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Saggio intorno ai sinonimi délia lingua italiana (Turin, 1821) ; Aforismi militari del Monlecuculli (Turin, 1821, 2 vol., in-8<>).

GRASSINI (Joséphine), célèbre cantatrice italienne, née à Varèse (Lombardie) en 1773, morte à Milan en 1850. La splendide voix et la radieuse beauté de MUc Grassini frappèrent le général Belgiojoso, qui se chargea de son éducation artistique. Elle eut les meilleurs professeurs de Milan, qui l’initièrent au grand style de l’ancienne école italienne. Sa voix de contralto, vigoureuse et accentuée, abordait facilement les notes aiguës du soprano, et joignait à une pénétrante sonorité une fluidité de vocalisation bien rare dans-les voix robustement timbrées. De plus, la bonne fortune qui échut à MU° Grassini de chanter, dès ses débuts, avec des artistes de l’ordre de Marchesi et de Crescentini, donna à son talent un cachet de grandeur héroïque et de perfection inconnu de la génération actuelle. Elle débuta, en 1794, à laScalade Milan, dans YArtaserse de Zingarelli, et le Démophon de Portogallo. Dès son apparition, toutes les autres divas italiennes s’effacèrent devant elle, Les directeurs se la disputèrent à prix d’or, et chacune des grandes villes dans lesquelles elle consentit a se faire entendre lui fit des ovations inouïes. Rappelée à Milan, en 1796, pour y chanter avec Crescentini le Romeo e Giuletta de Zingarelli, elle se rendit, l’année suivante, à Venise pour créer, à la Fenice, le rôle d’Orazio dans le Gli Orazzi e Curiazzi de Cimarosa. Engagée en 1797 à Naples, où l’attendaient des triomphes de tout genre, elle revint, après un séjour de trois ans, à Milan, et, après la bataille de Marengo, chanta dans un concert devant le consul Bonaparte qui l’emmena à, Paris et la fit chanter, le 22 juillet de la même année, à la grande fête nationale donnée au Champ de Mars. M’o Grassini ne donna que deux concerts à Paris, car il n’y avait point à cette époque d’Opéra où elle put être engagée, et elle quitta cette ville, richement rémunérée par Napoléon. En 1802, elle fut engagée à Londres pour succéder à la célèbre Banti. Rappelée à Paris en 1804, elle fut spécialement attachée au théâtre et aux concerts de la cour impériale, et y chanta pendant plusieurs années en compagnie de Crescentini, de Crivelli, de Barilli et sa femme, etc. Un des rôles qu’elle interprétait avec le plus de succès, sur les scènes des Tuileries et de Saint-Cloud, est celui de ûidon, que Paer avait écrit pour elle, et qu’elle rendait avec un sentiment épique et une expression dramatique entraînants. Les événements’ qui

amenèrent la chute de l’Empire déterminèrent le retour de Mlle Grassini en Italie. Elle se fixa à Milan, s’y fit entendre dans deux concert3, et renonça entièrement, quelque temps après, à la carrière musicale.

GRASS1S (Achille de), cardinal et canoniste italien, né u Bologne en 1463, mort à Rome en 1523. Auditeur de rote, puis évêque de Civita-di-Castello, il fut chargé de plusieurs missions en France, en Suisse, en Allemagne par Jules II, qui, en récompense de ses services, lui donna le chapeau de cardinal (1511) et bientôt après l’évêché de Bologne. Léon X, près duquel il fut également en faveur, le choisit pour être trésorier du conclave. On a de lui un recueil des Décisions de la cour de rote, terminé par son neveu César de Grassis et publié en 1601.

GRASSIS {Paris de), prélat et théologien italien, frère du précédent, né à Bologne, mort à Rome en 1528. Il fut successivement gouverneur d’Orvieto, maître des cérémonies de la cour pontificale, prélat du palais et évêque de Pisaro (1513). Grassis est l’auteur des ouvrages suivants : De csremoniis cardinalium et episcoporum in eorum diocesibus (Rome, 1564, in-fol.) ; Diarium curim roman», intéressant journal, resté manuscrit, de ce qui s’est passé à la cour de Rome de 1504 & 1521 ; un abrégé en a été donné par Brecquigny dans ses Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi ; Traité des cérémonies que le pape et les cardinaux doivent pratiquer dans les offices solennels, resté manuscrit.

