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GRIM

in-8"), dont les quatre derniers sont de Cestari ; Descrizione de tremmoti accaduli nelle Calnbrie. nel 1783 (1784, in-8o), livre écrit de visu, Grimaldi ayant été envoyé en Calabre pour observer les ravages d’un tremblement de terre.

GRIMALDI (Jean-Vitus), littérateur et médecin français, né à Corscia (Corse) en 1805. Il é’ ndia successivement la médecine à Montpellier, à Pise, à Rome, où il passa son doctorat en 1828. devint, l’année suivante, médecin adjoint a l’hôpital Santo-Spirito, prit parc, en 1830, à l’insurrection de la Romagne et fut alors nrrêté. Après une détention de deux ans au château Saint-Ange, M. Grimaldi fut condamné à vingt ans d’emprisonnement, puis exilé à perpétuité. Il retourna alors en Corse, où il exerça quelque temps la médecine, qu’il abandonna pour se livrer à l’enseignement. Depuis cette époque, il a été

successivement professeur de grammaire, de philosophie et inspecteur de l’université. M. Grimaldi est l’auteur de plusieurs romans et nouvelles : les Amants du Niolo, le Rinaldo de Fozzano, la Mariuccia de Vico, Ricciardo, Fior de Spina, Bianca e i due Locari, VOrnoso délia Rocca, etc., dont quelques-uns ont été traduits en français par M. Boucher de Perthes, sous le titre de : Nouvelles corses (1819). On lui doit aussi une traduction en vers libres des Petits poèmes de lord Byron (Rome, 1828).

GR1MALDI-CAVELLERON1 (Jérôme), cardinal italien, né à Gênes en 1597, mort à Aix en 1685. Il était neveu du cardinal Dominique Grimaldi, archevêque et vice-légat d’Avignon. Grâce à sa naissance et à ses talents, il avança rapidement dans les dignités ecclésiastiques, fut nommé par Grégoire XV

référendaire de l’une et l’autre signature (1621), par Urbain VIII archevêque de Séleucie, évêque de Brugneto, vice-légat de la Romagne, gouverneur de Rome, nonce en Allemagne et en France, cardinal O643)) et tomba en disgrâce sous Innocent X, qui refusa de lui donner les bulles d’investiture pour prendre possession de l’archevêché d’Aix auquel il avait été appelé par Louis XIV (1G48). Ce ne fut qu’en 1655, sous le pontificat d’Alexandre VII, mie Grimaldi put occuper le siège d’Aix. Il fonda dans cette ville un séminaire pour les enfants des familles pauvres, apaisa en 1659 un soulèvement popufaire contre plusieurs membres du parlement, fit preuve d’une grande sévérité contre les dissidents, fut.chargé par Louis XIV de plusieurs missions à Rome et mourut doyen du sacré collège.

GRIMALDO (D. José Guttikrkz de Solorzano, marquis de), homme d’État espagnol, né en Biscaye en 1664, mort à Madrid en 1733. D’une naissance infime, d’un extérieur presque grotesque, mais doux, insinuant, joignant à une vive intelligence un esprit plein de finesse, de dextérité, toujours fécond en ressources, et une rare aptitude pour les affaires, Grimaldo se fit connaître du ministre Orry, qui lut donna une place dans les bureaux au ministère des finances, apprécia tout son mérite et le chargea fréquemment de le remplacer auprès du roi et de Mme des Ursins. Il plut à Philippe V, comme il avait plu à Orry, devint secrétaire d’État au département de la guerre et de la marine, ministre d’État (1714), et enfin premier ministre. Dans ce poste, il fut seul admis à travailler avec le roi et eut la haute main dans la direction de la politique générale intérieure et extérieure. Grimaldo reçut le titre de marquis et fut décoré de la Toison d’or, en 1724, lors de l’abdication de Philippe V en faveur de son fils, l’infant don Louis.

GRIMAIN’I (Antoine), doge de Venise, né en 1436, mort en 1523. Il servit avec distinction dans la marine, remplit d’importantes fonctions dans l’État, et était procurateur de Saint-Marc lorsqu’il reçut, en 1499, le commandement d’une flotte chargée de protéger les colonies grecques de Venise contre les attaques du sultan Bujazet. Battu par les Turcs devant l’île do la Sapien^a, il ne put empêcher ceux-ci de s’emparer de Lépante, fut accusé d’avoir causé ce revers pour l’imputer à son lieutenant André Loredano, et condamné à l’exil par le grand conseil. Son fils Dominique, alors cardinal, oifrit de subir la peine infligée à son père, et, n’ayant pu l’obtenir, il voulut partager sa captivité. Cet acte de dévouement filial et les services qu’Antoine Grimuni rendit à ses concitoyens, pendant un long séjour à Rome, décidèrent les Vénitiens à le rappeler et à l’élever à la dignité de doge en 1521. Grimani, qui avait alors quatrevingt-cinq ans, mourut vingt-deux mois après son élection.

