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tième au dixième mois. Le germe de chaque dent, contenu dans un alvéole, s’allonge et perce la gencive au prix d’un effort dont les les effets peuvent être funestes. Les incisives, qui n’apparaissent qu’après l’allaitement, rencontrent moins d’obstacles. Plus tard, c’est-à-dire vers la septième ou la huitième année, toutes ces dents tombent et sont remplacées par des dents analogues, plus larges et mieux enracinées. Les dernières dents, surnommées dents de sagesse, suivent ordinairement l’époque de la puberté.

Du dixième au quinzième mois, l’enfant commence à bégayer, en prononçant d’abord les voyelles et les consonnes labiales qui exigent le moins d’efforts. Ici se présente l’exercice des premières facultés de l’homme, qu’on pourrait nommer les facultés imitatives ; on sait que l’enfant élevé par un sourd-muet n’émettrait que des sons inarticulés. Mais ce n’est que vers l’âge de trois ans que l’enfant commence à prononcer distinctement des mots, des phrases entières, et à y attacher un sens déterminé. Une autre faculté s’est éveillée en lui, faculté dangereuse, si elle n’est pas dirigée par la raison. Nous voulons parler de la volonté. Nous reviendrons tout à l’heure sur ce précieux attribut, qui, exercé de bonne heure et sagement dirigé en vue de la destinée de l’homme, peut acquérir une énergie extraordinaire. Pour le moment, bornons-nous à signaler l’erreur des théoriciens de la nature, qui, s’autorisant des sophismes de J.-J. Rousseau, prétendent que l’enfant en bas âge doit être laissé à ses premières inspirations et à la pente de ses premiers désirs, sous le prétexte spécieux que les instincts naturels sont le meilleur guide qu’on puisse lui donner. Tout est faux dans ce système. Les goûts de l’enfant sont généralement dépravés. Il mordillera le fruit âpre et nuisible à sa santé de préférence au fruit doux, qui serait pour lui une alimentation plus saine ; et la sollicitude de dame Nature ne va pas jusqu’à l’avertir du poison perfidement caché sous les apparences les plus séduisantes, car elle n’en avertit pas l’homme lui-même. En second lieu, l’enfant est naturellement et parfaitement égoïste. Il rapporte tout à lui, et, dans son entourage, il ne voit que des serviteurs trop heureux de se dévouer à ses caprices. Écartons résolument les sensibleries de l’école sentimentale. Dès que l’enfant commence à manifester les premiers signes de sa volonté, l’éducation doit s’en emparer pour lui indiquer sa voie. Ce n’est nullement s’écarter de la nature, dont les lois sont multiples et ne se révèlent pas toutes en même temps.

Pendant toute la période qui suit le premier âge jusqu’à l’adolescence et même au delà, l’enfant ne travaille que pour lui-même. Il s’assimile par l’alimentation, physique et morale, tous les éléments qu’il trouve à sa portée. Sa part de vitalité, prise sur le grand dépôt de la vitalité générale, s’accroît de jour en jour. C’est en quelque sorte un petit monde indépendant qui s’introduit de force à travers les autres, aux dépens de tout ce qui l’entoure. Qu’on ne lui reproche pas cet égoïsme. Au-dessus de ses devoirs envers ses parents, ses maîtres et ses camarades, il existe pour lui un devoir capital, c’est de se développer et d’augmenter en lui le précieux dépôt de vie dont il devra faire un jour un usage utile. La nourriture et les leçons qu’il reçoit sont autant d’obligations qu’il contracte à longue échéance. Pour le moment, il a droit à tout et il ne doit rien. Tout au contraire, c’est à la société, et à la famille plus particulièrement, qu’incombe le devoir d’amender et de perfectionner cet être chétif, destiné à devenir à son tour un instrument du progrès social.

L’époque de la puberté est pour l’être humain une phase très-importante. C’est pour ainsi dire une seconde naissance, tant la transformation est complète. Cette époque est variable. Des climats septentrionaux aux régions tropicales, il y a une différence de sept à huit ans. Les variations dépendent, en outre, de la complexion des races, du tempérament des individus, du genre de nourriture, des excitations morales et de l’éducation. Dans nos pays tempérés, la puberté normale se manifeste ordinairement vers l’âge de seize ans pour les garçons et de quatorze ans pour les filles. Dans la nécessité d’embrasser jusqu’aux cas exceptionnels, la législation suppose la puberté un peu plus précoce ; mais elle admet uniformément pour les garçons un retard de deux années. Pour une force vitale plus énergique, la nature semble exiger une plus longue phase de développement.

