Page:Latocnaye - Promenade d un francais en suede et en norvege, 2e part, 1801.djvu/28

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donnés à la faveur et à la naissance ; j'entendais fort bien ce que voulait dire cela, les gens de mérite, et je ne pouvais qu’applaudir à la justesse de la remarque.

L'hospitalité, qui parmi les paysans est réellement remarquable, ne peut pas l’être chez les gens d’un rang mitoyen. Ils ont rarement de la viande fraîche, peu ou point de vins, un pain dur cuit tous les six mois, et usent de lavages perpétuels tels que l’öle-host le swag-dricka etc. il est donc clair que toutes les fois qu’un étranger se présente, il rogne sur la portion déjà trop faible, ou qu’on est obligé de se mettre en frais pour le recevoir décemment ; de là vient que l’on craint de l’avoir chez soi, et qu'en général dans le Nord, il n’y a point d’inimité à attendre, puisque pour avoir son meilleur ami à dîner, on veut des préparations considérables. Le paysan, au contraire, qui sait qu’on ne s’attend à rien de magnifique, donne de bon cœur ce qu’il a.

La bonhomie des campagnes de la Suède et surtout du nord, oblige le curé à présenter la main à tous ceux de ses paroissiens qu’il rencontre. Cet usage qui entretient la cordialité, entre le pasteur et ses ouailles, a cependant l'inconvénient de procurer souvent au premier et à sa