Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/136

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trouvait pour la première fois dans son armée, et près de sa personne : il était si peu fait, continuait-il, à l’audace de ses manœuvres, qu’il comprit à peine aucun des ordres qu’il entendit donner. « Surtout, Sire, disait-il, quand je vous entendis crier à un officier de vos guides : Allons, mon cher Hercule, prenez vingt-cinq hommes, et chargez-moi cette canaille, – Vraiment je me crus hors de mes sens : Votre Majesté montrait de la main peut-être mille chevaux turcs. »

Du reste, les pertes de l’armée d’Égypte sont loin d’être aussi considérables que pourraient le faire présumer un sol aussi étranger, l’insalubrité du climat, l’éloignement de toutes les ressources de la patrie, les ravages de la peste, et surtout les nombreux combats qui ont immortalisé cette armée. Elle était, au débarquement, de trente mille hommes ; elle s’accrut de tous les débris de la bataille navale d’Aboukir, et peut-être encore de quelque arrivage partiel de France ; et cependant la perte totale, depuis l’entrée en campagne jusqu’à deux mois après le départ du général en chef pour l’Europe, c’est-à-dire dans l’espace de vingt-sept à vingt-huit mois, ne s’élève qu’à huit mille neuf cent quinze, ainsi que le prouve le document officiel de l’ordonnateur en chef de cette armée[1].

  1. Tués dans les combats… 3.614
    Morts de leurs blessures…    854
    Morts par accidents…    290
    Morts par maladies ordinaires... 2.468
    Morts de la fièvre pestilentielle...   1.689
    ________Total… 8 915
    L’ordonnateur en chef, SARTELON.

    Au Caire, le 10 frimaire an IX.