Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 3, J-K.djvu/207

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rait servir de lien. Certains étymologistes dérivent joyau de gaudium ; or, joyau n’est pas très-éloigné de jovial. Sa ressemblance avec joyeux, dérivé de joie, est frappante). Gai, joyeux, porté à rire et a plaisanter ; Un vieillard jovial. Les goujats sont jovials et folâtres dans leurs tavernes. (Fourier.) Il Inspiré par la gaieté ; qui exprime la gaieté : Propos jovial. Figure joviale.

— Rem. L’Académie prétend que le masculin de ce mot n’a pas de pluriel. Pourquoi ? Nous croyons que tout adjectif qui peut avoir à qualifier un nom pluriel doit avoir un pluriel ; or, il est évident que si deux femmes peuvent être joviales, leurs maris peuvent être jovials ou joviaux. Si l’Académie a voulu dire que la forme du pluriel n’a pas été déterminée par des exemples, c’est bien différent ; on reste libre alors de choisir la forme qu’on voudra, jusqu’à ce que l’usage ait imposé l’une des deux.

— Syn. Jovial, enjoué, (ai. Y. ENJOUÉ, JOVIALE s. f. Co-vi-a-le — du lat. Jovis

dies, jour de Jupiter ou jeudi). Assemblée qui se tient tous les jeudis.

— Hist. littér. Académie fondée par Christine de Suède, et qui s’assemblait le jeudi : Ma jovule est très-humble servante de votre mercuriale. (Christine de Suède.)

JOVIALEMENT adv. Co-vi-a-le-manrad. jovial). D’une façon joviale : Plaisanter jovialement. J’ai mangé par méprise et trouvé excellent un bifteck de loup que je destinais jovialkment o fin camarade de chasse. (A. d’Houdetot.)

JOVIALIES s. f. pi. Co-vi-a-lt — lat. jovialia ; de Jovis, Jupiter). Antiq. rom. Fêtes en l’honneur de Jupiter.

JOVIALITÉ s. f. Co-vi-a-H-té — rad. jovial). Caractère jovial, disposition à rire et à plaisanter : On connaît la pétulance des Provençaux, leur brutale jovialité. (Michelet.)

JOVICENTRIQUE adj. Co-vi- san-tri-ke — du lat. Jovis, Jupiter, et décentre). Astron. Qui a rapport au centre de la planète Jupiter : Le mouvement jovicentrique des satellites de Jupiter.

JOVIEN, IENNE adj. Co-viain, iè-ne —du lat. Jouis, Jupiter). GéoT. Qui est antérieure aux temps historiques : Phénomènes joviens.

— s. m. Hist. Nom donné par Dioctétien aux soldats de l’une des deux légions qu’il substitua aux cohortes urbaines et prétoriennes : Les joviens et les hercutiens.

JOVIEN (Flavius-Claudius-Jovianus), empereur romain, né en Pannonie vers 331, mort en 364. Il était primicier des gardes dans l’armée de Julien lors de la campagne contre les Perses, et fut acclamé par les légions après la mort de l’empereur (363). Il était chrétien et son avènement suspendit la réaction païenne commencée sous son prédécesseur. Il rendit la paix à l’Église, fit fermer les temples et rappela saint Athanase ainsi que les autres évêques exilés. Mais il conclut avec Sapor un traité honteux et céda aux Perses les cinq provinces au delà du Tigre. Il se rendait à Constantinople, lorsque, arrivé à Dadastana en Galatie, il se retira, à la suite d’un dîner copieux, dans une chambre récemment blanchie à la chaux et où l’on avait allumé un réchaud. On l’y.trouva asphyxié sur son lit le lendemain matin. Cet empereur, dont le règne ne fut que de huit mois, était, au rapport d’Ammien Marcellin, inhabile et mou, grand mangeur, adonné aux femmes et au vin, et si haut de taille qu’on eut de la peine à trouver des ornements impériaux qui lui convinssent. Il était, du reste, affable, généreux et ami des lettres.

JOVILABE s. m. Covi-la-be — du lat. Jovis, Jupiter, et du gr. lambanô, je prends). Astron. Instrument qui donne les situations respectives apparentes des satellites de Jupiter.

JOVIN, général romain, Gaulois d’origine, mort en 370 de notre ère. Il combattit en Gaule sous les ordres de Julien, qui, après son élévation à l’empire, le nomma maître de la cavalerie dans cette province. Après la mort de Julien, Jovin refusa l’empire que lui offraient les soldats, repoussa de la Gaule trois invasions de Germains et fut nommé consul en 367. Jovin fit construire plusieurs édifices à Reims, qu’il habitait, et fonda, dit-on, des châteaux forts à Joigny et à Joinville.