Nous n’avons pas a décrire ici les effets qui accompagnent, chez l’adolescent, cette rapide transition. De la veille au lendemain, on ne le reconnaît plus, et il ne se reconnaît plus lui-même. Au physique comme au moral, c’est un être nouveau. Souvent l’adolescent grandit tout à coup de plusieurs décimètres. Les muscles s’accusent, la poitrine s’élargit, la respiration devient plus profonde et la circulation du sang plus rapide, les bras et les jambes s’allongent, les organes spéciaux se développent, la voix passe au grave et descend d'une octave ; tous les sens, enfin, acquièrent subitement un surcroît d’activité et d’impressionnabilité qui semble métamorphoser les objets extérieurs et doubler la puissance vitale. En même temps, les facultés intellectuelles, jusqu’alors engourdies, s’éveillent comme d’un long sommeil. Des perceptions plus nettes impriment au cerveau une secousse plus forte, y gravent des images plus vives, suggèrent des idées plus nombreuses. Tel adolescent, qui, hier encore, ne s’adonnait qu’avec nonchalance à des études élémentaires, saisit aujourd’hui, comme par une illumination subite, les rapports les plus compliqués : d’où l’on conclut avec raison qu’il ne faut jamais juger de la portée d’une intelligence avant l’époque de la puberté. Tout ce travail intérieur et extérieur ne s’accomplit pas au physique sans réagir sur le moral et le bouleverser complètement. L’adolescent éprouve une agitation inconnue mêlée d’une sorte d’effroi et d’anxiété. Il délaisse ses jeux ordinaires, devient plus retenu, plus réservé, rêveur, presque sombre, et, n’osant interroger autrui sur les causes de cet état nouveau, il recherche la solitude comme pour s’interroger lui-même. Mais bientôt il apprend à se connaître, et il est tout fier de sentir enfin qu’il n’est plus un enfant, qu’il est devenu un homme.

Dans nos climats tempérés, la taille de l’homme fait varie depuis 16 décimètres jusqu’à 2 mètres. Au-dessus comme au-dessous de cette mesure, on ne trouve que de rares exceptions. Quelques races chétives dans les régions septentrionales, le Groenlandais, le Lapon, l’Esquimau et certaines tribus errantes de la Russie orientale, sont d’une taille notablement inférieure, tandis qu’au contraire on rencontre vers le cap Horn des populations clair-semées qui dépassent la moyenne ordinaire. Toutefois, on peut aujourd’hui traiter de fables les relations des anciens voyageurs qui nous parlent d’hommes de 2m,50.

Si maintenant l’on recherche quelles sont dans les diverses parties du corps de l’homme les dimensions propres à constituer l’idéal de la beauté, voici, sauf quelques détails, les règles admises par la plupart des artistes. La taille entière étant divisée en trente parties égales, on en compte une depuis le sommet de la tête jusqu’à la naissance des cheveux, une seconde du sommet du front à la racine du nez. Le nez, à lui seul, compte pour une troisième partie, et la quatrième, qui complète la face, descend jusqu’au-dessous du menton, de telle sorte que la tête entière représente quatre parties, soit quatre trentièmes de la hauteur totale. Du menton aux fossettes de la clavicule, on compte deux trentièmes, puis de là jusqu’à la bifurcation du tronc, neuf parties également partagées de trois en trois entre les mamelles, la partie du ventre supérieure au nombril et le bas-ventre. À la bifurcation finit la première moitié de la structure humaine. De la seconde moitié, les cuisses prennent les deux cinquièmes, soit six parties sur trente, et les neuf autres parties, enfin, se mesurent depuis le dessus du genou jusqu’à la plante des pieds.