GUIMAM (Marino) ; doge de Venise de 1595 à 1605. Il succéda à Pascal Cicogna, purgea l’Adriatique des pirates croates qui l’infestaient, et mourut au moment où commença la fameuse querelle de Paul V avec la république de Venise, au sujet de deux décrets défendant aux ecclésiastiques d’acquérir des propriétés foncières et de bâtir de nouvelles églises sans l’autorisation de la seigneurie. C est pendant l’administration de ce doge, aussi affable que juste, que Henri IV demanda et obtint d’être inscrit sur le livre d’or de la noblesse vénitienne.

GRIMANI (Pierre), doge de Venise de 17-41 a 1752. succéda à Louis pisani. Sous son gou GRIM

vernement, le sénat se déclara pour la neutralité, pendant la guerre occasionnée par la succession de l’Autriche, revendiquée par Marie-Thérèse. À la suite de démêlés avec le pape Benoît XIV, nu sujet de la nomination du patriarche d’Aqnilée, en 1750, le patriarcat fut supprimé. Gnmani eut pour successeur F. Loredano,

GR1MARD (Édouard), littérateur français, né à Lacépède (Lot-et-Garonne) en 1827. Il fit ses études à Strascourg, fut reçu bachelier es lettres et bachelier en théologie, et entra d’abord dans le professorat. Il en sortit au bout de peu de temps, publia un volume de nouvelles, l’Eternel féminin (1862), et fit suivre ce premier essai littéraire d’ouvrages sur la botanique : la Plante (1865, 2 vol.) ; Y Esprit des plantes (1868, l vol.) ; la Goutte de séue(lS68, 1 vol.). On lui doit encore quelques articles de philosophie publiés par la Bévue germanique, et des travaux de botanique insérés dans !a Revue des Deux-Mondes.

GRIMAREST (Jean-Léonor Le Gallois, sieur de), littérateur français, maître de langues, cicérone parisien, né à Paris, mort en 1713. Parmi ses ouvrages, on distingue : Commerce de lettres curieuses et savantes (Paris, 1700, in-12) ; une Vie de Molière (1705), qui a joui de quelque notoriété, et rédigée, suivant l’auteur, d’après les mémoires de l’acteur Baron, mais que Voltaire a dépréciée en la déclarant pleine de fables ; Traité du récitatif dans la lecture, dans l’action publique, etc. (Paris, 1707) ; Traité sur la manière d’écrire des lettres (1709). — Son fils, Charles-Honoré Lk Gallois de Grimarest, s’est occupé de travaux de linguistique et a publié, entre autres écrits : Eclaircissements sur les principes de la tangue française (1712) ; Nouvelle grammaire française (1719) ; Recueil de lettres sur divers sujets (1729).

GRIMAUD, AUDE adj. (gri-mô, ô-de — V. grimace). Pop. Qui est d’humeur chagrine, maussade : Enfant grimaud.

— s. m. Nom donné anciennement aux écoliers des basses classes et aux élèves ignorants :

Mon esprit, beaucoup plus dispos Qu’un grimaud lorsqu’il a campos, Quittera sa robe charnelle.

Saint-Amand.

Il Vieux en ce sens.

— Par ext. Mauvais écrivain : Les Bignon, les Lamoignon étaient de purs grimauds ; gui peut en douter ? ils savaient te grec. (La Bruy.) Allez, petit grimaud, barbouilleur de papier,

Mouère.

Quoique un tas de grimauds vantent notre éloquence, Le plus sûr est pour nous de garder le silence.

Boileau.

Quand de ses vers un grimaud nous poignarde, Chacun pourra lui donner sa nasarde, L’appeler buffle et stupide achevé.

J.-B. ROUSSEAU.

— Ornith. Nom vulgaire de quelques oiseaux de proie nocturnes, tels que la chouette et la hulotte.