GRASSOT (Paul-Louis-Auguste), fameux acteur comique français, né à Paris le 24 décembre 1804, mort au même lieu le 18 janvier 1860. D’abord’ ouvrier fabricant de papiers peints chez sort père, et successivement horloger, rapin et commis-voyageur, employé dans une maison de banque et commis dans un magasin de nouveautés, il s’essaya enfin dans la tragédie sur les théâtres de société, puis, sous le nom de M. Auguste, alla jouer les rôles d’amoureux à Reims. Appelé au Gymnase, où se trouvait sa femme, il n’y put pas rester et alla pour trois ans à Rouen, où il aborda les grotesques. De retour à Paris, en 1838, il entra au Palais-Royal ; sa première apparition sur cette scène, dans M. de Coylin ou Y Homme infiniment poli, fut un succès ; depuis lora, chacune de ses créations devint pour le public une amorce, et l’on riait rien qu en épulant sur l’affiche le nom de ce héros de 1 imprévu et du grotesque. Pascul et Chambord, Cocorico, le Caporal et la payse, Une invasion de griset les, Deux papas très-bien, le Pot aux roses, Mademoiselle ma femmar Une fièvre brûlante, Une chaini tinglaise, les Parudae dg nos pérax Deux paillasses, Mon Isménie, le Célèbre Vergeot, les

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Folies dramatiques, Une panthère de Java, Un bal d’Auvergnats, rappellent des soirées désopilantes. Citons encore la Garde-malade, la Vénus à la fraise, le Chapeau de paille d’Italie, le Gendre de M. Pommier, Grassot a eu plusieurs fois les honneurs de la pièce nominative : Une tragédie chez M. Grassot, Grassot embêté par Ilavel, Grassot tueur de lions et le Punch Grassot. Jamais acteur ne fut plus populaire, et il porta longtemps le poids de tous les calembours qui se débitaient dans Paris ; au reste, Grassot ne manquait pas d’esprit, et l’on connaît le moyen ingénieux qu’il employait volontiers pour économiser sa bourse et ses jambes. Il habitait Batignolles, c’est-à-dire à une bonne lieue de son théâtre, -mais tout près du cimetière Montmartre ; attendant l’arrivée d’un convoi d’apparence aisée, il se faufilait dans le groupe de la famille éplorée, et, après avoir écouté gravement quelques paroles bien senties, prononcées sur la tombe du mort, il prenait place en silence dans une voiture avec les parents ou les amis. L’ignorance où il se trouvait de la condition, des qualités et parfois du sexe ■ du défunt lui commandant une grande ré- I serve, il tournait la difficulté en se mouchant un peu fort comme un homme enrhumé et en j arrachant du fond de ses entrailles quelques soupirs, ou plutôt quelques grognements plaintifs ; mais parfois, assis à côté d’un voisin incommode, il lui fallait faire l’éloge du mort. « Pauvre femme ! dit-il un jour, à l’enterrement d’un sapeur de la 2* légion de la garde nationale.—Comment ! pauvre femme ?* s’écrièrent en chœur ses compagnons stupéfaits. Le comédien se rappela aussitôt avoir vu briller des baïonnettes citoyennes dans le funèbre cortège. « Oui, pauvre femme, • reprit-il pour réparer sa maladresse, et s’attendrissant : « Messieurs, ce ne sont pas ceux

