Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/682

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À l’École militaire de Paris, nous étions nourris, servis magnifiquement, traités en toutes choses comme des officiers jouissant d’une grande aisance, plus grande certainement que celle de la plupart de nos familles, et fort au-dessus de celle dont beaucoup de nous devions jouir un jour. L’Empereur, dans ses Écoles militaires, avait voulu, disait-il, éviter ce travers ; il avait voulu surtout que ses jeunes officiers, qui devaient commander un jour des soldats, eussent commencé par être eux-mêmes de vrais soldats, eussent pratiqué eux-mêmes tous les détails techniques, ce qui est d’un avantage immense, disait-il, dans le reste de la vie, pour pouvoir les suivre et les faire observer dans ceux que l’on doit faire obéir. Ainsi, à Saint-Germain, les jeunes gens pansaient eux-mêmes leurs chevaux, apprenaient à les ferrer, etc., etc. À Saint-Cyr, on pratiquait de même tous les détails correspondants de l’infanterie : on y était vraiment à la chambrée, on y mangeait à la gamelle, etc. ; le tout, sans que le reste des instructions analogues à la condition future des jeunes gens en souffrît aucunement ; en un mot, ils ne sortaient qu’ayant réellement gagné leur grade d’officier, et capables de commander et de faire aller des soldats. « Aussi, disait l’Empereur, si les jeunes gens qui se présentèrent dans les corps à l’origine de cette institution y furent reçus d’abord avec une grande jalousie, du moins fut-on obligé de rendre pleine justice à leur tenue et à leur capacité. »