Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/94

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Lors de la construction d’une des premières batteries que Napoléon, à son arrivée à Toulon, ordonna contre les Anglais, il demanda sur le terrain un sergent ou caporal qui sût écrire. Quelqu’un sortit des rangs, et écrivit sous sa dictée, sur l’épaulement même. La lettre à peine finie, un boulet la couvre de terre. « Bien, dit l’écrivain, je n’aurai pas besoin de sable. » Cette plaisanterie, le calme avec lequel elle fut dite, fixa l’attention de Napoléon, et fit la fortune du sergent : c’était Junot, depuis duc d’Abrantès, colonel-général des hussards, commandant en Portugal, gouverneur général en Illyrie.

Napoléon, devenu général d’artillerie, commandant cette arme à l’armée d’Italie, y porta la supériorité et l’influence qu’il avait acquises si rapidement devant Toulon ; toutefois ce ne fut pas sans quelques traverses, ni même sans quelques dangers. Il fut mis en arrestation à Nice, quelques instants, par le représentant Laporte, devant lequel il ne voulait pas plier. Un autre représentant, dans une autre circonstance, le mit hors la loi, parce qu’il ne voulait pas le laisser disposer de tous ses chevaux d’artillerie pour courir la poste. Enfin un décret, non exécuté, le manda