Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Travaux de l’Empereur à l’île d’Elbe – Prédilection des Barbaresques pour Napoléon.


Mardi 20.

Le temps a été extrêmement mauvais. L’Empereur avait été assez mal toute la nuit ; il n’est pas sorti de sa chambre avant cinq heures. Vers les six heures nous avons profité d’une éclaircie pour faire le tour du parc en calèche. Les chevaux dont on nous a gratifiés sont vicieux, ils se butent au premier obstacle, et demeurent immobiles ; ils se sont arrêtés aujourd’hui plusieurs fois ; la pluie rendait leur tâche plus pénible ; un moment il a fallu réunir tous les efforts pour n’être pas obligés de revenir à pied ; le grand maréchal et le général Gourgaud ont été obligés de mettre pied à terre et de pousser à la roue. La conversation, durant la promenade, était sur l’île d’Elbe : l’Empereur parlait des chemins qu’il y avait faits, des maisons qu’il y avait bâties ; les meilleurs artistes d’Italie se disputaient l’honneur d’y travailler, et sollicitaient comme une faveur de pouvoir les embellir, etc.

Il disait que ses couleurs, que son pavillon, étaient devenus les premiers de la Méditerranée. Son pavillon était sacré, disait-il, pour les Barbaresques, qui d’ordinaire faisaient des présents aux capitaines, leur ajoutant qu’ils acquittaient la dette de Moscou. Le grand maréchal ajou-