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voyages de M. Erskine[1] le consul britannique ä Gottenbourg, ie fus invité a me rendre à sa maison de Cambo. Traversant donc le bras de mer. qu’on appelle encore le Forth, quoique ce soit bien la mer, je me rendis à King-horn, qui est un petit port opposé à celui de Leith.

Au milieu de ce passage, qui peut être de dix milles anglais, il y a une petite île appelée Inchkeith, où l’on voit quelques vieux bâtimens destinés autrefois à recevoir les gens attaqués de la lèpre ; on en a fait un petit château, et sous le règne de la reine Marie Stuart, il fut pris et repris plusieurs fois par les Anglais et les Écossais. C’est derrière le rocher d’Inchkeith, que les vaisseaux de guerre, et ceux prêts à mettre à la voile jettent l’ancre.

Dans la situation d’un banni, d’un émigré, il est bien flatteur d’acquérir assez de droits à l’estime et à la bienveillance pour n’être pas oublié après trois ans d’absence. Je sus aussi sentir le prix des bontés que je reçus à Cambo. Mon séjour même ne fut pas inutile pour adoucir l’amertume des réflexions particulières. Je vis dans Mde Erskine un modèle admirable de patience et de bonté. D’une santé très-délicate, elle avait su mettre

  1. Depuis lord Earl of (Comte de) Kelly.