Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/247

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mes yeux ; elle me fait mal. » Je ne saurais dire ce que c’était ; je présume toutefois qu’il s’agissait d’un portrait du roi de Rome.

L’Empereur est sorti, je l’ai suivi ; il a fait le tour de la maison et a voulu entrer dans ma chambre. Touchant un miroir de toilette, il m’a demandé si c’était celui qu’il m’avait donné. Puis, portant la main à la muraille que chauffe la cuisine, il m’a répété que je ne pouvais pas demeurer là ; qu’il voulait absolument que je couchasse désormais dans son lit du cabinet topographique, ajoutant la parole charmante que c’était le lit d’un ami.

Nous nous sommes dirigés ensuite vers une mauvaise ferme qui était en vue. Sur notre chemin se trouvait le casernement des Chinois : ce sont des hommes de main-d’œuvre, des laboureurs, etc., que les bâtiments anglais enrôlent à Macao, qui restent dans l’île au service de la compagnie un certain nombre d’années, et s’en retournent après avoir recueilli un petit pécule à la manière de nos Auvergnats. L’Empereur a voulu leur faire beaucoup de questions, mais nous n’avons jamais pu nous entendre.

De là nous sommes descendus au jardin de la compagnie, formé dans la rigole, des deux ravins opposés. L’Empereur a fait venir le jardinier et