JOVIN, usurpateur gaulois, petit-fils du précédent, au dire de certains historiens, mori en 412. Il prit la pourpre impériale à Mayence en 411, étendit son autorité du Rhin jusqu’à la Méditerranée, mais fut bientôt après attaqué par les Francs, puis par Ataulfe, roi des Wisigoths, que l’empereur Honorius avait attiré dans son parti en lui cédant une partie de la Gaule. Assiégé dans Valence par ce dernier, Jovin fut contraint de se rendre et fut livré au préfet romain Dardanusqui le mita mort. JOV1NIACUM, nom latin de Joigny. JOVIN1ANISTE s. m. Co-vi-ni-a-ni-ste). Hist. relig. Membre d’une secte fondée par Jovinien, moine du iva siècle. Il On dit aussi

JOVINIEN.

— Encycl. Les progrès continuels que faisait la superstition poussèrent certains hommes hardis, honnêtes et convaincus à employer leurs efforts et leur zèle pour remet JOYA

tre l’Église sur la bonne voie. Leurs travaux ne servirent qu’à les exposer au blâme et à l’infamie ; ils furent partout dénoncés et honnis comme hérétiques. Groupés autour de l’austère et savant Jovinien, ils enseignèrent à Rome, à Milan, enfin dans toute l’Italie, que tous ceux qui observaient les vœux de leur baptême et qui vivaient conformément aux règles de la vertu et de la piété prescrites par l’Évangile étaient assurés de leur salut ; et qu’en conséquence ceux qui passaient leur vie dans le célibat, dans les mortifications et les jeûnes, n’étaient pas plus agréables à Dieu que ceux qui vivaient honnêtement dans les liens du mariage, et qui se nourrissaient d’une manière sobre et modérée.

Les jovinianistes, partant de cette idée que le mariage est aussi saint que le célibat, ne croyaient pas à la virginité de la mère de Jésus-Christ ; sans quoi, il faudrait admettre • comme les manichéens, disaient-ils, que Jésus-Christ n’a pas eu un vrai corps humain, mais une chair fantastique. Ils pensaient que la grâce donnée par le baptême est égale dans tous les hommes, et le principe de tous leurs mérites ; que tous ceux qui la conserveront jouiront dans le ciel d’une récompense égale. Ils soutenaient encore, comme les stoïciens, que tous les péchés sont égaux.. Plusieurs de ces dogmes sont devenus, au ’ xvie siècle, ceux des apôtres de la Réforme. Us eurent beaucoup de succès dans les Eglises italiennes, et le nombre des jovinianistes croissait de jour en jour, lorsque l’Église de Rome crut devoir aviser. L’évêque de Rome, Sirice, condamna solennellement ces erreurs, et, en 390, un concile tenu à Milan, sous la présidence de saint Ambroise, les anathématisa.

L’empereur Honorius employa le bras séculier pour seconder l’autorité des évêques, et n’opposa aux raisons des jovinianistes que la terreur des lois pénales. Leur chef Jovinien fut banni dans l’Ile de Boa. Il consigna ses opinions dans un livre qui, soigneusement détruit par l’orthodoxie, n’est pas venu jusqu’à nous. Nous ne le connaissons que par un écrit plein de fiel que saint Jérôme composa pour le réfuter. Saint Augustin a attaqué l’hérésie des jovinianistes dans son grand ouvrage. Sur les hérésies ; saint Ambroise, dans ses E’pîtres, etc.

JOVINIEN, hérésiarque romain du ive siècle. Il était moine à Milan, lorsqu’il quitta le cloître et prêcha la doctrine à laquelle il a laissé son nom et dont nous venons de parler. Jovinien mourut en exil, vers 412.

JOV1CM, nom latin de Joux.

JOXYLON s. m. Co-kai-lon, et mieux ioksi-lon — du gr. ios, flèche ; xulon, bois). Bot. Syn. de maclure, genre d’arbres.

JOY, JOYE ou GEE (Jean), théologien anglais, né dans le comté de Bedford en 1492, mort en 1553. L’ardeur avec laquelle il embrassa les idées de la Réforme le fit accuser d’hérésie et destituer de ses fonctions de professeur à Cambridge (1527). Pour échapper à la persécution, il se rendit en Allemagne, surveilla à Anvers l’impression de la Bible de Tindate, puis revint en Angleterre. Ses principaux ouvrages sont : On the unity and schiven of the ancient Chureh (Wesel, 1534) ; The subversion of Morés false foundation (Embden, 1534) ; A présent consolation for the sufferartee of persécution (1544).

