Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/505

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avait été destiné à cette opération, de revenir en toute hâte diriger les affaires d’Italie, et d’y amener trente mille hommes de ses meilleures troupes, qui, jointes aux renforts envoyés de toute la monarchie, devaient lui composer une armée de près de cent mille hommes.

L’armée française d’Italie avait rempli sa tâche en détruisant l’armée qui lui était opposée. Si les armées du Nord en eussent fait autant, la grande lutte eût été terminée.

Cependant le bruit des préparatifs de la maison d’Autriche retentissait dans toute l’Italie. Toutes les nouvelles confidentielles des agents diplomatiques, toutes les lettres des ennemis de la France étaient pleines de détails sur l’immensité des moyens qu’on allait déployer, sur la certitude que l’empereur d’Allemagne, avant la fin d’août, serait maître de Milan, et aurait chassé les Français de l’Italie.

II. Situation de l’armée d’Italie. — Dès la fin de juin le général français suivait attentivement tous ces préparatifs, et en concevait de vives alarmes. Il faisait sentir au Directoire qu’il était impossible que trente mille Français pussent soutenir seuls l’effort de toute la puissance autrichienne. Il demandait qu’on lui envoyât des renforts des armées du Rhin, ou bien que ces mêmes armées entrassent en campagne sans délai. Il rappelait la promesse positive qu’on lui avait donnée, à son départ de Paris, qu’elles commenceraient à opérer le 15 avril ; il se plaignait que deux mois se fussent écoulés sans qu’elles eussent bougé.

Wurmser quitta le Rhin avec ses renforts vers le commencement de juin ; et vers la fin du même mois les armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse ouvrirent enfin la campagne. Mais alors leur diversion n’était plus utile à l’armée d’Italie : Wurmser y était déjà arrivé.

Le général français réunit toutes ses forces sur l’Adige et sur la Chiesa ; il ne laissa personne dans les Légations, ni en Toscane ; si ce n’est un bataillon de dépôt dans la citadelle de Ferrare et deux à Livourne. Il affaiblit autant que possible les garnisons de Coni, Tortone et Alexandrie ; il rassembla sous sa main tous les moyens disponibles de l’armée. Le siège de Mantoue commençait à donner des malades ; et quelque soin que l’on eût porté à mettre le moins de monde possible devant cette place malsaine, nos pertes ne laissaient pas que d’être considérables.

Le général en chef ne put réunir en ligne que trente mille hommes présents sous les armes. C’est avec cette armée qu’il allait avoir à lutter contre la principale armée de la maison d’Autriche.

La correspondance des divers pays de l’Italie étant très active avec le Tyrol, où se réunissaient toutes ces forces ennemies, on pouvait s’aperce-