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Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/116

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RACINE.

Introduit par Mme de Montespan dans l’entourage immédiat de Louis XIV, Racine ne tardait pas à obtenir la faveur très marquée du roi par l’agrément de son commerce, l’élégance de ses manières, la finesse de son esprit et aussi son empressement à flatter l’homme le plus sensible à la flatterie qui fût jamais. Observons encore que cette flatterie semblait à Racine être un devoir envers le roi comme la prière l’est envers Dieu. Il ne flattait pas seulement en conversation, avec la finesse discrète dont quelques traits ont été conservés, mais en cérémonie publique, avec effusion. En 1678, directeur de l’Académie française, il terminait un discours où l’éloge du roi tenait la plus grande place, par cette déclaration : « Tous les mots de la langue, toutes les syllabes nous paroissent précieuses, parce que nous les regardons comme autant d’instruments qui doivent servir à la gloire de notre auguste protecteur. » En 1685, dans une circonstance analogue, il s’écriait : « Heureux ceux qui… ont l’honneur d’approcher de près ce grand prince… le plus sage et le plus parfait de tous les hommes. » Le roi ne put s’empêcher de trouver que c’était trop : « Je suis très content, dit-il à Racine ; je vous louerois davantage, si vous m’aviez moins loué. » Mais de tels sentiments étaient si bien ceux du temps que le grand Arnauld, réfugié en Belgique, prenait texte de ce discours pour écrire à Racine : « J’attends avec patience que Dieu fasse connoître à ce prince si accompli qu’il n’a point dans son royaume de sujet plus fidèle, plus passionné pour sa véritable gloire, et, si je l’ose dire, qui l’aime d’un amour plus pur et plus dégagé de tout