Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 1, H-Ho.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
HIÉR HIÉR HIÉR HIÉR 275


chargés, comme les anciens commissaires des vivres et des guerres, de pourvoir à l’approvisionnement des troupes.

HIÉRARCHIQUE adj. (i-é-rar-chi-ke ; h asp. — rad. hiérarchie). Qui est établi, formé par rangs, par échelons : Suivre la voie hiérarchique. Conserver l’ordre hiérarchique. La race anglaise est naturellement hiérarchique. (L. Faucher.)

HIÉRARCHIQUEMENT adv. (i-é-rar-chi-ke-man ; h asp. — rad. hiérarchique). D’une manière hiérarchique : l’Église a toujours été gouvernée hiérarchiquement. (Acad.)

HIÉRARQUE s. m. (i-é-rar-ke — du gr. hieros, sacré ; arché, commandement). Prélat de l’Église grecque.

HIÉRATIQUE adj. (i-é-ra-ti-ke — du gr. hieros, sacré). Qui appartient aux prêtres, qui vient d’eux, qui a les formes d’une tradition liturgique : Le génie des Hellènes abolit la contrainte hiératique. (A. Michiels.)

— Philol. Écriture hiératique, Écriture cursive des Égyptiens, qui n’est que l’écriture hiéroglyphique dont les signes ont été simplifiés.

— Antiq. Papier hiératique, Papier très-recherché, qu’on tirait d’Égypte. || Plus tard, Papier de troisième qualité.

HIÉRAX s. m. (ié-rakss — mot gr. qui signifie épervier). Ornith. Genre de rapaces diurnes, formé aux dépens des faucons.

HIERAX, Mariandynien célèbre par sa piété et par ses vertus. Il éleva un temple à Cérès, qui le combla de biens. Neptune, irrité contre les Troyens, ayant frappé leur territoire de stérilité, Hérax leur envoya du blé et s’attira par cet acte d’humanité la colère du dieu, qui le changea en épervier. — Un autre personnage du même nom eut le même sort pour avoir éveillé Argus au moment où Mercure allait lui enlever Io.

HIERAX, sectaire et ascète chrétien, né à la fin du IIIe siècle de notre ère à Leontus ou Léontopolis, en Égypte, mort vers 375. On n’est même pas d’accord sur son nom. Saint Épiphane l’écrit ΙέραΧας ; Jean de Damas Ιέρας, saint Augustin, Hieraca. Dans tous les cas, c’était un homme d’un haut savoir ; il avait étudié la sagesse des Égyptiens ; il connaissait les arcanes de la religion des Grecs, science qu’on n’obtenait que par voie d’initiation ; il possédait aussi la magie et les doctrines occultes de l’Orient, indépendamment de la médecine et de l’astronomie. Sa vie privée était exemplaire, ce qui, joint au don de persuader qu’il tenait de la nature et à l’aménité de son caractère, lui fit obtenir un grand crédit parmi les ascètes de la haute Égypte, que l’on comptait de son temps par centaines de mille. Il imitait leurs abstinences et leurs macérations et n’en vécut pas moins jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, après avoir conservé l’usage de ses facultés jusqu’au dernier moment.

Hiérax était un libre penseur mystique. Ses opinions hétérodoxes ont plus fait pour sa renommée que ses vertus. Il niait la résurrection des corps, contestait que le ciel fût perceptible aux sens. En qualité d’ascète, il avait horreur du mariage. Il avait organisé une communauté de gens à qui il avait inculqué ses principes. Quiconque était ou avait été marié ne pouvait y entrer. Hiérax tenait Jésus-Christ pour engendré par Dieu le Père, tandis qu’il affirmait que le Saint-Esprit n’est autre que le grand prêtre Melchisédech. L’originalité de ses opinions lui valut l’honneur de fonder une secte, celle des hiéracites, dont nous avons parlé plus haut.

Hiérax écrivait en grec et en cophte. Outre ses expositions ou commentaires sur l’Écriture sainte, il composa plusieurs ouvrages sur l’œuvre des six jours, où il admettait que, dans les récits de Moïse, on a fait usage de l’apologue et de l’allégorie. Il est aussi l’auteur d’un grand nombre d’hymnes ou chants sacrés. Il ne reste d’Hiérax que quelques extraits épars dans les œuvres de saint Épiphane. On a essayé de distinguer Hiérax le Manichéen d’Hiéracas, le chef de la secte des hiéracites ; il est difficile de savoir au juste ce qu’il en est.