De tous les organes que possède l’homme, il n’en est pas un seul qui ne lui soit commun avec d’autres animaux. Les différences, néanmoins, sont assez caractérisées pour que toute confusion soit impossible. La supériorité de l’homme éclate surtout dans la capacité crânienne et dans le volume du cerveau. Le crâne humain le plus volumineux, mesuré par Morton, contenait 114 pouces cubes (1,867 centimètres cubes), et l’on n’a pas trouvé de crâne d’adulte qui mesurât moins de 62 pouces cubes (1,015 centimètres cubes), tandis que le plus vaste crâne de gorille qui ait été mesuré n’avait pas plus de 32 pouces et demi, bien que le poids de l’animal entier fût presque le double de celui d’un Boschiman ou d’une femme ordinaire. Quant au cerveau, on n’en a pas trouvé qui pesât moins de 960 à 990 grammes (31 ou 32 onces), tandis que le cerveau du gorille le plus lourd ne dépasse pas 620 grammes. C’est cette supériorité de dimensions et de poids dans l’organe de la pensée qui, sans parler de la structure et des circonvolutions, fait en grande partie la supériorité de l’homme sur les animaux. Nous verrons tout à l’heure que la contexture des membres y est aussi pour quelque chose ; mais ce qui frappe le plus dans l’homme, c’est cette face auguste, cette physionomie si expressive, où se peignent tous les mouvements de l’âme avec autant de précision que de force et de vivacité. Les deux sexes se sont pour ainsi dire partagé la prééminence des qualités de l’espèce. À l’un la force et la majesté du commandement, à l’autre la souplesse et la grâce, les traits délicats, les membres sveltes, les formes arrondies, les courbes harmonieuses, la beauté enfin, qui est aussi une royauté, et d’un empire d’autant plus sûr qu’on s’y soumet volontairement.

Et cependant, considérés isolément, les organes de l’homme sont moins parfaits que ceux d’un grand nombre d’animaux : l’homme n’a ni l’œil de l’aigle, ni le flair du chien, ni l’ouïe d’un grand nombre d’animaux sauvages ; mais de combien l’ensemble n’est-il pas supérieur ! Nous en ferons ressortir quelques traits dans cette courte description.

Si l’œil n’est pas en lui-même l’organe de l’intelligence, il en est tout au moins l’agent le plus actif. Pour caractériser l’homme éminent, on lui attribue le coup d’œil du génie. Les yeux de l’homme ne sont pas placés de chaque côté de la tête, comme ceux d’un grand nombre de quadrupèdes. Ils ne sont pas retenus par le muscle qui, chez ceux-ci, les force à s’incliner vers la terre. Leur projection se dirige en avant, et leur mobilité leur permet d’embrasser à la fois un espace immense. La vue de l’homme, aidée de ce double appareil, dont une partie semble faite pour contrôler l’autre, est claire, nette, sans trouble, et lui donne une perception vraie des objets extérieurs. À un autre point de vue, l’œil de l’homme n’est pas moins admirable ; il traduit sa pensée et lui donne le mouvement et la vie ; il exprime les passions les plus vives comme les émotions les plus douces. C’est dans les yeux qu’il faut interroger l’homme. Les plus exercés ne se prêtent pas facilement à confirmer les témoignages du mensonge. Qui ne sait enfin combien de fois le regard calme et ferme de la victime innocente a déconcerté les juges et les bourreaux !

Les couleurs de l’œil sont l’orangé, le jaune, le vert, le bleu et le gris. Les yeux que l’on appelle noirs ne sont qu’un mélange d orangé et de brun bien fondus. S’ils paraissent noirs, c’est uniquement par contraste avec le blanc de la cornée. Ce sont les plus expressifs ; mais il y a dans cette expression même un peu de dureté. Moins éclatant, l’œil bleu est doué d’une sensibilité exquise. Les Grecs, qui se connaissaient en beauté, donnaient la préférence à la couleur qui semble empruntée à l’azur des cieux. Vénus avait les yeux bleus. Après l’œil, la bouche. Le sourire est frère du regard. Les poëtes seuls peuvent réussir à peindre le charme répandu sur une bouche vermeille, qui ne s’entr’ouvre que pour laisser éclater la blancheur de l’émail des dents. De là s’échappent, avec les intonations les plus variées, les commandements impérieux, les doux épanchements et les communications à nuances infinies qui relient entre eux les hommes. Que le langage articulé soit ou ne soit pas le propre de l’homme, Cuvier avait raison d’y voir sa grande caractéristique.

