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française de Québec, massée autour des bureaux de journaux, attendant, dans une poignante anxiété, que le télégraphe transmit le résultat des batailles livrées la veille sur le sol de l’antique mère-patrie ? Qui ne se souvient de ces foules énormes enfiévrées par l’angoisse, et que cependant la moindre lueur d’espoir faisait frissonner d’émotion, et qui ne se dispersaient que lorsque le doute n’était plus possible en face de la fatale vérité ? Et lorsqu’arriva la catastrophe suprême, lorsqu’il fallut nous rendre à l’évidence, lorsqu’il fallut nous résigner à croire que la Lorraine et l’Alsace allaient être séparées de la France, j’en appelle à vos souvenirs, Messieurs, si on nous eût enlevé à nous-mêmes un de nos propres membres, n’est-il pas vrai que nous n’aurions pas souffert plus cruellement ? » —

Il faut l’avouer, puisque nous avons promis une poignée de vérités, ce que le Canadien-français n’aime pas c’est notre gouvernement de francs-maçons et d’athées, qui ont inauguré l’école sans Dieu, la séparation de l’Église et l’expulsion des religieux. Ils savent que si le Canada revenait à la France ce serait la fin de leurs libertés. Aussi ne demanderont-ils jamais à redevenir citoyens français. Mais ils continueront à aimer la France, la France catholique qui n’est pas morte, (heureusement !) d’un amour profond, solide, indéracinable !

J’ai vu des Canadiens bien angoissés et prêts à