Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 99 —

que, un hôpital, il manque d’audace. Je ne parle ici ni des sociétés en commandite, ni du gouvernement, ni des municipalités. Le Canadien-Français isolé ne se risque pas. Il ne jettera pas d’un seul coup sur le tapis la mise fastueuse que saura jeter à propos l’Américain. Il rognera sur tout, il économisera, se contentant d’un modeste bureau garni de rideaux défraîchis et de meubles d’occasion. Il ne vide jamais son bas de laine : il est français. L’Américain est plus hardi : c’est un beau joueur et la chance sourit aux beaux joueurs. S’il ne gagne pas du coup, s’il se ruine, il repart et il recommence. À son exemple les Canadiens-Français semblent se ressaisir et paraissent décidés à devenir plus audacieux, plus téméraires : témoins leurs grosses banques, leurs gros magasins de nouveautés, etc…

Pourtant ce manque de hardiesse, cette peur du risque sont-ils bien un défaut ? et puis-je le leur reprocher, moi, fils et petit-fils de français qui ont épargné sou par sou pour augmenter leur patrimoine ? Après tout, cette méthode du « gagne petit » a toujours réussi aux français : elle est dans le génie de la race, elle est héréditaire ! Ne la sacrifions pas par orgueil et par lucre à la manie des brasseurs d’affaires juifs et saxons.

Voici maintenant un dernier défaut que j’ai rencontré souvent chez nos Canadiens-français, les gens du peuple surtout : le défaut de tenue dans l’habillement. Ce dé-