Page:Latocnaye - Promenade d un Francais dans la Grande Bretagne - 2e edition, Fauche, 1801.djvu/93

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vaste manufacture, car c’est ainsi qu’on peut justement appeler cette ville, où comme à Birmingham, on ne rencontre que des ouvriers, où la fumée suffoque, et où le jaloux manufacturier ne peut jamais s’imaginer qu’un étranger puisse venir sans motif d’intérêt. Un petit marchand nouvellement établi, m’ayant vu avec un des principaux négocians, s’imagina que j’étais venu pour faire des emplettes et en conséquence désirant ma pratique, il me guetta au sortir de mon auberge et me pria de lui faire l’honneur de visiter son magasin........ Je commençai d’abord par dire que je n’avais besoin de rien, puis comme il insistait, je le suivis. Il étala toutes ses marchandises devant moi ; force me fut, de faire le connaisseur, je les maniai toutes, admirai leur beauté, leur solidité, fis de bien belles phrases, et sur le roussis, et sur le coupé, et même sur le tissu dont je m’avisai de parler ; tout cela joint à de grands complimens sur son nouvel établissement, paraissait enchanter mon homme, qui me pria de vouloir bien lui donner ma pratique, et de le recommander à mes amis, ce que je lui promis. — Je suis fâché de ne pas me rappeler son nom, je profiterais de cette occasion, pour m’acquitter de ma promesse, et le faire connaître au public.

Après m’être arrêté à Stockport, jolie petite ville, à sept milles de Manchester, bien située