GRIMAUD, en latin Olbia, bourg de France (Var), ch.-l. de cant., arrond. et à 44 kilom. S.-E, de Draguignan, sur le penchant d’une colline, à 2 kilom. du beau golfe de ce nom ou de Saint-Tropez ; pop. aggl., 736 hab.pop. tôt, 1,345 hab. Mines de plomb ; fabriques de bouchons et de briques. Vieilles maisons d’architecture mauresque, italienne et du moyen âge. L’église romane renferme un curieux bénitier en marbre de Carrare. Restes d’un aqueduc romain. Puits creusé dans le roc vif.

GRIMAUD (Jean-Charles-Marguerite-Guillaume de), célèbre médecin français, né à Nantes en 1750, mort dans cette ville le 8 août 1799. Il fit ses études médicales à Montpellier, où il fut le disciple de prédilection et devint l’ami et le protégé de Barthez. Il mit si bien à profit les quatre années d’études qui précédèrent sa réception au doctorat, que sa thèse se fit remarquer comme une œuvre d’érudition aussi étendue que solide. Dès qu’il fut docteur, c’est-à-dire en 1776, Grimaud vint à Paris perfectionner ses études.

Il était de retour à Montpellier depuis plusieurs années, lorsque, sur la demande de Barthez, il fut nommé, en 1781, professeur adjoint et survivancier de ce célèbre professeur. Les vives réclamations de la Faculté, contre une nomination qui brisait l’institution du concours, ne réussirent point à la faire révoquer. Du reste, si l’on pouvait appeler illégale la faveur faite à Grimaud, on était forcé de reconnaître que l’homme en était digne. Grimaud entra en exercice par un cours de physiologie, et son enseignement obtint un succès bien propre à désarmer la Faculté à son égard. Après avoir essayé ses forces dans cette partie de la science, il ouvrit un cours sur les fièvres, et son succès ne fut pas moins brillant. Au milieu des travaux que nécessitaient ses fonctions de professeur, il trouva le temps de composer un ouvrage considérable sur la nutrition, pour un concours ouvert par l’Académie de Saint-Pétersbourg. Mais l'excès de travail altéra rapidement sa santé d’ailleurs délicate, et, en 1799, il rentra à Nantes, où il mourut bientôt au milieu de sa famille.

Tout le monde vante la vaste érudition de Grimaud, les grandes vues et les aperçus ingénieux qu’on trouve dans ses livres ; mais personne mieux que Bérard ne l’a jugé dans ses qualités et ses défauts. Personne mieux que lui n’a apprécié les avantages de la méthode philosophique qu’il a suivie dans ses recherches, et les vices dont elle est entachée. Laissons parler l'éminent critique. Grimaud commence par établir que la notion de causalité est circonscrite pour nous dans la connaissance des lois que nous avons aperçues d’après l’ordre successif des phénomènes que nous présentent les objets de la nature. Il pense que la véritable manière de raisonner consiste à comparer ces lois les unes avec les autres, et à s'assurer de leur ressemblance ou de leur opposition. D’après ces vues, il sépare à jamais les phénomènes vitaux des phénomènes mécaniques. Selon lui, l’histoire aussi exacte que possible des fonctions physiologiques et des maladies est l’unique base de la science de l’homme. Tous les raisonnements, dit-il, qui ne portent pas sur les faits ne sauraient aboutir qu’à des conséquences vicieuses. La vie nous est absolument inconnue dans sa nature ; tout ce que nous en savons se réduit aux phénomènes que nous avons pu saisir, et l’ensemble ou la collection systématique de ces phénomènes observés pendant l’état de santé compose, à proprement parler, tout le fonds de notre science physiologique.

Quant à la médecine pratique, Grimaud adopta l’application de l’analyse, telle que son maître Barthez l’avait conçue, et suivit les développements de cette doctrine dans l’étude des fièvres. Son Traité des fièvres est un immense recueil de faits classés selon des vues très-solides, dans lequel il y aura toujours beaucoup à apprendre pour tous ceux qui sauront séparer ces faits de l’hypothèse animiste de l’auteur, qui vient souvent en altérer la pureté.

Les ouvrages de Grimaud sont : Tentamen de irritabilitate (Montpellier, 1776, in-4o) ; Mémoires sur la nutrition (Montpellier, 1787, in-8o) ; Cours des fièvres (Montpellier, 1791, 3 vol. in-8o) ; Cours complet de physiologie (Paris, 1818, 2 vol. in-8o), ouvrage posthume publié par Lanthois.