HIERCHEUR, EUSE s. (i-èr-cheur ; h asp.) Syn. de hercheur.

HIÈRES, ville de France. V. Hyères.

HIERO, emplacement du bois sacré d’Esculape, près (d’Épidaure. V. ce mot.

HIÉROBOTANE s. f. (i-é-ro-bo-ta-ne du gr. hieros, sacré ; botanon, herbe). Bot. Verveine commune, végétal auquel les anciens attribuent de merveilleuses propriétés.

HIÉROCHLOÉ s. f. (i-é-ro-klo-é — du gr. hieros, sacré ; chloa, herbe). Bot. Genre de plantes, de la famille des graminées, tribu des phalaridées, comprenant plusieurs espèces répandues dans les deux hémisphères.

HIÉROCHONTE s. f. (ié-ro-kon-te — de Hierochonta, nom grec de Jéricho). Bot. Syn. d’anastatique ou rose de Jéricho, genre de crucifères, || Syn. d’euclidie.

HIÉROCLÈS, préfet romain de Bithynie, puis d’Alexandrie, qui vivait au commencement du IVe siècle de notre ère. Il fut, suivant les historiens ecclésiastiques, un des promoteurs de la persécution de Dioclétien contre les chrétiens. C’était un des sophistes les plus instruits de son temps, et il ne se contenta point de faire périr les adeptes de la foi nouvelle ; il voulut encore les convaincre d’erreur et démontrer l’excellence du polythéisme. Dans un Discours aux chrétiens, qui ne nous est connu que par quelques extraits conservés par Lactance et par la réfutation qu’Eusèbe en a faite, il signalait dans l’Écriture des contradictions historiques et dogmatiques et faisait du Christ un simple philosophe.

HIÉROCLÈS, philosophe grec du Ve siècle après J.-C., né à Hyllarima, en Carie. Il est mentionné par Étienne de Byzance comme ayant exercé la profession d’athlète avant de se vouer à la philosophie ; peut-être n’y a-t-il pas lieu de le distinguer du stoïcien dont parle Aulu-Gelle (l. IX, v). Vossius l’a confondu avec l’auteur de l’Œconomicus, fragment qui appartient à un ouvrage d’Hiéroclès d’Alexandrie. Il n’est pas impossible non plus qu’il soit le même que ce dernier, qui professait à Alexandrie, mais que rien ne prouve n’être pas originaire d’Hyllarima. L’érudit Vossius l’avait encore confondu avec le gouverneur de Bithynie, auteur du Philadelphe ou Discours véridique, qu’on accuse d’avoir provoqué la persécution de Dioclétien et qui vécut un siècle avant l’Hiéroclès dont il est ici question.

HIÉROCLÈS, philosophe grec de l’école néo-platonicienne, qui vivait à Alexandrie vers le milieu du Ve siècle de notre ère. Il n’est connu que par ses ouvrages ; ce sont :

1o un Commentaire sur les vers dorés de Pythagore dans lequel Hiéroclès essaye d’analyser d’une façon intelligible la philosophie de Pythagore. Au point de vue de la connaissance des doctrines pythagoriciennes, le livre n’est pas sans importance ; c’est une œuvre d’exaltation mystique dans laquelle l’auteur rend compte de ses idées théologiques. Il range les dieux en trois catégories : la première se compose des dieux célestes, qui vivent dans la contemplation de l’infini ; la deuxième catégorie se compose des dieux éthérés, ce sont des dieux moyens qui tiennent au ciel par leur origine et s’occupent de diriger les choses de ce monde sous le nom de héros ou démons (purs esprits) ; les dieux de la troisième catégorie paraissent être les âmes humaines dépouillées des liens du corps. Cette classification ternaire tient à la philosophie de Pythagore par la forme, et à celle de Platon par son caractère idéaliste ;