qui s’en vont qu’il faut plaindre..., ce sont ceux qui restent. » Heureusement pour Grassot, le sapeur laissait une femme et six enfants. Lorsque la voiture de deuil avait roulé dans Paris, déposant chacun à son domicile, Grassot criait au croque-mort assis sur le siège : Au café du coin, rue Monlpensier ! Et les piliers de l’estaminet de se mettre sur la porte de l’établissement pour savoir quel personnage éploré le lugubre véhicule allait rejeter de son sein. On raconte ainsi une foule de traits sur Grassot, dont le physique et la voix sont passés en proverbe ; il serait trop long de les citer tous, mais la postérité n’y perdra rien, car ils sont consignés pour la plupart dans le Grassotiana, recueil qui Se vendait dans les concerts que donnait annuellement cet artiste abracadabrant et où se chantait VAlbum Grassot. Ce qu’il conviendrait de faire à cette place, ce serait de parler de son talent ; mais Grassot échappe à l’analyse. Rien, en effet, ne peut rendre son regard, son geste, sa pantomime saccadée et bouffonne ; on ne trouverait dans aucune langue la note exacte de ce magnifique rire nasal qui vous faisait éclater. Comment redire de quel timbre il vous rossignolait le couplet de facture, de quelle voix enrouée, fêlée et ânonnante il modulait l’étrange et burlesque gnoufl gnovf ! resté fameux aux alentours du temple où ce dieu de la cascade rendait ses oracles et débitait ses calembredaines ? Tout ce que l’on peut ajouter c’est que Grassot, au milieu du pathos insensé en honneur au Palais-Royal, conserva toujours une originalité marquée et sut imprimer le cachet artistique à des rôles qui semblaient le plus souvent écrits pour des pensionnaires de Charenton. Hélas ! un jour Grassot perdit sa voix, cette voix fameuse qui faisait sa fortune et sa gloire. « Je suis, disait-il, comme le premier rôle du théâtre Guignol, une fois qu’il avait égaré sa pratique. Mais, ajoutaitil, toujours ami du calembour, celle-là perdue, j’en trouverai bien d’autres, Polichinelle se fera Punch. » Et Grassot tint parole. Il prit ses invalides nu comptoir du café Minerve. Grassot et Minerve, quelle rencontre I C’est là que, rajeunissant l’antique vestale, il entretenait le feu sacré qui ne devait jamais s’éteindre dans son laboratoire ; c’est là que, de sa propre main, il débitait le punch auquel il a donné son nom, et qui lui valut la dernière aubade de la popularité. Paris avait eu la belle limonadière, Grassot lui donnait comme pendant le beau limonadier. Il avait reparu pour la première fois sur les planches au retour d’un voyage de santé qu’il fit à Nice, dans une pièce écrite à son intention : le Punch Grassot (1859) : sa voix n’était plus alors qu’une espèce de raie enroué. Il ne parlait plus, il toussait à grand’peine quelques mots inintelligibles. Et le public d’éclater et l’exhibition de cette ruine I Grassot avait épousé une actrice, Mlle Talliard, plus connue sous le nom de son mari. C’était une fort jolie femme ; elle avait du talent et ressemblait de la manière la plus frappante à Marie-Antoinette. Rougemont et Scribe firent pour elle, à cause de cette ressemblance, une pièce qui eut un grand succès, et qui s’appelait Salvoisy ou l’Amoureux de ta reine. Mme Grassot, très-applaudie, était une des actrices auxquelles le Gymnase tenait le plus. C’est à sa demande que Grassot fut engagé au Gymnase. Plus tard, lorsque Grassot entra au Palais-Royal, il fit pour sa femme ce que sa femme avait fait pour lui. Charmante au Gymnase, Mmo Grassot n’était pas à sa

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faire de sa grâce discrète et de son élégance

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de bon goût. Mais Grassot était tout-puissant, et, régnante Grassoto, Mme Grassot fut engagée à la salle Montansier.

Groiiou (pierre), roman par H. de Balzac. V. Scènes db la vie privée.

GRASSOUILLET, ETTE adj. (gra-sou-llé’ è-te ; Il mil. — dimin. de grasset). Fam. Rond et gras : Une petite femme grassouillette.

GRASWINKEL (Théodore), jurisconsulte et publiciste hollandais, né à Delften 1600, mort a Malines en 1666. Il suivit la carrière du barreau, fit, en 1624, un voyage à Paris en même temps que son parent, le célèbre Grotius, et, de retour dans sa patrie, devint avocat du fisc des États de Hollande, puis greffier et secrétaire de la chambre mi-partie. Graswinkel était très-versé dans la connaissance de la jurisprudence et des antiquités. Il a laissé un certain nombre d’écrits, dont les principaux sont : Liberlas Venetorum (Leyde, 1634, in-4o) ; Dissertatio de jure majestatis (1642) ; Vindiciss maris libri (1652) ; Stricturss ad censuram Johannis à Felden in libros Grotii de jure belli et pacis (1654, in-4o) ; Sur la souveraineté des États de Hollande (1667-1674, 2 vol. in-4<>), etc.

GRAT s. m. (grà — rad. gratter). Endroit d’une basse-cour où la volaille a gratté.

GRATAMA (Seerp), jurisconsulte hollandais, né à Garlingue (Frise) en 1757. Il se fit recevoir docteur en droit (1783), se fixa à Halingue, où il exerça la profession d’avocat, publia plusieurs écrits qui le firent avantageusement connaître, puis devint successivement professeur de droit à Harderwyk (1796), professeur de droit naturel et public à Groningue (1801) et deux fois recteur de l’université de cette" ville. Nous ignorons la date de sa mort, mais nous savons qu’elle fut postérieure à 1817. Gratama se fait remarquer par l’élégance et l’énergie du style, par une savante érudition et une critique sage et spirituelle. Ses ouvrages sont : Considérations sur l’heureux état de la Frise (1795) ; Mémoire sur la superstition (1796) ; Recherches sur les biens ecclésiastiques en Frise (1796) ; Considérations sur la servitude chez les Romains et sur sis effets publics (1796)’ ; Magasin de jurisprudence (1809, in-8o), le plus considérable de ses écrits, etc.