GR1MAUUET (François), jurisconsulte français, né à Angersen 1520, mort en 1580.11 était depuis deux ans avocat au présidial d’Anfers lorsque, en 1560, il prononça à l’Assemlée provinciale de cette ville un discours qui eut uil grand retentissement. Six propositions de cette harangue, dans laquelle il tonna contre les abus du clergé, demanda que la réforme de la discipline ecclésiastique fût faite par la puissance séculière, etc., furent condamnées par la Sorbonne le 15 avril 1561. Forcé de se rétracter, Grimaudet obéit, mais quitta le barreau, et fut soupçonné, à partir de ce moment, de pencher pour la Réforme. En 1574, Henri III le nomma chef de son conseil dans l’Anjou, et maître des requêtes. On a de lui un certain nombre d’ouvrages, notamment : Remontrances aux États d’Angers (Angers, 1561) ; Traité de l’augmentation et de la diminution des monnaies (Paris, 1579). La plupart de ses écrits ont été réunis et publiés sous le titre de : Œuvres de Fr. Grimaudet (Paris, 1669, in-fol.).

GRIMAULD ou GIUMOALD (Guillaume), pape. V. Urbain V.

GRIMBERGHEN, ville de Belgique, Brabant, à 9 kilom. N.-O. de Bruxelles, sur un affluent de la Senne ; 3,654 hab.

CRIME s. m. (gri-me — v. Grimace). Théâtre. Nom donné aux rôles de vieux, à ceux qui exigent que l’acteur se donne des rides et des cheveux blancs. Il Rôle de vieillard ridicule ; acteur qui joue un de ces rôles. Il Adjectiv. : Père grime.

— Encycl. Se grimer, c’est donner à sa physionomie certaines modifications, à l’aide de moyens artificiels. Les grimes comprennent : les rôles de vieux, les rôles ridicules ou comiques, et qui exigent que l’acteur se donne des rides, une apparence cassée et des cheveux blancs, qu’il se fasse une tête. La Rochelle fut, au siècle dernier, un des meilleurs grimes de la Comédie-Française. Dans les Deux Frères, où il jouait le rôle de M. Raffle, il se faisait applaudir par le jeu de sa physionomie avant d avoir prononcé un mot. François-Arnault Poisson, petit, laid, mal bâti, sut tirer un heureux parti de ses imperfections en jouant les grimes et les manteaux. Préville, le premier comique de son siècle, le fit oublier, et se montra aussi inimitable dans cet emploi que dans les rôles à livrée et les crispins ; véritable protée, il savait prendre toutes les formes. Le personnage du Bourru bienfaisant a montré jusqu’à quel point il s’identifiait avec ses créations. Desessarts, qui affectionnait les financiers, ne dédaignait pas pour cela les grimes, et s’y montrait avec tout son talent. Devigny y réussit complètement. De nos jours Provost, Samson et Régnier les ont abordés avec beaucoup de succès. En dehors du Théâtre-Français beaucoup de comédiens y ont excellé ; contentons-nous de rappeler Bouffé, qui les a presque tous surpassés.

GRIMÉ, ÉE (gri-mé), part, passé du v. Grimer. Qui a modifié les traits de son visage pour jouer certains rôles : Acteur GRIMÉ.

GRIMELLINO s. m. (gii-mèl-li-no). Métrol. Monnaie de compte de Tripoli, valant près de 31 centimes. Il PI. grimellini.

GRIM

GRIMER (SE) v. pr. (gri-mé — de Vital. grimo, ridé ; v. grimace), "héâtre. Se faire, par certains artifices, une figure de vieillard : Les emplois de vieillard érigent que l’acteur se grime ; les rides, les sig.les, les oeiTues, se font ordinairement avec du !iége brûlé. Potier passait pour un des comédiens qui possédaient le mieux l’art de se grimer. (Aristippe).

GR1METHON, paroisse de Suède, dans le gouvernement de Halland. Belles priiiies, chimips cultivés, forêts êpiisses, chaînes de montagnes dont l’une, celle des Nackhœllarne, aux crêtes sombres, s’ape/çoit au loin dans Je Kattegat ; environ 700 hab. Grimethon est l’une des régions de la ?>iède où les monuments de l’antiquité sont le plus nombreux et le plus imposants. On y trouve entre autres le Tumulus de Fagra, la géante, lequel consiste en un tertre élevé de la forme d un corps humain couché. Suivant une saga, Fagra fut enterrée avec un riche collier d’or au cou et un bracelet d’or au bran. Les chercheurs de trésors, sur la foi de cette saga, ont plus d’une fois fouillé le tombeau, surtout vers le côté qui figure le cou et la poitrine ; on ne dit pas que leurs recherches aient été couronnées de succès. On trou/e aussi à Grimethon le tumulus du célèbre homme d’État Griin on Grimulf qui, au >.e siècle, fixa les frontières entre la Suède et le Danemark,

GRIMM s. m. (grimm). îlamm. Nom vulgaire d’une espèce d’antilope. Il On dit aussi

GRIMME.

