Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/670

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Pisistrate, et Rome la chute des décemvirs. Il ajoutait que d’ailleurs c’était une loi qui régissait le pays, et que dès lors chacun lui devait soumission et obéissance ; il concluait enfin que l’influence du général sur l’opinion était telle qu’il devait y paraître, ou qu’autrement son absence pourrait blesser les intérêts de la chose publique. Après plusieurs pourparlers, on trouva un mezzo termine : l’Institut se rendait à cette fête ; il fut convenu que le membre de l’Institut suivrait sa classe qui remplissait un devoir de corps. Cette affaire, ainsi ménagée par Talleyrand, fut très agréable au Directoire.

Cependant, quand l’Institut entra dans l’enceinte[1] où se célébrait cette cérémonie, quelqu’un qui reconnut Napoléon l’ayant fait apercevoir, il n’y eut plus, dès cet instant, d’yeux que pour lui. Ce que le Directoire avait craint lui-même arriva ; il se trouva complètement éclipsé. Quand la fête fut terminée, on laissa le Directoire sortir tout seul. La multitude demeura pour celui qui avait voulu se perdre dans la foule de l’Institut, et fit retentir les airs de vive le général des armées d’Italie ! de sorte que cet évènement ne fit qu’accroître les déplaisirs des gouvernants.

  1. Dans la première édition il est dit à Saint-Sulpice. On m’a démontré qu’il y avait erreur matérielle. Napoléon se sera trompé de nom, ce qui lui arrivait quelquefois. Peut-être trouvera-t-on par la publication de ses Mémoires qu’il se sera redressé lui-même. Au surplus, celui qui tiendrait rigoureusement ici à l’exactitude locale peut se satisfaire aisément en cherchant dans les papiers du temps où s’est passé l’anniversaire du 21 janvier en 1798.