2o un Traité de la Providence, du destin et de la réconciliation du libre arbitre de l’homme avec le gouvernement divin du monde, en sept livres, dédiés à Olympiodon ; il n’en subsiste que des fragments dans la bibliothèque de Photius et dans quelques autres auteurs ; ils ont été recueillis par G. Morelli et publiés à Paris (1593-1597, 1 vol. in-8o). Hiéroclès y entreprend de coordonner les idées de Platon avec celles d’Aristote, afin de les opposer aux stoïciens et aux épicuriens d’une part, et de l’autre de réfuter ceux qui nient la Providence ; c’était son œuvre la plus importante. Dans le premier livre, il expose ses principes ; dans le second, il répond aux objections qu’on pourrait lui faire, puis il aborde la thèse singulière de démontrer qu’Aristote et Platon sont du même avis, avec les oracles, les lois sacerdotales, Orphée, Homère, la philosophie grecque de l’école de Socrate. En un mot, c’est une apologie régulière de la tradition religieuse du polythéisme. Comme les chrétiens, il admet un Dieu unique, père des êtres, qui n’est pas distinct de la Providence. L’homme est libre, mais sous la direction suprême de Dieu. Cependant Dieu a réglé dès l’origine tous les événements dont la trame constitue l’histoire, comme chacune des actions de la vie humaine. Cela ne l’empêche pas de nier la nécessité, qui n’est pas, suivant lui, la même chose que la prédestination. Il accepte aussi la création, c’est-à-dire que la matière n’est pas éternelle, mais résulte d’un acte de la volonté de Dieu. Les âmes (il entend celles du temps où il vivait) peuvent avoir de trois à dix mille ans d’existence. À l’exemple de Porphyre, néanmoins, il ne croit à la métempsycose, transmigration des âmes, que d’homme à homme. Enfin Dieu n’agit pas directement sur nous, il agit sur les dieux de la première classe, ceux-ci sur les dieux de la seconde, et ces derniers seuls sur le genre humain directement. En un mot, Hiéroclès, quoiqu’il n’en convienne pas, est un gnostique chrétien ;

3o un Traité sur la justice, le respect dû aux dieux, la conduite à tenir avec ses parents, ses amis et ses concitoyens. Il en reste quelques extraits dans Stobée, qui se composent de maximes d’une morale élevée, tout à fait propre à donner une haute idée du caractère d’Hiéroclès. On lui attribue également un quatrième ouvrage intitulé : Œconomicus (οίκονομικός), qui pourrait bien n’être qu’une partie du précédent. Enfin, on doit à son disciple Theosebius, un commentaire sur le Gorgias de Platon, qui était un recueil de notes prises aux leçons de son maître ; il n’en a rien survécu. Le Commentaire sur les vers dorés de Pythagore, traduit en latin par J. Aurispa, a paru en 1474 (in-4o), à Padoue, et le texte grec par les soins de J. Courtier, à Paris en 1583 (1 vol. in-12). Pearson en a publié une bonne édition à Londres (1654-1655, 1 vol. in-4o), effacée d’ailleurs par celle de Needham (Cambridge, 1709), uvec des notes et des fragments inédits des autres ouvrages d’Hiéroclès. Dacier en a donné une traduction française (Paris, 1706, 2 vol. in-12).

HIÉROCLÈS, géographe grec qui vivait au VIe siècle après J.-C. Il est l’auteur d’un ouvrage, intitulé : Synecdemos (le Compagnon de voyage ), qui contient des notices sur 64 provinces et 935 villes de l’empire. Cet ouvrage très-important pour la géographie de l’empire d’Orient, a été publié dans divers recueils, notamment dans les Itineraria veterum Romanorum (Amsterdam, 1735, in-4o).

HIÉRODULE s. (i-é-ro-du-le — du gr. hieron, temple ; doulos, esclave). Esclave ou serviteur de l’un ou l’autre sexe attaché au service d’un temple païen.

Encycl. Toute personne attachée au service d’un temple, pour y remplir des fonctions inférieures, était comprise sous la dénomination générale d’hiérodule, et souvent ces fonctions étaient héréditaires dans certaines familles. En Arménie, la grande déesse de la nature, Anaïtis, possédait autour de son temple un vaste territoire cultivé par de nombreux esclaves de l’un et de l’autre sexe, qui étaient considérés comme serfs de la déesse. Strabon raconte qu’il y avait 6,000 hiérodules dans le temple de Comana en Cappadoce, et 3,000 à Morimène ; c’étaient pour la plupart des esclaves du sexe féminin, et il arrivait souvent qu’elles se prostituaient aux étrangers qui venaient visiter le temple auquel elles étaient attachées. À Sumos, le temple de Vénus était encombré de ces courtisanes sacrées, qui dansaient en costume léger, couronnées de roseaux, pendant les cérémonies religieuses. Leur vêtement court, et ouvert sur le côté, leur avait valu l’épithète de phainomérides, c’est-à-dire qui montrent leurs cuisses. Il y avait encore dans les temples de la chaste Diane des hiérodules qui dansaient dans un costume aussi peu modeste. Pourtant, dans les autres villes de la Grèce, les hiérodules des deux sexes passaient pour avoir plus de retenue. Les jeunes éphèbes, ministres des autels et analogues à nos enfants de chœur d’aujourd’hui, étaient pris dans les meilleures familles, ainsi que les hiérodules du sexe féminin, dont les fonctions étaient d’orner de fleurs les temples et les autels, d’y suspendre les guirlandes et aussi probablement d’y disposer avec goût les offrandes.