GRATAROLI (Guillaume), médecin célèbre du xvie siècle, né à Bergame en 1510. Il étudia la médecine à Padoue, y prit le bonnet de docteur et y enseigna avec distinction. Mais sa liaison avec Pierre Vermiglio, dit le Martyr, l’ayant compromis’en le rendant suspect de calvinisme, il quitta l’Italie pour éviter les

fioursuites de l’inquisition. Il embrassa la reigion réformée, alla enseigner à Marbourg, doù la misère le chassa bientôt. Enfin il trouva un asile à Bâle (1552), où il avait déjà vécu quelque temps. Il y fut reçu dans le collège des médecins, dont il fut.noromé doyen en 1567. Il enseigna la médecine avec succès et dut sa principale célébrité à une cure assez belle en effet, celle de Conrad Lycosthènes, qui l’a racontée lui-même dans son curieux livre De monstris et prodigiis. Un jour, en sortant de l’université, il était tombé tout à coup frappé d’une attaque instantanée de paralysie, qui, avec une roideur et une insensibilité absolues, lui causèrent la perte

complète de la mémoire pendant un assez long temps. Grataroli, appelé auprès de l’illustre malade, eut le bonheur de hâter sa guérison, et ce succès lui valut naturellement une prompte célébrité. Grataroli, dit Eloy dans son Dictionnaire de médecine, est auteur de plusieurs ouvrages, dont quelques-uns font honneur à son savoir et d’autres le rabaissent par l’attachement qu’il y montré pour l’alchimie, la superstition et des pratiques qui ne montrent point un homme judicieux. Il le parut moins encore quand il voulut se mêler de controverse et qu’il écrivit un mauvais livre sur les marques de l’Antéchrist. Bon médecin, pitoyable controversiste, il remplit cet ouvrage du plus absurde fanatisme. Les bibliographes citent plusieurs traités de sa façon, la plupart sur la médecine : Prognostica naturalia de lemporum mutalione perpétua (1552) ; De prsdictione morum naturarumque hominum facili ( 1554), titre qui semble justifier le reproche d Eloy ; Liber de memorin reparanda, de littératorum valetudine (1555) ; Pestis descriptio ; enfin un ouvrage qui prouve jusqu’où pouvait aller la superstition d’un homme instruit pourtant : Artis alchymix secretissims et cerlissimx defensio (1561), etc. En même temps qu’il vaquait activement à ses fonctions médicales, Grataroli était à Bâle le représentant et, si on ose le dire, j l’espion du parti calviniste. Ses lettres, la 1 plupart inédites, et qui se trouvent aux bibliothèques de Zurich et de Bâle, le montrent constamment attaché à transmettre à Bèze, I à Calvin ou à Bullinger tout ce qu’il a vu, I entendu ou appris, principalement parmi ses collègues de l’université, peu favorables en général au calvinisme rigide et persécuteur. C’est lui-qui dénonce Curione, Castalion, Lélio, Socin, Martin Cellerier et plusieurs autres ; c’est lui qui apprend à Bèze que le fameux traité contre la mort, de Michel Servet, publié sous le pseudonyme de Martinus Bellius, était l’œuvre de professeurs bâlois qu’il accuse d’être serveiistes. Cette correspondance, en général peu honorable pour„snn

„..*„„-, ....».. ;«., £„ov-<=i :*ties-insEructive.

On y trouve la preuve évidente de l’erreur

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1467

d’Eloy, qui fait mourir Grataroli en 1562 : sa correspondance va jusqu’en 1568, et VAthenx Zaurics établit la date de sa mort au 16 avril 1568.

GRATELEY, village d’Angleterre, comté de Hants, à 9 kilom. O.-S.-O. d’Andover ; 350 hab. Le roi saxon Athelstane y assembla, en 928, un concile dans lequel furent édictées plusieurs lois tant ecclésiatiques que civiles sur les dîmes, le soin des pauvres et l’aumône. Le roi ordonne, par exemple, que toutes les terres, même celles de son domaine, payent la dlme ; que ceux qui tiennent des fermes donnent de quoi nourrir et vêtir un certain nombre de pauvres, et que l’on mette en liberté un esclave chaque mois. Il veut aussi qu’on punisse de mort les sorcières ou magiciennes convaincues d’avoir attenté à la vie de quelqu’un. Il leur permet cependant de se justifier, si elles le demandent, par les épreuves usitées alors, qui étaient celles du feu et de l’eau. Celui qui se soumettait à l’une ou à l’autre de ces épreuves venait, trois jours avant de l’entreprendre, trouver le prêtre, de qui il recevait la bénédiction ordinaire. Pendant les trois jours suivants, il ne mangeait que du pain, du sel ou des légumes, et ne buvait que de l’eau. Chaque jour il assistait à la messe et faisait son offrande. Au moment de l’épreuve, il recevait l’eucharistie et faisait serment qu’il était innocent du crime dont on l’accusait. S’il était soumis à l’épreuve de l’eau glacée, on l’enfonçait avec une corde d’une aune et demie au-dessous de la superficie de l’eau ; si c’était à celle du fer chaud, on enveloppait ce fer dans sa main, et on l’y laissait trois jours ; pour l’épreuve de l’eau chaude, on attendait