JOYANT (Jules-Romain), peintre paysagiste, Surnommé le Canuleito fronçai», né à

Paris en 1803, mort en 1854. Il fut relève des peintres Bidauld et Lethierre, de l’architecte Huyot, sous lesquels il fit des progrès rapides, s’adonna au genre du paysage architectural, visita l’Italie d’après le conseil de Bonnington et y connut Léopold Robert dont il devint l’intime ami. Joyant a exécuté des tableaux également remarquables par l’originalité de la composition, par la correction du dessin, par l’élégance de la touche et par le coloris chaud et gras. Parmi ceux qui ont été exposés à nos Salons de peinture de 1835 à 1845, nous citerons comme des chefs-d’œuvre : la Place du palais des doges, la Vue de Santa-Maria-deîla-Salute, la Place Saint-Marc à Venise. On estime aussi beaucoup ses dessins à l’encre, qui sont fort recherchés des amateurs et qui peuvent passer pour de petits chefs-d’œuvre comme science des lignes et comme vigueur des tons.

JOYAU s. m. Coi-iô — lat. jocalia, même sens, ou, selon d’autres, de gaudium, joie). Objet en matière précieuse, qui sert à la parure : Un joyau d or, d’argent, de perles, de diamants. Des bracelets, des colliers, des pendants d’oreilles et autres joyaux.

— Par ext. Objet auquel on attache un très-grand prix : La mère des Gracques disait que ses enfants étaient ses uniques joyaux. La création est un vaste écrin dont chaque joyau a sa valeur sans rivale. (G. Sand.)

La France a des palais, des tombeaux, des portiques, De vieux châteaux tout pleins de bannières antiques, Héroïques joyaux conquis dans les dangers.

V. Hoao.

Joyaux de la couronne, Joyaux qui appartenaient à la couronne de France, et qui étaient à l’usage exclusif des souverains.

— Jurispr. Bagues et joyaux, Pierreries et autres objets de parure dont la propriété est

JOYE

reconnue à une femme par son contrat do mariage, et qu’elle peut reprendre à la mort de son mari : Cette femme, outre sa dot, a 50,000 francs de bagues et joyaux.

— Syn. Joyau, bijou. V. BIJOU.

— Encycl. Joyaux de la couronne. V. diamant.

JOYAUT (Aimé-Augustin-Alexis), chef de chouans, l’un des principaux fauteurs du complot de la machine infernale, né àLénac (Bretagne) en 1778, décapité le 24 juin 1804. Il se fit connaître, sous le nom de d’A»»o», dans les troubles de l’Ouest, subit une courte détention au Temple en 1798, devint aide de camp de Georges Cadoudal en 1799, conduisit la machine infernale déguisé en charretier, parvint à se soustraire aux recherches de la police en passant en Angleterre ; mais, revenu avec Georges, et impliqué dans son affaire, il fut condamné à mort.


JOYCE (Jérémiah), littérateur et érudit anglais, né en 1764, mort en 1816. Il s’adonna avec succès à l’enseignement privé, puis devint ministre de la secte des unitaires et s’établit à Londres. Après avoir pris part à la Cyclopsdia du docteur George Grégory, il publia : Éducation systématique on Instruction élémentaire (Londres, 1815, 2 vol. in-8°) ; Dialogues sur la chimie et sur le microscope, trad. en français par Coulier (Paris. 1825), et Dialogues scientifiques, trad. en français par E. Niogret (Paris, 1827, 6 vol. in-18).


JOYENVAL ou JOYE-EN-VAL, autrefois JOIENVAL (Gaudium Vallis), ancienne abbaye de l’ordre des prémontrés, fondée en 1221, située à Chambourci, canton de Saint-Germain-en-Laye : (ouest), et dépendant de l’évêché de Chartres. Ses anciens titres sont aujourd’hui déposés aux archives de Seineet-Oise, à la préfecture de Versailles.