On peut voir au musée du Louvre deux bas-reliefs curieux, où les archéologues ont cru reconnaître des hiérodules ; c’est : 1o un groupe de Danseuses (no 20), marbre pentélique, avec la robe ouverte sur le côté, et dont les gestes sont pleins de grâce et de vivacité ; 2o un bas-relief appelé les Offrandes (no 21), représentant des hiérodules ornant de guirlandes un autel en forme de candélabre qui brûle devant un temple.

HIÉROFALCO s. m. (i-é-ro-fal-ko — du gr. hieros, sacré, et du lat.falco, faucon). Ornith. Nom scientifique du gerfaut.

HIÉROGLYPHE s. m. (i-é-ro-gli-fe — du gr. hieros, sacré ; gluphô, je grave). Philol. Caractère figuratif que certains peuples et surtout les Égyptiens ont employé pour représenter les idées par l’écriture : Les premiers mots parlés furent des onomatopées ; les premiers mots écrits, des dessins, des hiéroglyphes. (Boissonade.)

— Par ext. Chose énigmatique, difficile à expliquer, à interpréter : La sainte ampoule est un hiéroglyphe. (J. de Maistre.)

— Encycl. Les murailles des temples et des palais égyptiens étaient couvertes de ces hiéroglyphes qui, pendant tant de siècles, restèrent indéchiffrables malgré tous les efforts des savants. C’est au XIXe siècle seulement, et grâce aux travaux de M. Champollion le jeune, qu’on est parvenu à retrouver la clef du système hiéroglyphique égyptien.

Les écrivains anciens, Hérodote qui donne tant de détails sur les lois, les usages et les mœurs de l’Égypte, Diodore, Strabon, qui ont parlé également de l’art et des monuments de ce pays, n’ont malheureusement laissé qu’un petit nombre de renseignements à peine intelligibles sur la littérature et l’écriture des Égyptiens. Cette omission est d’autant plus singulière que, chez ce peuple, la sculpture et la peinture n’étaient en quelque sorte que des procédés d’écriture, et que les bas-reliefs sculptés sur l’extérieur des temples, et les tableaux peints dans l’intérieur, formaient comme les pages d’un livre immense, dispersées sur les deux rives du Nil. C’était sans contredit un spectacle bien propre à arrêter l’attention de l’observateur et à exciter l’esprit de recherche. Ce qui rend cette omission encore plus surprenante, c’est que ces mêmes écrivains assurent que les inscriptions hiéroglyphiques, peintes ou sculptées sur les monuments, contenaient le sommaire des plus importants mystères de la nature, et des plus utiles inventions de l’homme. On aurait cependant l’explication de ce silence de ces savants voyageurs, s’il est vrai, comme ils l’affirment, que les prêtres avaient dérobé avec grand soin l’interprétation des hiéroglyphes à la connaissance du vulgaire, et qu’eux-mêmes ils les entendaient avec tant de peine, que ces signes avaient fini par devenir inintelligibles pour tous. Un de ces auteurs raconte qu’un des premiers césars avait vainement offert une grande récompense pour avoir la traduction des inscriptions d’un des obélisques transportés à Rome.

Quoi qu’il en soit, résumons d’abord tout ce qui se trouve d’intelligible à ce sujet dans les écrits des anciens ; nous exposerons ensuite les hypothèses modernes, et enfin nous arriverons à la brillante découverte qui a fait la gloire de Champollion.

