinguaient par dss actions d’éclat, des services éminents, dss œuvres remarquables, dans la vie maçon lique ou dans

la vie civile (30 octobre !83s} ; en cherchait à rendre aux initiations leur ancien éclat, à prévenir l’abus des réceptions eux hauts grades, devenues trop nombreuses et scandaleu-