Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/668

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s’y refusa : il n’était pas encore assez fort pour marcher tout seul. Il avait sur l’art de gouverner, et sur ce qu’il fallait à une grande nation, des idées si différentes des hommes de la révolution et des assemblées, que, ne pouvant agir seul, il craignait de compromettre son caractère. Il se détermina à partir pour l’Égypte, mais résolu de reparaître si les circonstances venaient à rendre sa personne nécessaire ou utile.

VIII. Cérémonie du 21 janvier. — Talleyrand, ministre des relations extérieures, était l’homme du Directoire. Il était évêque d’Autun lors de la révolution ; il fut un des trois évêques qui prêtèrent serment à la constitution civile du clergé, et qui sacrèrent les évêques constitutionnels ; ce fut lui qui dit la messe à la fameuse fédération de 1790. Député à l’Assemblée constituante, il y fit plusieurs rapports sur les biens du clergé. Sous la Législative, il fut envoyé à Londres pour traiter avec le gouvernement anglais. Mais quand la révolution eut pris une pente plus rapide et plus acerbe, il devint suspect, et fut contraint de se réfugier en Amérique.

Après le 13 vendémiaire, la Convention raya l’ancien évêque d’Autun de la liste des émigrés ; il reparut alors en France, et y fut très protégé par la coterie de madame de Staël. Il était discret, souple, insinuant, et gagna la faveur des directeurs Barras, Merlin, Rewbell, et même de