Après avoir avancé que, contrairement à la méthode des Grecs, les Égyptiens écrivaient de droite à gauche, ce qui n’est pas vrai d’une manière absolue, comme nous le verrons plus bas, Hérodote dit qu’ils avaient deux espèces de caractères, les uns nommés sacrés et les autres populaires ou démotiques ; mais il n’ajoute rien qui donne lieu de croire que ces différents caractères eussent entre eux une affinité quelconque. Diodore de Sicile répète l’assertion d’Hérodote, presque dans les mêmes termes ; il ajoute seulement que les caractères démotiques étaient enseignés à tous les Égyptiens indistinctement, au lieu que la connaissance des caractères sacrés était réservée aux prêtres. Ces données, toutes brèves qu’elles sont, ont le mérite de se trouver d’accord avec la pierre de Rosette, sur laquelle il est impossible qu’il y ait eu aucune erreur commise, puisqu’elle avait été gravée sous l’inspection des prêtres égyptiens eux-mêmes. Ce monument célèbre fait mention de deux espèces d’écritures : l’une, qu’il nomme enchoriale ou écriture du pays, et l’autre sacrée. L’écriture enchoriale est évidemment identique avec l’écriture démotique d’Hérodote et de Diodore. Pour en apprendre davantage, il faut arriver à Clément d’Alexandrie, qui énumère avec la plus grande précision les différentes manières d’écrire en usage chez les Égyptiens.

« Ceux qui reçoivent de l’éducation parmi les Égyptiens, dit ce docte Père de l’Église, apprennent d’abord l’écriture nommée épistolographique, ensuite l’hiératique, qu’emploient les scribes sacrés, et enfin la dernière espèce, l’hiéroglyphique, qui est tantôt kuriologique (par les initiales) et tantôt symbolique. Parmi les caractères symboliques, les uns représentent les objets par imitation, les autres par tropes, et les troisièmes en suggèrent l’idée au moyen de certaines énigmes allégoriques. En suivant la méthode de représenter la forme propre des objets, les Égyptiens font un cercle pour représenter le soleil, et un croissant pour indiquer la lune. Quand ils suivent la méthode tropique, ils représentent les objets par le moyen de certaines analogies, quelquefois aussi par des modifications, et le plus souvent par des transformations complètes ; C’est ainsi que, lorsqu’ils insèrent les louanges de leurs rois dans leurs fables théologiques, ils les désignent par le moyen d’anaglyphes. Voici un exemple de la troisième espèce d’écriture symbolique, qui est l’énigmatique : ils assimilent la course oblique des diverses étoiles au corps des serpents, et celle du soleil au corps d’un scarabée, etc. »

Il y a là plusieurs expressions obscures. En résumé, d’après les anciens et d’après l’inscription de Rosette, l’écriture égyptienne se divise en deux espèces de caractères : caractère populaire, appelé démotique par Hérodote et Diodore, épistolographique par Clément d’Alexandrie ; caractère sacré, appelé hiératique ou écriture sacerdotale, et hiéroglyphique ou symbolique.

Accoutumés à une manière d’écrire dont les signes n’exprimaient que des sons, les auteurs grecs et romains, qui avaient acquis directement ou indirectement quelques notions du système graphique des Égyptiens, paraissent surtout avoir été frappés de la méthode figurative et symbolique, ou, en d’autres termes, idéographique. Jamais ils ne mentionnent expressément l’autre espèce de caractères, c’est-à-dire ceux que les Égyptiens employaient concurremment comme signes phonétiques ou représentant des sons. Clément d’Alexandrie lui-même ne décrit les hiéroglyphes phonétiques que d’une manière si concise, qu’elle en est inintelligible.

C’est principalement à cette cause qu’il faut attribuer le peu de succès des efforts tentés pendant longtemps pour déchiffrer les hiéroglyphes. Les érudits des trois derniers siècles crurent tous que l’écriture hiéroglyphique ne se composait que de caractères idéographiques. Cette manière de voir paraissait d’autant plus certaine, que la signification de plusieurs hiéroglyphes symboliques avait été indiquée par Diodore, Horus Apollo, Plutarque, Clément d’Alexandrie et Eusèbe. On suppléa par des conjectures à l’insuffisance des données fournies par les anciens. Personne ne doutait que les plus profonds mystères des arts et de la nature ne fussent cachés dans ces inscriptions monumentales, et les plus simples caractères passaient pour des types d’idées inaccessibles à des intelligences vulgaires. De cette façon, l’imagination se substitua au raisonnement, et l’on suppléa aux faits par des hypothèses, témoin les six volumes in-fol. du P. Kircher. Ce laborieux savant croyait être parvenu à déchiffrer toutes les inscriptions égyptiennes, et, suivant lui, toutes celles qui existaient sur les obélisques, les momies, les amulettes, contenaient l’exposition d’une science cabalistique très-raffinée. Ainsi, dans le médaillon elliptique, ou cartouche de l’obélisque pamphilien, qui contient seulement le mot empereur, écrit en caractères phonétiques, Kircher lit la phrase suivante : « L’auteur de la fécondité et de toute végétation est Osiris.