?ue l’eau fût bouillante, et alors on lui énonçait

la main, ou môme le bras, dans cette eau, en attachant à sa main une pierre. Les autres lois publiées par ce concile sont trop obscures pour qu’on puisse les rapporter.

GRATELLA (Filippi-Sebastiano), dit le Ba»ilanina, peintre italien, né à Ferrare en 1540, ou, selon d’autres, en 1532, ou en 1534, mort dans la même ville en 1C02. Élève de Michel-Ange, il fit toutes ses études artistiques à Rome, puis débuta par quelques frises et des arabesques, dont la composition serrée, l’exécution magistrale rappelaient la solennité grandiose de son maître. Dessinateur savant et profond, mais dominé par le génie de Michel-Ange, comme le furent d’ailleurs tous

les peintres de cette école, il arriva promptement, à son insu peut-être, a ne rien voir dans la nature qu’avec les yeux du maître. Aussi, dans ses tableaux, on trouve, à un degré affaibli, la puissance, les exagérations anatomiques et quelquefois la sublimité du grand Florentin. Mais, parfois aussi, l’élève s’épargnait les efforts de la conception pour se livrer, sans scrupule, U l’imitation pure et simple, qui constitue le plagiat véritable. Son Jugement dernier, par exemple, qui occupe le fond du chœur de la cathédrale de Ferrare, n’est guère qu’une belle copie de la fresque de la chapelle Sixtine. Gratella n’a changé que les types des figures et l’agencement des draperies, dont il fait toujours les plis moins grands, plus nombreux, plus variés. Quant à la disposition des groupes, à la silhouette même des figures dont ils sont formés, elles appartiennent à Michel-Ange. Près de ce pastiche, trop vanté par Baruffaldi, on trouve, dans la même église, deux tableaux excellents, qui donnent de ce maître une idée bien meilleure, et où il a déployé avec indépendance toutes les qualités de son beau talent : nous voulons parler d’une Circoncision, composition austère et profonde, où l’influence de Michel-Ange, encore sensible, ne nuit pas à la personnalité de l’auteur, et d’un tableau de Sainte-Catherine et Sainte-Barbe aux pieds de la Vierge, peinture hors ligne, où le sentiment religieux est nul, mais dont la savante mise en scène est du plus grand effet, et dont l’exécution est irréprochable. Le musée de la même ville ne possède pas moins de six œuvres capitales de Gratella : uno Nativité ; une Madone ; une Assomption ; ’Adoration des bergers ; la Vierge, Sainte Lucie et saint Matthieu, et une Sainte Cécile. Les Sibylles et les prophètes, fresques bien conservées de l’église Saint-Paul de Ferrare, sont uno réminiscence, pour ne pas dire plus, des mêmes

sujets traités par Michel-Ange. En somme, et malgré cesjustes reproches, Gratella mérite une place parmi les maîtres de la-Renaissance ; il est, avec Dosso Dossi et le Garofalo, l’un des trois chefs de l’école de Ferrare j et s’il est tombé souvent dans le pastiche, c est moins-par impuissance, car il était assez bien doué pour être original, que par l’attrait fascinateur, irrésistible, que devait exercer sur ses élèves le génie sublime de Michel-Ange.

GRATELOUP (Jean-Baptiste), graveur français, né à Dax (Gascogne) en 1735, mort en 1817. Il se distingua par un burin vigoureux et délicat, par l’extrême fini et la pKi-etô de dessin de ses estampes. S™ genre imite le lavis. Les portrait* -le Bossuet, de J’eneton, de jl/il" Lecouvreur, de Descartes et de Montesquieu sont cités au nombre des plus beaux de cet artiste. Grateloup devint conservateur du cabinet de minéralogie de Dax. Il est l’auteur d’inventions ingénieuses, notamment du, collage des objectifs achromatiques avec le mastic en larmes.

GRATELOUPIE s. f. (gra-te-lou-pt — de