Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/260

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On est venu interrompre la conversation, pour dire à l’Empereur que l’amiral et des dames venues par la Doris sollicitaient la faveur d’être présentés. L’Empereur a répondu sèchement qu’il ne voyait personne, qu’on le laissât tranquille.

Au point où nous en étions, la politesse personnelle de l’amiral était une injure de plus, et quant à ceux qui le suivaient, comme on ne pouvait venir à nous qu’avec la permission de l’amiral, l’Empereur ne pouvait accorder qu’on fît ainsi les honneurs de sa personne : s’il était au secret, il fallait qu’on le signifiât ; s’il n’y était pas, il devait voir qui bon lui semblait sans l’intervention de personne. Il ne fallait pas surtout qu’on se targuât en Europe de l’entourer de toutes sortes d’égards et de respects, quand on ne l’abreuvait que d’inconvenances et de caprices.

L’Empereur est sorti à cinq heures et s’est promené dans le jardin. Le général-colonel du 53e régiment est venu l’y trouver, et lui a demandé la permission de lui présenter le lendemain son corps d’officiers ; l’Empereur l’a accepté pour trois heures.

Demeurés seuls nous deux, l’Empereur a prolongé sa promenade ; il