La structure de la main humaine n’est pas moins remarquable ; elle est constituée par un poignet solide suivi d’une large paume, composée de tendons, de chairs et de peau qui relient quatre os, lesquels se divisent en quatre extrémités articulées par phalanges longues et flexibles, les doigts ; chaque doigt porte sur la face dorsale de la dernière subdivision un ongle large et aplati. Le plus long écartement entre deux doigts quelconques est un peu moindre que la moitié de la longueur de la main ; du côté externe de la base de la paume se détache, plus volumineux, mais plus court que les autres, un cinquième doigt qui ne s’étend guère au delà du milieu de la première articulation du doigt voisin ; de plus, il se distingue par sa grande mobilité, qui lui permet un écartement considérable presque à angle droit avec la masse des autres. Ce précieux instrument que l’homme possède seul, privilège inappréciable, c’est le pouce (pollex). En conséquence de ses proportions et de sa mobilité, il est ce qu’on appelle opposable ; en d’autres termes, son extrémité peut, avec la plus grande facilité, être mise en contact avec les extrémités de tous les doigts, propriété qui nous permet de saisir, de retenir les objets, de manier des instruments et de réaliser toutes nos conceptions. De l’homme retranchez le pouce, vous aurez enlevé une moitié de sa force et rendu l’autre inutile.

Les bras de l’homme, attachés à de larges omoplates et maintenus par de fortes clavicules, sont de puissants leviers du second ordre, qui lui permettent de soulever des fardeaux et de remplir mille autres fonctions dont aucun animal ne pourrait s’acquitter. Dans un autre ordre d’idées, ils servent à la mimique et expriment aussi les sensations de l’âme. Le geste fait partie intégrante de l’art oratoire et de la déclamation. Il exprime le commandement, la supplication, la crainte et le désespoir. Il embrasse les objets désirés et repousse avec horreur les objets répulsifs. l’homme enfin ne sait pas encore tout l’usage qu’il peut faire 6e ses bras. Que disons-nous ! Le plus souvent, il agit comme s’il n’en avait qu’un seul, par suite d’une mauvaise habitude trop générale, qui fait que de deux bras on n’en exerce qu’un. Aussi dit-on, au figuré, d’un puissant auxiliaire : c’est mon bras droit. Tel est, au physique, l’être chétif en apparence, mais puissant en réalité, qui, de par son propre droit et sa propre force, s’est établi le roi de la nature, après l’avoir domptée et subjuguée. Ce qui le distingue le mieux peut-être de tous les autres animaux, c’est, outre qu’il peut les dompter tous par des armes que seul il sait fabriquer, qu’il est éminemment et indéfiniment perfectible. Que sera l’homme dans cinquante ou soixante siècles ? C’est le secret du temps. Les évolutions de la nature sont lentes. Les transformations que

l’homme opère sur lui-même par son action

propre ne le sont pas moins. Nous ne le connaissons que d’hier, pour ainsi dire. Que sont cinq ou six mille ans, auprès des millions de siècles qui ont dû assister au travail d’élaboration de notre planète ? Or, à juger de l’avenir par les progrès accomplis dans une si courte période, qui donc serait assez audacieux pour dire à l’homme : Tu n’iras pas plus loin ?

— Mécan. Le travail journalier d’un homme varie suivant la manière dont on l’emploie ; il dépend de l’effort qu’il développe, de la vitesse des mouvements qu’il exécute et de la durée de sa tâche. Nommons v la vitesse que l’homme peut prendre quand il n’exerce aucun effort, V la vitesse avec laquelle il travaille, p l’effort qu’il peut exercer quand il ne prend aucune vitesse, P l’effort qu’il exerce en travaillant ; on suppose qu’on a toujours la relation

P = P (1 - V/v)2, d’où PV = p (1 - V/v)2)V.

La valeur maximum de PV répondrait alors aux valeurs

V = 1/3v, P=4/9p, et serait égale à 4/27pv.

De tous les agents mécaniques que nous pouvons employer pour produire un travail continu, l’homme est celui qui, à poids égal, donne jusqu'ici le plus grand effet. Ce travail augmente considérablement avec la quantité et la qualité des aliments solides et liquides dont l’homme moteur se nourrit ; il diminue, au contraire, en même temps que la température du milieu augmente.

