Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/394

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ressemblant à celui des Tuileries et toujours prêt. Il n’avait qu’à parler, et il se trouvait servi : c’était magique, disait-il lui-même. Durant quinze ans, il a bu constamment un même vin de Bourgogne (Chambertin), qu’il aimait et qu’on croyait lui être salutaire ; ce vin se retrouvait pour lui dans toute l’Allemagne, au fond de l’Espagne, partout, jusqu’à Moscou, etc., etc. ; et il est vrai de dire que les arts, le luxe, le raffinement de l’élégance et du bon goût semblaient se disputer, et comme à son insu, autour de lui, pour lui ménager quelques jouissances. Le journaliste anglais décrivait donc une infinité d’objets qui étaient dans la voiture, sans doute, mais dont l’Empereur n’avait pas la moindre connaissance, bien qu’il ne s’en étonnait nullement, disait-il.

Le mauvais temps, qui continuait de commander notre réclusion, n’a pas influé sur l’humeur de l’Empereur, qui précisément ces jours-ci a montré plus d’abandon, a été plus causeur que de coutume. Il a parlé longuement, et dans les plus grands détails, de la fameuse entrevue de Dresde.

Cette entrevue a été l’époque de la plus haute puissance de Napoléon ; il y a paru le roi des rois ; il en était à se voir obligé de témoigner qu’il fallait qu’on s’occupât de l’empereur d’Autriche, son beau-père. Ce souverain, non plus que le roi de Prusse, n’avaient pas de maison à leur