Aller au contenu

Page:Larrieu - Une poignée de vérités, 1920.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

bon lui semble, mais « reste attachée à la mère-patrie, l’Angleterre, par des liens qui pour être très larges, n’en sont pas moins réels. » Dans la Constitution, l’Angleterre a introduit une clause formelle : c’est que les deux langues, le français et l’anglais ; les religions : le catholicisme et les autres seraient admises sur le même pied, sans différence aucune, sans parti pris de part ni d’autre. Le Canada est donc officiellement un pays bilingue, comme la Belgique, comme la Suisse. Les Anglais d’Angleterre semblent être restés respectueux de cette clause, mais les Anglais du Canada tendent de plus en plus, sans l’avouer ouvertement, à la faire disparaître.

Il faut dire que les Anglais d’Angleterre, eux-mêmes, avaient primitivement essayé de chasser un groupe de Français du Canada, sans y réussir. C’est peut-être à cet insuccès que nous devons leurs libéralisme. Ils avaient employé la manière forte. Voici ce triste épisode tel que l’a raconté le poète américain Longfellow. C’était en Acadie, aujourd’hui province maritime du Canada, en 1755. (L’Acadie comprenant les deux provinces canadiennes du Nouveau Brunswick et de la Nouvelle Écosse avait été conquise par l’Angleterre en 1710, c’est-à-dire plus de cinquante ans avant la cession totale des possessions françaises de l’Amérique du Nord, par conséquent avant le traité de Paris.) 1755 ! date fatidique, année terrible où l’on vit ce que les Canadiens-français de l’Acadie appellent