Sous une charge de 150 à 200 kilogr., un homme ordinaire pourrait à peine se mouvoir ; à la plus grande vitesse qu’il puisse prendre, 7m,70, d’après M. Bouvard, il ne peut exercer aucun effort. Coulomb estime qu’un homme éprouve la même fatigue à s’élever sans charge à 0m,135 qu’à parcourir, sans charge et horizontalement, une distance seize à dix-sept fois aussi grande, soit 2m,275. Il résulte d’autres observations que l’homme, dont le poids moyen, en France, est de 65 kilogr., peut s’élever, dans une journée de marche, à 4,320 mètres de hauteur ou parcourir horizontalement 54,000 mètres.

La vitesse d’un homme qui se promène en plaine, sans charge, est de 1m,30 à 1m,60. Le soldat de l’Empire portait habituellement : son habillement, y compris la capote, 7k,13 ; le fusil, la baïonnette et les bretelles, 4k,814 ; plus, la giberne garnie, 1k,233 ; plus, le sac garni, 5k,503 ; total, 18k,680 ; souvent, en outre, deux paquets de cartouches dans le sac, 1k,323 ; plus, du pain pour quatre jours et de la viande pour deux jours, 4k,169. La giberne garnie pèse quelquefois 2k,556, et le grenadier portait, en outre, deux épaulettes, un sabre, un baudrier, pesant ensemble 1k,706. En troupe, il parcourait :

Au pas ordinaire, 50 mètres par minute, soit 0m,8 de vitesse ;

Au pas accéléré, 66 mètres par minute, soit 1m,10 de vitesse ;

Au pas de course, 130 mètres par minute, soit 2m,lO de vitesse.

La longueur du pas ordinaire et du pas accéléré est sensiblement la même et égale à 0m,66.

Sur un sol assez inégal et argileux, un homme peut, à l’aide d’un traîneau chargé de 90 kilogr., transporter vingt-quatre fois ce poids, dans sa journée, à 290 mètres, et ramener le traîneau vide, ce qui donne, pour l’effet utile journalier de ce mode de transport, 626,400 kilogrammètres.

Avec des chariots bien construits et roulant sur des plateaux de bois dont la pente est de 0m,03 à 0m,04, un homme peut pousser, en descendant, 400 à 500 kilogr. de minerai et remonter le chariot vide. On peut admettre que, sur une voie de fer, formée simplement de bandes clouées sur deux lignes de solives en chêne reposant sur des traverses, on obtient d’un rouleur un effet utile journalier de 5,705,700 kilogrammètres.

L’effort exercé par un homme sur la barre d’un cabestan est moyennement de 12 kilogr. et peut être porté à 20 kilogr. pendant un temps assez long ; la vitesse qu’il prend, si le rayon n’a pas moins de 2m,25 à 2m,50, est d’environ 0m,90.

Suivant Perronet, un seul homme tire à la bricole, sur un canal, un bateau chargé de 50,000 kilogr. et lui fait parcourir, en dix jours, 110,000 mètres. L’effet utile journalier serait ainsi de 550,000,000 kilogrammètres.

D’après M. Gosselin, le poids moyen d’un fléau est de 1 kilogr. ; le batteur élève le fléau, à chaque coup, à 2m,50 environ, et il lui imprime, en outre, de haut en bas, une vitesse qui peut être regardée comme due à la même hauteur, en sorte que le travail, par coup, est égal à 5 kilogrammètres. le nombre de coups est de 40 par minute, la durée du travail est de 10 heures, y compris le temps consacré à étendre les gerbes et à les retenir. Les cultivateurs admettent qu’un batteur, dont le fléau marche à 40 coups par minute, bat 33 gerbes dans sa journée de 10 heures.

D’après Coulomb, un travailleur à la bêche fait, pour l’enfoncer de 0m,25, un effort moyen de 15 kilogr., et répète le même travail 14,316 fois par journée ; en outre, il élève autant de fois 6 kilogr. de terre, plus 1k,7, poids de la bêche, à 0m,40, d’où l’on a :

Travail dépensé pour enfoncer la bêche.. 53,600
Travail pour retourner la terre . . . . 43,000
     Travail total . . . . . 96,600 kilogrammètres.

D’après Daniel Bernouilli, un homme qui rame développe en 8 heures un travail de 275,000 kilogrammètres.

— Jeux. L’homme d’Auvergne. Les joueurs peuvent être de deux à six. On emploie un jeu de piquet, en conservant aux cartes leur valeur habituelle ; mais si les joueurs ne sont