JOYEUSE, ancien pays de France, dans le Velay, compris actuellement dans le département de la Haute-Loire


JOYEUSE, en latin Gaudiosa, ville de France (Ardèche), ch.-l. de cant., arrond. et à 13 kilom. S.-O. de Largentière, sur le penchant d’une colline baignée par la Baume. Pop. aggl., 1,932 hab.— Pop. tot., 2,576 hab. Nombreux moulins à soie, tanneries, brasserie. Commerce de vins, céréales, soies. Cette petite ville fut fondée, dit-on, autour d’un château fort construit par Charlemagne. Au XIIIe siècle, la seigneurie de Joyeuse appartenait à la famille de Châteauneuf-Randon, tige des seigneurs de Joyeuse. Érigée en baronnie, puis en duché-pairie, elle passa plus tard à la maison de Lorraine, qui la posséda jusqu’en 1787. La ville a conservé une partie de ses remparts flanqués de tours. L’ancien château sert aujourd’hui d’hôtel de ville. L’église actuelle a remplacé un édifice très-ancien, dont il ne reste que la chapelle des sires de Joyeuse. La chapelle de la Vierge est ornée d’un bon tableau représentant l’Annonciation. Les rives de la Baume offrent, aux environs de la ville, des paysages charmants. La vigne, l’olivier et le mûrier couvrent les campagnes voisines.

La seigneurie de Joyeuse appartenait primitivement à la maison du Luc. Vierne du Luc la porta, au XIIe siècle, à son mari, Bernard d’Anduze. Celui-ci fut père d’un autre Bernard, mort sans enfants, et de Vierne d’Anduze, qui épousa, vers 1230, Randon de Châteauneuf, souche des ducs de Joyeuse. Bernard, petit-fils de Randon, quitta le nom de Châteauneuf, pour ne plus porter, lui et ses descendants, que le nom de Joyeuse. Louis, baron de Joyeuse, petit-fils de Bernard, mourut en 1391, laissant un fils, Randon II, baron de Joyeuse, qui fut conseiller du Dauphin, depuis Charles VII, puis gouverneur du Dauphiné. Louis II, fils de Randon II, servit également le roi Charles VII, qui érigea en sa faveur la baronnie de Joyeuse en vicomté (1432). Il fut père de Tannegui, vicomte de Joyeuse, bailli de Macon, sénéchal, bailli et capitaine de Lyon, marié à Blanche de Tournon. De ce mariage naquirent, entre autres enfants : Charles de Joyeuse, évêque de Saint-Flour ; Louis de Joyeuse, marié en premières noces à Jeanne de Bourbon, fille de Jean de Bourbon, comte de Vendôme, en secondes noces à Isabeau de Halluin, et auteur de la branche des comtes de Grandpré, éteinte dans la première moitié du xviie siècle, après avoir fourni le rameau des seigneurs de Saint-Lambert, d’où sont sortis plusieurs rameaux latéraux éteints après un petit nombre de générations ; enfin Guillaume, vicomte de Joyeuse, qui a continué la filiation directe. Celui-ci, conseiller et chambellan du duc de Bourbon, fut père de Louis de Joyeuse, évêque de Saint-Flour ; de Guillaume de Joyeuse, évêque d’Alet, de Charles, vicomte de Joyeuse, enfant d’honneur du roi Charles VIII, dont la postérité finit en la personne de ses fils ; et de Jean, vicomte de Joyeuse, qui a continué la ligne après la mort de ses neveux. Ce Jean, lieutenant général pour le roi en Languedoc, mort en 1555, eut pour successeur Guillaume II, vicomte de Joyeuse, maréchal de France, marié à Marie de Batarnay. De cette union sont issus : 1° Anne de Joyeuse, amiral, favori du roi Henri III, qui, en 1581, érigea en sa faveur, en duché-pairie, la vicomté de Joyeuse ; 2° François de Joyeuse, archevêque de Rouen et cardinal, mort en 1615 : 3° Antoine-Scipion de Joyeuse, chevalier de Malte, grand prieur de Toulouse, noyé dans le Tarn en 1592 ; 4° Henri de Joyeuse, comte du Bouchage, duc et pair après son frère aîné, et mort capucin, laissant, de Catherine de Nogaret de La Valette, Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse, comtesse du Bouchage, qui épousa en premières noces Henri de Bourbon, duc de Montpensier, et en secondes noces Charles de Lorraine, duc de Guise, à qui elle porta le duché de Joyeuse. Ce duché resta dans !a maison de Guise jusqu’à son extinction, en 1675, et la pairie, se trouvant éteinte, fut reconstituée, en 1714, en faveur de Louis de Melun, deuxième du nom, prince d’Épinay, comte de Saint-Pol, vicomte de Gand, connétable héréditaire de Flandre, sénéchal de Hainaut, fils de Louis de Melun, prince d’Épinay, et d’Élisabeth de Lorraine-Lillebonne, de la branche d’Elbeuf. Ce nouveau duc de Joyeuse, qui avait épousé Armande de La Tour, fille du duc de Bouillon, fut tué à la chasse, en 1724, sans laisser de postérité, et le duché-pairie de Joyeuse se trouva définitivement éteint,