— Encycl. Le grimm, fppelé aussi bouc damoiseau, est une espèce d antilope à formes plus légères et plus arrond es que celles dos gazelles. Sa taille est celle d’un faon de daim ou d’un chevreau de deux mois. Son pelage est généralement d’un fauv ; jaunâtre, gris le long du dos et sur le chanfrein ; le museau est noir, et les membres gris. Le mâle a des cornes courtes, assez épaisses, noires, très-droites et parallèles ; ches la femelle, les cornes sont remplacées par une touffe de poils ras. Cet animal vit sur la côte de Guinée et au Cap de Bonne-Espérance. Aussi léger à la course que les mieux doués de ses congénères, mais d’un naturel fort timide, il s’épouvante au moindre bruit. Il se tient toujours parmi les broussailles ; dès qu’il aperçoit un homme, il s’élève par un saut pour découvrir sa position et ses mouvements, après quoi il se cache de nouveau et replonge en quelque sorte dans les broussailles, ce qui lui a fait donner le nom de chèvre plongeante. Quand il se voit sérieusement menacé, il s’enfuit, et reparaît de temps en temps pour reconnaître s il est poursuivi. Dans ce cas, il ne tarde pas à montrer la frayeur qu’il éprouve, en soufflant du nez subitement et avec force. Difficile à approcher, il est néanmoins susceptible de s’apprivoiser peu à peu. On prétend qu’il se laisse volontiers gratter la tête et le cou, quand on l’appelle par son nom de pays, tetje. Ce nom vient, dit-on, de iettig, qui signifie net ou propre. Le grimm en effet itime beaucoup la propreté ; aussi ne lui voit-on jamais la moindre ordure sur le corps ; pour cela, il se gratte souvent avec un de ses pieds de derrière. En captivité, c’est un animal aussi agréable que gracieux ; toujours très-agib, il tient souvent une de ses jambes antérieures élevée et recourbée, comme s’il était pi et à courir. Il se lève sur ses pieds de derrière pour prendre les aliments qu’on lui présente. Le grimm a, au-dessous de chaque œil, un larmier d’où découle en petite quantité use humeur grasse, visqueuse, jaunâtre, qui noircit et se durcit avec le temps, et dont l’oleur participe de celle du musc et du casturéum. L’animal semble se débarrasser de temps à autre de cette matière, qui suinte presque continuellement, car on la trouve comrr.e collée aux barreaux de sa loge.

GRIMM (Frédéric-Melchior, baron de), un des plus célèbres critiques du xvme siècle, né à Rutisbonne en 1723, mort en 1807. Il appartenait à une famille sans fortune, qui néanmoins lui fit faire de bonnes études à l’université de Leipzig. À peine eut-il quitté les bancs de l’école, qu’il accompagna en France les enfants du comte de Sctomberg, en qualité de percepteur. Vers 174E, il fit la connaissance de J.-J. Rousseau, qui le produisit dans le monde littéraire. Une conformité de goût en musique les avait réunis. À l’occasion de l’arrivée dans la capitale délit première troupe de chanteurs italiens, les ar, istes et les amateurs se partagèrent en deux camps : l’un, sous le nom de coin du roi, réunissait les fidèles partisans de la musique française ; l’autre, le coin de la reine, était composé des novateurs enthousiastes de la u.usique italienne. Rousseau et son ami se firei t remarquer par leur véhémence dans ce dernier camp. Un pamphlet original et piquai t, le Petit prophète de Boehmischbrodra, que Grimm lança dans la mêlée (1753), eut un succès prodigieux. « De quoi s’avise donc ce Bohémien, d’avoir plus d’esprit que nous ? » disait Voltaire. Dés lors, la réputation de Grimm était fondée, et il se vit recherché par tous les cor clés de Paris. Ses sentiments philosophiques l’entraînèrent vers les d’Holbach et les Diderot ; une liaison très-intime s’établit entre lui et Mme d’Epinay. Il n’en fallait pas tant pour le brouiller avec Rousseau, qui lui consacra des pages amères dans ses Confessions. Grimm fut successivement lecteur du duc de Saxe-Gotha, secrétaire du comte de Frièse,