JOYEUSE (Guillaume, vicomte de), maréchal de France, né vers 1520, d’une ancienne famille du Gévaudan, mort en 1592. Destiné au sacerdoce, comme cadet de famille, et nommé évêque d’Alet avant d’avoir reçu les ordres, il devint chef de la famille par la mort de son frère aîné, quitta l’Église, combattit sans beaucoup de succès les proTestants du midi, en qualité de lieutenant général (1502), et dut au crédit de son fils, Anne de Joyeuse, beaucoup plus qu’à son propre mérite, d’être nommé maréchal de France en 1582.


JOYEUSE (Anne, duc de), amiral de France, fils du précédent, né en 1561, mort en 1587. Connu d’abord sous le nom d’Arque, il fut blessé au siège de La Fère (1580), devint un des mignons de Henri III, qui le nomma premier gentilhomme de la chambre, chevalier du Saint-Esprit, duc et pair, amiral (1582), gouverneur de Normandie, et le maria à Marguerite de Lorraine, sœur de la reine, qui reçut une dot égale à celle des filles de France. Tant de faveurs, accumulées sans qu’aucun service les justifiât, n’avaient pu cependant satisfaire l’âpre avidité du courtisan, qui intrigua, mais inutilement, pour dépouiller le maréchal de Montmorency de son gouvernement de Languedoc. Ce favori de cour, de mœurs viles et efféminées, ne manquait cependant point de courage personnel. Il obtint le commandement d’une armée en Gascogne, remporta quelques avantages contre les protestants, et fut tué à la bataille de Coutras, qu’il perdit contre Henri IV.


JOYEUSE (François de), cardinal français, frère du précédent, né en 1562, mort en 1615. Archevêque de Narbonne à vingt ans, et quelques mois après cardinal, il fut nommé protecteur de France à la cour de Rome, devint, après son retour, archevêque de Toulouse, prit part à la réconciliation du pape avec Henri IV, passa ensuite sur le siège archiépiscopal de Rouen, et présida l’Assemblée générale du clergé en 1605. L’année suivante, le pape Paul V le nomma son légat en France et il devint membre du conseil de régence établi par Henri IV peu de temps avant sa mort. Dans une lettre qu’il écrivit à ce prince le 2 octobre 1598, il donna la première idée du canal du Languedoc. C’est le cardinal de Joyeuse qui sacra Marie de Médicis, puis Louis XIII, et qui présida les états généraux en 1614. Il mourut doyen des cardinaux, à Avignon.


JOYEUSE (Henri, duc de), maréchal de France, capucin, frère des deux précédents, né en 1567, mort en 1608. Il fut connu, dans sa jeunesse, sous le nom de comte du Bouchage, puis sous celui de Père Ange, assista à plusieurs combats en Languedoc et en Guyenne, et prononça ses vœux dans un couvent de capucins, après la mort de sa femme, Catherine de La Valette (1587). Il parut, dans les processions de la Ligue, couronné d’épines, chargé d’une croix et fustigé par deux autres moines, prétendant représenter ainsi la Passion de Jésus-Christ. En 1592, il quitta le cloître, après en avoir obtenu les dispenses, parut à la tête des bandes prétendues catholiques qui ravageaient le Languedoc, et finit par se soumettre à Henri IV, moyennant le bâton de maréchal, le gouvernement du Languedoc et la charge de grand maître de la garde-robe. Toutefois, il quitta encore une fois le monde, en 1600, et mourut pendant un pèlerinage à Rome, où il avait voulu se rendre pieds nus. C’est de ce moine-soldat que Voltaire a dit :

Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.


JOYEUSE (Jean-Armand, marquis de), maréchal de France, né en 1631, d’une branche de la famille des précédents, mort en 1710. D’abord connu sous le nom de chevalier de Grandpré, il commanda un régiment sous Turenne, fit les campagnes de Flandre de 1654 à 1658, servit ensuite en Allemagne, fut créé maréchal en 1693, conduisit l’aile gauche à la bataille de Nerwinde, commanda l’armée d’Allemagne (1694) et reçut, en 1703, le gouvernement du Messin et du Verdunois, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort.